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Que se passe-t-il en Algérie depuis une année ? De quelle nature est le mouvement populaire (Hirak) qui a surgi le 22 février 2019 ? Quelles sont les contradictions qui le traversent ? Quelles sont les raisons immédiates qui ont causé son apparition et quelles en sont les origines profondes ?
Qu’a-t-il obtenu et que lui reste-t-il à conquérir ? Quels effets a-t-il produits sur le pouvoir et la société ? Comment a évolué le rapport de force entre les protagonistes ? Quels sont les principaux enjeux politiques actuels ?
Le régime libéral autoritaire qui a imposé Abdelmadjid Tebboune à la tête du pays veut-il et peut-il se contenter de ravaler sa façade démocratique ? Le Hirak peut-il lui imposer une transition démocratique ? Celle-ci passera-t-elle par l’élection d’une Assemblée constituante ? Le combat du Hirak mènera-t-il à une démocratie parlementaire ultralibérale insérée en position dominée dans la globalisation capitaliste mondiale et dans l’ordre impérialiste régional ? Ou à une démocratie souveraine, non alignée, populaire et sociale ?
Telles sont les questions que cet ouvrage tente d’éclairer dans le but assumé de contribuer à résoudre cette crise politique au profit des classes populaires.
Hocine Belalloufi est un journaliste et militant politique basé à Alger. Ancien coordinateur de la rédaction d’Alger républicain de 2003 à 2008, il est également l’auteur de deux ouvrages : La démocratie en Algérie. Réforme ou révolution ? (Apic et Lazhari-Labter, Alger, 2012) et Grand Moyen-Orient : guerres ou paix ? (Lazhari-Labter, Alger, 2008).
Le présent ouvrage entend éclairer les origines et les fondements du hirak echaâbi (mouvement populaire) algérien de février 2019. Ce mouvement n’est pas né ex nihilo. À partir de luttes, fragmentées et contraintes, a émergé, dans la diversité des revendications et des lieux, une pluralité de demandes qui se sont retrouvées dans le creuset qu’a constitué le mouvement du 22 février.
Ce mouvement est apparu ainsi comme un catalyseur de tous ces apports et transformations au carrefour d’un basculement générationnel, entendu ici comme espace-temps défini par une globalisation en œuvre. Cependant, ce mouvement marque une transformation par rapport aux formes de contestations et mouvements sociaux et politiques, depuis l’indépendance. Pour cela, l’ouvrage opère un retour sur la décennie 2010 qui en a vu la gestation. Il s’appuie sur des recherches empiriques, nourries d’une connaissance au plus près du terrain algérien, qui donnent à voir les étapes et les éléments constitutifs qui ont permis son déploiement loin de toute immédiateté et précipitation analytique, voire politique. Il ouvre sur des points de vue qui permettent d’éclairer les enjeux et soubassements sociaux et politiques de ce moment de l’histoire algérienne.
Aissa Kadri : Enseignant-chercheur, associé UMR-LISE/CNAM/CNRS. Ses travaux portent sur une analyse comparée des systèmes d’enseignement, sur la question des intellectuels et intelligentsias, les mouvements sociaux et de droits au Maghreb et en immigration, et la sociologie des migrations.
Table des matières
Remerciements
Introduction
Première partie : Fondements et enjeux des contestations
Violence politique et démocratie : une union forcée et tragique, Sonia Dayan-Herzbrun, Laboratoire du Changement Social et Politique (LCSP), université Paris Diderot-Paris 7.
Dignité, citoyenneté et post-démocratie. Regards croisés autour de la même Mer, Giovanna Campani, université de Florence.
Nouvelles circulations et créativité des femmes maghrébines en « déplacement », Gérard Prévost, Institut Maghreb Europe, université Paris 8, Saint-Denis.
Justice transitionnelle et réconciliation en Tunisie : réflexions introductives, Nada Ben Amor, doctorante en psychologie, université de Tunis
Deuxième partie : perspective générationnelle, État et acteurs sociaux
Révoltes arabes : la fausse exception algérienne, Aissa Kadri, université de Paris 8, Saint-Denis.
État et société civile en Algérie à la veille des « printemps arabes », Hocine Zeghbib, Maître de conférences de droit public université Montpellier III CREAM – Montpellier I.
Les bases sociales de l’État en Algérie, Salim Chena, chercheur associé à LAM (Sciences Po Bordeaux/CNRS), éditeur de la Revue en ligne Dynamiques Internationales.
Les élites militaires algériennes face aux recompositions de la société algérienne (1999-2019), Emmanuel Alcaraz, docteur en histoire, chercheur associé à l’IRMC et à l’ISP de l’université de Nanterre
Les émeutes de janvier 2011 en Algérie et la réaction de pouvoir politique, Abdelghani Issaadi, docteur en sociologie Paris 8, Saint-Denis.
Les protestations populaires au Mzab : Les heurts intercommunautaires au miroir de la génération politique, Ratiba Hadj-Moussa, département de sociologie, York University, Toronto185
Troisième partie : des pratiques contestataires en mutation
Islam politique, néo-fondamentalisme et « printemps arabe » en Égypte et en Algérie. De la complexité du rapport entre État et religion, Meriem Khelifi, docteure en sociologie, université de Paris 8, Saint-Denis.
Les réformes politiques du printemps arabe : verrouillage et atomisation de l’espace public, Rachid Tlemçani, professeur, université d’Alger 3.
Les réseaux sociaux et l’opinion publique algérienne lors de l’élection présidentielle 2014, Samir Ghezlaoui , doctorant en communication à l’université Rennes 2.
Les usages de la téléphonie mobile en Algérie : de la révolution culturelle à la révolution politique, Hazi Hanane, doctorante, université de Paris 8, Saint-Denis.
« Bezzzef ! » : Archéologie culturelle d’un mouvement contestataire Nazim Layadi, université de Paris 8, Saint-Denis.
Des mouvements inscrits dans la longue durée, la résilience du pouvoir autoritaire. Quelle sortie du « despotisme plébéien » ?,Aissa Kadri et Salim Chena
En guise de postface : les luttes continuent, l’Algérie à la croisée des chemins, Aissa Kadri
Conclusion, Aissa Kadri et Salim Chena
Après trois guerres en l’espace de dix ans, les habitants de la Bande de Gaza survivent dans une précarité socio-économique aggravée par le blocus qui empêche le mouvement des personnes et des biens.
En dépit des conséquences dramatiques de cette situation, l’enquête que nous avons menée entre 2008 et 2018 auprès d’une centaine de familles montre que les habitants de Gaza, les Gaziotes, continuent à faire société et même à faire preuve de dynamisme économique. Le conflit s’éternise et la résistance tient dans le concept de résilience qui maintient la vie sociale. Gaza enfermée est l’objet d’une volonté délibérée de séparer, d’enfermer, de punir. Une géographie politique, sous prétexte de sécurité, est fondée sur le principe d’un isolement brutal, systématique. Comprendre l’origine de cette résistance que l’on peut aussi qualifier de résilience sociale est l’objet de ce travail. Question d’autant plus importante que depuis peu, des signes inquiétants se manifestent : usage accru de la drogue, augmentation des violences familiales, vague de suicides, projets de départ des jeunes, et font craindre un basculement. Cela conduit à s’interroger sur les épreuves que vivent les Gaziotes : le manque de travail, l’enfermement, l’exposition au danger, ainsi que sur les ressources sociales et culturelles qu’ils peuvent mobiliser pour y faire face : la solidarité familiale, l’islam du quotidien, l’histoire commune, le sens de l’honneur…
Titulaire d’un master en anthropologie de l’université Temple de Philadelphie, Elena Qleibo-Kogan est docteur en sociologie de l’université Bourgogne-Franche-Comté. Elle est associée de recherche à l’Institut Français du Proche-Orient d’Amman (Jordanie)
Table des matières
Remerciements
Préface
Avant-propos
Pourquoi Gaza ?
Introduction
Le choix de l’objet
Une méthodologie qualitative
Le plan du livre
Chapitre I
La bande de Gaza : histoire et mémoire
L’arrivée des réfugiés palestiniens à Gaza et l’Unrwa : 1947-1949
L’administration égyptienne : 1949-1967
Les Israéliens à Gaza : vingt ans d’occupation et une économie d’intégration 1967-1987
Une économie d’intégration
La guerre de 1973
La première Intifada : fin 1987
Les Accords d’Oslo et la création de l’Autorité palestinienne : 1994
Le blocus comme politique de punition
L’établissement du blocus : 2006
Les trois «guerres»
La « guerre » de décembre 2008 à janvier 2009
La « guerre » de novembre 2012
La « guerre » de juillet 2014 à août 2014
Le blocus et ses conséquences à long terme
La fabrique de l’histoire : du récit au mythe
Chapitre II
Famille et religion
Une société de familles
Un islam du quotidien
Chapitre III
Faire face aux épreuves
III.1 L’épreuve du manque de travail
Les Gaziotes qui ont perdu leur travail à temps plein
Haidar
Mahdi et Hanan
Maher
Abed et Nivine
Salim
Amr
Les Gaziotes dont l’activité s’est réduite
Mo’otaz et Soumaya
Mounir
Wajdi
Ali
Les Gaziotes qui ne travaillent plus, mais conservent leur rémunération
Antar et Suhad
Akram et Abeer
Les Gaziotes qui travaillent, mais doivent partager leurs ressources
Ahmed et Férial
Les Gaziotes qui n’ont jamais connu un emploi stable
Mahran
Mahmud
Khalil
Bara’a
Conclusion
III.2 L’épreuve de l’enfermement
et de l’exposition au danger
La bande de Gaza :
une prison à deux portes (Erez et Rafah)
Le passage d’Erez : la sortie vers Israël
Le passage de Rafah : la sortie vers l’Égypte
Kerem Abu Salem : le seul passage commercial
Des expériences différentes
selon les statuts des personnes
Nahed
Zahra
Ali Sha’arawi
Anis
Nasser
Nazek
Ibrahim
Munira
Samira
Nemer
Conclusion
Conclusion
S’en sortir sans sortir
Bibliographie
Ces dernières décennies, le nombre de manifestations a augmenté partout dans le monde, notamment en Turquie. Alors qu’elles ont été dans ce pays historiquement initiées par des opposants au régime, notamment de gauche et kurdes, depuis les mobilisations de Gezi en 2013 et l’instauration d’une répression incessante, de nouveaux acteurs, favorables au régime et soutenus par l’État, se sont mis eux aussi à défiler et à occuper la rue.
Ayşen Uysal, en s’appuyant sur des sources variées (corpus de presse, observations directes, enquête par questionnaire, entretiens) et jusque-là inaccessibles comme les archives policières, en examinant aussi bien les contestataires que les défenseurs du régime, montre le changement important qui s’est produit entre les années 1990 et les années 2000, tant en ce qui concerne le profil des acteurs protestataires que leurs motivations. Alors que les syndicats et les revendications économiques dominaient au cours des années 1990, les questions de justice et de droits de l’homme ont gagné du terrain au cours de la décennie suivante. L’auteure apporte ainsi une contribution originale non seulement à l’analyse du régime actuel en Turquie et du gouvernement de l’AKP d’Erdogan, mais aussi des forces contradictoires qui le traversent. Par son expérience, elle éclaire également les risques de la pratique de l’enquête sur des sujets sensibles en contexte autoritaire car elle est aujourd’hui fichée par la police (et a échappé de peu à une condamnation).
Ce livre intéressera ainsi tous ceux et celles qui souhaitent mieux comprendre le régime actuellement en vigueur en Turquie et les formes complexes de mobilisations et de répression qui y ont cours.
Ayşen Uysal est professeure de science politique, elle a été limogée de l’université Dokuz Eylül, à Izmir, en juillet 2018. Elle est associée au CRESPPA-CSU et au CETOBAC à Paris. Spécialiste de l’action collective et du militantisme, ainsi que de la répression et du travail policier, elle a également étudié les partis politiques.
Sommaire
Préface à l’édition française
Introduction
Chapitre i : Approche conceptuelle et méthodologique
Chapitre II : Cycles de mobilisation, fréquence et nature des manifestations
Chapitre III : Manifestants et organisations mobilisatrices
Chapitre IV : Les revendications
Chapitre V : Répertoire d’action, performances et épisodes
Chapitre VI : L’autre protagoniste des manifestations :
la police
Chapitre VII : La police vue par les manifestants et les contre-stratégies manifestantes
Conclusion : l’impossible normalisation
Annexes
Bibliographie
Les lois de 2008 sur la réforme de la représentativité syndicale et de 2015 sur le dialogue social ont instauré de nouvelles obligations de négociation en entreprise portant sur la « conciliation » de l’activité syndicale et professionnelle. Comment expliquer cette soudaine attention des pouvoirs publics à la « discrimination syndicale » ?
Recension dans La vie des idées (janvier 2021)
Dans Droit et Sociétés (juin 2020)
Assiste-t-on à une rupture historique dans les relations professionnelles à la française ?
Fondée sur six monographies de grandes entreprises aux pratiques sociales contrastées, cet ouvrage montre comment la négociation d’accords de droit syndical et de « gestion des parcours syndicaux » est aussi une réponse à la croissance des contentieux, menés notamment par la CGT depuis les années 1990, qui ont contribué à une prise de conscience de leurs droits par les syndicalistes.
Si ces accords d'entreprise protègent désormais mieux les mandatés les plus investis dans le jeu du dialogue social, qui signent des accords, ils ne modifient pas radicalement les pratiques managériales de terrain qui continuent à stigmatiser les syndicalistes de proximité, surtout quand ils s'opposent aux restructurations ou dénoncent la dégradation des conditions de travail par des pratiques protestataires.
Vincent-Arnaud Chappe est sociologue, chargé de recherche au CNRS, membre du Centre de sociologie de l’innovation (CSI-I3).
Jean-Michel Denis est professeur de sociologie à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée et chercheur au Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (LATTS).
Cécile Guillaume est sociologue, reader à l’université de Roehampton en Grande-Bretagne.
Sophie Pochic est sociologue, directrice de recherche au CNRS (Centre Maurice Halbwachs).
Échos dans la presse
Sur le site de l'Institut de recherches de la FSU
Dans la revue ContretempsDans la revue Contretemps
Table des matières
Les auteur·e·s
Introduction
Les trois temps de la législation
Les accords de droit syndical une légalité propre à chaque entreprise
Des monographies révélatrices d’une standardisation des dispositifs
Des stratégies syndicales de mobilisation du droit
Chapitre 1. L’invention du « droit à la carrière » pour les syndicalistes ?
De « l’affaire Peugeot » à la signature du premier accord
Des relations professionnelles reconfigurées par le droit syndical
Vers la reconnaissance d’un « droit à la carrière » ?
Conclusion
Chapitre 2. Quand un échec devant le tribunal construit de nouvelles protections
Des ouvriers d’État isolés dans une entreprise privatisée
Un long travail d’objectivation de la discrimination
Une stratégie judiciaire minutieuse, mais risquée
Une victoire symbolique, mais limitée
Conclusion
Chapitre 3. La promotion, enjeu de la reconnaissance des « compétences syndicales »
GrDF, un bastion syndical héritier d’une entreprise à statut
Cadrage juridique internalisé contre anti-syndicalisme patronal
Vers une gestion individualisée des parcours syndicaux
Valoriser des « compétences » syndicales désaccords sur un accord
Conclusion
Chapitre 4. Quand reconnaissance rime avec répression
La Poste, une entreprise coincée entre deux modèles (public/privé)
Négocier pour redéfinir le dialogue social et combler un vide juridique
Compétences « utiles » et criminalisation en contexte de restructurations
Conclusion
Chapitre 5. Une protection des syndicalistes à deux vitesses
La SNCF, une entreprise fortement structurée par un droit interne
Une protection très différenciée selon l’investissement syndical
Recours judiciaire ou acceptation des possibilités d’action ambiguës
Pas de demande de VAES dans un contexte protecteur ?
Conclusion
Chapitre 6. Quand expérience des discriminations ne rime pas avec mobilisation du droit
Disneyland, une entreprise américaine à l’épreuve du fait syndical français
Deux types de dispositifs de prévention des discriminations
Une mise en œuvre approximative des dispositions formelles
Les multiples raisons du faible recours au contentieux
Conclusion
Conclusion générale
Les syndicats comme intermédiaires du droit
Une légitimation syndicale sélective et individuelle
La valorisation de l’expérience syndicale en débats
Annexes
Aujourd'hui la démocratie participative ne s'affiche plus seulement dans les discours, elle s'incarne dans des règles juridiques, des dispositifs participatifs, des services administratifs, des échanges marchands, etc.
Les militants d'hier sont pour l'essentiel concurrencés par des professionnels (agents publics, consultants, salariés de grandes entreprises d'aménagement) qui vivent de l'offre de participation et ont, à ce titre, intérêt à l'entretenir. La demande de participation tend ainsi désormais à devenir la finalité et l’alibi de ce que les auteures qualifient de marché de la démocratie participative.
En s'intéressant à la construction savante de l'impératif participatif, aux luttes d'expertises professionnelles qui l'ont accompagnée tout comme à la sociologie et aux pratiques concrètes de ces acteurs auxquels les autorités publiques ont confié la charge d'animer, d'organiser ou encore d'évaluer des dispositifs participatifs, cet ouvrage rappelle combien la qualité démocratique ne peut à elle seule expliquer le développement des politiques participatives en France. Les dynamiques de professionnalisation y ont joué un rôle majeur. C’est ce que montre cet ouvrage qui éclaire également les logiques sociales et politiques de la sophistication croissante des technologies de gouvernement et plus largement l'ambivalence politique du tournant participatif contemporain. Remise en cause sur le plan symbolique par la promotion du citoyen-expert et des formes participatives de légitimation politique, la division du travail politique entre le professionnel et le profane semble en pratique plus solide que jamais.
Alice Mazeaud est maître de conférences en science politique à l’Université de La Rochelle et chercheuse au Centre d'études Juridiques et Politiques (CEJEP).
Magali Nonjon est maître de conférences en science politique à Sciencespo Aix et chercheuse au laboratoire Croyance, Histoire, Espace et Régulation (CHERPA). Elle est également chercheuse associée au Laboratoire Biens Normes et Contrat (LBNC).
Les ménages modestes du périurbain sont devenus, au fil des succès électoraux du FN, une figure centrale des commentaires médiatiques. Voir une recension de Lectures-Lien socio et dans Territoires contemporains.
Peu d’enquêtes sérieuses se sont pourtant intéressées à leurs conditions de travail, à leurs parcours résidentiels et aux devenirs de leurs enfants. Basé sur un travail de terrain de longue durée, ce livre restitue les trajectoires des salarié-e-s d’un parc d’activités comme il en existe beaucoup à la périphérie des grandes villes. À partir d’extraits d’entretiens et d’observations, il revient sur les transformations qui affectent depuis plusieurs décennies les fractions stables des milieux populaires : restructurations dans l’industrie et les services, durcissement des conditions d’accès à la propriété et évolution du système de formation. Même si leurs pratiques électorales s’avèrent plus diversifiées qu’on ne le pense, le FN attire une part de ces ménages du périurbain, qui sont pourtant loin de tous figurer parmi les plus démunis. Au-delà des explications convenues, notamment celles du déclassement, l’ouvrage offre ainsi des clés de compréhension des processus de radicalisation politique. Il montre enfin comment des élus municipaux, sans être encartés au FN, s’emploient très concrètement à empêcher la venue de familles issues de l’immigration et de ménages en situation précaire, contribuant par là à banaliser le rejet de ces catégories sociales stigmatisées. Dans un contexte de hausse de l’abstention et de défiance envers les responsables politiques, ce livre éclaire les aspirations et les tensions vécues par nombre de ménages populaires.
Table des matières
Introduction
Chapitre 1 : Assurer la « paix sociale ». Le projet des classes dirigeantes pour l’industrie de la vallée
Chapitre 2 : Qui sont les salarié-e-s modestes du périurbain ? Établis et précaires, deux pôles des mondes ouvriers et employés
Chapitre 3 : S’installer dans le périurbain : des promotions résidentielles sous contraintes
Chapitre 4 : Des familles établies en quête de respectabilité .
Chapitre 5. Quels espoirs pour les enfants ? Parcours de formation, modèles de réussite sociale et rapports à l’avenir
Chapitre 6 : Un peuplement au-dessus de tout soupçon ? Les stratégies municipales de préservation d’un entre soi blanc
Chapitre 7 : Quels rapports au politique ? Socialisations professionnelles, respectabilité et distance(s) vis-à-vis de la gauche
Chapitre 8 : Une radicalisation en acte : deux élus municipaux sans étiquette devenus électeurs du FN
Conclusion
L’alternance au pouvoir est devenue un phénomène politique courant, au point que son traitement médiatique comme académique s’est lui-même banalisé au gré des épisodes électoraux.
L’alternance au pouvoir est devenue un phénomène politique courant, au point que son traitement médiatique comme académique s’est lui-même banalisé au gré des épisodes électoraux. Par contraste avec les analyses centrées sur l’explication du verdict électoral, ce livre collectif tente de réveiller la curiosité des observateurs et des chercheurs en interrogeant la pluralité des contextes politiques et des situations de concurrence, les reliquats d’incertitude et les calculs prospectifs qui traversent les sociétés quand le pouvoir est sur le point de changer de main. Voir un compte-rendu sur le site lectures.revues, ainsi que dans la Revue française de science politique.
Les contributions réunies dans cet ouvrage replacent l’alternance dans une temporalité longue pour interroger les divers anticipations et investissements qui accompagnent les processus de changement de pouvoir, en amont comme en aval. En privilégiant une démarche empirique sur l’alternance, elles traitent de cas nationaux et locaux, démocratiques ou non, et revisitent notamment le paradigmatique “Mai-81” français. Ensemble, elles permettent de comprendre comment la notion d’alternance est devenue une catégorie usuelle de l’entendement du changement politique.
Les coordinateurs :
Philippe Aldrin, Lucie Bargel, Nicolas Bué, Christine Pina
Présentation : Brigitte Gaïti
Contributeurs-trices
Valentin Behr, doctorant en science politique, SAGE, université de Strasbourg.
Michel Camau, professeur émérite de science politique, CHERPA, Sciences Po Aix.
Éric Cheynis, maître de conférences en sociologie, SAGE, université de Haute-Alsace.
Marine De Lassalle, professeur de sociologie politique, SAGE, Sciences Po Strasbourg.
Audrey Freyermuth, maîtresse de conférences en science politique, CHERPA, Sciences Po Aix.
Renaud Gay, doctorant en science politique, PACTE, Sciences Po Grenoble.
Marie-Ange Grégory, docteure en science politique, CHERPA et ERMES, Sciences Po Aix.
Nicolas Hubé, maître de conférences en science politique, CESSP, université Paris 1.
Nicolas Kaciaf, maître de conférences en science politique, CERAPS, Sciences Po Lille.
Rémi Lefebvre, professeur de science politique, CERAPS, université Lille 2.
Thomas Marty, docteur en science politique, GAP, université Paris X Nanterre.
Alice Mazeaud, maîtresse de conférences en science politique, CEJEP, université de La Rochelle.
Sébastien Michon, chargé de recherche au CNRS, SAGE Strasbourg.
Toru Yoshida, professeur en science politique, université d’Hokkaïdo, chercheur associé à l’EHESS.
Karel Yon, chargé de recherche au CNRS, CERAPS, université de Lille 2.
Ce livre revient sur une lutte urbaine mythique des années 1970-1980 pour montrer que le remède face aux inégalités, à la xénophobie ou au conservatisme n’est pas moins mais davantage de démocratie.
Ce livre revient sur une lutte urbaine mythique des années 1970-1980 pour montrer que le remède face aux inégalités, à la xénophobie ou au conservatisme n’est pas moins mais davantage de démocratie. Dans un quartier pauvre de Roubaix, l’Alma-Gare, la mobilisation des habitants contre la destruction de leurs logements est un succès : ils redessinent les plans et donnent forme à un quartier conforme à leurs aspirations. Des expérimentations d’autogestion sont alors lancées pour organiser la vie sociale différemment. Cette histoire illustre dès lors un réel pouvoir d’agir des classes populaires. Mais à mesure que la dynamique s’étiole, le quartier devient peu à peu une zone de relégation sociale. Cet ouvrage montre comment les quartiers populaires peuvent se mobiliser, mais aussi pourquoi ils sont souvent devenus des espaces ségrégés. En analysant les réussites comme les difficultés de l’Alma-Gare, les auteurs donnent des clefs pour l’avènement d’une démocratie participative exigeante qui ne soit pas un nouvel outil de domination des plus faibles. Ce livre s’adresse à tous les citoyens soucieux d’un approfondissement de la démocratie et qui cherchent des alternatives face à la marginalisation des classes populaires.
Paula Cossart est maître de conférences en sociologie au Centre de recherche « Individus, Épreuves, Sociétés » (CeRIES), université Lille III, et membre de l’Institut universitaire de France.
Julien Talpin est chargé de recherches en science politique au CNRS (CERAPS/UMR 8026 - université de Lille).
sous la direction de Nathalie Ethuin et Karel Yon.
sous la direction de Nathalie Ethuin et Karel Yon.