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On peine aujourd’hui à imaginer à quel point l’ouvrage Communauté et société du sociologue allemand Ferdinand Tönnies a bouleversé le champ académique au début du XXe siècle. Sciences sociales et parfois sciences humaines ont décliné à foison la thématique, tandis que l’opinion publique s’en emparait, en lui donnant une couleur sombre et parfois funeste (le nazisme, Vichy), en dépit des avertissements de son auteur. Au fil du temps, la distinction académique s’est ainsi mue en lieu commun équivoque, puis trouvée marginalisée voire exclue du champ scientifique. On s’est alors empressé d’oublier que Max Weber avait affiné la distinction, qu’Émile Durkheim lui avait subtilement substitué une autre opposition conceptuelle, et que la politique comparée américaine avait avec acuité, lors de ses premiers pas maladroits, tiré utilement profit de cette œuvre.
Sommaire
introduction
première partie : D’ un singulier État occidental (du Léviathan de Hobbes)
chapitre 1 : L’ homme, un individu
chapitre 2 : L’ État, une construction
deuxième partie : Tönnies, un lecteur attentif de Hobbes
chapitre 1 : L’ homme en société, un individu égoïste (Hobbes, revu et corrigé par Tönnies)
chapitre 2 : L’ homme en communauté, une personne
chapitre 3 : Éloge de la communauté
troisième partie : Une postérité sourde mais détonnante
chapitre 1 : La postérité politique de Tönnies
chapitre 2 : La postérité scientifique de Tönnies
conclusion
table des matières complète
On peine aujourd’hui à imaginer à quel point l’ouvrage Communauté et société du sociologue allemand Ferdinand Tönnies a bouleversé le champ académique au début du XXe siècle. Sciences sociales et parfois sciences humaines ont décliné à foison la thématique, tandis que l’opinion publique s’en emparait, en lui donnant une couleur sombre et parfois funeste (le nazisme, Vichy), en dépit des avertissements de son auteur. Au fil du temps, la distinction académique s’est ainsi mue en lieu commun équivoque, puis trouvée marginalisée voire exclue du champ scientifique. On s’est alors empressé d’oublier que Max Weber avait affiné la distinction, qu’Émile Durkheim lui avait subtilement substitué une autre opposition conceptuelle, et que la politique comparée américaine avait avec acuité, lors de ses premiers pas maladroits, tiré utilement profit de cette œuvre.
On a surtout oublié que l’œuvre de Ferdinand Tönnies avait, comme aucune autre auparavant, sérieusement amendé la fable de Thomas Hobbes, le fameux Léviathan, à laquelle Tönnies reconnaissait une belle rigueur mais à laquelle il opposait aussi la persistance du fait communautaire. Car c’est bien la figure d’un individu possessif cher à Hobbes que l’on trouve omniprésente dans la Gesellschaft dépeinte sous des traits rêches par Tönnies. Tandis que maints travaux ethnologiques (Maine, Gierke), philosophiques (Spinoza, Schopenhauer, von Stein...) lui avaient offert l’occasion de souligner que la Gemeinschaft repose sur une entraide naturelle entre des personnes respectueuses de leurs différences. On ne peut aujourd’hui que mesurer les dégâts de cet oubli, tant la majestueuse autorité de l’État occidental peine sur tous les continents à se substituer durablement à maintes communautés.
Jean Jacob, né en 1964, est enseignant-chercheur en science politique à l’université de Perpignan. Il a collaboré à de nombreuses revues et publié notamment Les sources de l’écologie politique, Arléa-Corlet, 1995 ; Histoire de l’écologie politique, Albin Michel, 1999 ; Le retour de « l’Ordre nouveau » Les métamorphoses d’un fédéralisme européen, Librairie Droz, 2000 ; L’Antimondialisation. Aspects méconnus d’une nébuleuse, Berg International Éditeurs, 2006.
À l’heure où l’économie mondiale est traversée par une succession de crises d’ampleur et d’intensité sans précédent, les produits de proximité suscitent un intérêt grandissant. Pour faire face aux risques induits par la mondialisation des échanges et la spécialisation géographique du travail, la relocalisation des activités de production est aujourd’hui plébiscitée. Dans l’agroalimentaire, la pandémie a donné un nouveau souffle aux « circuits courts » qui cherchent à réduire la distance marchande entre agriculteurs et consommateurs. Ce livre restitue le processus d’institutionnalisation de ces marchés ainsi que les multiples investissements dont ils font l’objet.
L’enquête pointe un phénomène paradoxal : l’intervention d’un certain nombre d’intermédiaires comme condition de félicité de marchés qui valorisent un rapprochement entre les agriculteurs et les consommateurs. Elle montre à quel point le succès des « circuits courts » s’explique par l’intervention de militants, chercheurs, et agents du ministère de l’Agriculture qui, souvent malgré eux, participent dans le même temps à leur réappropriation par les acteurs centraux du secteur agricole.
Sommaire
Introduction. Saisir l’incertitude et ses effets
Chapitre 1. De la contestation du Gatt aux Amap. La métamorphose de la cause de l’Alliance entre agriculteurs et consommateurs
Chapitre 2. Le succès des « circuits courts ». Co-production et circulation d’une catégorie d’organisation marchande
Chapitre 3. L’institutionnalisation du flou. Des circuits courts aux circuits de proximité
Chapitre 4. La proximité réinvestie par les intermédiaires
Chapitre 5. La structure de l’offre en « circuits courts »
Chapitre 6. La dynamique conservatrice de l’espace des producteurs
Liste des matériaux
À l’heure où l’économie mondiale est traversée par une succession de crises d’ampleur et d’intensité sans précédent, les produits de proximité suscitent un intérêt grandissant. Pour faire face aux risques induits par la mondialisation des échanges et la spécialisation géographique du travail, la relocalisation des activités de production est aujourd’hui plébiscitée. Dans l’agroalimentaire, la pandémie a donné un nouveau souffle aux « circuits courts » qui cherchent à réduire la distance marchande entre agriculteurs et consommateurs. Ce livre restitue le processus d’institutionnalisation de ces marchés ainsi que les multiples investissements dont ils font l’objet.
L’enquête sur laquelle se base cet ouvrage pointe dans un subtil jeu d’échelles un phénomène paradoxal : l’intervention d’un certain nombre d’intermédiaires comme condition de félicité de marchés qui valorisent un rapprochement entre les agriculteurs et les consommateurs. Elle montre à quel point le succès des « circuits courts » s’explique par l’intervention de militants, chercheurs, et agents du ministère de l’Agriculture qui, souvent malgré eux, participent dans le même temps à leur réappropriation par les acteurs centraux du secteur agricole.
Jean-Baptiste Paranthoën est post-doctorant à l’Université de Reims Champagne-Ardennes. Membre du Centre d’Études et de Recherches sur les Emplois et les Professionnalisations et associé au Centre d’Économie et de Sociologie Appliquées à l’Agriculture et aux Espaces Ruraux, ses travaux portent sur les modèles de développement économique alternatifs.
Liberté, tel est son nom est une autofiction où les réminiscences d’histoires plurielles ancrées dans l’Histoire conflictuelle franco-algérienne font écho aux interrogations actuelles.
Née au cœur de la guerre d’Algérie, d’un père indépendantiste, H. débarque en France en 1962 dans les bras d’un beau-père harki. Sa mémoire se forge à partir d’images floues d’un père idéalisé, et de la souffrance d’une mère ballottée d’un mari à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une violence à l’autre. Plus tard, H. refusera d’être un alibi pour sa mère, fondue dans ses convictions religieuses. S’engage alors une inévitable lutte entre mère et fille car H. veut vivre libre de ses choix. Puis arrive le jour des incertitudes lorsque la propre fille de H. devient femme. Devra-t-elle se réconcilier avec son passé pour éviter de consommer la rupture avec elle ?
Cet ouvrage dans lequel la narratrice, H., fait le « je » à la troisième personne pour revenir sur des paradoxes identitaires jamais résolus, soulève aussi des questions souvent tues, liées à la guerre d’Algérie et au drame des harkis.
Houria Delourme-Bentayeb est née en 1958, en pleine guerre d’Algérie. Arrivée en France en 1962, elle vivra de quatre à neuf ans dans les camps de harkis avant de déménager dans une petite ville du Lot-et-Garonne. Elle entre à l’école normale d’institutrices de Chartres puis décroche une maîtrise de lettres modernes à la Sorbonne. Conseillère pédagogique et formatrice, elle enseigne en France, à Chicago et au Caire.
Liberté, tel est son nom est une autofiction où les réminiscences d’histoires plurielles ancrées dans l’Histoire conflictuelle franco-algérienne font écho aux interrogations actuelles. Née au cœur de la guerre d’Algérie, d’un père indépendantiste, H. débarque en France en 1962 dans les bras d’un beau-père harki. Sa mémoire se forge à partir d’images floues d’un père idéalisé, et de la souffrance d’une mère ballottée d’un mari à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une violence à l’autre. Plus tard, H. refusera d’être un alibi pour sa mère, fondue dans ses convictions religieuses. S’engage alors une inévitable lutte entre mère et fille car H. veut vivre libre de ses choix. Puis arrive le jour des incertitudes lorsque la propre fille de H. devient femme. Devra-t-elle se réconcilier avec son passé pour éviter de consommer la rupture avec elle ? Cet ouvrage dans lequel la narratrice, H., fait le « je » à la troisième personne pour revenir sur des paradoxes identitaires jamais résolus, soulève aussi des questions souvent tues, liées à la guerre d’Algérie et au drame des harkis.
Des rives de la Neva aux monts du Caucase, de l’URSS des années 60 à la Russie d’aujourd’hui, ce livre ne constitue pas seulement un récit de voyage et de découverte mais c’est aussi et même surtout le témoignage d’une anthropologue. Étudiante à Léningrad au milieu des années 1970, Frédérique Longuet Marx s’oriente vers l’ethnologie après son retour en France et commence dès 1983 des recherches au Daghestan, proche de la Tchétchénie.
Une longue histoire oppose l’empire russe aux populations locales. La conquête tsariste achevée en 1864 cède la place à la soviétisation dans les années 1920. L’islam joue un rôle déterminant dans la résistance, tant à l’époque tsariste qu’à l’époque soviétique où le pouvoir central tente de façonner un citoyen identique, l’homo sovieticus, en mettant en place une politique d’assimilation culturelle et politique sur tout le territoire. Depuis la fin de l’URSS, l’islam apparaît comme un facteur d’identité de plus en plus marqué et revient au grand jour avec la construction massive de mosquées et, dans certaines régions, l’émergence du salafisme comme force d’opposition politique.
Frédérique Longuet Marx est anthropologue et mène ses recherches de terrain dans le Caucase musulman depuis les années 1980. Enseignante en sociologie et en anthropologie à l’Université de Caen, chargée d’un séminaire sur les musulmans du Caucase à l’INALCO puis à l’EHESS, elle est chercheur-associée au CETOBAC (Centre d’Études Turques, Ottomanes, Balkaniques et Centrasiatiques). Au moment des guerres de Tchétchénie, elle publie en 2003, Tchétchénie, la guerre jusqu’au dernier ? aux éditions Mille et Une nuits.
Des rives de la Neva aux monts du Caucase, de l’URSS des années 60 à la Russie d’aujourd’hui, ce livre ne constitue pas seulement un récit de voyage et de découverte mais c’est aussi et même surtout le témoignage d’une anthropologue. Étudiante à Léningrad au milieu des années 1970, Frédérique Longuet Marx s’oriente vers l’ethnologie après son retour en France et commence dès 1983 des recherches au Daghestan, proche de la Tchétchénie. Ce travail qu’elle poursuit jusqu’à aujourd’hui fait d’elle une des rares spécialistes occidentales à s’être rendue sur le terrain à l’époque soviétique. Ce récit nous propose de découvrir une région méconnue où cohabitent plus de trente peuples aux langues spécifiques.
Une longue histoire oppose l’empire russe aux populations locales. La conquête tsariste achevée en 1864 cède la place à la soviétisation dans les années 1920. L’islam joue un rôle déterminant dans la résistance, tant à l’époque tsariste qu’à l’époque soviétique où le pouvoir central tente de façonner un citoyen identique, l’homo sovieticus, en mettant en place une politique d’assimilation culturelle et politique sur tout le territoire. Le réseau de confréries soufies très actif dans la région permet le maintien d’une pratique clandestine de la religion pendant toute la période soviétique. Depuis la fin de l’URSS, l’islam apparaît comme un facteur d’identité de plus en plus marqué et revient au grand jour avec la construction massive de mosquées et, dans certaines régions, l’émergence du salafisme comme force d’opposition politique.
Faire ressurgir tout un pan de l’histoire du féminisme, tel est l’enjeu de ce livre publié par le Réseau Féministe « Ruptures » qui, à l’occasion des 40 ans de Mai 68, avait organisé trois tables rondes. À travers la diversité des parcours se dégage une idée clé : Mai 68 est la brèche, le creuset d’où naîtra le mouvement de libération des femmes. Très vite, en effet, ces jeunes femmes, actrices et témoins de cet « évènement », éprouvent un malaise : aucune évocation de l’oppression des femmes. Quelle place peuvent-elles trouver dans le langage dogmatique des gauchistes ? Aucune. Il est donc urgent de « se libérer des libérateurs ». Héritières rebelles de Mai 68, elles vont opérer une « révolution dans la révolution ». Les témoignages recueillis dessinent des itinéraires variés, mais au fond l’un des principes fondateurs du MLF, c’est le passage d’une révolte personnelle à la prise de conscience d’une oppression collective. Par la suite, le féminisme irriguera la société. Surgissent alors d’autres questions : quels rapports avec les syndicats, les partis politiques ? Quelle solidarité avec les femmes immigrées et exilées ? …
Monique Dental et Marie-Josée Salmon partagent une trajectoire militante, un engagement fort au sein du mouvement féministe. Le Réseau Féministe « Ruptures », qu’elles animent depuis près de quarante ans, repose sur les valeurs du féminisme universaliste, de la laïcité et de la parité. Il a pour objectif de substituer à la société patriarcale une société fondée sur une égalité réelle entre les femmes et les hommes dans le domaine économique, social, politique et culturel.
La guerre en Ukraine n’est pas seulement le produit des « délires paranoïaques » d’un homme, fût-il président d’une puissance qui compte, y compris sur le plan militaire. La pensée unique et les caricatures idéologiques qui n’ont cessé d’accompagner ce retour de la guerre en Europe font silence sur les trente années d’une page d’histoire déterminante, qui a contribué à réunir toutes les conditions d’une escalade et d’un conflit de haute intensité dont le peuple ukrainien paie le prix le plus élevé. Comprendre toutes les causes de cette guerre, comprendre l’erreur stratégique majeure de Poutine, le rôle décisif des États-Unis, de l’OTAN et plus généralement des puissances occidentales est indispensable au regard des effets de transformations globales de la situation internationale et du monde de demain dont ce conflit est porteur.
Recension
Table des matières
Introduction. De la revanche et de la puissance
Premier temps. Comment en est-on arrivé là ?
Deuxième temps. La dimension de l’enjeu
Troisième temps. Nucléaire : le risque et la rhétorique
Quatrième temps. Ce que la guerre nous dit de l’ordre international
Cinquième temps. Une guerre de l’Occident contre la Russie ?
Sixième temps. L’exigence d’un nouvel ordre
Conclusion. Sortir de la puissance, sortir de l’impuissance
Annexes : documents officiels, version intégrale en français
1- Projets de traité et d’ accord présentés par la Russie sur la question des garanties de sécurité en Europe
Avec les États-Unis
Avec l’OTAN
2- Réponses écrites des États-Unis et de l’OTAN aux projets de traité et d’ accord de la Russie
3- Lettre de Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, à 37 homologues de l’OSCE
4- Intervention de Vladimir Poutine justifiant la guerre en Ukraine (21 février 2022) 200
Bibliographie
La guerre en Ukraine n’est pas seulement le produit des « délires paranoïaques » d’un homme, fût-il président d’une puissance qui compte, y compris sur le plan militaire. La pensée unique et les caricatures idéologiques qui n’ont cessé d’accompagner ce retour de la guerre en Europe font silence sur les trente années d’une page d’histoire déterminante, qui a contribué à réunir toutes les conditions d’une escalade et d’un conflit de haute intensité dont le peuple ukrainien paie le prix le plus élevé. Comprendre toutes les causes de cette guerre, comprendre l’erreur stratégique majeure de Poutine, le rôle décisif des États-Unis, de l’OTAN et plus généralement des puissances occidentales est indispensable au regard des effets de transformations globales de la situation internationale et du monde de demain dont ce conflit est porteur.
Ce livre est disponible et peut être commandé dès maintenant
En transformant le travail, le Covid-19 a profondément bouleversé le cours de nos existences. Ses effets ont toutefois grandement varié suivant les situations professionnelles. Ce livre en offre une illustration, en documentant une expérience méconnue de la crise sanitaire, celle des salarié·es ayant continué à travailler à l’extérieur quelles que soient les restrictions, ouvrières, ouvriers, employé·es dans leur majorité.
Ces vécus populaires de la crise sanitaire font néanmoins tension. Ils se formulent collectivement et font naître des colères spécifiques. S’appuyant sur un travail d’enquête mené par entretiens auprès de salarié·es de la grande distribution et de la logistique, ce livre montre comment les identifications de classe sont réactualisées par la pandémie. Il invite à analyser autrement les discours de glorification des « salarié·es essentiel·les », en les pensant comme des moyens de rendre légitimes et acceptables les nouvelles sujétions subies... avec un succès toutefois contrasté.
Sommaire
Introduction
Chapitre 1. Peur et culpabilité. Une expérience de violence émotionnelle sur la durée
Chapitre 2. Une intensification brutale du travail professionnel,
domestique et parental
Chapitre 3. Moi, essentiel·le ?
Rapports au travail en temps de pandémie
Chapitre 4. Une « prime Covid » au goût amer
Chapitre 5. Collectifs de travail face à la pandémie
Chapitre 6. La pandémie peut-elle faire conflit ? Tensions et mobilisations dans les secteurs « essentiels »
Conclusion
En transformant le travail, le Covid-19 a profondément bouleversé le cours de nos existences. Ses effets ont toutefois grandement varié suivant les situations professionnelles. Ce livre en offre une illustration, en documentant une expérience méconnue de la crise sanitaire, celle des salarié·es ayant continué à travailler à l’extérieur quelles que soient les restrictions, ouvrières, ouvriers, employé·es dans leur majorité. Objets d’un discours public de valorisation de leurs métiers, celles et ceux qu’on appelle « salarié·es essentiel·les » ont vu leurs conditions de travail et de vie se dégrader. Intensification des activités productives et domestiques, violente surexposition au virus, sentiment d’invisibilité : ces travailleuses et travailleurs subalternes vivent une expérience de domination sociale accrue.
Ces vécus populaires de la crise sanitaire font néanmoins tension. Ils se formulent collectivement et font naître des colères spécifiques. S’appuyant sur un travail d’enquête mené par entretiens auprès de salarié·es de la grande distribution et de la logistique, ce livre montre comment les identifications de classe sont réactualisées par la pandémie. Il invite à analyser autrement les discours de glorification des « salarié·es essentiel·les », en les pensant comme des moyens de rendre légitimes et acceptables les nouvelles sujétions subies... avec un succès toutefois contrasté.
En juin 2023, un navire transportant près de 750 migrants coule au large du Péloponnèse faisant plusieurs centaines de morts. Quelques jours plus tôt, le Conseil des ministres de l’Union européenne parvenait à un accord sur les principaux volets d’un nouveau Pacte sur la migration et l’asile, s’inspirant des dispositifs testés dans les îles de la mer Égée, considérées ici comme de véritables laboratoires de l’Union.
L’ouvrage adopte une approche critique visant à dépasser la rhétorique officielle des autorités européennes qui masque la vocation réelle d’une politique sécuritaire de contrôle et d’exclusion des étrangers. Il met ainsi en lumière le changement de paradigme qui a conduit à une institutionnalisation de l’enfermement des migrants aux frontières de l’Union.
À partir d’exemples tirés de l’actualité juridique, une série d’encadrés pointent les convergences entre la politique migratoire européenne et celle de la France.
Table des matières
Préface
Introduction
chapitre 1
La rhétorique de la crise migratoire au service d’une politique sécuritaire
Encadré 1 - L’enfermement des mineurs étrangers
en France
chapitre 2
La construction de la figure du migrant comme
indésirable
Encadré 2 - Le droit particulier des étrangers à Mayotte et l’opération « Wuambushu » de 2023
Encadré 3 – Le continuum de l’enfermement des
étrangers en France
chapitre 3
La « gestion » des arrivées en Europe : de dispositifs ad hoc à des modes de gouvernance pérennes
Encadré 4 – La « zone d’ attente » : le tri à la française
chapitre 4
Les îles grecques de la mer Égée comme laboratoire de la politique migratoire européenne
Encadré 5 – Le délit de solidarité face au principe de fraternité en droit français
chapitre 5
Le nouveau Pacte européen sur la migration et l’ asile : « Tout changer pour que rien ne change »
Encadré 6 - Le projet de loi immigration de 2023 : « Être gentil avec les gentils et méchant avec les méchants »
chapitre 6
L’externalisation des contrôles migratoires :
l’enfermement des migrants au-delà des frontières de l’Europe
Conclusion
Glossaire
Bibliographie
Table des abréviations
En juin 2023, un navire transportant près de 750 migrants coule au large du Péloponnèse faisant plusieurs centaines de morts. Quelques jours plus tôt, le Conseil des ministres de l’Union européenne parvenait à un accord sur les principaux volets d’un nouveau Pacte sur la migration et l’asile, s’inspirant des dispositifs testés dans les îles de la mer Égée, considérées ici comme de véritables laboratoires de l’Union.
L’ouvrage adopte une approche critique visant à dépasser la rhétorique officielle des autorités européennes qui masque la vocation réelle d’une politique sécuritaire de contrôle et d’exclusion des étrangers. Il met ainsi en lumière le changement de paradigme qui a conduit à une institutionnalisation de l’enfermement des migrants aux frontières de l’Union.
À partir d’exemples tirés de l’actualité juridique, une série d’encadrés pointent les convergences entre la politique migratoire européenne et celle de la France.
Le mouvement social qui a secoué le Bélarus en 2020 a fait la une de la presse internationale pour son ampleur et pour la violence de la répression policière. De nombreux musiciens rock s’inscrivent rapidement dans ce mouvement contestataire contre la dictature. Cet engagement n’est pourtant pas nouveau : depuis quarante ans, des rockers biélorusses expriment leur opposition aux dominants du champ politique.
Comment se construit l’équivalence entre le rock et la contestation sous régime autoritaire ? À quel point répond-elle à la volonté d’engagement politique des musiciens ? De quelle manière le système autoritaire contribue-t-il à la politisation de la musique ? À partir d’une enquête ethnographique sur le rock biélorusse, l’ouvrage propose une analyse générale des logiques historiques et sociales de l’engagement politique des artistes, où s’articulent l’influence des traditions artistiques, les stratégies de concurrence et de distinction, l’enrôlement par les mouvements sociaux et les effets de censure. À travers l’histoire d’un mouvement artistique c’est aussi l’histoire sociale du Bélarus qui se découvre.
Table des matières
Préface
Translittération cyrillique – latin
Noms de groupes en biélorusse ou russe fréquemment cités et leur traduction
Introduction
Deux mouvements underground
Variation des logiques de la politisation
Première partie. La politisation en héritage. Le rock national au rythme des transformations (post-)soviétiques entre 1983 et 1995
Chapitre 1. « Idéologiquement nuisible » ? Le rock (anti)soviétique entre hétérotopie et politisation
Rock russe – dissident, non officiel, illégitime, underground ?
Un mouvement artistique en dehors ou à la marge du « système » ?
Le rock comme objet artistique illégitime
« Caractère textuel » du rock russe et mobilisation de symboles contestataires
Chapitre 2. Produit musical national. Le rock comme une forme moderne de la « biélorussité »
La « biélorussité » : instrument de distinction pour le rock national
Maria Paula Survilla désigne l’année 1986 comme le moment de l’émergence du mouvement musical qu’incarnerait le « rock biélorusse » :
Les conditions de l’émergence de la « biélorussité » dans le rock : rôle précurseur de deux VIA
… et l’influence des scènes de l’Europe centrale
La propagation des conventions : Mroja et Bonda
Chapitre 3. Le rock de la Renaissance nationale. La politisation sur fond de transformations politiques
Ce que chanter en biélorusse veut dire : statut incertain de la langue biélorusse entre usages admis et « non-conformistes »
Des groupes informels au Front populaire biélorusse – institutionnalisation et politisation du mouvement de la Renaissance nationale
Enrôlement du rock biélorusse par le mouvement de la Renaissance nationale
Chapitre 4. « Le rock contre les révolutions ». Légitimation et consensualisation du rock national
La fin de la biélorussité underground : la chute de l’URSS et l’officialisation relative de la Renaissance nationale 134
Le rock salue l’indépendance, le rock contre les révolutions : consensualisation sans dépolitisation 141
Difficultés d’adaptation au système de marché et nouvelle génération du rock biélorusse 144
Système de production artistique de marché et soutiens politiques, étatiques et entrepreneuriaux discrets 153
seconde partie. La contestation du régime autoritaire. Rock national et anarcho-punk DIY entre art et politique après 1995 163
Chapitre 5. « Merci Loukachenko ». Les transformations autoritaires comme déclencheur de la repolitisation contestataire 165
« Soviétisation symbolique », changements autoritaires et institutionnalisation de l’opposition 166
Un appel au passé soviétique propice à la (re)politisation contestataire 175
Le rock contestataire de nouveau en vogue 186
Galerie d’images 197
Chapitre 6. Underground à double-fond. Des professionnels consacrés aux amateurs militants 221
Le rock national – un underground contestataire professionnalisé ? 222
Anarcho-punk DIY : engagement radical et amateurisme revendiqué 243
Chapitre 7. « Les listes noires font des musiciens les stars ». La censure comme contrainte et comme ressource 263
Censure des concerts 265
Censure dans les médias 271
Censure indirecte : politique culturelle biaisée et pression en dehors de l’activité musicale 274
Tentatives de la cooptation du rock : deux exemples 280
Contournement et usages de la censure 286
Chapitre 8. « Le totalitarisme ne passera pas ». Le chant contestataire entre slogans politiques et expression artistique 295
Les messages politiques dans les textes, les images et la musique 296
Le concert comme scène de prises de position 314
Autres modes de prise de position : interventions dans les médias, système de production et diffusion, engagement auprès des mouvements politiques 320
L’attribution d’un caractère politique 329
Conclusion 335
Entretiens 339
Le mouvement social qui a secoué le Bélarus en 2020 a fait la une de la presse internationale pour son ampleur et pour la violence de la répression policière. De nombreux musiciens rock s’inscrivent rapidement dans ce mouvement contestataire contre la dictature. Cet engagement n’est pourtant pas nouveau : depuis quarante ans, des rockers biélorusses expriment leur opposition aux dominants du champ politique.
Comment se construit l’équivalence entre le rock et la contestation sous régime autoritaire ? À quel point répond-elle à la volonté d’engagement politique des musiciens ? De quelle manière le système autoritaire contribue-t-il à la politisation de la musique ? À partir d’une enquête ethnographique sur le rock biélorusse, l’ouvrage propose une analyse générale des logiques historiques et sociales de l’engagement politique des artistes, où s’articulent l’influence des traditions artistiques, les stratégies de concurrence et de distinction, l’enrôlement par les mouvements sociaux et les effets de censure. À travers l’histoire d’un mouvement artistique c’est aussi l’histoire sociale du Bélarus qui se découvre : celle des luttes culturelles et oppositions politiques, révolutions démocratiques et tournants autoritaires, réinterprétations de l’histoire et bouleversements des hiérarchies artistiques. Plus généralement, l’enquête propose une réflexion sur le fonctionnement quotidien des régimes autoritaires et sur les stratégies de résistance.
Le Sahel est une catégorie qui semble aller de soi. Évoquant les famines et les sécheresses des années 1970, les révoltes et insurrections depuis des décennies, le Sahel est vu avant tout comme une terre dangereuse. Peut-être en va-t-il ainsi parce qu’il s’agit d’une catégorie instable, hybride, intermédiaire entre le désert et la savane, entre le nomadisme et la sédentarité, entre des populations « blanches » (Touaregs, Maures), des populations « rouges » (Peuls) et des populations « noires », entre l’animisme et l’islam. Impossible donc de définir de façon stricte ce qu’il en est du Sahel, de ses limites, de ce qui le caractérise en propre. Il s’agit d’une notion arbitraire qui ne doit son existence qu’à la consolidation que lui ont fait subir un certain nombre de savants coloniaux et dans la foulée des écrivains et des cinéastes africains dont le plus célèbre d’entre eux est Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021 pour son roman « La plus secrète histoire des hommes ». L’hypothèse de ce livre est que les problèmes d'aujourd’hui du Sahel sont en grande partie le résultat d’une représentation figée de l’Afrique de l’ouest.
Sommaire
Avant-propos
Introduction
Chapitre 1. Le Sahel, une catégorie coloniale française
Chapitre 2. Le formatage de l’intellectuel sahélien francophone
Chapitre 3. L’ethnicisation du conflit sahélien
Chapitre 4. Rhétoriques du pouvoir au Mali
Chapitre 5. L’excision et l’homosexualité comme enjeux politiques au Mali
Conclusion. Le Sahel fantôme
Annexes
Le Sahel est une catégorie, comme toutes les catégories qui s’appliquent à l’Afrique, ethniques et géographiques entre autres, qui semble aller de soi. Evoquant les famines et les sécheresses des années 1970, les révoltes et insurrections qui se produisent dans toute cette zone depuis des décennies, le Sahel est vu avant tout comme une terre dangereuse. Peut-être en va-t-il ainsi parce qu’il s’agit d’une catégorie instable, hybride, intermédiaire entre le désert et la savane, entre le nomadisme et la sédentarité, entre des populations « blanches » (Touaregs, Maures), des populations « rouges » (Peuls) et des populations « noires », entre l’animisme et l’islam. Impossible donc de définir de façon stricte ce qu’il en est du Sahel, de ses limites, de ce qui le caractérise en propre. Il s’agit d’une notion totalement arbitraire qui ne doit son existence qu’à la consolidation que lui ont fait subir un certain nombre de savants coloniaux et dans la foulée des écrivains et des cinéastes africains dont le plus célèbre d’entre eux est Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021 pour son roman « La plus secrète histoire des hommes ». L’hypothèse de ce livre est donc que les problèmes de ce qui forme aujourd’hui le Sahel (en particulier la défaite de l’armée française) sont en grande partie le résultat d’une représentation figée de cette région géographique d’Afrique de l’ouest.
Points forts : invention coloniale du Sahel, critique des « intellectuels de cour » sahéliens, critique la littérature sahélienne comme porteuse d’une attitude pro-soufie, pro-animiste islamophobe, fémo et homonationaliste.
Bio-bibliographie
Anthropologue, Directeur d’études émérite à l’EHESS, ancien rédacteur en chef des « Cahiers d’études africaines », spécialiste du Mali et de l’étude de l’ethnicité, de l’identité et du métissage.
Principaux ouvrages
Au cœur de l’ethnie : ethnies, tribalisme et État en Afrique, avec Elikia M’Bokolo, La Découverte, 1985, rééd. La Découverte poche, 1999.
Logiques métisses : anthropologie de l’identité en Afrique et ailleurs,
Vers un multiculturalisme français : l’empire de la coutume, Aubier, 1996, « Champs », 2001
Branchements. Anthropologie de l’universalité des cultures,Flammarion, 2001, « Champs », 2005.
L’Occident décroché. Essais sur les postcolonialismes, Paris, Stock, 2008Fayard/Pluriel, 2010.
Rétrovolutions. Essais sur les primitivismes contemporains, Paris, Stock, 2010.
Avec Souleymane Bachir Diagne, En quête d’Afrique (s). Universalisme et pensée décolonialeParis, Albin Michel, 2018.
La seconde moitié des années 1970 a marqué le retour en force des protestants évangéliques sur le terrain de la politique partisane. Cette forte mobilisation s’est accompagnée de la mise en place par des leaders religieux conservateurs d’un vaste réseau de lobbies politico-religieux, appelé « Droite chrétienne » (Christian Right). Ayant acquis, au fil des décennies, un poids et une influence considérables, la Droite chrétienne s’impose aujourd’hui comme une force électorale incontournable. À ce titre, elle mérite d’être prise au sérieux, tant sur le plan politique que sur le plan intellectuel.
Lors de l’élection présidentielle de 2016, la Droite chrétienne s’est distinguée par le soutien apporté à Donald Trump, le candidat républicain, de mémoire récente, le moins religieux.
Pour comprendre la Droite chrétienne dans sa globalité – ses origines historiques, ses fondements théologiques, le profil de ses adeptes, le contenu de son programme, son mode opératoire, la complexité de ses relations avec les présidents qui se sont succédé depuis quarante ans –, une analyse détaillée et objective s’impose. C’est l’objectif de ce livre.
Table des matières
Introduction 7
chapitre 1. Présentation 15
Éléments de définition 15
Vision du monde : un mélange d’exceptionnalisme et de prémillénarisme 23
Rapports complexes avec la modernité 34
chapitre 2. Genèse et développement 43
Des origines historiques lointaines 43
Les années 1970 : un revirement radical 51
Un mouvement en constante mutation 90
chapitre 3. Fondements théologiques 107
L’identité évangélique 108
L’essor de l’évangélisme : forces et limites 116
Les grandes familles évangéliques 121
Le fondamentalisme 121
Le néo-évangélisme 130
Le pentecôtisme et le charismatisme 133
Qui sont les évangéliques nord-américains ? 135
Profil socio-économique 138
Croyances et comportement religieux 142
Comportement politique 144
chapitre 4. Programme et stratégies socio-politiques 147
Un programme ou un ensemble de convictions ? 148
Un registre avant tout religieux 148
Rôle crucial de l’ennemi et fixation sur l’humanisme laïque 151
Les grands axes du programme 157
Défense des valeurs morales et sociales traditionnelles 157
Préservation de la famille traditionnelle 158
Condamnation de l’avortement 167
Combat contre l’homosexualité 173
Affaiblissement de l’État et pari sur l’économie de marché 186
Non au contrôle des armes à feu ! 196
Refus radical du changement climatique 200
Ni nouvel ordre international ni mondialisation 203
Une Amérique forte face à l’« empire du Mal » 211
L’islam, le nouvel ennemi à abattre 214
Un soutien sans faille à Israël 223
Des choix stratégiques très diversifiés 234
Des stratégies classiques éprouvées 235
L’alliance avec les think tanks de droite 238
Courrier personnalisé et campagnes de dénigrement 240
Le Morality Rating Record : un outil efficace 242
Prêches et télé-prédication au service de la politique 242
L’enseignement : un moyen de propagande et de recrutement incontournable 244
Le cyberespace religieux 248
chapitre 5. Les relations entre la droite chrétienne et
l’exécutif : 2001-2021 251
George W. Bush : un allié exceptionnel 251
La religiosité de G. W. Bush 253
L’influence de la foi sur la politique intérieure : le conservatisme compassionnel 262
La politique étrangère : la guerre en Irak 270
George W. Bush et la Droite chrétienne 274
L’alliance de la Droite chrétienne et des néoconservateurs 293
Barack Obama, voilà l’ennemi 302
L’univers idéologique et religieux d’Obama 303
Barack Obama et la Droite chrétienne 309
Donald Trump et la Droite chrétienne : une alliance inhabituelle 317
Soutien inattendu à Donald Trump pourtant aux antipodes de l’idéal évangélique 320
Pourquoi Trump séduit-il les électeurs évangéliques ? 324
Les années Trump : bilan 333
chapitre 6. Quel bilan ? 337
Des réactions passionnées et controversées 337
Un bilan inégal malgré un activisme forcené 350
L’enseignement 351
L’avortement 355
L’homosexualité 358
La politique intérieure 361
Politique étrangère 367
Conclusion 375
Bibliographie 383
La seconde moitié des années 1970 a marqué le retour en force des protestants évangéliques sur le terrain de la politique partisane. Cette forte mobilisation s’est accompagnée de la mise en place par des leaders religieux conservateurs d’un vaste réseau de lobbies politico-religieux, appelé « Droite chrétienne » (Christian Right). Ayant acquis, au fil des décennies, un poids et une influence considérables, la Droite chrétienne s’impose aujourd’hui comme une force électorale incontournable. À ce titre, elle mérite d’être prise au sérieux, tant sur le plan politique que sur le plan intellectuel.
Lors de l’élection présidentielle de 2016, la Droite chrétienne s’est distinguée par le soutien apporté à Donald Trump, le candidat républicain, de mémoire récente, le moins religieux.
Pour comprendre la Droite chrétienne dans sa globalité – ses origines historiques, ses fondements théologiques, le profil de ses adeptes, le contenu de son programme, son mode opératoire, la complexité de ses relations avec les présidents qui se sont succédé depuis quarante ans –, une analyse détaillée et objective s’impose. C’est l’objectif de ce livre.
Les déclenchements de manifestations, grèves, émeutes et autres protestations collectives ne sont pas le résultat d’une goutte d’eau de trop ou d’une étincelle. Ils reposent sur des situations dans lesquelles des individus se préoccupent essentiellement de ne pas se trouver seuls à agir. Le passage à l’acte se joue dans des moments où l’on tente d’anticiper le comportement d’autres gens, en tâtonnant et en se fiant à des clichés ou à des traditions de mobilisations.
S’appuyant sur des études de cas variées, cet ouvrage permet de comprendre finement les ressorts des déclenchements d’actions collectives. Il apporte de nouvelles pistes pour les anticiper ou les réaliser, que vous soyez un chercheur, une militante, ou un citoyen curieux.
Recensions
Dans Revue Lectures
Citations :
Dan Libération du 9 septembre 2022
Table des matières
Sommaire 4
Préface 7
introduction : les logiques des déclenchements 11
Les mythes d’entrée en action. Mythologie du déclenchement des actions contestataires 15
Métaphores, mythes de sens commun et leur succès dans la recherche 15
Causes, prétextes et seuils de tolérance 17
Le pire, l’insupportable, l’exutoire ou l’explosion 22
L’irrationalité, ou quand on ne trouve pas d’explication… 24
Les productions de la recherche en sciences sociales 25
Structure des opportunités politiques et renoncement explicatif 26
La révolte comme (re)découverte de l’injustice ? La redéfinition de situation et ses limites 29
Des caractéristiques du groupe au mode d’action, choix stratégique ou évidence imposée ? 30
La part de surprise 31
Les moments et leurs actions. Entre interactionnisme et constructivisme, sociologie des situations de déclenchements 34
Interactionnisme n’est pas amnésie : situations, histoires et individus pluriels 34
La condition déterminante en situation : être certain que l’action aura lieu 40
Le cadre de l’expérience. La théorie des facteurs de probabilité : domaine d’application et modes d’enquête 42
Ce que l’on entendra par « déclenchement » : le seuil d’une action visible 42
Principaux ressorts et limites de la théorie : recherche d’alignement, perception des coûts et ressources 44
Incertitude, calculs et préoccupations liées à l’alignement 45
Des ressources de mobilisation omniprésentes, ou quelques ressorts du « suffisant » 46
Sens de la normalité, du ridicule et autres craintes, ressorts et limites du « nécessaire » 50
Conditions d’un test : l’étude d’actions contestataires incertaines 55
Tableau 2 : « Mobilisations improbables » ou actions incertaines ? Quelques exemples 56
Les multiples cas étudiés : blocages lycéens, émeutes de banlieues, riders… 57
De l’action vers l’histoire : une présentation d’aval en amont 64
Illustration 1 : Temporalités du déclenchement de l’action et plan de l’ouvrage (croquis) 67
chapitre 1 : Du quotidien à la mobilisation. Une affaire de rôles 69
Des causes pas très communes ? Motivations diverses et coopération 69
Les motifs hétérogènes de l’action 71
Motivations ludiques et illégitimes : un stigmate des mouvements « de jeunes » à relativiser 73
Sécher les cours, dénoncer la réforme, s’amuser entre amis, insulter le gouvernement… 74
Obtenir des financements pour un skatepark, faire chier la mairie, faire une expérience… 78
Se venger de la police, aller voir, s’amuser… 84
Une coopération en conscience : causes, revendications et mots d’ordres comme ressources de coordination 86
En scène ! Des rôles du quotidien aux rôles de mobilisés : gestion de façade, continuités et ruptures 97
Enquête n°1. Les blocages lycéens de 2010 103
Les déter's et les blasés
Quelques déter’, quelques blasés 103
Effets du genre et de l’investissement scolaire sur le style d’engagement et sur le déclenchement de l’action 106
Tableau 3 : Caractéristiques et styles d’engagement des lycéens dans la mobilisation 109
La relation entre leaders locaux et militants altruistes dans le déclenchement de l’action : une figure de la continuité dans la gestion de façades 111
Conclusion: des préoccupations très ordinaires 114
chapitre 2 : Aux seuils de l’action. Les étapes menant à la protestation visible 117
La place des seuils dans le déclenchement de l’action contestataire. Engagements visibles et identification d’une action collective 117
Seuils de participation individuelle et mobilisation en cascade 118
Les effets immédiats des seuils de non-retour : marques d’engagement, typification de l’action et logiques de situations successives 124
Comment s’engager avant le déclenchement. Les seuils déclencheurs et les conditions concrètes de leur franchissement 131
Chercher ce qui se passe à l’avant des seuils déclencheurs 131
Éléments de définition des déclenchements d’actions protestataires 131
Les types de seuils déterminant le déclenchement, les interactions, préoccupations et calculs qui les précèdent 136
Isoler les seuils déterminant le déclenchement 139
Enquête n° 2. La grève des étudiants en odontologie de
Colombes 139
Les engagements préalables 141
Les engagements au dernier moment 147
Conclusion du chapitre 2 : franchir les seuils 154
chapitre 3 : S’assurer que les autres y vont. Les préoccupations déterminant le franchissement du seuil 155
Soumission à l’anticipation. Un point de vue expérimental 156
Incertitude, suivisme et déclenchement de contestations : les apports de la psychologie sociale 156
Définir collectivement une situation dans l’incertitude : la psychologie de la gestalt 158
De l’incertitude à la révolte : les expériences de Milgram et Gamson 162
Une expérience grandeur nature 165
Enquête n°3. La tentative de mobilisation des riders de Bercy 166
On y va ou pas ? L’émergence d’intérêts pour et de croyances partagées sur l’action à venir 173
La possibilité d’une mobilisation 173
L’idée d’une mobilisation des riders de Bercy, entre rires et incrédulité 174
Illustration 2 : Une partie du spot de Bercy avant démolition 175
Illustration 3 : Plan du spot de Bercy et de la zone extérieure visée par le projet de rénovation 178
Illustration 4 : Affiche publiée le 27 juillet sur la page Facebook, puis collée en différents lieux 184
Lycées Zola et Saint Vincent de Paul : une possibilité prise au sérieux 189
Étudiants en odontologie : émergence d’une possibilité de grève et paradoxes d’une « mobilisation improbable » 191
Bavures et émeutes de l’Est lyonnais : une possibilité construite sur plusieurs années 198
Incertitude, tâtonnements et (focalisation sur) l’accélération des indices, signes et consignes contradictoires 199
Émeutes lyonnaises : des informations très hétérogènes dans la balance 200
Étudiants en odontologie : incertitude et focalisation sur l’engagement des étudiants de quatrième année 200
Lycées Zola et Saint Vincent de Paul : renoncement et putsch 204
Les riders de Bercy : incertitude et tâtonnements à l’approche de l’action 209
Illustration 5 : Sticker du Collectif de défense de Bercy, octobre 2012. 213
Illustration 6 : Captures d’écran de la vidéo du Collectif de défense de Bercy, octobre 2012. 215
Illustration 7 : Photo du collage « simulé » de stickers, novembre 2012 222
Être sûr qu’il y aura action pour s’engager. Objectivation et test d’une condition déterminante 230
Test sur les conditions d’engagement des acteurs 233
Tableau 4 (page suivante): Conditions d’engagements ou non engagements des acteurs dans les collages organisés pour l’expérience de Bercy 241
Test sur les conditions de réussite des déclenchements 244
Tableau 5 : Conditions de réalisation ou non des tentatives d’actions protestataires 247
Poids des facteurs de probabilité, des conditions particulières et du doute dans les déclenchements 248
Conclusion du chapitre 3 : évaluer ressources et facteurs à l’aune des certitudes qu’ils créent 251
Tableau 6 : (Schéma) Ressources diverses, facteurs de probabilité et déclenchement de l’action 255
chapitre 4 : Les facteurs de probabilité de l’action. Discours sur l’action, information tacite et (in)certitude 261
Les facteurs mixtes de probabilité. Appels explicites, discours sur l’action et conditions de la confiance 262
Les conditions générales de réussite des appels à l’action : l’exposition des seuils de participation 262
Appels d’acteurs « en vue », d’organisations ou d’AG : effets de masse, ressources collectives et leurs limites 263
Motifs, définitions de situations, émotions : entre éléments de décor, points de coordination et « bases d’échanges » 268
Rumeurs et hidden transcripts : le problème de la forme et du « sérieux » de l’appel à l’action 272
Appels à l’action par le bas, évaluations et explicitations des seuils de participation mutuels 274
Les effets de théories indigènes sur le déclenchement 275
Les facteurs tacites de probabilité. Groupes, situations et déclencheurs objectivés 277
Réification et préjugés sur les groupes de participants potentiels 277
Les groupes, les « on » et les « autres »… traditions de lutte, clichés et attentes 277
Construction et variation des préjugés sur des groupes de participants potentiels 279
Les déclencheurs types (et situations déclencheuses types) 283
Enquête n°4. Expérience dans une classe de terminale 283
Des situations et signes institutionnalisés 286
Conclusion du chapitre 4 : la force décisive des facteurs tacites 289
chapitre 5 : La bavure et l’émeute. Genèse d’un déclencheur type dans le Rhône (1979-2000) 293
La construction d’un déclencheur type. Eléments d’introduction 294
Perspectives sociologiques sur le déclenchement de l’émeute : pour une approche stratégique et constructiviste 294
L’histoire d’un déclencheur de l’émeute, éléments de définition 296
Indices et conditions de l’institutionnalisation du signe déclencheur 298
Enquête n°5. Les « bavures » et « émeutes » dans l'Est lyonnais 300
L’invention du « climat d’émeutes ». 1979-1986 304
Police, violences collectives et mobilisations antiracistes (1979-83) 304
Représailles ciblées dans le quartier, « climat d’émeutes » dans les journaux (1983-86) 308
Les conditions de l’émeute : un proto-signe aux effets variables. 1985-1990 311
Bavure, basse saison et haute saison 312
Tableau 7 : Conditions et éventuelles suites émeutières des décès de jeunes mettant en cause des policiers dans la proche banlieue Est lyonnaise (1980-1990) 316
(Recon)naissance d’une institution, octobre 1990 à Vaulx-en-Velin 317
La bavure comme signe déclencheur solidifié. Années 1990 320
Mémoire, reconnaissance et saisie systématique d’un signe 320
Tableau 8 : Conditions et éventuelles suites émeutières des décès de jeunes mettant en cause des policiers dans la proche banlieue Est lyonnaise (1991-2000) (légende p. 287) 322
Objectivation du signe et conditions assouplies de sa saisie 323
Conclusion du chapitre 5 : à déclencheur type, réaction type ? 328
chapitre 6 : Des réactions collectives types. Groupes, situations ou déclencheurs types et actions protestataires associées 331
Enquête n°6. Constitution et analyse d’une base de données sur des actions protestataires (1997-2000) 335
Des traditions qui s’imposent. La force contraignante des modes d’action traditionnels sur les déclenchements 337
Premier tour d’horizon 338
Graphique 1 : Analyse des correspondances multiples (ACM) sur les actions protestataires issues de la recherche dans Le Progrès, 1997-2000 340
Tableau 9 : Salariés, grève et autres modes d’action : des traditions bien établies 342
Groupes de circonstances, situations, déclencheurs et réactions types. La primauté des données situationnelles dans la détermination du type d’action déclenché ? 345
Les situations et déclencheurs types, goulots d’étranglement des répertoires tactiques 345
Tableau 10 : Part des cas mentionnant un recours à la grève en fonction de situations et motifs liés au travail salarié 346
La situation comme déterminant principal du mode d’action et le cas des mobilisations locales 354
Graphique 3 : Part des cas mentionnant un recours à la pétition en fonction de situations, motifs et participants concernés dans les mobilisations locales, en % (et valeurs absolues) 355
Graphique 4 : Part des cas mentionnant un recours à la manifestation en fonction de situations, motifs et participants concernés dans les mobilisations locales, en % (et valeurs absolues) 355
Conclusion du chapitre 6 : les réactions collectives types, poids d’une contrainte située et situationnelle 358
conclusion : Pistes pour comprendre, anticiper et fabriquer des déclenchements d’actions protestataires 365
Avertissements pour saisir les déclenchements d’actions protestataires. Et parfois les anticiper 371
Fabriquer des déclenchements d’actions protestataires. Quelques ficelles 374
Enquête épilogue. La rétention des notes de 2016 374