.
Nous sommes les héritiers des Lumières. C’est notre patrimoine commun républicain, celui de la gauche comme celui de l’Europe. Alors que les Lumières étaient vivantes, avec de multiples débats et controverses, ne les avons-nous pas considérées comme un bloc figé, pétrifié, laissé en jachère ?
Dans un essai vif et percutant, Pierre Bauby propose de les réexaminer, revoir, compléter, actualiser, enrichir là où elles ne correspondent plus aux situations, connaissances et enjeux du XXIe siècle ; de sortir des formes de binarisme, de fatalisme, de nombrilisme ; de résister aux délitements du lien sociétal. Il avance quatre paradigmes clés de la connaissance avant de revisiter dix grands rapports qui structurent nos pensées et actions. Cet essai vise à soulever la chape de plomb qui enserre le cœur du réacteur de la société ; de prendre appui sur les initiatives de terrain, en les faisant connaître, en suscitant des confrontations pluralistes, des débats dans l’espace public. Pierre Bauby propose de retrouver la dynamique créatrice et propulsive des Lumières pour contribuer à l’action transformatrice contre toutes discriminations et inégalités.
Table des matières
Sommaire
Préface
Introduction. Pourquoi les « Lumières » ?
Les visages pluriels des « Lumières »
Les « Lumières » dans leur contexte
Refonder les « Lumières » pour le XXIe siècle
Première partie. Sortir du binarisme
La dialectique comme opposition et unité des contraires
La clef de voûte de la « pensée Marx »
Tout est contradiction
La contradiction en mouvement
La perversion stalinienne de la pensée Marx
Les rapports indissolubles entre unité et diversité
Toujours resituer dans le temps et l’espace
Il n’y a ni « marxisme », ni « marxistes »
L’« invention » du « marxisme » et les spécificités françaises
Le double caractère des crises, menaces et opportunités
Orientations méthodologiques
Deuxième partie. Revisiter dix grands rapports
Nous sommes des êtres de raison, mais aussi de passions, de pulsions
Nous sommes des êtres de raison
Nous sommes des êtres d’affects, d’émotions, de pulsions, de désirs, d’envies, de passions ir-rationnels
La personne humaine maître et/ou composante de la nature
L’humain maître et possesseur de la nature ?
L’Anthropocène ?
Interactions sous contraintes
La reconnaissance de l’individuation est inséparable de la sociétalisation
L’individu et la collectivité
Les différentes figures de l’action publique
Les individus, la société et la démocratie
Les contre-pouvoirs
L’action publique démocratique pour conjuguer intérêt général et intérêts individuels et particuliers
L’action publique démocratique
Concevoir et promouvoir l’intérêt général
Un système multi-niveaux d’intérêt général
Réformer l’action publique
Un État-stratège ?
Droits et devoirs sont indissociables
La Déclaration de 1789
Pas de droits sans devoirs
Imbriquer liberté(s), égalité et solidarités
Liberté et libéralisme(s)
Égalité, fraternité, laïcité et solidarité(s)
Relier local et global, micro et macro
Penser ET agir local ET global
Une mise en œuvre créatrice du principe de subsidiarité
Remettre le marché à sa place, rien que sa place, mais toute sa place
« L’Union européenne (…) œuvre pour le développement durable de l’Europe fondé sur une (…) économie sociale de marché »
Services publics, communs, économie sociale
L’universalisme doit aller de pair avec les altérités
L’universalisme « à la française »
L’universel n’est universel que s’il est reconnu comme tel par tous
Le système européen de valeurs solidaires, référentiel dans la mondialisation
L’Union européenne, union d’États nation
Modèle social et système européen de valeurs communes
Référentiel dans la mondialisation
Quelles perspectives ?
Nous sommes les héritiers des Lumières. C’est notre patrimoine commun républicain, celui de la gauche comme celui de l’Europe. Alors que les Lumières étaient vivantes, avec de multiples débats et controverses, ne les avons-nous pas considérées comme un bloc figé, pétrifié, laissé en jachère ?
Dans un essai vif et percutant, Pierre Bauby propose de les réexaminer, revoir, compléter, actualiser, enrichir là où elles ne correspondent plus aux situations, connaissances et enjeux du XXIe siècle ; de sortir des formes de binarisme, de fatalisme, de nombrilisme ; de résister aux délitements du lien sociétal. Il avance quatre paradigmes clés de la connaissance avant de revisiter dix grands rapports qui structurent nos pensées et actions. Étayé d’un côté par soixante années de pratiques diversifiées, de l’autre par une veille attentive sur les mutations des sociétés française et européennes et sur des recherches, cet essai vise à soulever la chape de plomb qui enserre le cœur du réacteur de la société ; de prendre appui sur les initiatives de terrain, en les faisant connaître, en suscitant des confrontations pluralistes, des débats dans l’espace public. Pierre Bauby propose de retrouver la dynamique créatrice et propulsive des Lumières pour contribuer à l’action transformatrice contre toutes discriminations et inégalités.
Pierre Bauby docteur de l’IEP de Paris, spécialiste de l’action publique et des services publics en France et en Europe, expert auprès du Parlement européen et du Comité économique et social européen sur les Services d’intérêt général, membre du Conseil d’orientation du CIRIEC, président de RAP (Reconstruire l’action publique, www.actionpublique.eu) ; auteur en particulier de : Service public, services publics, La Documentation Française, 2016 ; L’européanisation des services publics, Presses de SciencesPo, 2011 : Reconstruire l’action publique, Syros, 1998.
La transformation des modes de gouvernance de l’enseignement supérieur et de la recherche.
« L’université n’est pas une entreprise ! » Ce slogan a scandé les dernières mobilisations contre les réformes des universités, qui se sont multipliées ces dernières décennies. Pourtant, à y regarder de plus près, force est de constater que l’enseignement supérieur et la recherche se distinguent de moins en moins des entreprises dans ses modes de gouvernance : la collégialité se voit concurrencée par la centralisation du pouvoir dans les mains de gestionnaires, l’autonomie par l’évaluation constante et le financement sur projet, ou encore la solidarité par un morcellement croissant des corps des salarié-e-s et de leurs intérêts respectifs. Ce numéro entend revenir sur ces métamorphoses, de leur esprit à celles et ceux qui les appliquent et les vivent au quotidien.
Table des matières
5 Dossier.
États d’esprit
Quentin Fondu, Mélanie Sargeac, Aline Waltzing
7 Étudier les universités pour mieux les réformer. Le programme sur la gestion des établissements d’enseignement supérieur de l’OCDE (1969-2016)
Quentin Fondu, Mélanie Sargeac, Aline Waltzing
17 Pourquoi l’impuissance des réformes universitaires en France ?
Christophe Charle
29 Les réformes de l’université et de la recherche : une affaire de doctrine ?
Joël Laillier, Christian Topalov
39 La consécration. Jalons pour une socio-histoire de la Conférence des présidents d’université (1971-2022)
Étienne Bordes
49 Enrôler la « communauté universitaire » la conversion managériale de l’encadrement intermédiaire
Mathieu Uhel
59 Qui sont les relais de l’excellence au sein des établissements ? Audrey Harroche
69 Les réformes de l’enseignement supérieur et de la recherche et la marginalisation des sciences humaines et sociales) à l’échelle d’une université
Jay Rowell
81 Réformes de l’imaginaire social et contrôle des subjectivités
RogueESR et Camille Noûs
Grand entretien avec Heela Najibullah
91 « Que reste-t-il de la politique de réconciliation nationale en Afghanistan ? »
propos recueillis par Gaia Lassaube
Pédagogie
103 Sociologie et sociologies spontanées. À propos des « savoirs expérientiels » et des « injustices épistémiques »
Gérard Mauger
Idées
117 À propos de Arthur BORRIELLO, Abolition et permanence du discours de crise en Italie et en Espagne (2010-2013), Jean-Paul FITOUSSI, Comme on nous parle. L’emprise de la novlangue sur nos sociétés
Frédéric Lebaron
Culture
121 L’amour de l’art. À propos de Lydie Salvayre, Marcher jusqu’au soir
Gérard Mauger
133 À propos de Jean-Paul Delahaye, Exception consolante. Un grain de pauvre dans la machine .
Gérard Mauger
Varia
145 Une vision polanyienne du capitalisme contemporain
Marie-France Garcia
161 Les conditions de l’orthodoxie
Marie Quarrey
161 Les cadres intermédiaires de la fonction publique en relais du new public management dans les politiques éducatives
Marie-Pierre Chopin, Jérémy Sinigaglia
Premier véritable révolutionnaire « professionnel », Buonarroti a été placé en « surveillance spéciale » à Grenoble. Expulsé de Genève, il s’y est installé, fin janvier 1813, avec sa compagne, Teresa Poggi. Il restera quinze mois sur les bords de l’Isère. Étrangement, ce séjour avait sombré dans l’oubli. L’exhumer, mieux : en rendre raison, tel est le but de cet ouvrage. Une enquête tout entière tournée vers le souci de ramener à la lumière les ramifications conspiratives que Buonarroti s’était employé à étendre à travers les Alpes.
Plongé dans les coulisses des conspirations républicaines du début du XIXe siècle, ce livre intéressera les lecteurs attirés par les premières manifestations du socialisme en Europe. Il invite à renouer avec une époque dominée par les sociétés secrètes et le rêve d’égalité hérité de la Révolution française.
Table des matières
Liste des principales abréviations 5
Prologue 7
Dans les limbes de l’histoire 7
Un point aveugle 11
Au-delà de la légende 14
Voyager dans les archives 17
Ie partie
Sur les traces d’un conspirateur 19
Chapitre 1
À l’ombre de Saint-André 21
La maison Ferrand 22
Un lieu sous surveillance 26
Le petit monde des musiciens 29
M. Falcon et ses livres 32
Le visage d’une rue 35
Une place libérale 39
Le premier appelé 43
Les mailles du filet 45
De bons procédés 51
Un artiste de carton-pâte 54
Des œuvres dédicatoires 57
Chapitre 2
Dans les salons de l’hôtel Belmont 61
Sous le sceau du secret 61
Les amis de la Plaine 67
Une loge napoléonienne 72
Une sociabilité philanthropique 77
La forme d’une loge 83
Une aspiration aux libertés 87
Une assemblée militante 90
Chapitre 3
À la croisée des regards 97
Un observateur discret 98
Le scénario d’une rencontre 103
La rue Bayard 108
Une jeunesse en ébullition 114
Le masque de l’ennui 117
Un montagnard aux aguets 121
Des rivalités politiques 125
Sous l’œil des étudiants 129
Le parti de la « finesse » 135
Un événement structurant 139
Un fief des idées libérales 142
IIe partie
La naissance d’une tradition 149
Chapitre 4
À l’école de la clandestinité 151
Un réseau d’opposants 152
Naissance d’une organisation 157
Aux premières heures 165
L’épreuve 171
Se remobiliser 178
La création de L’Union 182
Chapitre 5
Mano invisibile 193
Éclairer l’opinion 194
Une soudaine notoriété 198
Sur les chemins de l’Europe 203
En quête de légitimité 209
De l’ombre à la lumière 216
La nouvelle donne 221
Le bastion grenoblois 226
Un agenda politique 229
Chapitre 6
Insurrection 235
L’Union croisée 236
Le complot européen du Bazar 243
« Une épidémie conspirative » 248
L’autre complot 255
Des mains discrètes 263
Sous le boisseau 267
Épilogue
La révolte des masques 271
Le carnaval de la révolte 273
Une intrigue montagnarde 279
Le rire en bandoulière 285
Bibliographie indicative 291
Table des illustrations 299
Index des noms d’époque 301
Premier véritable révolutionnaire « professionnel », Buonarroti a été placé en « surveillance spéciale » à Grenoble. Expulsé de Genève, il s’y est installé, fin janvier 1813, avec sa compagne, Teresa Poggi. Il restera quinze mois sur les bords de l’Isère. Étrangement, ce séjour avait sombré dans l’oubli. L’exhumer, mieux : en rendre raison, tel est le but de cet ouvrage. Une enquête tout entière tournée vers le souci de ramener à la lumière les ramifications conspiratives que Buonarroti s’était employé à étendre à travers les Alpes.
Plongé dans les coulisses des conspirations républicaines du début du XIXe siècle, ce livre intéressera les lecteurs attirés par les premières manifestations du socialisme en Europe. Il invite à renouer avec une époque dominée par les sociétés secrètes et le rêve d’égalité hérité de la Révolution française.
Olivier Ihl est professeur de sociologie historique à Sciences Po Grenoble. Après plusieurs ouvrages sur les rituels politiques (dont La fête républicaine, Paris, Gallimard, 1996 ou Le mérite et la République, Paris, Gallimard, 2007), il s’est consacré à l’histoire de la représentation (Le premier portrait photographique. Paris 1837 et La barricade renversée. Histoire d’une photographie, Paris 1848, Vulaines-sur-Seine, Le Croquant).
Les banques centrales font régulièrement la une de l’actualité économique. Leurs décisions sont scrutées à la loupe par les marchés financiers et peuvent avoir des conséquences considérables sur la vie quotidienne des populations. Mais au service de qui fonctionnent-elles et quelle est la nature des politiques qu’elles promeuvent ? Ce livre montre toute l’ambiguïté d’organismes censés être au service de l’intérêt commun mais qui, en fait, mettent en œuvre des orientations qui, in fine, ne font que soutenir la finance. Quelle serait alors une politique monétaire au service d’une bifurcation écologique et sociale ? Ce livre en explore les voies et les moyens.
Ce livre sera disponible vers le 20 février 2023. Il peut être commandé dès maintenant
Le nous populaire a longtemps été confondu avec « la classe ouvrière ». Or, depuis la deuxième moitié des années 1970, de multiples mécanismes ont contribué à le dé-faire objectivement et subjectivement. Ce délitement est renforcé par de nouvelles incitations à être soi. Comment cerner les effets de ces processus sur les je dans les classes populaires d’aujourd’hui ? Quelle place ces ego accordent-ils à l’entre-soi familial ? Comment peuvent-ils se préserver au travail et en dehors du travail ? Alors que ces questions convoquent souvent des réponses abstraites en termes d’individualisation ou encore de subjectivation, les contributions réunies dans cet ouvrage livrent des analyses empiriquement étayées sur les rapports du je, de l’entre-soi et du nous dans les classes populaires au sein de la société française contemporaine, mais aussi dans des configurations antérieures aux années 1970. Ces analyses montrent que si le délitement du nous populaire favorise le repli sur la sphère privée et une plus forte exposition aux normes individualistes, les je populaires qui s’affirment aujourd’hui témoignent d’une revendication de reconnaissance indissociablement collective et personnelle.
Sommaire
Introduction
Marie-Hélène Lechien, Olivier Masclet, Gérard Mauger
Des « individus » dans l’ancienne culture ouvrière ?
Olivier Schwartz
Retour critique sur l’« attention oblique ». Une contribution à l’étude des individualités populaires
Olivier Masclet
Actualité du familialisme populaire. « Bien élever ses
enfants »
Gérard Mauger
Surveiller et servir. Rester soi-même dans une position
professionnelle subalterne
Séverine Misset
Moi, nous et les autres. Sur quelques enjeux de lutte dans
le monde des « hommes du fer »
Gérard Noiriel
Un nous contrarié ?
Henri Eckert
Travailler sur soi pour mieux vendre
Marie-Pierre Pouly
« Avoir le courage de faire des choses ». Usages du « psy » par des ménages de classes populaires stables
Anne-Marie Arborio & Marie-Hélène Lechien
Les interventions institutionnelles auprès des jeunes de milieu populaire : entre « travail de soi » et « travail des relations familiales »
Isabelle Coutant
Un « individu » à l’usage des sociologues
Gérard Mauger
Présentation des auteurs et autricesLe nous populaire a longtemps été confondu avec « la classe ouvrière ». Or, depuis la deuxième moitié des années 1970, de multiples mécanismes ont contribué à le dé-faire objectivement et subjectivement. Ce délitement est renforcé par de nouvelles incitations à être soi. Comment cerner les effets de ces processus sur les je dans les classes populaires d’aujourd’hui ? Quelle place ces ego accordent-ils à l’entre-soi familial ? Comment peuvent-ils se préserver au travail et en dehors du travail ? Alors que ces questions convoquent souvent des réponses abstraites en termes d’individualisation ou encore de subjectivation, les contributions réunies dans cet ouvrage livrent des analyses empiriquement étayées sur les rapports du je, de l’entre-soi et du nous dans les classes populaires au sein de la société française contemporaine, mais aussi dans des configurations antérieures aux années 1970. Ces analyses montrent que si le délitement du nous populaire favorise le repli sur la sphère privée et une plus forte exposition aux normes individualistes, les je populaires qui s’affirment aujourd’hui témoignent d’une revendication de reconnaissance indissociablement collective et personnelle.
Que signifie être serveuse de café dans un quartier populaire à Casablanca ? Au Maroc, la clientèle des cafés situés dans les quartiers populaires est quasi exclusivement masculine et le service à table est réservé aux hommes. L'apparition des femmes serveuses perturbe les normes longtemps admises et respectées tout à la fois au café et dans le quartier dans lequel il se trouve, ce qui impose des négociations au quotidien afin que cette présence soit acceptée.
Au-delà des vulnérabilités derrière la décision des serveuses de s'engager dans un espace d'hommes et dans une activité subalterne, informelle et sous-rémunérée, il existe des logiques, des récits et des vécus que l'autrice a recueillis par le biais d'une ethnographie longitudinale, d'une ethnographie des liens secondaires dans les cafés des quartiers populaires de Casablanca. En adoptant le point de vue des serveuses, elle décrit leurs expériences quotidiennes et ce que signifie pour elles le fait de réaliser un travail d'hommes, dans un univers d'hommes.
Cet ouvrage sera disponible à la mi-février 2023. Il peut être commandé dès maintenant
Table des matières
Préfaces
Introduction
Autour du café et des Cafés
La grande histoire du café
La fonction sociale du café
Les Cafés dans la ville de Casablanca
Femmes, espace public et métier de service
Le métier de serveur/ serveuse de table
À la découverte des Cafés des quartiers populaires
Trois Cafés
Frontières sociales et frontières symboliques
Proximité, réciprocité, coopération, défi et concurrence
La temporalité du Café
« Que fait cette femme dans le Café ? », question de genre
Les serveuses : des mobilités sociales multiples
Le changement social : de la redéfinition des liens sociaux à la création de nouvelles formes de sociabilité
La serveuse du Café : qui demande et qui s’oppose ?
De la fille qui « traîne » à la serveuse qui travaille
Les serveuses et le nouveau rapport à l’argent
Les serveuses : une catégorie sociale émergente
L’Être et le paraître des serveuses
Les serveuses : des profils, des quotidiens et des aspirations
Conclusion
Glossaire
Que signifie être serveuse de café dans un quartier populaire à Casablanca ? Au Maroc, la clientèle des cafés situés dans les quartiers populaires est quasi exclusivement masculine et le service à table est réservé aux hommes. L'apparition des femmes serveuses perturbe les normes longtemps admises et respectées tout à la fois au café et dans le quartier dans lequel il se trouve, ce qui impose des négociations au quotidien afin que cette présence soit acceptée.
Loin de consister en une description du travail des serveuses au moment de sa réalisation, cet ouvrage propose une immersion dans l'univers du café populaire pour appréhender les interactions entre les gens et entre les genres. Il vise à saisir les frontières à partir desquelles les interactions deviennent parfois évitement et la limite où « faire le service » devient le « bien faire », clé d'une relation personnalisée.
Au-delà des différentes vulnérabilités derrière la décision des serveuses de s'engager dans un espace d'hommes et dans une activité subalterne, informelle et sous-rémunérée, il existe des logiques, des récits et des vécus que l'autrice a recueillis par le biais d'une ethnographie longitudinale, d'une ethnographie des liens secondaires dans les cafés des quartiers populaires de Casablanca. En adoptant le point de vue des serveuses, elle décrit leurs expériences quotidiennes et ce que signifie pour elles le fait de réaliser un travail d'hommes, dans un univers d'hommes.
Sana Benbelli est socio-anthropologue spécialisée dans les études de genre ainsi que les études des marges et des marginalités urbaines. Elle est professeure de sociologie au département de sociologie de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Aïn-Chock, Université Hassan II de Casablanca et attachée au Laboratoire de différenciation socio-anthropologiques et des identités sociales (LADSIS)
L’Ouest étasunien vit une sécheresse sans précédent. Si la pénurie d’eau ne deviendra irrémédiable, selon les hydrologues, que vers 2050, il n’en reste pas moins que les principaux facteurs de vulnérabilité sont déjà présents : une croissance économique basée sur un secteur agro-industriel qui consomme de grandes quantités d’eau, un développement urbain avec des besoins énergétiques croissants et des effets déjà perceptibles du changement climatique. Face à cette situation, les autorités compétentes tâchent de promouvoir la mise en place d’une gestion plus « durable » de la ressource hydrique. Il n’est pas tant question de revoir le modèle économique et urbain à la source d’une consommation excédant les ressources que de trouver des arrangements permettant de poursuivre l’expansion économique et urbaine. L’enquête présentée dans ce livre décrypte, en s’appuyant sur la théorie des champs de Pierre Bourdieu, les ressorts sociologiques de la mise en œuvre de cette non-solution à la crise hydrique associant autorités publiques, opérateurs d’eau et ONG.
Cet ouvrage sera disponible à la mi-février 2023. Il peut être commandé dès maintenant. Le PDF est disponible dès maintenant
remerciements
préface : Les ruses de la raison écologique
introduction : une sociologie des politiques hydriques
Le modèle exploratoire du champ
Les protagonistes de l’eau du bassin du Colorado : une perspective relationnelle
L’intégration des enquêtes dans l’analyse du champ
chapitre 1 : de l’eau pour une nouvelle Amérique : splendeur et déclin des ingénieurs (1870-1960)
Ingénieurs fédéraux et réformateurs locaux
L’échec de l’Amérique des petits propriétaires
Face à la Grande Dépression, les mégaprojets hydriques de l’État fédéral
Le partage du Colorado : luttes et compromis entre États
Environnementalistes et fonctionnaires du budget face aux mégaprojets hydriques
chapitre 2 : une impossible gestion de l’environnement : l’emprise des promoteurs immobiliers (1960-2010)
L’enjeu de l’eau à Tucson, Arizona
L’eau et le business des terres agricoles : l’essor des petites municipalités périphériques
Promoteurs immobiliers, consultants et lobbyistes en faveur du périurbain
Attractivité urbaine et politiques de conservation
chapitre 3 : un consensus paradoxal en Arizona
La spécificité du Pima County et la diffusion des politiques de water conservation en Arizona
Architecture institutionnelle et production du consensus
Un réseau polycentré en contact permanent
Des orientations différentes
Un conservationnisme local, participatif et compatible avec la croissance économique
Savoirs et trajectoires professionnelles dans la coalition
programmatique instrumentale
chapitre 4 : un conservationnisme sous contraintes en Californie
Les protagonistes de l’eau en Californie
Une architecture institutionnelle freinant la régulation
Nouvelles et vieilles méthodes au service des opérateurs
Une mobilisation des savoirs et des populations
chapitre 5 : les instruments d’action publique comme effets de champ
Les limites du champ : des institutions aux instruments
d’action
Les prises de position sur la gestion de la sécheresse
La polarisation du champ des politiques hydriques
Des positions aux prises de position : le choix des instruments comme effet de champ
conclusion : l’écologisation paradoxale des politiques de l’eau
annexes
Liste des documents et illustrations
Liste des sigles
Index des noms
Index des notions
Présentation des auteurs
L’Ouest étasunien vit une sécheresse sans précédent. Si la pénurie d’eau ne deviendra peut-être irrémédiable, selon les prévisions des hydrologues, que vers 2050, il n’en reste pas moins que les principaux facteurs de vulnérabilité sont déjà présents : une croissance économique basée sur un secteur agro-industriel qui consomme de grandes quantités d’eau, un développement urbain avec des besoins énergétiques croissants et des effets déjà perceptibles du changement climatique. Face à cette situation, les autorités compétentes tâchent de promouvoir la mise en place d’une gestion plus « durable » de la ressource hydrique. Il n’est pas tant question de revoir le modèle économique et urbain à la source d’une consommation excédant les ressources disponibles que de trouver des arrangements contractuels et techniques permettant de poursuivre l’expansion économique et urbaine. L’enquête présentée dans ce livre décrypte, en s’appuyant sur la théorie des champs de Pierre Bourdieu, les ressorts sociologiques de la mise en œuvre de cette non-solution à la crise hydrique associant autorités publiques, opérateurs d’eau et ONG.
Comprendre une politique publique, son orientation, son style, ses instruments, implique de reconstituer la structure des relations sociales qui la fondent. Parmi les différents outils permettant de réaliser un tel pro- gramme, la sociologie des champs de Pierre Bourdieu apparaît particulièrement féconde. Ce livre illustre la portée d’une telle analyse, rarement mobilisée en matière d’action publique, en la mettant en œuvre sur des objets très différents (politiques économiques, usages politiques de l’histoire, salubrité alimentaire, gestion de l’eau, politiques de l’Union européenne, etc.). Il rassemble des contributions de chercheurs du monde entier (Argentine, Brésil, Canada, États-Unis, France, Suisse) travaillant sur ces pays et d’autres encore (Chili, Pérou, Pologne, Roumanie). Cette recherche collective renouvelle ce faisant l’analyse des politiques qui affectent la vie des populations et régulent les sociétés contemporaines.
Table des matières
Introduction
Vincent Dubois
A. les politiques sectorielles comme champs
1. Construire le champ du pouvoir scolaire :
socio-histoire et analyse structurale de deux moments critiques
Pierre Clément
2. L’espace de la politique économique au Brésil :
analyse des correspondances multiples et analyse de réseaux
Elisa Klüger
3. Le champ des politiques hydriques dans l’Ouest étasunien :
éléments d’interprétation des instruments d’ action
Joan Cortinas, Brian O’Neill & Franck Poupeau
4. La politique de sécurité comme produit du rapport de forces au sein du champ. Le cas de la Suisse au milieu des années 2010
Stephan Davidshofer, Amal Tawfik, Jonas Hagmann
5. De la théorie de l’État à la sociologie des champs de l’ action
publique en Amérique latine : la production des politiques
économiques au Pérou
Arthur Morenas
B. le champ bureaucratique et la production de l’ action
publique
6. Champ bureaucratique et sociologie de l’ action publique. De la structure de l’ administration à la production de l’ action publique
Victor Demenge et Melaine Robert
7. Le rôle de l’ autonomisation du champ bureaucratique dans le développement de l’ action publique : le cas de la politique canadienne de salubrité alimentaire entre 1874 et 1969
Caroline Dufour
8. L’ action publique comme produit de la structure professionnelle du champ bureaucratique
Victor Demenge
C. expertise et think tanks : des champs interstitiels
9. Des savoirs à la croisée des champs. Réflexions à partir du cas de l’expertise sur la radicalisation en France
Lili Soussoko
10. Sur la force des champs faibles : réflexion sur les think tanks et les champs interstitiels de l’ action publique
Thomas Medvetz
D. l’ action publique et les relations entre champs
11. L’emprise du champ journalistique sur l’ action publique nationale. Ou comment expliquer sociologiquement une décision gouvernementale « médiatique »
Jérémie Nollet
12. Les relations entre champ scientifique et champ bureaucratique en contextes « autoritaires » et « démocratiques » : la politique de l’histoire en Pologne
Valentin Behr
13. Les relations entre champs bureaucratique et entrepreneurial. Éclairages sur la contribution de l’ action publique à la délimitation des activités économiques légitimes
Antoine Roger
E. décision, mise en œuvre, circulation internationale : des processus revisités à la lumière de la sociologie des champs
14. La décision saisie par la sociologie des champs. L’exemple des grands travaux culturels présidentiels
Thomas Hélie
15. Analyser la mise en œuvre de l’ action publique européenne avec la sociologie des champs. Quelques remarques sur la politique de cohésion de l’Union Européenne
Vincent Lebrou
16. La circulation internationale et les champs de l’ action publique dans les pays périphériques : le cas latino-américain
Paul Hathazy
vi. les configurations internationales et leurs effets sur l’ action publique
17. Ce que le champ de l’Eurocratie nous dit des politiques européennes
Didier Georgakakis
18. Ce que le champ international fait aux politiques étrangères
Florent Pouponneau
conclusion
Vincent Dubois
index
auteurs
Comprendre une politique publique, son orientation, son style, ses instruments, implique de reconstituer la structure des relations sociales qui sont à son principe. Parmi les différents outils mobilisables pour réaliser un tel programme, la sociologie des champs de Pierre Bourdieu apparaît particulièrement féconde. Ce livre illustre la portée d’une telle analyse, rarement mobilisée en matière d’action publique, en la mettant en œuvre sur des objets très différents (politiques économiques, usages politiques de l’histoire, salubrité alimentaire, gestion de l’eau, politiques de l’Union européenne, etc.). Il rassemble des contributions de chercheurs du monde entier (Australie, Brésil, Canada, États-Unis, France, Suisse) travaillant sur ces pays et d’autres encore (Argentine, Pérou, Pologne). Sur cette base, cette réflexion collective propose une autre manière de voir et d’analyser les politiques qui affectent la vie des populations et régulent les sociétés contemporaines.
Avec le développement de l’internet, l’action de l’État est prise dans une toile d’échanges numériques toujours plus dense. Cette toile apparaît comme un monde libertaire, décentré, changeant et sans frontière, en contradiction par conséquent avec les logiques même de l’action publique, dont l’objectif est de disposer d'outils de contrôle, d’organisation et de coercition. L’État peut-il rendre gouvernable cet univers ? Comment a-t-il pris pied dans la toile ? Et quelles caractéristiques communes rassemblent cet ensemble disparate d’interventions liées au numérique ?
L’ouvrage propose ainsi de démêler les liens entre l’État et la toile. Le récit qui en découle constitue la première histoire du traitement public de l’internet en France. Original par son ancrage national et son ampleur historique, il adopte un point de vue inédit non pas sur l’État mais depuis l’État. Il dévoile ainsi les rouages d’une révolution numérique dans l’État, conçue comme l’importation des logiques du monde de l’internet dans le secteur public, ainsi que leur traduction constante, voire leur subversion, dans les administrations.
Table des matières
Préface
Introduction
Entre révolution numérique et contre-révolution étatique
L’ action publique au défi du numérique
Enquête en terrain clivé
Chapitre 1. Aux origines du réseau. De la politique scientifique à l’internet politique
L’invention de l’internet, entre science, économie et politique
L’âge d’or d’une « République d’informaticiens »
Du réseau de recherche au « cyberespace » : une utopie à défendre
Chapitre 2. L’État contre internet. Résistances bureaucratiques au nouveau réseau dans la France des années 1990
Prophétiser en contexte incertain
Luttes technologiques au cœur de l’État
Réformer la conduite de l’innovation
Chapitre 3. Geeks, net-enthousiastes et technologues d’État. Le réseau des « évangélisateurs » de l’internet à la fin des années 1990 L’internet comme vocation. Intérêt et intéressement pour le nouveau réseau
Des lieux et des liens. La structuration d’un espace d’engagement pour l’internet
Chapitre 4. La naissance de l’État internaute. Un moment révolutionnaire ?
Alternance politique et impératif modernisateur : les conditions du renouveau
De l’ administration électronique à la corégulation, l’internet comme support d’innovation dans l’ action publique
Du parangon de la modernité au « ministère des mauvaises nouvelles ». La fin d’une parenthèse
Chapitre 5. Les années pirates. Les politiques du droit d’ auteur face à l’internet dans la décennie 2000-2010
De Dadvsi à Hadopi : retour sur une « énigme » parlementaire
Militants numériques et politique contestataire
La bureaucratisation des politiques du droit d’ auteur
Chapitre 6. Vers un digital mainstreaming. Le devenir des causes de l’internet dans l’État
Une politique définie par ses manques
La recomposition des entreprises numériques : répétition ou réinvention ?
Conclusion. Une « révolution numérique » aux multiples visages
Des pionniers aux plateformes
Annexes
Liste des entretiens (par ordre chronologique)
Liste des encadrés
Crédits images
Depuis le développement public de l’internet jusqu’à l’emprise croissante des données, l’action de l’État est prise dans une toile d’échanges numériques toujours plus dense. Pour les institutions publiques, cette toile apparaît comme un espace de possibles à conquérir, un territoire « à civiliser », un monde présenté comme un opposé : libertaire, décentré, changeant et sans frontière, les caractéristiques de l’internet paraissent en contradiction avec les logiques même de l’action publique, dont l’objectif est de définir de manière durable et centralisée des outils de contrôle, d’organisation et de coercition. L’État peut-il rendre gouvernable cet univers complexe et emmêlé ? Comment a-t-il pris pied dans la toile ? Et quelles caractéristiques communes rassemblent cet ensemble disparate d’interventions liées au numérique ?
L’ouvrage propose ainsi de démêler les liens entre l’État et la toile, des liens progressivement tissés, parfois défaits puis consolidés au grès des développement de l’internet et de la numérisation progressive des activités. Le récit qui en découle constitue la première histoire du traitement public de l’internet en France. Original par son ancrage national et son ampleur historique, il adopte un point de vue inédit non pas sur l’État mais depuis l’État, attentif aux rapports de forces qui le traversent et aux propriétés de celles et ceux qui l’incarnent. Il dévoile ainsi les rouages d’une révolution numérique dans l’État, conçue comme l’importation des logiques du monde de l’internet dans le secteur public, ainsi que leur traduction constante, voire leur subversion, dans les administrations.
Emmanuel Macron affiche une grande fermeté sur la nécessité de faire une réforme des retraites. Peu lui importe si la justification qu’il en donne aujourd’hui contredit la précédent. Il voulait alors une réforme (prétendument) au nom de l’équité, avec un régime par points. Il veut aujourd’hui ce qu’il refusait fermement, à savoir une réforme paramétrique : reculer l’âge de départ pour faire des économies.
Dans la première partie de cet ouvrage, on réfute la présentation d’un financement des retraites menacé, en montrant l’injustice et le coût humain d’un recul de l’âge de départ ou d’un allongement de la durée de cotisation. Refuser ce projet ne signifie pas pour autant se satisfaire de la dégradation continue des retraites sous l’effet des réformes passées : décrochage du niveau de vie des retraité·es, inégalités entre catégories sociales, et entre femmes et hommes : c’est l’objet de la deuxième partie. Enfin, la dernière partie aborde les pistes possibles pour améliorer le système, et souligne l’importance de réfléchir sur les retraites en lien avec l’emploi, les conditions de travail et plus globalement le projet de société.
Publié en partenariat avec la fondation Copernic
Sommaire
9 Introduction
11 1. Réfutation du discours du gouvernement
Que dit vraiment le rapport du COR : le système de retraites n’est pas en danger
14 Les caisses de retraites doivent financer les retraites
16 La retraite à 64 ou 65 ans serait une régression pour de nombreuses personnes et une injustice
17 Le recul de l’âge de départ signifie une prolongation de la période de précarité
18 Dégradation de la qualité de vie
19 Inégalités d’espérance de vie et de revenus
19 L’allongement de la durée de cotisation pénalise les carrières courtes
22 Des gains d’espérance de vie revus à la baisse ; une espérance de vie en retraite également en baisse
23 Travailler plus : focalisation sur l’emploi des séniors
25 Travailler plus : oubli de l’emploi des femmes
28 La comparaison avec les autres pays ne peut pas se faire seulement sur l’âge de départ
29 Un minimum de pension à 85 % du SMIC ? une promesse ancienne jamais tenue
31 2. Refuser la « réforme » actuellement prévue ne signifie pas que le système de retraites est aujourd’hui satisfaisant.
Une situation moins mauvaise qu’ailleurs mais très insuffisante
32 La décision politique de plafonner les dépenses de retraite est responsable de cette dégradation
32 Dégradation des taux de remplacement, des pensions et des niveaux de vie
36 Les inégalités entre les femmes et les hommes, importantes, ne se réduisent que trop lentement
40 Des dispositifs de solidarité indispensables, mais qui distribuent beaucoup plus aux plus aisés
43 3. Améliorer le système et garantir l’avenir de retraites suffisantes
44 Partager plus équitablement la richesse produite
45 Réduire le temps de travail plutôt que l’augmenter
46 Poser la question du sens du travail
47 Lever les obstacles à l’emploi des femmes
48 Augmenter les salaires et le taux de cotisation, supprimer les allégements de cotisations
49 Revenir à des durées de carrière réalisables et à un calcul satisfaisant de la pension
50 Augmenter le minimum de pension
50 Supprimer la décote
51 Refonder les majorations pour enfants pour les rendre forfaitaires et unifiées
53 En conclusion, améliorer les ressources du système de retraite, c’est possible
55 Annexe 1. Retraites : répartition et capitalisation
56 Régime par annuités, par points ou en comptes notionnels
58 La logique de contributivité s’oppose à la logique de solidarité
58 Écarts de pension entre les femmes et les hommes
59 Comptes notionnels, pure contributivité
61 Annexe 2. Taux plein, décote, âge dit du taux plein
63 Annexe 3. Christiane Marty, « Les femmes, premières pénalisées de la nouvelle réforme des retraites », Travail, Genre et société, n°44, novembre 2020
Emmanuel Macron affiche une grande fermeté sur la nécessité de faire une réforme des retraites. Peu lui importe si la justification qu’il en donne aujourd’hui contredit celle de son précédent mandat. Il voulait alors une réforme (prétendument) au nom de l’équité, avec un régime par points. Il veut aujourd’hui ce qu’il refusait fermement, à savoir une réforme paramétrique : reculer l’âge de départ pour faire des économies.
Dans la première partie de cet ouvrage, on réfute la présentation d’un financement des retraites menacé, en montrant l’injustice et le coût humain d’un recul de l’âge de départ ou d’un allongement de la durée de cotisation. Refuser ce projet ne signifie pas pour autant se satisfaire de la dégradation continue des retraites sous l’effet des réformes passées : décrochage du niveau de vie des retraité·es, fortes inégalités entre catégories sociales, et entre femmes et hommes : c’est l’objet de la deuxième partie. Enfin, la dernière partie aborde les pistes possibles pour améliorer le système, et souligne l’importance de réfléchir à la question des retraites en lien avec l’emploi, les conditions de travail et plus globalement le projet de société.
Christiane Marty est ingénieure, membre du Conseil scientifique d’Attac et de la Fondation Copernic. Elle a notamment co-écrit
Retraites, l’alternative cachée, Syllepse, 2013.
Des études du commerce des aviations de chasse, les expéditions d’observation des passages de la planète Vénus au 18e siècle, ou la formation du jeune Bourdieu. Un dossier, coordonné par Jérôme Lamy et Sébastien Plutniak, fait le point sur les relations entre la science et l’anarchie. La rédaction poursuit également son travail d’exploration des archives en dépoussiérant un texte du philosophe belge Léo Apostel, particulièrement dense et publié en 1977. Un autre texte important de Jacques Bouveresse paru en 1985 interroge les fondements de l’intelligence artificielle. Un entretien avec l’historien Christophe Charle, au titre volontiers provocateur (« Les débats épistémologiques en histoire, c’est toujours un peu du théâtre »), met en lumière les séquences et progrès d’une longue et fructueuse carrière. Des notes critiques complètent le sommaire, qu’introduit un éditorial invité d’Arnaud Fossier sur les conditions de production de la vérité en histoire.
Depuis le début des années 2000, les flux migratoires qui traversent le Sahara central focalisent l'attention des médias et des pouvoirs publics, tant en Afrique qu'en Europe. En dépit des obstacles qui entravent la circulation dans cette région, reflets des dysfonctionnements de l'État nigérien et du durcissement des politiques migratoires des États maghrébins, des migrants originaires de toute une partie du continent se rendent via le Niger en Afrique du Nord, d'où la plupart reviennent après quelques mois ou quelques années. Ces migrations entre les deux rives du Sahara constituent le principal facteur de dynamisme et de transformation de la région d'Agadez, dans le nord du Niger, et tendent plus largement à redéfinir une nouvelle géographie saharienne en mettant en contact des lieux et des acteurs de façon inédite. En analysant ces mouvements migratoires tant du point de vue de leur organisation propre, des logiques et des structures qui les sous-tendent, que de leurs incidences sur les sociétés et les espaces traversés, le présent ouvrage déconstruit nombre des discours médiatiques et politiques qui entretiennent la peur d'un péril migratoire illusoire
Depuis le début des années 2000, les flux migratoires qui traversent le Sahara central focalisent l'attention des médias et des pouvoirs publics, tant en Afrique qu'en Europe. En dépit des obstacles qui entravent la circulation dans cette région, reflets des dysfonctionnements de l'État nigérien et du durcissement des politiques migratoires des États maghrébins, des migrants originaires de toute une partie du continent se rendent via le Niger en Afrique du Nord, d'où la plupart reviennent après quelques mois ou quelques années. Ces migrations entre les deux rives du Sahara constituent le principal facteur de dynamisme et de transformation de la région d'Agadez, dans le nord du Niger, et tendent plus largement à redéfinir une nouvelle géographie saharienne en mettant en contact des lieux et des acteurs de façon inédite. En analysant ces mouvements migratoires tant du point de vue de leur organisation propre, des logiques et des structures qui les sous-tendent, que de leurs incidences sur les sociétés et les espaces traversés, le présent ouvrage déconstruit nombre des discours médiatiques et politiques qui entretiennent la peur d'un péril migratoire illusoire, en montrant que la grande majorité des migrants qui traversent aujourd'hui le Sahara ne sont pas des individus fuyants des situations de misère extrême ou de conflit, et n'ont pas pour objectif de se rendre en Europe. Dans un contexte global de crispation identitaire et de durcissement des politiques migratoires, l'analyse des effets et des enjeux du contrôle croissant de ces circulations dans les espaces de transit soulève en définitive la question du droit à la mobilité, tant au niveau local qu'à l'échelle internationale.
Julien Brachet est chercheur à l'Institut de recherche pour le développement, membre de l'UMR 201 Développement & Sociétés (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - IRD). Il travaille depuis plusieurs années sur les mouvements migratoires, les trafics marchands et les réseaux de transport au Sahara central. Ses recherches portent actuellement sur les recompositions des espaces sahélo-sahariens et les stratégies d'adaptation des populations à un contexte de durcissement généralisé des politiques de contrÙle et de gestion des circulations internationales.