.
Le mouvement social qui a secoué le Bélarus en 2020 a fait la une de la presse internationale pour son ampleur et pour la violence de la répression policière. De nombreux musiciens rock s’inscrivent rapidement dans ce mouvement contestataire contre la dictature. Cet engagement n’est pourtant pas nouveau : depuis quarante ans, des rockers biélorusses expriment leur opposition aux dominants du champ politique.
Comment se construit l’équivalence entre le rock et la contestation sous régime autoritaire ? À quel point répond-elle à la volonté d’engagement politique des musiciens ? De quelle manière le système autoritaire contribue-t-il à la politisation de la musique ? À partir d’une enquête ethnographique sur le rock biélorusse, l’ouvrage propose une analyse générale des logiques historiques et sociales de l’engagement politique des artistes, où s’articulent l’influence des traditions artistiques, les stratégies de concurrence et de distinction, l’enrôlement par les mouvements sociaux et les effets de censure. À travers l’histoire d’un mouvement artistique c’est aussi l’histoire sociale du Bélarus qui se découvre.
Table des matières
Préface
Translittération cyrillique – latin
Noms de groupes en biélorusse ou russe fréquemment cités et leur traduction
Introduction
Deux mouvements underground
Variation des logiques de la politisation
Première partie. La politisation en héritage. Le rock national au rythme des transformations (post-)soviétiques entre 1983 et 1995
Chapitre 1. « Idéologiquement nuisible » ? Le rock (anti)soviétique entre hétérotopie et politisation
Rock russe – dissident, non officiel, illégitime, underground ?
Un mouvement artistique en dehors ou à la marge du « système » ?
Le rock comme objet artistique illégitime
« Caractère textuel » du rock russe et mobilisation de symboles contestataires
Chapitre 2. Produit musical national. Le rock comme une forme moderne de la « biélorussité »
La « biélorussité » : instrument de distinction pour le rock national
Maria Paula Survilla désigne l’année 1986 comme le moment de l’émergence du mouvement musical qu’incarnerait le « rock biélorusse » :
Les conditions de l’émergence de la « biélorussité » dans le rock : rôle précurseur de deux VIA
… et l’influence des scènes de l’Europe centrale
La propagation des conventions : Mroja et Bonda
Chapitre 3. Le rock de la Renaissance nationale. La politisation sur fond de transformations politiques
Ce que chanter en biélorusse veut dire : statut incertain de la langue biélorusse entre usages admis et « non-conformistes »
Des groupes informels au Front populaire biélorusse – institutionnalisation et politisation du mouvement de la Renaissance nationale
Enrôlement du rock biélorusse par le mouvement de la Renaissance nationale
Chapitre 4. « Le rock contre les révolutions ». Légitimation et consensualisation du rock national
La fin de la biélorussité underground : la chute de l’URSS et l’officialisation relative de la Renaissance nationale 134
Le rock salue l’indépendance, le rock contre les révolutions : consensualisation sans dépolitisation 141
Difficultés d’adaptation au système de marché et nouvelle génération du rock biélorusse 144
Système de production artistique de marché et soutiens politiques, étatiques et entrepreneuriaux discrets 153
seconde partie. La contestation du régime autoritaire. Rock national et anarcho-punk DIY entre art et politique après 1995 163
Chapitre 5. « Merci Loukachenko ». Les transformations autoritaires comme déclencheur de la repolitisation contestataire 165
« Soviétisation symbolique », changements autoritaires et institutionnalisation de l’opposition 166
Un appel au passé soviétique propice à la (re)politisation contestataire 175
Le rock contestataire de nouveau en vogue 186
Galerie d’images 197
Chapitre 6. Underground à double-fond. Des professionnels consacrés aux amateurs militants 221
Le rock national – un underground contestataire professionnalisé ? 222
Anarcho-punk DIY : engagement radical et amateurisme revendiqué 243
Chapitre 7. « Les listes noires font des musiciens les stars ». La censure comme contrainte et comme ressource 263
Censure des concerts 265
Censure dans les médias 271
Censure indirecte : politique culturelle biaisée et pression en dehors de l’activité musicale 274
Tentatives de la cooptation du rock : deux exemples 280
Contournement et usages de la censure 286
Chapitre 8. « Le totalitarisme ne passera pas ». Le chant contestataire entre slogans politiques et expression artistique 295
Les messages politiques dans les textes, les images et la musique 296
Le concert comme scène de prises de position 314
Autres modes de prise de position : interventions dans les médias, système de production et diffusion, engagement auprès des mouvements politiques 320
L’attribution d’un caractère politique 329
Conclusion 335
Entretiens 339
Le mouvement social qui a secoué le Bélarus en 2020 a fait la une de la presse internationale pour son ampleur et pour la violence de la répression policière. De nombreux musiciens rock s’inscrivent rapidement dans ce mouvement contestataire contre la dictature. Cet engagement n’est pourtant pas nouveau : depuis quarante ans, des rockers biélorusses expriment leur opposition aux dominants du champ politique.
Comment se construit l’équivalence entre le rock et la contestation sous régime autoritaire ? À quel point répond-elle à la volonté d’engagement politique des musiciens ? De quelle manière le système autoritaire contribue-t-il à la politisation de la musique ? À partir d’une enquête ethnographique sur le rock biélorusse, l’ouvrage propose une analyse générale des logiques historiques et sociales de l’engagement politique des artistes, où s’articulent l’influence des traditions artistiques, les stratégies de concurrence et de distinction, l’enrôlement par les mouvements sociaux et les effets de censure. À travers l’histoire d’un mouvement artistique c’est aussi l’histoire sociale du Bélarus qui se découvre : celle des luttes culturelles et oppositions politiques, révolutions démocratiques et tournants autoritaires, réinterprétations de l’histoire et bouleversements des hiérarchies artistiques. Plus généralement, l’enquête propose une réflexion sur le fonctionnement quotidien des régimes autoritaires et sur les stratégies de résistance.
Le Sahel est une catégorie qui semble aller de soi. Évoquant les famines et les sécheresses des années 1970, les révoltes et insurrections depuis des décennies, le Sahel est vu avant tout comme une terre dangereuse. Peut-être en va-t-il ainsi parce qu’il s’agit d’une catégorie instable, hybride, intermédiaire entre le désert et la savane, entre le nomadisme et la sédentarité, entre des populations « blanches » (Touaregs, Maures), des populations « rouges » (Peuls) et des populations « noires », entre l’animisme et l’islam. Impossible donc de définir de façon stricte ce qu’il en est du Sahel, de ses limites, de ce qui le caractérise en propre. Il s’agit d’une notion arbitraire qui ne doit son existence qu’à la consolidation que lui ont fait subir un certain nombre de savants coloniaux et dans la foulée des écrivains et des cinéastes africains dont le plus célèbre d’entre eux est Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021 pour son roman « La plus secrète histoire des hommes ». L’hypothèse de ce livre est que les problèmes d'aujourd’hui du Sahel sont en grande partie le résultat d’une représentation figée de l’Afrique de l’ouest.
Sommaire
Avant-propos
Introduction
Chapitre 1. Le Sahel, une catégorie coloniale française
Chapitre 2. Le formatage de l’intellectuel sahélien francophone
Chapitre 3. L’ethnicisation du conflit sahélien
Chapitre 4. Rhétoriques du pouvoir au Mali
Chapitre 5. L’excision et l’homosexualité comme enjeux politiques au Mali
Conclusion. Le Sahel fantôme
Annexes
Le Sahel est une catégorie, comme toutes les catégories qui s’appliquent à l’Afrique, ethniques et géographiques entre autres, qui semble aller de soi. Evoquant les famines et les sécheresses des années 1970, les révoltes et insurrections qui se produisent dans toute cette zone depuis des décennies, le Sahel est vu avant tout comme une terre dangereuse. Peut-être en va-t-il ainsi parce qu’il s’agit d’une catégorie instable, hybride, intermédiaire entre le désert et la savane, entre le nomadisme et la sédentarité, entre des populations « blanches » (Touaregs, Maures), des populations « rouges » (Peuls) et des populations « noires », entre l’animisme et l’islam. Impossible donc de définir de façon stricte ce qu’il en est du Sahel, de ses limites, de ce qui le caractérise en propre. Il s’agit d’une notion totalement arbitraire qui ne doit son existence qu’à la consolidation que lui ont fait subir un certain nombre de savants coloniaux et dans la foulée des écrivains et des cinéastes africains dont le plus célèbre d’entre eux est Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021 pour son roman « La plus secrète histoire des hommes ». L’hypothèse de ce livre est donc que les problèmes de ce qui forme aujourd’hui le Sahel (en particulier la défaite de l’armée française) sont en grande partie le résultat d’une représentation figée de cette région géographique d’Afrique de l’ouest.
Points forts : invention coloniale du Sahel, critique des « intellectuels de cour » sahéliens, critique la littérature sahélienne comme porteuse d’une attitude pro-soufie, pro-animiste islamophobe, fémo et homonationaliste.
Bio-bibliographie
Anthropologue, Directeur d’études émérite à l’EHESS, ancien rédacteur en chef des « Cahiers d’études africaines », spécialiste du Mali et de l’étude de l’ethnicité, de l’identité et du métissage.
Principaux ouvrages
Au cœur de l’ethnie : ethnies, tribalisme et État en Afrique, avec Elikia M’Bokolo, La Découverte, 1985, rééd. La Découverte poche, 1999.
Logiques métisses : anthropologie de l’identité en Afrique et ailleurs,
Vers un multiculturalisme français : l’empire de la coutume, Aubier, 1996, « Champs », 2001
Branchements. Anthropologie de l’universalité des cultures,Flammarion, 2001, « Champs », 2005.
L’Occident décroché. Essais sur les postcolonialismes, Paris, Stock, 2008Fayard/Pluriel, 2010.
Rétrovolutions. Essais sur les primitivismes contemporains, Paris, Stock, 2010.
Avec Souleymane Bachir Diagne, En quête d’Afrique (s). Universalisme et pensée décolonialeParis, Albin Michel, 2018.
La seconde moitié des années 1970 a marqué le retour en force des protestants évangéliques sur le terrain de la politique partisane. Cette forte mobilisation s’est accompagnée de la mise en place par des leaders religieux conservateurs d’un vaste réseau de lobbies politico-religieux, appelé « Droite chrétienne » (Christian Right). Ayant acquis, au fil des décennies, un poids et une influence considérables, la Droite chrétienne s’impose aujourd’hui comme une force électorale incontournable. À ce titre, elle mérite d’être prise au sérieux, tant sur le plan politique que sur le plan intellectuel.
Lors de l’élection présidentielle de 2016, la Droite chrétienne s’est distinguée par le soutien apporté à Donald Trump, le candidat républicain, de mémoire récente, le moins religieux.
Pour comprendre la Droite chrétienne dans sa globalité – ses origines historiques, ses fondements théologiques, le profil de ses adeptes, le contenu de son programme, son mode opératoire, la complexité de ses relations avec les présidents qui se sont succédé depuis quarante ans –, une analyse détaillée et objective s’impose. C’est l’objectif de ce livre.
Table des matières
Introduction 7
chapitre 1. Présentation 15
Éléments de définition 15
Vision du monde : un mélange d’exceptionnalisme et de prémillénarisme 23
Rapports complexes avec la modernité 34
chapitre 2. Genèse et développement 43
Des origines historiques lointaines 43
Les années 1970 : un revirement radical 51
Un mouvement en constante mutation 90
chapitre 3. Fondements théologiques 107
L’identité évangélique 108
L’essor de l’évangélisme : forces et limites 116
Les grandes familles évangéliques 121
Le fondamentalisme 121
Le néo-évangélisme 130
Le pentecôtisme et le charismatisme 133
Qui sont les évangéliques nord-américains ? 135
Profil socio-économique 138
Croyances et comportement religieux 142
Comportement politique 144
chapitre 4. Programme et stratégies socio-politiques 147
Un programme ou un ensemble de convictions ? 148
Un registre avant tout religieux 148
Rôle crucial de l’ennemi et fixation sur l’humanisme laïque 151
Les grands axes du programme 157
Défense des valeurs morales et sociales traditionnelles 157
Préservation de la famille traditionnelle 158
Condamnation de l’avortement 167
Combat contre l’homosexualité 173
Affaiblissement de l’État et pari sur l’économie de marché 186
Non au contrôle des armes à feu ! 196
Refus radical du changement climatique 200
Ni nouvel ordre international ni mondialisation 203
Une Amérique forte face à l’« empire du Mal » 211
L’islam, le nouvel ennemi à abattre 214
Un soutien sans faille à Israël 223
Des choix stratégiques très diversifiés 234
Des stratégies classiques éprouvées 235
L’alliance avec les think tanks de droite 238
Courrier personnalisé et campagnes de dénigrement 240
Le Morality Rating Record : un outil efficace 242
Prêches et télé-prédication au service de la politique 242
L’enseignement : un moyen de propagande et de recrutement incontournable 244
Le cyberespace religieux 248
chapitre 5. Les relations entre la droite chrétienne et
l’exécutif : 2001-2021 251
George W. Bush : un allié exceptionnel 251
La religiosité de G. W. Bush 253
L’influence de la foi sur la politique intérieure : le conservatisme compassionnel 262
La politique étrangère : la guerre en Irak 270
George W. Bush et la Droite chrétienne 274
L’alliance de la Droite chrétienne et des néoconservateurs 293
Barack Obama, voilà l’ennemi 302
L’univers idéologique et religieux d’Obama 303
Barack Obama et la Droite chrétienne 309
Donald Trump et la Droite chrétienne : une alliance inhabituelle 317
Soutien inattendu à Donald Trump pourtant aux antipodes de l’idéal évangélique 320
Pourquoi Trump séduit-il les électeurs évangéliques ? 324
Les années Trump : bilan 333
chapitre 6. Quel bilan ? 337
Des réactions passionnées et controversées 337
Un bilan inégal malgré un activisme forcené 350
L’enseignement 351
L’avortement 355
L’homosexualité 358
La politique intérieure 361
Politique étrangère 367
Conclusion 375
Bibliographie 383
La seconde moitié des années 1970 a marqué le retour en force des protestants évangéliques sur le terrain de la politique partisane. Cette forte mobilisation s’est accompagnée de la mise en place par des leaders religieux conservateurs d’un vaste réseau de lobbies politico-religieux, appelé « Droite chrétienne » (Christian Right). Ayant acquis, au fil des décennies, un poids et une influence considérables, la Droite chrétienne s’impose aujourd’hui comme une force électorale incontournable. À ce titre, elle mérite d’être prise au sérieux, tant sur le plan politique que sur le plan intellectuel.
Lors de l’élection présidentielle de 2016, la Droite chrétienne s’est distinguée par le soutien apporté à Donald Trump, le candidat républicain, de mémoire récente, le moins religieux.
Pour comprendre la Droite chrétienne dans sa globalité – ses origines historiques, ses fondements théologiques, le profil de ses adeptes, le contenu de son programme, son mode opératoire, la complexité de ses relations avec les présidents qui se sont succédé depuis quarante ans –, une analyse détaillée et objective s’impose. C’est l’objectif de ce livre.
Les déclenchements de manifestations, grèves, émeutes et autres protestations collectives ne sont pas le résultat d’une goutte d’eau de trop ou d’une étincelle. Ils reposent sur des situations dans lesquelles des individus se préoccupent essentiellement de ne pas se trouver seuls à agir. Le passage à l’acte se joue dans des moments où l’on tente d’anticiper le comportement d’autres gens, en tâtonnant et en se fiant à des clichés ou à des traditions de mobilisations.
S’appuyant sur des études de cas variées, cet ouvrage permet de comprendre finement les ressorts des déclenchements d’actions collectives. Il apporte de nouvelles pistes pour les anticiper ou les réaliser, que vous soyez un chercheur, une militante, ou un citoyen curieux.
Recensions
Dans Revue Lectures
Citations :
Dan Libération du 9 septembre 2022
Table des matières
Sommaire 4
Préface 7
introduction : les logiques des déclenchements 11
Les mythes d’entrée en action. Mythologie du déclenchement des actions contestataires 15
Métaphores, mythes de sens commun et leur succès dans la recherche 15
Causes, prétextes et seuils de tolérance 17
Le pire, l’insupportable, l’exutoire ou l’explosion 22
L’irrationalité, ou quand on ne trouve pas d’explication… 24
Les productions de la recherche en sciences sociales 25
Structure des opportunités politiques et renoncement explicatif 26
La révolte comme (re)découverte de l’injustice ? La redéfinition de situation et ses limites 29
Des caractéristiques du groupe au mode d’action, choix stratégique ou évidence imposée ? 30
La part de surprise 31
Les moments et leurs actions. Entre interactionnisme et constructivisme, sociologie des situations de déclenchements 34
Interactionnisme n’est pas amnésie : situations, histoires et individus pluriels 34
La condition déterminante en situation : être certain que l’action aura lieu 40
Le cadre de l’expérience. La théorie des facteurs de probabilité : domaine d’application et modes d’enquête 42
Ce que l’on entendra par « déclenchement » : le seuil d’une action visible 42
Principaux ressorts et limites de la théorie : recherche d’alignement, perception des coûts et ressources 44
Incertitude, calculs et préoccupations liées à l’alignement 45
Des ressources de mobilisation omniprésentes, ou quelques ressorts du « suffisant » 46
Sens de la normalité, du ridicule et autres craintes, ressorts et limites du « nécessaire » 50
Conditions d’un test : l’étude d’actions contestataires incertaines 55
Tableau 2 : « Mobilisations improbables » ou actions incertaines ? Quelques exemples 56
Les multiples cas étudiés : blocages lycéens, émeutes de banlieues, riders… 57
De l’action vers l’histoire : une présentation d’aval en amont 64
Illustration 1 : Temporalités du déclenchement de l’action et plan de l’ouvrage (croquis) 67
chapitre 1 : Du quotidien à la mobilisation. Une affaire de rôles 69
Des causes pas très communes ? Motivations diverses et coopération 69
Les motifs hétérogènes de l’action 71
Motivations ludiques et illégitimes : un stigmate des mouvements « de jeunes » à relativiser 73
Sécher les cours, dénoncer la réforme, s’amuser entre amis, insulter le gouvernement… 74
Obtenir des financements pour un skatepark, faire chier la mairie, faire une expérience… 78
Se venger de la police, aller voir, s’amuser… 84
Une coopération en conscience : causes, revendications et mots d’ordres comme ressources de coordination 86
En scène ! Des rôles du quotidien aux rôles de mobilisés : gestion de façade, continuités et ruptures 97
Enquête n°1. Les blocages lycéens de 2010 103
Les déter's et les blasés
Quelques déter’, quelques blasés 103
Effets du genre et de l’investissement scolaire sur le style d’engagement et sur le déclenchement de l’action 106
Tableau 3 : Caractéristiques et styles d’engagement des lycéens dans la mobilisation 109
La relation entre leaders locaux et militants altruistes dans le déclenchement de l’action : une figure de la continuité dans la gestion de façades 111
Conclusion: des préoccupations très ordinaires 114
chapitre 2 : Aux seuils de l’action. Les étapes menant à la protestation visible 117
La place des seuils dans le déclenchement de l’action contestataire. Engagements visibles et identification d’une action collective 117
Seuils de participation individuelle et mobilisation en cascade 118
Les effets immédiats des seuils de non-retour : marques d’engagement, typification de l’action et logiques de situations successives 124
Comment s’engager avant le déclenchement. Les seuils déclencheurs et les conditions concrètes de leur franchissement 131
Chercher ce qui se passe à l’avant des seuils déclencheurs 131
Éléments de définition des déclenchements d’actions protestataires 131
Les types de seuils déterminant le déclenchement, les interactions, préoccupations et calculs qui les précèdent 136
Isoler les seuils déterminant le déclenchement 139
Enquête n° 2. La grève des étudiants en odontologie de
Colombes 139
Les engagements préalables 141
Les engagements au dernier moment 147
Conclusion du chapitre 2 : franchir les seuils 154
chapitre 3 : S’assurer que les autres y vont. Les préoccupations déterminant le franchissement du seuil 155
Soumission à l’anticipation. Un point de vue expérimental 156
Incertitude, suivisme et déclenchement de contestations : les apports de la psychologie sociale 156
Définir collectivement une situation dans l’incertitude : la psychologie de la gestalt 158
De l’incertitude à la révolte : les expériences de Milgram et Gamson 162
Une expérience grandeur nature 165
Enquête n°3. La tentative de mobilisation des riders de Bercy 166
On y va ou pas ? L’émergence d’intérêts pour et de croyances partagées sur l’action à venir 173
La possibilité d’une mobilisation 173
L’idée d’une mobilisation des riders de Bercy, entre rires et incrédulité 174
Illustration 2 : Une partie du spot de Bercy avant démolition 175
Illustration 3 : Plan du spot de Bercy et de la zone extérieure visée par le projet de rénovation 178
Illustration 4 : Affiche publiée le 27 juillet sur la page Facebook, puis collée en différents lieux 184
Lycées Zola et Saint Vincent de Paul : une possibilité prise au sérieux 189
Étudiants en odontologie : émergence d’une possibilité de grève et paradoxes d’une « mobilisation improbable » 191
Bavures et émeutes de l’Est lyonnais : une possibilité construite sur plusieurs années 198
Incertitude, tâtonnements et (focalisation sur) l’accélération des indices, signes et consignes contradictoires 199
Émeutes lyonnaises : des informations très hétérogènes dans la balance 200
Étudiants en odontologie : incertitude et focalisation sur l’engagement des étudiants de quatrième année 200
Lycées Zola et Saint Vincent de Paul : renoncement et putsch 204
Les riders de Bercy : incertitude et tâtonnements à l’approche de l’action 209
Illustration 5 : Sticker du Collectif de défense de Bercy, octobre 2012. 213
Illustration 6 : Captures d’écran de la vidéo du Collectif de défense de Bercy, octobre 2012. 215
Illustration 7 : Photo du collage « simulé » de stickers, novembre 2012 222
Être sûr qu’il y aura action pour s’engager. Objectivation et test d’une condition déterminante 230
Test sur les conditions d’engagement des acteurs 233
Tableau 4 (page suivante): Conditions d’engagements ou non engagements des acteurs dans les collages organisés pour l’expérience de Bercy 241
Test sur les conditions de réussite des déclenchements 244
Tableau 5 : Conditions de réalisation ou non des tentatives d’actions protestataires 247
Poids des facteurs de probabilité, des conditions particulières et du doute dans les déclenchements 248
Conclusion du chapitre 3 : évaluer ressources et facteurs à l’aune des certitudes qu’ils créent 251
Tableau 6 : (Schéma) Ressources diverses, facteurs de probabilité et déclenchement de l’action 255
chapitre 4 : Les facteurs de probabilité de l’action. Discours sur l’action, information tacite et (in)certitude 261
Les facteurs mixtes de probabilité. Appels explicites, discours sur l’action et conditions de la confiance 262
Les conditions générales de réussite des appels à l’action : l’exposition des seuils de participation 262
Appels d’acteurs « en vue », d’organisations ou d’AG : effets de masse, ressources collectives et leurs limites 263
Motifs, définitions de situations, émotions : entre éléments de décor, points de coordination et « bases d’échanges » 268
Rumeurs et hidden transcripts : le problème de la forme et du « sérieux » de l’appel à l’action 272
Appels à l’action par le bas, évaluations et explicitations des seuils de participation mutuels 274
Les effets de théories indigènes sur le déclenchement 275
Les facteurs tacites de probabilité. Groupes, situations et déclencheurs objectivés 277
Réification et préjugés sur les groupes de participants potentiels 277
Les groupes, les « on » et les « autres »… traditions de lutte, clichés et attentes 277
Construction et variation des préjugés sur des groupes de participants potentiels 279
Les déclencheurs types (et situations déclencheuses types) 283
Enquête n°4. Expérience dans une classe de terminale 283
Des situations et signes institutionnalisés 286
Conclusion du chapitre 4 : la force décisive des facteurs tacites 289
chapitre 5 : La bavure et l’émeute. Genèse d’un déclencheur type dans le Rhône (1979-2000) 293
La construction d’un déclencheur type. Eléments d’introduction 294
Perspectives sociologiques sur le déclenchement de l’émeute : pour une approche stratégique et constructiviste 294
L’histoire d’un déclencheur de l’émeute, éléments de définition 296
Indices et conditions de l’institutionnalisation du signe déclencheur 298
Enquête n°5. Les « bavures » et « émeutes » dans l'Est lyonnais 300
L’invention du « climat d’émeutes ». 1979-1986 304
Police, violences collectives et mobilisations antiracistes (1979-83) 304
Représailles ciblées dans le quartier, « climat d’émeutes » dans les journaux (1983-86) 308
Les conditions de l’émeute : un proto-signe aux effets variables. 1985-1990 311
Bavure, basse saison et haute saison 312
Tableau 7 : Conditions et éventuelles suites émeutières des décès de jeunes mettant en cause des policiers dans la proche banlieue Est lyonnaise (1980-1990) 316
(Recon)naissance d’une institution, octobre 1990 à Vaulx-en-Velin 317
La bavure comme signe déclencheur solidifié. Années 1990 320
Mémoire, reconnaissance et saisie systématique d’un signe 320
Tableau 8 : Conditions et éventuelles suites émeutières des décès de jeunes mettant en cause des policiers dans la proche banlieue Est lyonnaise (1991-2000) (légende p. 287) 322
Objectivation du signe et conditions assouplies de sa saisie 323
Conclusion du chapitre 5 : à déclencheur type, réaction type ? 328
chapitre 6 : Des réactions collectives types. Groupes, situations ou déclencheurs types et actions protestataires associées 331
Enquête n°6. Constitution et analyse d’une base de données sur des actions protestataires (1997-2000) 335
Des traditions qui s’imposent. La force contraignante des modes d’action traditionnels sur les déclenchements 337
Premier tour d’horizon 338
Graphique 1 : Analyse des correspondances multiples (ACM) sur les actions protestataires issues de la recherche dans Le Progrès, 1997-2000 340
Tableau 9 : Salariés, grève et autres modes d’action : des traditions bien établies 342
Groupes de circonstances, situations, déclencheurs et réactions types. La primauté des données situationnelles dans la détermination du type d’action déclenché ? 345
Les situations et déclencheurs types, goulots d’étranglement des répertoires tactiques 345
Tableau 10 : Part des cas mentionnant un recours à la grève en fonction de situations et motifs liés au travail salarié 346
La situation comme déterminant principal du mode d’action et le cas des mobilisations locales 354
Graphique 3 : Part des cas mentionnant un recours à la pétition en fonction de situations, motifs et participants concernés dans les mobilisations locales, en % (et valeurs absolues) 355
Graphique 4 : Part des cas mentionnant un recours à la manifestation en fonction de situations, motifs et participants concernés dans les mobilisations locales, en % (et valeurs absolues) 355
Conclusion du chapitre 6 : les réactions collectives types, poids d’une contrainte située et situationnelle 358
conclusion : Pistes pour comprendre, anticiper et fabriquer des déclenchements d’actions protestataires 365
Avertissements pour saisir les déclenchements d’actions protestataires. Et parfois les anticiper 371
Fabriquer des déclenchements d’actions protestataires. Quelques ficelles 374
Enquête épilogue. La rétention des notes de 2016 374
Pourquoi tant de votes RN dans les classes populaires ? La question est d’autant plus cruciale que la progression électorale d’un RN qui accélère sa « normalisation » et consolide sa « respectabilité », peut sembler inexorable. Si l’abstentionnisme reste majoritaire dans les classes populaires, le vote RN s’ancre néanmoins dans les anciens bastions ouvriers du Nord et de l’Est désindustrialisés et dans le « Midi rouge », et il étend désormais son emprise à l’ensemble du territoire. Le constat est d’autant plus paradoxal que l’ampleur de ces votes RN dans les classes populaires va à l’encontre de leurs intérêts matériels les plus évidents. Seule l’enquête permet alors de cerner « ce que voter RN veut dire » dans les classes populaires, de comprendre « les raisons » socialement diversifiées de ces votes et d’en élucider « les causes ». Les enquêtes rassemblées dans ce livre montrent que celles et ceux qui votent RN ne constituent pas un « électorat » mais, selon l’expression de Daniel Gaxie, « un conglomérat ». Elles invitent ainsi à s’interroger sur les conséquences politiques à en tirer avant qu’il ne soit trop tard…
Pourquoi tant de votes RN dans les classes populaires ? La question est d’autant plus cruciale que la progression électorale d’un RN qui accélère sa « normalisation » et consolide sa « respectabilité », peut sembler inexorable. Si l’abstentionnisme reste majoritaire dans les classes populaires, le vote RN s’ancre néanmoins dans les anciens bastions ouvriers du Nord et de l’Est désindustrialisés et dans le « Midi rouge », et il étend désormais son emprise à l’ensemble du territoire. Le constat est d’autant plus paradoxal que l’ampleur de ces votes RN dans les classes populaires va à l’encontre de leurs intérêts matériels les plus évidents. Seule l’enquête permet alors de cerner « ce que voter RN veut dire » dans les classes populaires, de comprendre « les raisons » socialement diversifiées de ces votes et d’en élucider « les causes ». Les enquêtes rassemblées dans ce livre montrent que celles et ceux qui votent RN ne constituent pas un « électorat » mais, selon l’expression de Daniel Gaxie, « un conglomérat ». Elles invitent ainsi à s’interroger sur les conséquences politiques à en tirer avant qu’il ne soit trop tard…
L’autrice, chercheuse en sociologie et spécialiste des réseaux de diplômés fut également enseignante à l’Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace (Isae) pendant 17 ans, entre 2003 et 2020. Dans cet ouvrage, elle raconte, à partir de son journal de terrain comment s’est mise en place la fusion entre les deux écoles d’ingénieurs d’aéronautique Ensica et Supaéro, sous tutelle de la Délégation Générale de l’Armement. Prenant appui sur différentes échelles de décision dans l’Isae (des directeurs aux conseils de formation en passant par les professeurs et les étudiants), elle illustre la force des hiérarchies sociales qui s’impose dans ce monde des Grandes Écoles. Ce faisant, ce livre comporte également une leçon méthodologique sur la portée de l’observation participante et la place de la réflexivité vers l’intelligibilité du social dans lequel chacun, chacune est trempé. Mais on peut aussi aisément comprendre, sous sa plume, comment se sont appliqués au quotidien les préceptes du Nouveau management public, lesquels font tant de dégâts sociaux et humains. Progressivement, le lecteur devine que la principale victime sera justement la « sociologue de service ».
Table des matières
Remerciements
Introduction
Saison 1 : Un rapprochement puis une fusion, septembre 2007-juin 2013
La création de l’Isae sur fond d’histoires antérieures à 2007
Quels élèves entrent à Supaéro et à l’Ensica avant 2007 ?
Départs sans bruit de l’Ensica, Juillet 2007
Être professeur en École d’ingénieurs : dispersion et surqualité, Octobre 2007
La recherche, la première des activités d’excellence, Septembre 2008
Le département « Langages, Art, Cognition et Sport », un département à virgules, épisode 1, 27 mai 2008
Regretter la « caserne » de Jolimont, mars 2009
La solidarité des perruques, 4 février 2010
Les professeurs s’inquiètent, ils s’informent, épisode 1, 20 mai 2010
Le Directeur de la formation Ensica perd ses cheveux puis prend sa retraite, 28 février 2011
Les professeurs de l’Ensica lâchent l’un des leurs, épisode 2, juin 2011
Les points forts des diplômés de l’Ensica pour les industriels, 14 novembre 2011
Il faut rayonner à tout prix, décembre 2011
Rassurer les diplômés de l’Isae, 7 février 2012
Faire travailler les professeurs de l’Ensica sur la différenciation, 23 mai 2012
Les fleurs se tournent toujours vers le soleil, 18 juin 2012
Il faut financer la fondation Isae, 22 octobre 2012
Réunion en catimini un été, puis mise en musique, 24 novembre 2012
Engagez-vous dans les groupes de travail ! 26 novembre-14 décembre 2012
Défendre son « pré carré », décembre 2012
Quand le dernier directeur de la formation Ensica s’occupe en rédigeant une thèse, 24 janvier 2013
Avertir les industriels du positionnement sur un seul concours, 14 mars 2013
L’École la plus innovante, c’est Polytechnique, Jeudi 28 mars 2013
Un sursaut d’orgueil des industriels, diplômés de l’Ensica, 22 mai 2013
Former autant d’élèves ingénieurs Supaéro sans se déclasser, 28 mai 2013
« La méca, les matériaux, c’est sale », 6 juin 2013
Ils en pensent quoi, les élèves de l’Ensica ? 15 juin 2013
Résumé de la saison 1
Saison 2 : l’Institut Supaéro a absorbé l’Ensica, septembre 2013-juin 2016 107
Les réseaux des héros américains, 18 avril 2013 et 6 septembre 2013 108
Delargent a rendu son rapport, 3 octobre 2013 114
Les professeurs occupent l’étage de la Direction, épisode 3, 21 octobre 2013 115
Courriel à vie pour les anciens élèves diplômés de l’Isae, le 19 novembre 2013 119
L’hypocrisie a assez duré : l’Ensica va disparaître mais quand ?, décembre 2013 120
Le président de la république vend les locaux « vides » de l’Ensica, 30 janvier 2014 124
Pom-poms girls entre Grandes Écoles, 13 février 2014 125
Le volet « formation continue » à l’Isae : peu visible mais terriblement efficace, 24 février 2014 126
Une organisation très pyramidale, 11 mars 2014 127
Préparer la cérémonie de fermeture, 31 mars 2014 129
Communiquer aux taupins et à leurs familles, 9 avril 2014 130
Rencontrer ses héros, 24 avril 2014 131
Le rôle de l’amicale : tenir le manche, 30 avril 2014 134
Quel diplôme sur le CV des Ensica ? 24 juin 2014 136
Le rang de Supaéro n’a pas baissé, ouf ! 30 juillet 2014 137
Combien gagnent les diplômés de Supaéro et ceux de l’Ensica ? 1er septembre 2014 138
Le faire-part de naissance du nouveau cursus ingénieur, 23 septembre 2014 140
« A-t-on le droit de virer une prof de droit ? », novembre 2014 141
Comment appeler le site historique de Supaéro : Supaéro, 1er décembre 2014 142
Remettre l’uniforme, 18 décembre 2014 144
Participez à des ateliers animés par une psychologue, 5 mars 2015 146
Quitter le site en dernier, 27 juin 2015 147
Citer les entreprises qui nous financent, 20 septembre 2015 150
S’échanger les élèves entre « Grandes Écoles », 15 octobre 2015 151
« Retapons pendant les campagnes de prospection », 25 octobre 2015 154
Allocution du directeur général de l’Isae-Supaéro, à l’occasion de la minute de silence en mémoire des attentats du 13 novembre 2015 157
Le champ des possibles est infiniment grand, 15 janvier 2016 160
La décontraction corporelle des « professeurs », 29 janvier 2016 161
Jouer d’un instrument, un gage d’excellence professorale, 4 février 2016 163
« L’ingenierie-système, c’est critique et complexe », 28 mars 2016 164
Les entretiens de Toulouse : quand les anciens parlent aux anciens, 20 avril 2016 167
Les SHS dans une École d’ingénieurs, 25 avril 2016 169
Faire cohabiter les élèves Ensica et Supaéro sans les confondre, 2 mai 2016 171
Quand la sociologie est un module optionnel, 15 juin 2016 171
Résumé de la saison 2 176
Saison 3 : Vendre l’excellence, septembre 2016-novembre 2018 179
Reprendre la main sur la formation Supaéro, 30 août 2016 179
Comment apprendre à faire des affaires, 15 septembre 2016 181
Le LACS, « Langages, Art, Cognition et Sport », un département qui prépare des orateurs, épisode 2, 9 octobre 2016 186
Enseigner l’éthique, épisode 1, 20 novembre 2016 189
L’offre toujours croissante de Mastères Spécialisés®, 23 novembre 2016 192
Classement et excellentes alliances locales, 8 décembre 2016 197
La Convention conventionnelle des personnels, 26 janvier 2017 200
Partager la galette des rois, 10 février 2017 204
Le verdict de mon entretien annuel : améliorer ses capacités relationnelles, 24 février 2017 208
Les Amphis qui cadrent, 14 mars 2017 212
Afficher une soi-disant diversité sociale, 3 avril 2017 213
Ces chères Chaires, 14 mai 2017 222
Thomas P. pendant sa mission, l’excellence faite « homme », épisode 1, 15 novembre 2016-15 mai 2017 233
Fêter les 10 ans de l’Institut, 2 juin 2017 237
Le symbole de l’École, c’est Chouette, 6 juin 2017 239
Rédiger la plaquette publicitaire des super héros, 20 juin 2017 241
Les salariés de l’excellence, 1er juillet 2017 243
Les rites d’intégration, 3 septembre 2017 246
Thomas P, l’excellence faite homme après sa mission, épisode 2, 14 octobre 2017 248
Un exercice d’aérodynamique et son corrigé, 30 octobre 2017 249
Qui sont les brillants élèves qui ont réussi à intégrer Supaéro, 16 décembre 2017 ? 251
Compter les tâches des professeurs, 12 mars 2018 258
Rendre des comptes aux diplômés, 15 mars 2018 261
Cadrer le bénévolat des élèves, 3 avril 2018 263
Les frais de scolarité augmentent chaque année, 11 mai 2018 266
Ne pas enseigner l’éthique, épisode 2, 25 mai 2018 267
Faire son deuil en silence, 15 juin 2018 280
La charte graphique : l’habit de la marque, 30 juin 2018 286
Un Directeur soumet un sujet d’étude sociologique aux élèves, 1er septembre 2018 289
La journée Portes Ouvertes a été réussie, 18 octobre 2018 291
Où en est la sociologie ? 20 octobre 2018 292
Douze ans en contrat avec l’Ensica-Isae, 1er novembre 2018 294
La remise des diplômes aux derniers Ensica, 27 novembre 2018 295
Résumé de la Saison 3 299
Intermède. Les coulisses 303
Femmes en École d’ingénieurs aéronautique 303
Travailler dans une école militaire 309
Conclusion : des lettres en capitale à défaut d’être dans la capitale 319
Générique 337
Liste des personnes (leurs diplômes entre parenthèses) citées 337
Sigles, acronymes et argot 341
Un article d’un directeur de l’Isae sur l’Isae 345
L’autrice, chercheuse en sociologie et spécialiste des réseaux de diplômés fut également enseignante à l’Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace (Isae) pendant 17 ans, entre 2003 et 2020. Dans cet ouvrage, elle raconte, à partir de son journal de terrain comment s’est mise en place la fusion entre les deux écoles d’ingénieurs d’aéronautique Ensica et Supaéro, sous tutelle de la Délégation Générale de l’Armement. Prenant appui sur différentes échelles de décision dans l’Isae (des directeurs aux conseils de formation en passant par les professeurs et les étudiants), elle illustre la force des hiérarchies sociales qui s’impose dans ce monde des Grandes Écoles. Ce faisant, ce livre comporte également une leçon méthodologique sur la portée de l’observation participante et la place de la réflexivité vers l’intelligibilité du social dans lequel chacun, chacune est trempé. Mais on peut aussi aisément comprendre, sous sa plume, comment se sont appliqués au quotidien les préceptes du Nouveau management public, lesquels font tant de dégâts sociaux et humains. Progressivement, le lecteur devine que la principale victime sera justement la « sociologue de service ».
Avant même d’être condamné pour « contestation de crime contre l’humanité » au tournant du siècle, Roger GARAUDY était déjà marginalisé dans les champs intellectuel et politique français. Après avoir incarné la résistance au néostalinisme dans le Parti communiste, le philosophe qui fut longtemps l’interlocuteur privilégié de Jean-Paul Sartre au sein du PCF en fut spectaculairement exclu en 1970 pour s’être opposé aux Soviétiques qui venaient d’écraser le Printemps de Prague.
Son combat pour rénover le communisme français et son goût précoce pour l’écologie et le dialogue des civilisations en firent quelque temps une figure respectée du progressisme français, mais celui qui répétait que le Socialisme était condamné s’il refusait de s’ouvrir à la « transcendance » vit son étoile pâlir après 1970 au point qu’il devint un intellectuel illégitime, celui que l’on condamne sans l’avoir lu.
Ce livre explique ce parcours singulier et les raisons de cette « descente aux enfers » de l’ancien philosophe du Bureau politique, avant sa condamnation ultime.
Table des matières
Préface 7
AVANT-PROPOS. UNE DISQUALIFICATION SYMBOLIQUE 13
Le cas Garaudy 15
Une mort symbolique 19
Une délégitimation inexorable 21
INTRODUCTION 25
Un singulier philosophe de parti 25
Une autonomisation qui s’inscrit dans une crise globale de la foi communiste 28
Le PCF dans les années 1960 : un aggiornamento raté ? 29
Roger Garaudy, philosophe communiste illégitime 30
Une trajectoire à expliquer 34
La dégradation de l’image de Roger Garaudy à travers la presse 38
Roger Garaudy dans la presse avant son exclusion 39
L’exclusion 42
L’après PCF : une dérive progressive et inexorable 45
L’Islam : la rupture 46
Questions de méthode 48
Les textes 49
Les entretiens 55
Problématique et plan 56
CHAPITRE I. LA MÉCONNAISSANCE SAVANTE DE L’APPORT DE ROGER GARAUDY, MILITANT DU PCF 61
Roger Garaudy selon David CAUTE : un clerc de parti classique, pas un « hyper-stalinien » 63
Le polémiste de guerre froide 64
Le PCF des années 1960 : un « aggiornamento » impersonnel 65
Annie Kriegel : un regard critique mais sérieux 70
Annie Kriegel solidaire du Parti communiste contre Garaudy 71
Un réformé réformateur 72
Roger Garaudy pour Philippe Robrieux : un thorézien assez naïf 74
Un thorézien en rupture de ban 75
Un intellectuel affable utile au Parti 75
Jeannine Verdès-Leroux : un portrait à charge décisif 78
Le « problème Garaudy » selon J. Verdès-Leroux 79
Un contre-exemple à la thèse de Jeannine Verdès-Leroux 85
L’année 1968 de Garaudy selon J. Verdès-Leroux 87
Bilan sur Roger Garaudy par Jeannine Verdès-Leroux 91
Michel Dreyfus : une certaine reconnaissance du rôle d’innovateur théorique de Roger Garaudy 94
Roger Garaudy selon Bernard Pudal : un « prophète au petit pied » 98
Le CERM : un orphelin de père 100
La « première critique » de Staline au PCF 101
Roger GARAUDY selon Frédérique MATONTI : l’intellectuel illégitime par excellence 103
La vision de Roger Garaudy dans Intellectuels communistes 104
Garaudy, homme de pouvoir 104
Le débat sur l’humanisme marxiste 107
Une référence négative : un faire-valoir d’Althusser. 108
Un intellectuel « prolétaroïde » 110
Bilan sur la perception académique de Roger Garaudy : un travail d’invisibilisation progressif 113
CHAPITRE II LES CLÉS D’UN PARCOURS : LA SOCIALISATION INITIALE 115
L’habitus intellectuel : chrétien et philosophe 115
La construction du besoin de Dieu 116
La vocation philosophique 119
La « Reine des matières » 122
Un miraculé de la sursélection 123
Un prophète exemplaire : Maurice Blondel 124
Un fils du peuple au service de sa classe 127
L’engagement communiste 127
La construction d’une éthique militante ouvrière exacerbée (1933-1945) 132
Les exigences de l’institution : anticléricalisme et ouvriérisme 133
Les effets du statut de chrétien et d’intellectuel dans le PCF 136
Originalité et exemplarité d’un militant peu commun 137
Une conciliation impossible 138
Une rencontre providentielle 140
Un anticarriérisme militant 142
Une pierre de touche de l’éthique ouvriériste 142
Vers la reconnaissance : un dévouement oblatif sans faille 143
CHAPITRE III. LA VOCATION DE L’INTELLECTUEL DE PARTI 147
Le secteur intellectuel dans le PCF : une hétéronomie de principe 148
Les effets de l’ouvriérisme : la subordination du secteur intellectuel 148
La complexité de « l’effet-titre » dans le PCF 152
Un stalinien sincère 155
Le contexte : de la libération à la guerre froide 156
Roger Garaudy devant Staline 159
« Stalinien de la tête aux pieds » 161
Le travail d’un intellectuel stalinien 166
Un travail de mobilisation 167
Un travail de dénonciation : « Le néo-blanquisme de contrebande et les positions antiléninistes d’André Marty » 170
Un théologien de parti 173
Un travail polémique 174
Une leçon d’orthodoxie militante : « une littérature de fossoyeurs » (1947) 175
Une parole de prophète 179
Un travail théorique 180
Théorie matérialiste de la connaissance : une victoire politique… 181
…Et un coup de semonce 183
CHAPITRE IV. VOCATION DE L’INTELLECTUEL DE PARTI 189
La place de Roger Garaudy dans la cour de la société communiste 190
La cour de la société communiste autour de Maurice Thorez 191
La Direction 191
«L'étiquette» 193
Le «roi» Thorez 197
La place de Roger Garaudy dans la cour du roi Thorez en 1956 201
La fracture de 1956 et le recours à Roger Garaudy 203
Le choc du XXe Congrès 203
a) Le déni de Thorez et la crise du parti 206
Roger Garaudy et le rapport secret : le traumatisme du croyant 209
Le recours de Maurice Thorez à Roger Garaudy 211
La formule de l’intellectuel thorézien 214
Roger Garaudy et Maurice Thorez : un couple singulier 214
La gestion thorézienne d’un intellectuel original 214
Une liberté sous contrôle et protégée 217
Roger Garaudy pour Maurice Thorez : un intellectuel idéal 220
La redéfinition de l’excellence cléricale 222
La réorientation de l’éthique militante 222
L’intellectuel thorézien : du suivisme à l’initiative 224
L’homme du dialogue 225
« Déghettoïser » le parti communiste 226
Une stratégie d’ouverture 228
CHAPITRE V. NAISSANCE D’UN INTELLECTUEL 233
Un aggiornamento nécessaire et impossible 233
Crise de croyance et besoin de philosophie : l’aggiornamento théorique nécessaire 234
Quel « aggiornamento » ? une déstalinisation inaboutie 236
La critique des « erreurs » de Staline : les limites de la déstalinisation 237
Une autonomisation théorique plus ou moins tolérée : du lector à l’auctor 243
La « déjdanovisation » : une déstalinisation du pauvre 244
Une lueur venue de l’Est 244
L’alliance Aragon/Garaudy : un rapprochement stratégique 246
Un instrument stratégique : le Centre d'Études et de Recherche Marxiste 249
La création du CERM, indice d’une configuration nouvelle 249
Le dialogue au service du Parti : les Semaines de la pensée marxiste 251
Un succès indéniable 252
Le déclin des années 1970 254
Roger Garaudy fondateur du CERM - une paternité occultée 255
Le « garaudysme » : un néo-marxisme controversé 261
Un idéalisme rémanent 263
Le retour au fondamental 264
Subjectivité, transcendance et création 265
Une hérésie théorique : De l’anathème au dialogue (1965) 268
Conception du monde et attitude dans le monde : la question philosophique 268
Un problème historique et politique 270
Permanences et résurgences 271
La réaction des jeunes philosophes : contre le « révisionnisme » garaudyen 272
Le champ intellectuel communiste en 1960 273
La contestation de Roger Garaudy par les jeunes philosophes 277
CHAPITRE VI. DE L’AUTONOMIE À L'HÉRÉSIE 285
Garaudy conseiller du prince : apogée et déclin 286
Une autocritique risquée : la note à Waldeck Rochet 286
Pour une autocritique collective 287
La réaction de Thorez 293
La réaction du parti : la délégitimation secrète de Garaudy par l’appareil 296
Un contrôleur occulte des productions théoriques : Georges Cogniot 296
La note de Georges Cogniot à Waldeck Rochet 299
Un serviteur efficace de la bureaucratie sacerdotale 302
La tangente hérétique : du débat sur l’humanisme au Comité central d’Argenteuil 304
Le débat sur l’humanisme : le conflit Althusser/Garaudy 304
La querelle de l’humanisme 305
Une controverse philosophique et politique 308
Un débat théorique 310
« L’humanisme marxiste » selon Garaudy 312
Un débat théoriquement indécidable 315
Une victoire en trompe-l’œil : Argenteuil 316
Le « compromis d’Argenteuil » 316
Une mise à l’écart discrète 318
De l’autonomisation intellectuelle à l’intervention politique assumée 321
Vers l’ hérésie assumée : de Marxisme du XXe siècle au Problème chinois 322
Une tentative de reconquête du leadership intellectuel : Marxisme du XX° siècle 322
Un appel public à la critique du stalinisme 324
Le problème chinois 327
1968 : émancipation intellectuelle assumée et dissidence ouverte 330
La rupture : 1968 331
Une stratégie d’auteur contestataire 333
Contestation assumée et rupture 336
Le livre de trop : Le Grand tournant du socialisme (1969) 336
Une ligne rouge : la critique du centralisme démocratique 340
CHAPITRE VII. LE PROPHÈTE DÉCALÉ 345
Le retour du refoulé religieux 345
Un facteur déterminant : l’exclusion de la communauté 346
L’exclusion du PCF 346
Prophétisme politique et exclusion 347
L’habitus militant, composant de la posture prophétique 350
De la perte de la communauté au retour à Dieu 353
Le prophétisme garaudyen 356
Un « prophète exemplaire » 356
Le prophétisme : une tentation philosophique 357
À l’avant-garde d’un nouveau projet révolutionnaire 359
De la prophétie politique au « retour au fondamental » 362
L’héraldique des temps nouveaux 363
L’apogée de la vocation prophétique : l’Appel aux vivants 365
Un problème « religieux » ? 368
Le défi prophétique global : vers la radicalisation 371
La transcendance comme condition de la « mutation » du monde 371
Aux sources de l’aliénation contemporaine : le « positivisme scientiste » 375
Les apories d’une posture : le prophète décalé 378
Posture prophétique et critique de la science : un anachronisme au XX° siècle 378
Effet de champ et radicalisation 382
Le champ intellectuel français des années 1970-80 : Garaudy au prisme d’Althusser 384
Une logique de réseaux : l’isolement de l’intelligentsia légitime 388
L’ultime rupture : la conversion à l’Islam 392
Une conversion disqualifiante 393
De la critique de l’islamisme à la fatwa saoudienne 395
CONCLUSION 399
La stratégie de production de la cohérence 402
Une « arrogance » proverbiale 404
Roger Garaudy était-il un provocateur ? 405
Un mystique décalé 406
Lettres 409
Avant même d’être condamné pour « contestation de crime contre l’humanité » au tournant du siècle, Roger GARAUDY était déjà marginalisé dans les champs intellectuel et politique français. Après avoir incarné la résistance au néostalinisme dans le Parti communiste, le philosophe qui fut longtemps l’interlocuteur privilégié de Jean-Paul Sartre au sein du PCF en fut spectaculairement exclu en 1970 pour s’être opposé aux Soviétiques qui venaient d’écraser le Printemps de Prague.
Celui que l’historiographie du communisme retient plus volontiers comme le « stalinien modèle », qu’il fut en effet dans l’après-guerre, était pourtant devenu, malgré sa proximité avec Thorez, un critique de plus en plus affirmé du stalinisme après les révélations du XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) en 1956 et un acteur majeur de l’aggiornamento du PCF.
Son combat pour rénover le communisme français et son goût précoce pour l’écologie et le dialogue des civilisations en firent quelque temps une figure respectée du progressisme français, mais celui qui répétait que le Socialisme était condamné s’il refusait de s’ouvrir à la « transcendance » vit son étoile pâlir après 1970 au point qu’il devint un intellectuel illégitime, celui que l’on condamne sans l’avoir lu.
Ce livre explique ce parcours singulier et les raisons de cette « descente aux enfers » de l’ancien philosophe du Bureau politique, avant sa condamnation ultime.
Didier Jean-Félix GAUVIN est professeur agrégé de sciences sociales et docteur en sciences politiques. Politiste de formation, il partage sa vie entre La Réunion, Paris et New York.
Avec le néolibéralisme, nous sommes gouvernés par des générations dorées qui prennent les commandes de l’appareil d’État, des institutions intellectuelles et des grandes entreprises. Ces leaders viennent d’un même vivier urbain. Économiquement favorisés, ils sont largement parisiens et issus des mêmes grandes écoles. Faut-il s’étonner qu’ils aient du mal à saisir la vie ouvrière, la précarité et le problème des sans-logis, le mouvement des Gilets jaunes, la situation du Covid à Marseille, les conditions des aides-soignantes, infirmières et étudiants précaires, le parcours des immigrés et, de façon plus générale, le mode de survie de tous ceux qui « tirent » pour boucler les fins de mois ?
Relecture de La Servitude volontaire de La Boétie, ce livre s’interroge : pourquoi laissons-nous une minorité, cette noblesse d’État dont parle Pierre Bourdieu, tenir les rênes jusqu’à nous soumettre et réprimer si nous réclamons plus d’égalité ?
Table des matières
I. PRÉAMBULE 7
1. Une approche anthropologique 15
II. LA RICHESSE SANS PRIX, LA MISÈRE SANS NOM 29
2. Lire ou relire La Boétie 31
3. Ces générations dorées qui nous gouvernent 35
4. Sociologiser La Boétie 37
5. Le néolibéralisme en tant que système culturel 53
6. La loi des subsistants : les héros, les traîtres, et les autres 60
III. AUX LARMES CITOYENS ! 67
7. Le grand saccage 67
8. L’humain sans perspective 71
9. L’oppression de l’entreprise 76
10. La vérité par l’ argent 85
11. Les appâts de la servitude 89
IV. LES TABASSAGES ORDINAIRES 101
12. Les brutalités d’État 103
13. La violence légitimée 109
14. La puissance des dispositifs d’État 122
15. Les appareils répressifs 128
16. L’ordre pour les uns est le désordre pour les autres 133
17. Que faire face à la violence d’État ? 139
18. Le réalisme de la non-violence 150
VI. LES SERVICES DE MAINTENANCE : LE CHŒUR DES PETITS SOLDATS 157
19. Les fonctions de maintenance 158
20. Une bureaucratie généralisée 161
21. Les seigneuries des micropouvoirs 165
22. Les citoyens-bestiaux et la pensée en batterie 169
BIBLIOGRAPHIE 177Avec le néolibéralisme, nous sommes gouvernés par des générations dorées qui prennent les commandes de l’appareil d’État, des institutions intellectuelles et des grandes entreprises. Ces leaders viennent d’un même vivier urbain. Économiquement favorisés, ils sont largement parisiens et issus des mêmes grandes écoles. Faut-il s’étonner qu’ils aient du mal à saisir la vie ouvrière, la précarité et le problème des sans-logis, le mouvement des Gilets jaunes, la situation du Covid à Marseille, les conditions des aides-soignantes, infirmières et étudiants précaires, le parcours des immigrés et, de façon plus générale, le mode de survie de tous ceux qui « tirent » pour boucler les fins de mois ?
Relecture de La Servitude volontaire de La Boétie, ce livre s’interroge : pourquoi laissons-nous une minorité, cette noblesse d’État dont parle Pierre Bourdieu, tenir les rênes jusqu’à nous soumettre et réprimer si nous réclamons plus d’égalité ?
« Ils ne nous représentent pas », scandaient les Indignés espagnols en 2011. Leur emboîtant le pas, les mouvements Occupy, Nuit debout ou encore les Gilets jaunes ont revendiqué, à leur tour, une « démocratie réelle » face à la crise des régimes représentatifs. Mais quelle pourrait être cette démocratie nouvelle ? Quels sont exactement les reproches adressés à la démocratie libérale ? Quelles alternatives s’inventent et s’expérimentent à travers ces occupations prolongées de l’espace public ?
Cet ouvrage nous plonge au cœur du laboratoire politique espagnol, grâce à une enquête sociologique inédite menée durant ces dix dernières années à Madrid. En suivant des manifestants qui se sont ensuite investis dans des collectifs citoyens, des partis politiques et des gouvernements locaux, il rend compte de la diversité des voies explorées pour redonner sens à la démocratie. Assemblées autogestionnaires, innovations numériques, tirage au sort : les Indignés nous invitent à élargir le champ des possibles démocratiques. Ce livre révèle comment, au-delà de moments spécifiques de mobilisation, une telle démocratisation peut avoir des effets durables.
« Ils ne nous représentent pas », scandaient les Indignés espagnols en 2011. Leur emboîtant le pas, les mouvements Occupy, Nuit debout ou encore les Gilets jaunes ont revendiqué, à leur tour, une « démocratie réelle » face à la crise des régimes représentatifs. Mais quelle pourrait être cette démocratie nouvelle ? Quels sont exactement les reproches adressés à la démocratie libérale ? Quelles alternatives s’inventent et s’expérimentent à travers ces occupations prolongées de l’espace public ?
Cet ouvrage nous plonge au cœur du laboratoire politique espagnol, grâce à une enquête sociologique inédite menée durant ces dix dernières années à Madrid. En suivant des manifestants qui se sont ensuite investis dans des collectifs citoyens, des partis politiques et des gouvernements locaux, il rend compte de la diversité des voies explorées pour redonner sens à la démocratie. Assemblées autogestionnaires, innovations numériques, tirage au sort : les Indignés nous invitent à élargir le champ des possibles démocratiques. Cette nouvelle génération d’activistes a contribué à démocratiser, non sans difficultés, les institutions politiques. Ce livre révèle comment, au-delà de moments spécifiques de mobilisation, une telle démocratisation peut avoir des effets durables.
Ce livre est le volume II de la série d'ouvrages écrits par Abdulah Ôcalan dans la prison où le pouvoir autoritaire turc l'a mis à l'isolement. Voici le début de son texte :
Pour me défendre contre le système capitaliste, il faut que je commence par me libérer de ses formatages mentaux. Si nous voulons nous libérer du capitalisme, nous devons cesser de le vénérer comme le Veau d’Or car, ne vous y trompez pas, tout comme un musulman doit s’exclamer Bismillah! (« Au nom de Dieu ! ») avant d’entreprendre quoi que ce soit, le capitalisme nous impose ses propres règles sacrées.
Table des matières
Préface 9
Introduction 21
Première partie
Les facteurs de la naissance du capitalisme 35
I. Rationalisme 39
II. Économisme 64
III. Relation du capitalisme avec le pouvoir politique et le droit 84
IV. L’espace du capitalisme 98
V. Civilisations socio-historiques et capitalisme 111
Deuxième partie
Le capitalisme, ennemi de l’économie 131
I. Le capitalisme n’est pas économie mais pouvoir 139
II. Pourquoi le capitalisme est anti-économie 145
III. Le capitalisme dans son rapport avec la société, la civilisation et l’histoire 151
IV. La situation en Europe à la naissance du capitalisme 190
Troisième partie
Le Léviathan moderne : l’État-nation. La descente de Dieu sur terre 195
I. Le phénomène de la nation et son développement 201
II. Définir l’État 205
III. L’idéologie de la civilisation capitaliste et sa transformation en religion 216
IV. À la mémoire des victimes du génocide juif 226
V. Le pouvoir dans la modernité capitaliste 240
VI. Modernité capitaliste et État-nation 249
Quatrième partie
Le temps de la modernité capitaliste 275
I. Le capitalisme marchand monopoliste 279
II. Révolution industrielle et ère de l’industrialisme 287
III. L’ère de la finance – L’empire de l’ argent 304
Conclusion 325
Ce livre est le volume II de la série d'ouvrages écrits par Abdulah Ôcalan dans la prison où le pouvoir autoritaire turc l'a mis à l'isolement. Voici le début de son texte :
Pour me défendre contre le système capitaliste, il faut que je commence par me libérer de ses formatages mentaux. Si nous voulons nous libérer du capitalisme, nous devons cesser de le vénérer comme le Veau d’Or car, ne vous y trompez pas, tout comme un musulman doit s’exclamer Bismillah! (« Au nom de Dieu ! ») avant d’entreprendre quoi que ce soit, le capitalisme nous impose ses propres règles sacrées.
La première règle sacrée imposée par le capitalisme est la « méthode scientifique ». Cette méthode n’est pas la « morale de liberté » - indispensable à l’existence de la société humaine - passée au filtre de la vie sociale. Au contraire, il s’agit d’une culture matérielle et mentale qui produit la servitude la plus avancée ; qui, précisément parce qu’elle nie la vie sociale, mène la société vers la dégénérescence et la décomposition.
Mon argument fondamental pour tenter de me libérer de cette culture et de cette mentalité ne peut être rien d’autre que moi-même. Descartes - dont la philosophie a, peut-être sans qu’il le veuille, fourni la base du capitalisme - doutait de tout, sauf de lui-même. Aurait-il dû douter de lui-même aussi ? Et, plus important, comment s’était-il retrouvé dans cette situation ? Il y a dans l’histoire des états de doute similaires à la situation qu’il a vécue, tels que la construction de Dieu par les prêtres sumériens, les doutes théistiques profonds du prophète Abraham, l’entreprise du prophète Mahomet, le scepticisme ionien. Lors de ces étapes historiques, tant la nouvelle mentalité dans laquelle on entre, que les mentalités précédentes qui doivent être rejetées, ont la particularité de façonner radicalement la société. Tout au moins, elles fournissent le paradigme nécessaire à ce refaçonnement.
La raison essentielle de ce doute est l’échec de l’ancien état d'esprit profondément enraciné (ou « structuralité idéologique ») à répondre à l’émergence du nouveau style de vie. Les matrices mentales requises pour la nouvelle vie sont difficiles à créer, elles exigent un profond progrès de la personnalité. Quel que soit le phénomène de doute - entreprise prophétique, phase philosophique ou découverte scientifique - au fond, il cherche toujours à répondre au même besoin : comment mettre en place les matrices mentales indispensables à la nouvelle vie sociale ? Ce terrible scepticisme est caractéristique de cette étape intermédiaire. Les vies splendides de Descartes, de Spinoza et d’Érasme portent les traces de cette phase historique, en un lieu devenu le berceau de l’ascension durable du capitalisme au 16e siècle, c’est-à-dire ce que l’on appelle de nos jours les Pays-Bas.
Ce livre avance une thèse contre-intuitive : les atteintes modernes à l’équilibre écologique global découlent exclusivement de processus de domination sociale. Il en suit la proposition converse : la lutte écologique pour la préservation et la restauration de la nature n’est rien d’autre que la lutte sociale pour l’émancipation.
Si l’on peut démontrer qu’il en est effectivement ainsi, une conclusion s’impose : pour ouvrir un chemin au milieu du désastre, on ne peut compter sur rien d’autre que sur la convergence universelle des forces engagées pour une extinction des dominations de classe, de nation ou de genre. C’est en ces termes que s’énonce la politique écologique du « commun du peuple » du monde.
Jacques Bidet est philosophe, professeur honoraire à l’université de Paris Nanterre.
Recensions
Dans L'Humanité du 3 février 2022
Table des matières
Introduction
Que faire à l’ère du désastre ? 5
Préambule : le « tournant métastructurel » 9
Première partie
Le capitalisme et l’État, le Système-monde et l’État-monde de classe 23
Chapitre 1
La structure écologique moderne de classe 25
1.1. Le capital comme fait social-écologique 26
§111. L’exploitation capitaliste comme fait social 27
§112. L’exploitation capitaliste comme fait écologique 33
§113. Le capitalisme, improductif et surpuissant 37
1.2. La compétence comme fait social-écologique 39
§121. Gramsci éclairé par Foucault et Bourdieu 40
§122. La domination compétente 43
§123. L’exploitation compétente 51
1.3. La classe fondamentale ou populaire : celle du « commun du peuple » 56
§131. Le tournant métastructurel en analyse de classe 57
§132. La double division au sein du peuple : en fractions et en strates 59
§133. Le clivage Peuple A/Peuple B 62
§134. Le triptyque des dominations : classe-nation/genre 63
Chapitre 2
Violence de classe et violence de nation 73
2.1. L’État-nation et ses régimes d’hégémonie 75
§211. L’État et l’Appareil d’État, le public et le privé 75
§212. Comment la métastructure définit une « droite » et une « gauche » 81
§213. Une théorie de l’hégémonie en termes de duel triangulaire 84
2.2. De la nation au Système des nations 87
§221. Le chaînon ontologique manquant de l’ analyse marxienne 89
§222. Historicité du cours de l’histoire et historicité de l’instant 92
§223. Le miracle innocent de la nation-tueuse 97
§224. Le Système des nations et la « colonialité » de la nation 101
2.3. L’entrelacement politique classe-colonie/genre 104
§231. Les partis au croisement structure/système 105
§232. L’historicité structurelle-systémique de la modernité 110
§233. Une théorie unitaire ? Le genre dans « classe-colonie/genre » 115
Les rapports de genre dans la métastructure 118
Historicité métastructurelle du rapport moderne de genre 120
Chapitre 3
Système-monde, État-monde, Nation-monde 125
3.1. L’État-nation au sein du Système-monde 126
§311. Les expériences premières de la modernité politiques 127
§312. L’ arraisonnement des peuples et le Système-monde moderne 134
§313. Que faire des nations ? 137
3.2. Au-delà du Système-monde : l’État-monde 139
§321 Les concepts d’« ultimodernité » et d’« État-monde » 140
§322. Qu’en est-il d’un « Appareil d’État » à l’échelle monde ? 143
§323. Comment s’entrelacent le Système-monde et l’État-monde ? 146
§324. Existe-t-il une classe dominante mondiale ? 149
§325. Existe-t-il une classe populaire mondiale ? 153
3.3. Vers la Nation-monde ? 160
§331. Le parti de l’écologie 161
§332. Le projet du « commun » 165
Deuxième partie
Citoyens d’une Nation-monde et hôtes de la planète 173
Chapitre 4
Seules les dominations sociales détruisent la planète
175
4.1. La configuration du champ de bataille 176
§411. Comment le néolibéralisme produit le désastre 177
§412. L’ordre structurel-systémique de la lutte sociale-écologique 181
4.2. Les impensés du productivisme et du consumérisme 187
§421 « Produire pour le profit » et « produire pour produire » 188
§422 Productivisme et consumérisme 196
4.3. Du bon usage et du juste usage de la planète 201
§431 Philosophie du désir et théorie des besoins, Lordon et Heller 201
§432 Les principes politiques du commun du peuple 216
§433. Qui sont les acteurs de la lutte contre la menace écologique ? 223
Chapitre 5 227
Seules les luttes d’émancipation protègent la 227
planète 227
5.1. Les luttes de classe comme luttes écologiques 231
§511. Le retour du commun du peuple à l’heure du désastre écologique 232
§512. « S’organiser » contre le destructivisme du capital 236
§513. « S’ associer » contre le productivisme des compétents 243
5.2. Les luttes du Sud et du Genre comme luttes écologiques 248
§521. Le « Sud global » en première ligne écologique 248
§522. « L’impulsion écologique » de la lutte des femmes 256
Chapitre 6
La Nation-monde, communauté écologique ultime 265
6.1. La nation, figure ultime du commun 266
§611. Le « commun » contre le Capital et l’État (Dardot et Laval) 269
§612. Le commun national (Coriat et Rodotà) 277
§613. La reconstruction métastructurelle du commun 280
6.2. L’humanité, nation ultime ? 288
§621. Que nous apprend la pandémie ? 289
§622. La Nation-monde contre l’État-monde ? 292
§623. La Nation-monde contre le Système-monde 298
6.3. Une politique nationale de l’humanité 301
§631. L’utopie avec la théorie 302
§632. Quelle organisation politique ? 304
§633. Les concepts et les affects de la Nation-monde, commun global 310
6.4. Épilogue : une communauté des vivants ? 314
§641. Le droit et la morale au-delà des humains ? 315
§642. Quel « tournant ontologique » ? 317
Auteurs cités 322
Ce livre avance une thèse contre-intuitive : les atteintes modernes à l’équilibre écologique global découlent exclusivement de processus de domination sociale. Il en suit la proposition converse : la lutte écologique pour la préservation et la restauration de la nature n’est rien d’autre que la lutte sociale pour l’émancipation.
Si l’on peut démontrer qu’il en est effectivement ainsi, une conclusion s’impose : pour ouvrir un chemin au milieu du désastre, on ne peut compter sur rien d’autre que sur la convergence universelle des forces engagées pour une extinction des dominations de classe, de nation ou de genre. C’est en ces termes que s’énonce la politique écologique du « commun du peuple » du monde.
Jacques Bidet est philosophe, professeur honoraire à l’université de Paris Nanterre, directeur honoraire de la revue Actuel Marx, qu’il a fondée en 1986. Il associe un engagement social et politique (ATTAC, Copernic, Ensemble !) et un travail théorique, poursuivi sur quatre décennies, visant à élargir le marxisme pour l’interprétation du monde contemporain.
Fruit d’un solide travail d’enquête dans plusieurs régions de Russie, cet ouvrage apporte un éclairage original sur une Russie que l’on n’a pas l’habitude de voir sous cet angle. La démonstration est subtile et convie les lecteurs à un voyage au plus profond de la Russie, donnant la parole à des personnes évoluant généralement loin des projecteurs, comme des retraités, ouvriers ou petits entrepreneurs. L’autrice plaide pour une prise en compte, à côté de la critique savante ou théorique, de la critique sociale ordinaire de « bon sens », ancrée dans l’ordinaire du quotidien et dans l’expérience de vie matérielle perçue comme commune à nombre de « petites gens ». Elle propose également d’appréhender la critique sociale en lien avec un certain nationalisme, ou sentiment national, qui ne reproduit pas toujours le discours nationaliste et démagogique d’Etat. Elle montre qu’un certain type de nationalisme « par en bas » peut très bien nourrir un esprit critique envers les dominants et le partage inégal des richesses.
Recensions
Table des matières
Introduction. « Comment est-il possible que les gens vivent si pauvres dans un pays si riche ? »
penser les catégories : politique ordinaire, critique sociale, nationalisme et autoritarisme
Politique ordinaire
Critique sociale ordinaire
Nationalisme
Nationalisme russe
Projet patriotique du Kremlin
Imaginaire social
Autoritarisme
une typologie croisée : nationalisme, imaginaire social et critique sociale
sens commun, imaginaire national et
nationalisme d’état
Désir d’appartenance à une « grande communauté » et d’unité nationale
Imaginaire social national : « Nous-nation »
Critique de sens commun
élitisme du nationalisme et de la critique
Vision élitiste de la nation
Imaginaire élitiste : « Nous-gens cultivés »
Critique sociale ordinaire intellectualiste
Bon sens, peuple du commun et nationalisme populaire
Une nation divisée entre bas peuple et oligarchie
Imaginaire social : nous-peuple du commun
Critique sociale ordinaire de bon sens
Élaboration théorique de la critique sociale ordinaire
de bon sens
Conditions d’émergence des différentes critiques sociales ordinaires
Conclusion : une politisation ordinaire
Annexe I : présentation de l’enquête
Une évolution de l’objet
Diversité géographique et socio-professionnelle
Entretiens ethnographiques
Analyse des données
Annexe ii : tableau des catégories
Fruit d’un solide travail d’enquête dans plusieurs régions de Russie, cet ouvrage apporte un éclairage original sur une Russie que l’on n’a pas l’habitude de voir sous cet angle : celui du potentiel critique dont sont porteuses les classes populaires souvent soupçonnées dans la vulgate médiatique de faire le lit des autocrates à la Poutine. La démonstration est subtile et convie les lecteurs à un voyage au plus profond de la Russie, donnant la parole à des personnes évoluant généralement loin des projecteurs, comme des retraités, ouvriers ou petits entrepreneurs. Où l’on découvre que la critique sociale la plus émancipatrice n’est pas toujours portée par l’élite auto-proclamée « éclairée », ni même par ceux et celles qui s’identifient à l’opposition politique.
L’autrice plaide pour une prise en compte, à côté de la critique savante ou théorique, de la critique sociale ordinaire de « bon sens », ancrée dans l’ordinaire du quotidien et dans l’expérience de vie matérielle perçue comme commune à nombre de « petites gens ». Elle propose également d’appréhender la critique sociale en lien avec un certain nationalisme, ou sentiment national, qui ne reproduit pas toujours le discours nationaliste et démagogique d’Etat. Elle montre qu’un certain type de nationalisme « par en bas » peut très bien nourrir un esprit critique envers les dominants et le partage inégal des richesses.