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Si l’on en croit les gros titres de la presse, la SNCF serait une vieille dame incapable de s’adapter aux défis du XXIe siècle. Ses difficultés financières ne sont-elles pas la preuve des limites du modèle du service public ? Le déclin du fret et la croissance du trafic routier ne témoignent-ils pas de l’impuissance du corps social cheminot et des dirigeants du groupe public à faire face à la crise du secteur ?
À l’encontre de ces représentations du sens commun, ce livre propose une analyse pluridisciplinaire des transformations du système ferroviaire français et de son principal acteur, la SNCF, qui resitue leurs évolutions récentes dans une perspective historique. Loin des images d’Épinal qui font de la SNCF un héraut du service public, confronté à partir des années 2000 au libéralisme de la politique ferroviaire impulsée par la Commission européenne, cet ouvrage montre que les transformations à l’œuvre sont le fruit de mutations vieilles de plusieurs décennies.
Table des matières
Liste des auteurs
Préface. Un service public ferroviaire européen face aux urgences climatique et nationaliste ?,
Claude Didry
Introduction,
Hervé Champin, Jean Finez et Alexandre Largier
Chapitre 1. La politique ferroviaire européenne : construire l’Europe du rail par la concurrence ?,
Hervé Champin et Patricia Perennes
Chapitre 2. Quel service public ferroviaire en France au XXIe siècle ? À propos de la loi du 27 juin 2018 pour un nouveau pacte ferroviaire,
Laurent Quessette
Chapitre 3. La « nouvelle SNCF », dernier avatar de la restructuration de la Société nationale des chemins de fer français,
Rémi Brouté
Chapitre 4. Une histoire du rail bouclée ? Concurrence, dette et statut cheminot au prisme du « nouveau pacte ferroviaire »,
Jean Finez et Laurent Quessette
Chapitre 5. La SNCF, instrument de la politique industrielle. Du « colbertisme high tech » à la fin de la « mère poule »,
Georges Ribeill
Chapitre 6. « Montrer du bleu » : les mutations marchandes de la Surveillance Générale,
Florent Castagnino
Chapitre 7. « Moderniser » Fret SNCF, au prix d’une perte des savoirs de métier et d’un risque pour la sécurité,
Isabelle Besse et Julien Kubiak
Chapitre 8. Transformation des organisations, sécurités et identités de métier au sein de la maintenance ferroviaire : le cas des caténairistes,
Alexandre Largier et Charles Stoessel
Chapitre 9. Sous-traitance du nettoyage : ce que la fidélisation des sous-traitants fait au travail et aux travailleurs,
Marion Duval
Conclusion. Les reconfigurations politico-juridiques des chemins de fer,
Marnix Dressen-Vagne
Si l’on en croit les gros titres de la presse libérale, la SNCF serait une vieille dame incapable de s’adapter aux défis du XXIe siècle. Ses difficultés financières ne sont-elles pas la preuve des limites du modèle du service public ? Le déclin du fret et la croissance du trafic routier ne témoignent-ils pas de l’impuissance du corps social cheminot et des dirigeants du groupe public à faire face à la crise du secteur ?
À l’encontre de ces représentations du sens commun, ce livre propose une analyse pluridisciplinaire des transformations du système ferroviaire français et de son principal acteur, la SNCF, qui resitue leurs évolutions récentes dans une perspective historique. Loin des images d’Épinal qui font de la SNCF un héraut du service public, confronté à partir des années 2000 au libéralisme de la politique ferroviaire impulsée par la Commission européenne, cet ouvrage montre que les transformations à l’œuvre sont le fruit de mutations vieilles de plusieurs décennies.
L’ouvrage éclaire ces changements à travers trois tableaux, correspondants à autant de parties. La première partie est consacrée aux politiques publiques et aux évolutions du droit national et communautaire à l’origine de l’ouverture à la concurrence et de l’effritement du modèle traditionnel du service public. La deuxième se concentre sur les stratégies de la SNCF et les glissements marchands de sa politique commerciale. La troisième interroge enfin les conséquences de cette nouvelle politique sur le travail et l’emploi. Si la filialisation, la sous-traitance et la recherche de flexibilité ont des effets sur le travail et ses conditions de réalisation, ces transformations ne signent pas fatalement l’arrêt de mort du service public ferroviaire, qui peut encore se réinventer.
L’agrandissement et l’intensification incessants des exploitations agricoles sont très connus mais leur explication demeure parcellaire. Partant du rapport étroit entre agriculture et capitalisme dans la France contemporaine, nourri par de nombreuses années de recherches et des données inédites, cet ouvrage saisit les mécanismes qui commandent les transformations que connaît le monde agricole français
Faire une telle démonstration, développer une telle perspective, c’est aussi poser les jalons d’une économie politique générale du capitalisme mêlant économie politique hétérodoxe, science politique et sociologie.
Une telle perspective, parce qu’elle met en évidence la contingence de l’activité économique, montre qu’un autre avenir – ou qu’un avenir – est possible pour l’agriculture française, à condition de la libérer du régime d’accumulation qui la détruit et des forces sociales qui le portent.
L’agrandissement et l’intensification incessants des exploitations agricoles sont très connus mais leur explication demeure parcellaire. Partant du rapport étroit entre agriculture et capitalisme dans la France contemporaine, nourri par de nombreuses années de recherches et des données inédites, cet ouvrage saisit les mécanismes qui commandent les transformations que connaît le monde agricole français – l’accumulation du capital économique par une minorité et l’expropriation de la majorité – en analysant les configurations de pouvoirs qui gouvernent ce procès social. Une telle perspective révèle que le régime d’accumulation – profondément inégalitaire – qui accable les agriculteurs français est porté par différentes forces sociales situées au sein du syndicalisme agricole dominant et des entreprises alimentaires, mais aussi de la haute Fonction publique, des cabinets ministériels et des partis politiques.
Faire une telle démonstration, développer une telle perspective, c’est aussi poser les jalons d’une économie politique générale du capitalisme mêlant économie politique hétérodoxe, science politique et sociologie.
Une telle perspective, parce qu’elle met en évidence la contingence de l’activité économique, montre qu’un autre avenir – ou qu’un avenir – est possible pour l’agriculture française, à condition de la libérer du régime d’accumulation qui la détruit et des forces sociales qui le portent.
Matthieu Ansaloni est post-doctorant à l’Institut national pour la recherche agronomique, l’alimentation et l’environnement (INRAE) de Toulouse, et chercheur au Laboratoire des Sciences Sociales du Politique de Sciences-po Toulouse.
Andy Smith est directeur de recherche à la Fondation Nationale des Sciences Politiques et travaille au Centre Émile-Durkheim à Bordeaux. Il est spécialiste de l’économie politique en général et de celle des industries en particulier.
Pourquoi la pandémie en Amérique latine ? De la fin des années 1980 à aujourd’hui, le taux de croissance du PIB par tête en moyenne est plus que modeste et les inégalités de revenus gigantesques. Le virus SARS-CoV-2 agit sur un « corps déjà malade », d’où un cortège de morts impressionnant.
Pourquoi écrire sur ce sujet maintenant alors que la pandémie n’est pas terminée ? Ce livre participe du cri d’alarme. Déjà le virus mute en un virus politique.
Sauf si un renouvellement en profondeur des propositions progressistes est élaboré, tenant compte de l’Histoire telle qu’elle s’est déroulée ces trente dernières années.
Pierre Salama est latino-américaniste, professeur émérite à l’Université Sorbonne Paris Nord.
Recension I dans Entre les lignes
Recension dans l'Université syndicaliste
Pourquoi la pandémie en Amérique latine ? De la fin des années 1980 à aujourd’hui, le taux de croissance du PIB par tête en moyenne est plus que modeste et les inégalités de revenus gigantesques. Le virus SARS-CoV-2 agit sur un « corps déjà malade », d’où un cortège de morts impressionnant. La pandémie atteint l’ensemble de la population. Dans les clusters, une différenciation sociale opère. Tous sont certes impactés mais les catégories sociales les plus pauvres, les plus modestes, sont les plus atteintes.
Pourquoi écrire sur ce sujet maintenant alors que la pandémie n’est pas terminée ? Il est toujours plus facile de la raconter une fois qu’on la connaît. En ce qui me concerne, je suis de ceux qui ne pensent pas que l’Histoire suit un chemin inéluctable, des bifurcations d’ordre économique et/ou politique sont toujours possibles. Ce livre participe du cri d’alarme pour faire « bouger les lignes ».
Déjà le virus mute en un virus politique. L’Histoire n’est pas écrite mais des tendances sont à l’œuvre de manière souterraine, des linéaments, des prémices de bouleversements politiques se font jour. L’apparition d’un populisme d’extrême droite, voire d’un « illibéralisme », menace. Les évangéliques en nombre fortement croissant peuvent en constituer une « armée de l’ombre », propice à leur avènement. Sauf si…
Sauf si un renouvellement en profondeur des propositions progressistes est élaboré, tenant compte de l’Histoire telle qu’elle s’est déroulée ces trente dernières années.
Pierre Salama est latino-américaniste, professeur émérite à l’Université Sorbonne Paris Nord.
Les dirigeants de l’économie capitaliste s’efforcent depuis quarante ans de saper les bases d’un système social de sécurité face aux aléas de l’existence.
Rencensions
Dans Liens socio
Dans Nonfiction
Les luttes sociales ont permis de construire un ensemble de mesures dont une propriété collective pour faire face aux risques maladie et vieillesse, un droit au travail, mais aussi un droit du travail protecteur des salarié·e·s, des revenus assurés pour les plus démunis, une protection contre le licenciement et le chômage, une politique du logement, etc. Certes, le système était insuffisant, inégalitaire, mais il n’en a pas moins permis une amélioration des conditions d’existence. Tout ceci est mis à mal. Les salarié·e·s par leurs luttes ont enrayé le processus de destruction ; ils ont obligé les gouvernements à revenir sur des mesures prévues, ou, au moins, à composer. Pour en finir avec ces résistances et imposer enfin l’utopie néolibérale d’individus cherchant à maximiser leurs intérêts, celle d’une société, en somme, sans collectifs et sans solidarités, il reste aux dominants à modeler les consciences en transformant les systèmes éducatifs et si cela ne suffit pas à susciter la peur. C’est cela que ce livre décrit.
Christian de Montlibert, sociologue, a travaillé sur les effets de la désindustrialisation de la Lorraine sidérurgique et du textile vosgien. Enseignant à l’université de Strasbourg, il a analysé les mouvements sociaux et les mobilisations collectives. Il a fondé et dirigé la revue Regards sociologiques. Il est aujourd’hui professeur émérite de l’université de Strasbourg.
Lire ici la recension dans Le Monde Diplomatique d'avril 2020
Table des matières
Avant-propos
Introduction : Science et société à l’épreuve du néolibéralisme
Première Partie. La Désindustrialisation
Chapitre I : La fermeture d’entreprises textiles dans les Vosges
Résistances dans une population désorientée
Conclusion
Chapitre II : Le grand coup. La fin de la sidérurgie
Manifestations et violences à Longwy – 1979
Chapitre III : Faire Groupe. Appartenance, croyances et conscience partagée de l’exploitation ?
Des mots et des images ; les pratiques sociales de mobilisation collective
Le travail d’appareil
Protéger les réseaux de mobilisation
Deuxième partie. La financiarisation
Chapitre I : Le chômage de masse :
un processus de décivilisation
Les difficultés d’une mobilisation unitaire
Chapitre II : La fragmentation d’un monde salarié
sur la défensive
Une division du travail transformée
Conclusion
Chapitre III : La lutte entre les territoires et l’éloge de l’identité
La célébration de la région par la presse lorraine
L’affaire du synchrotron en Alsace
Troisième partie. La politique de managérialisation
La constitution européenne : un traité de droit des affaires
Chapitre i : Un dernier sursaut le mouvement social de décembre 1995
Le capital économique retrouve sa place
Chapitre II : Managérialisation, marchandisation et professionnalisation
La production du savoir mise en question
Chapitre III : Résistances universitaires, « La parole fait le mur »
La poursuite inexorable de la managérialisation
Conclusion : La violence d’État
Issu pour une large part d’une recherche collective portant sur la construction et les usages des indicateurs sociaux, ce livre se fixe un triple objectif.
Il entend d’abord rendre compte des logiques contemporaines de production des chiffres donnant à voir une certaine représentation de la question sociale. Il explore ensuite les dimensions que ces chiffres occultent. Enfin, il se veut force de proposition pour rendre ces dimensions visibles et que les plus démunis, matériellement et symboliquement, puissent avoir voix au chapitre de la quantification. Il interroge ainsi les conditions de l’émergence d’une critique de l’ordre des choses.
À l’arrière-plan des débats portant sur la « bonne » ou la « juste » mesure de la pauvreté, des inégalités sociales, des problèmes publics et des publics « à problème » se pose la question fondamentale de la définition de ces notions. Celle-ci est inséparable des luttes qui opposent différents groupes sociaux pour imposer leur point de vue comme vision partagée et largement admise. Les chiffres qui circulent autour de la question sociale traduisent ainsi des rapports de force entre groupes professionnels, responsables politiques, militants associatifs, groupes de pression, etc. Paradoxe apparent, les populations concernées se retrouvent souvent exclues des opérations menant à leur représentation parce que ne possédant pas les ressources nécessaires pour faire valoir ce qui leur pose problème et ce qui importe pour elles. Dépossédées du diagnostic, elles le sont tout autant de la définition du traitement de leurs « maux ».
Rémy Caveng est sociologue à l’université de Picardie Jules Verne, chercheur au Curapp-ESS (Centre universitaire de recherche sur l’action publique et le politique), à la SFR Condorcet et chercheur associé au Cessp-CSE (université Panthéon-Sorbonne).
Claude Thiaudière est sociologue à l’université de Picardie Jules Verne, chercheur au Curapp-ESS.
Le syndicalisme ouvrier en France appartient-il au passé ? Incapable d’enrayer le déclin que connaît l’industrie depuis quarante ans, il est également confronté à une crise sur le sens de son action militante.
Recension dans Travail et Emploi, la revue de la DARES, n° 161-2020
Pourtant, loin des échecs des grandes mobilisations nationales, des syndicalistes mènent des luttes sur leurs lieux de travail, dont on ne mesure pas toujours ni l’inventivité ni les effets. Hélio-Corbeil, imprimerie située à Corbeil-Essonnes, en est une illustration : en février 2012, emmenés par la CGT, les salariés parviennent à reprendre leur entreprise sous forme de Société Coopérative et Participative (Scop). 80 emplois sont sauvés et l’activité est alors relancée. À partir d’une enquête au long cours, mêlant immersion et travail d’archives, cet ouvrage revient sur l’origine de cette lutte et la mise en place de la coopérative. Il propose une vision différente du syndicalisme, où la gestion constitue une arme de résistance salariale, hier comme aujourd’hui, et s’interroge sur ses conditions d’appropriation. Face à la financiarisation de l’économie, le salut du monde ouvrier passera-t-il par la conquête du pouvoir dans l’entreprise ?
Maxime Quijoux est sociologue, chercheur au CNRS et membre du Laboratoire Printemps (Professions, Institutions, Temporalités) à l’université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et membre associé du LISE (Laboratoire Interdisciplinaire de Sociologie Économique) au CNAM. Il est l’auteur de Néolibéralisme et autogestion, l’expérience argentine (Éditions de l’IHEAL, 2011) et a dirigé l’ouvrage collectif Bourdieu et le travail (Presses Universitaires de Rennes, 2015).
Cet ouvrage analyse la construction européenne dans le cadre de la généralisation de la production marchande à grande échelle et de la forme organisationnelle qu’elle a prise, à savoir les grandes entreprises.
Cela veut dire que les principaux acteurs politiques de cette construction sont les grandes firmes et les élites managériales qui en détiennent le contrôle. Au moyen d’une approche interdisciplinaire et en se concentrant sur la période allant de l’Acte Unique à la crise de la zone euro, l’ouvrage examine la façon dont les stratégies et préférences, souvent hétérogènes, des grandes firmes françaises ont façonné le processus d’intégration dans ses diverses manifestations : constitution d’une corporate elite européenne, centralisation des politiques microéconomiques et macroéconomiques et construction d’un système financier paneuropéen.
Peut-on avoir confiance dans la qualité des repas servis dans les cantines scolaires, les restaurants d’entreprise ou les maisons de retraite ? Que deviennent les savoir-faire des cuisiniers dans un contexte d’industrialisation croissante ?
Les dirigeants des très grandes entreprises dominant le secteur de la restauration collective ont découvert de nouvelles recettes pour tirer profit d'un service considéré en partie encore comme social.
Ces transformations sont vécues différemment par les salariés (employés de service, cuisiniers, dans leur majorité) qui y voient une menace pour la reconnaissance de leurs compétences et de leurs qualifications et les cadres, qui se heurtent aux limites de leur pouvoir d'action.
Au-delà de la restauration collective, s'esquisse une « économie des usages », signe d'un changement de régime pour le capitalisme ?
Christèle Dondeyne est maître de conférence en sociologie à l'université de Bretagne occidentale (UBO, Brest)