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Le débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942 (opération Torch), qui réussit grâce à la neutralisation des forces de Vichy par l’action de la Résistance française en Afrique du Nord, représente un tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale, avec la bataille de Guadalcanal dans le Pacifique et celle de Stalingrad. Près de quatre-vingts ans après, il paraît important de revenir sur cet événement qui reste peu étudié en France.
Le but de cet ouvrages est d’éclairer le déroulement des événements autour du débarquement allié du 8 novembre 1942, afin de mieux en comprendre les développements historiques et politiques ainsi que les représentations socio-culturelles et artistiques du moment.
C’est ainsi que des chercheurs français, anglais, américains et algériens se sont retrouvés aux Invalides à Paris autour de cet événement majeur de la Seconde Guerre mondiale.
Le débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942 (opération Torch), qui réussit grâce à la neutralisation des forces de Vichy par l’action de la Résistance française en Afrique du Nord, représente un tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale, avec la bataille de Guadalcanal dans le Pacifique et celle de Stalingrad. Près de quatre-vingts ans après, il paraît important de revenir sur cet événement qui reste peu étudié en France. Le débarquement se déroule sur un territoire qui est alors français : l’Algérie est constituée de départements, le Maroc et la Tunisie sont des protectorats. Comme la France métropolitaine, l’Afrique du Nord est prise en tenaille entre collaboration et vichysme d’un côté, et Résistance de l’autre. Des singularités marquent les modes et les formes de résistance en Afrique du Nord, entre autres la diversité politique des acteurs du débarquement du 8 novembre 1942. Si la Résistance et la collaboration ont leurs formes propres sous les colonies, les mémoires sont aussi différentes. Le contexte est essentiel pour les orientations que prendra plus tard le mouvement national algérien.
Le but de ces contributions est d’éclairer le déroulement des événe- ments autour du débarquement allié du 8 novembre 1942, afin de mieux en comprendre les développements historiques et politiques ainsi que les représentations socio-culturelles et artistiques du moment.
C’est ainsi que des chercheurs français, anglais, américains et algériens se sont retrouvés aux Invalides à Paris autour de cet événement majeur de la Seconde Guerre mondiale.
Sous la direction de :
Nicole Cohen-Addad : réalisatrice d’archives orales, présidente de l’association Les Compagnons du 8 Novembre 1942 - Actes de Résistance - Mémoire et Recherche
Aïssa Kadri : professeur émérite des universités à l’université Paris 8, associé au CNAM - Centre National des Arts et Métiers
Tramor Quemeneur : docteur en histoire, enseignant au département Méditerranée-Maghreb-Europe, Université Paris 8
Un beau dimanche de l’été algérois...
Ce matin-là, quelque quinze mille participants se rassemblent au Stade municipal, à Belcourt, où le Congrès musulman algérien, formé deux mois plus tôt, rend compte de ses entretiens avec le gouvernement de Front populaire.
Messali Hadj, venu par surprise de Paris où il dirige l’Étoile nord-africaine, dénonce la perspective de « rattachement à la France » prônée par le Congrès et reçoit un triomphe lorsqu’il proclame : « Cette terre n’est pas à vendre ! ».
Au même moment, dans la Basse Casbah, le muphti d’Alger est poignardé en pleine rue, crime dont l’administration s’empresse d’imputer l’initiative au cheikh El-Okbi, figure algéroise du réformisme musulman
Le meeting. Le discours. Le meurtre. Nourrie de nombre d’archives et témoignages inédits, cette enquête restitue au plus près le déroulement, d’un bout à l’autre de la ville, de cette matinée décisive.
Un beau dimanche de l’été algérois...
Ce matin-là, quelque quinze mille participants se rassemblent au Stade municipal, à Belcourt, où le Congrès musulman algérien, formé deux mois plus tôt, rend compte de ses entretiens avec le gouvernement de Front populaire.
Messali Hadj, venu par surprise de Paris où il dirige l’Étoile nord-africaine, dénonce la perspective de « rattachement à la France » prônée par le Congrès et reçoit un triomphe lorsqu’il proclame : « Cette terre n’est pas à vendre ! ».
Au même moment, dans la Basse Casbah, le muphti d’Alger est poignardé en pleine rue, crime dont l’administration s’empresse d’imputer l’initiative au cheikh El-Okbi, figure algéroise du réformisme musulman
Le meeting. Le discours. Le meurtre. Nourrie de nombre d’archives et témoignages inédits, cette enquête restitue au plus près le déroulement, d’un bout à l’autre de la ville, de cette matinée décisive. A l’encontre de bien des relectures biaisées, elle en étudie les suites pour les diverses forces politiques algériennes et l’essor ultérieur du combat indépendantiste.
Reprenant les pièces du procès El-Okbi et le compte-rendu quotidien qu’en fit le jeune Albert Camus dans Alger républicain, elle remet au jour ce qu’étaient déjà les pratiques coloniales de la provocation et de la torture, et réunit des éléments neufs qui pourraient lever le mystère du dossier criminel.
Dès ce 2 août 1936, l’appel à une « Constituante élue au suffrage universel sans distinction de race et de religion ! » liait dans une même exigence de souveraineté, l’affirmation d’une nation et l’exigence de la démocratie. Mais n’est-ce pas à cette « seconde indépendance » d’où, après plus d’un demi-siècle d’autoritarisme, naîtrait une société fraternelle, pluraliste, unie dans sa diversité, qu’aspire le peuple algérien depuis que, fort de toute sa jeunesse, il tente de se ressaisir de son destin ?
L’expression « mépris de classe » circule de plus en plus dans l’espace public pour désigner la disqualification symbolique que subissent des dominés – « sans-dents », « salariées illettrées », « fainéants », « syndicalistes voyous » – parfois même réduits au néant : « rien »... Au-delà de la dénonciation éthique des dominants dans le cadre des luttes politiques, que peut en dire la sociologie ?
Cet ouvrage met en évidence l’ampleur et la variété des formes d’expression contemporaines du mépris de classe, en fonction des contextes et moments considérés. Il livre différentes clés de compréhension des façons multiples d’exercer le mépris de classe, de le ressentir et d’y faire face.
Avec des contributions d’Amélie Beaumont, Hugo Bret, Éric Darras, Claude Grignon, Philippe Longchamp, Gérard Mauger, Gérard Noiriel, Romain Pudal, Frédéric Rasera, Nicolas Renahy, Pierre-Emmanuel Sorignet et Nicolas Spire.
Table des matières
Introduction, Nicolas Renahy et Pierre-Emmanuel Sorignet........................... 5
De la cumulativité des sciences sociales......................................................... 7
Une catégorie heuristique......................................................................... 11
Exercer, ressentir et faire face au mépris de classe.............................. 14
Partie 1. Sociologiser une catégorie morale
Chapitre 1. Le mépris de classe : pratiques et représentations, Claude Grignon 21
Mépris de classe et hiérarchie sociale........................................................... 21
Le mépris dans les relations............................................................................. 27
Le mépris dans les représentations............................................................... 32
Chapitre 2. « Mépris et dignité : un couple infernal ». Entretien avec Gérard Noiriel, Nicolas Renahy et Pierre-Emmanuel Sorignet 37
Partie 2. Des représentations en actes
Chapitre 3. Le mépris de classe dans le monde du travail. Retour du refoulé ou impossible dissimulation, Nicolas Spire 55
Une brutalité superflue ?.................................................................................. 60
Modes d’expression du mépris de classe dans le monde du travail....... 67
Des hauts fonctionnaires parisiens......................................................... 68
Un contresens opportun........................................................................... 69
Violence des interactions et connivence de classe............................. 70
Pourquoi ce mépris ? ........................................................................................ 71
Le mépris, entre erreur et fantasme : un fruit de l’imagination ?..... 72
Le mépris de classe comme affection du corps.................................... 76
Le mépris de classe, réaction à un risque de diminution de la puissance d’ agir 78
Conclusion 79
Chapitre 4. Racialisation des rapports sociaux et mépris de classe, Pierre-Emmanuel Sorignet 81
Mise en concurrence et conflits entre ouvrières. Les « anciennes » contre les « jeunes » ? 86
Les Jeunes au travail................................................................................... 89
Racialisation du conflit et mépris de classe................................................. 93
La dévaluation de la figure ouvrière....................................................... 93
L’insulte raciste............................................................................................ 98
La racialisation des rapports sociaux par la direction..................... 100
Un mépris de classe qui s’ignore.................................................................. 102
Chapitre 5. Le « problème des Blacks ». Sur le « racisme » dans le football professionnel, Frédéric Rasera 105
Les « Blacks » : une catégorie indigène ...................................................... 108
La défense d’un ethos professionnel .......................................................... 114
Trouver un joueur pour « encadrer les Blacks »....................................... 120
Conclusion 125
Chapitre 6. Le candidat ouvrier, les journalistes et les savants. Sur le « racisme de classe », Éric Darras 127
Habilitations et auto-habilitation d’une candidature ouvrière............ 130
Trois degrés de stigmatisation ..................................................................... 136
L’expression minuscule mais décisive d’une solidarité de classe.. 140
Face à l’ouvriérisme et à l’ironie............................................................ 142
Le retournement du stigmate....................................................................... 144
Conclusion 147
Partie 3. Interactions et rapports de force
Chapitre 7. Un ouvrier qui s’expose, Nicolas Renahy..................................... 153
Une angoisse originelle.................................................................................. 155
Un charisme populaire................................................................................... 161
« Se libérer », s’exposer................................................................................... 163
Se préserver....................................................................................................... 169
Tarir une « soif du travail »..................................................................... 169
« Descendre de l’échelle » et « voyager gratos »................................. 171
Un quant-à-soi désarmé face au mépris de classe................................... 175
Conclusion 178
Tableau : Résumé de la trajectoire de Sébastien et séquences de notre relation 180
Chapitre 8. Résister au mépris de classe. Protections collectives et contestations discrètes des employés du luxe, Amélie Beaumont 183
Les expressions du mépris comme conséquence de l’organisation de l’hôtel 185
Les rapports sociaux de service dans l’hôtellerie de luxe................ 186
Signifier quotidiennement la hiérarchie ou les formes routinisées du mépris de classe 188
Au-delà du mépris routinisé : quand la prestation ne correspond pas aux attentes des clients 192
Les résistances discrètes des employés...................................................... 196
Rationaliser et minimiser les atteintes à sa dignité.......................... 197
Externaliser son mécontentement aux collègues et revaloriser son rôle 200
Dénier aux clients un service illimité................................................... 203
Surjouer le service pour former les clients à la politesse et prévenir le mépris de classe 205
Conclusion........................................................................................................ 207
Chapitre 9. Expressions du mépris de classe. Les infirmières scolaires et leurs publics, Philippe Longchamp 211
Une position spécifique au sein de la profession infirmière.................. 213
Le rapport à la santé des infirmières scolaires.......................................... 215
Face aux classes populaires........................................................................... 218
Face aux fractions économiques des classes supérieures...................... 225
Conclusion 230
Chapitre 10. Produire et éprouver le mépris de classe. Les ouvriers de la propreté urbaine, Hugo Bret 233
Travailler dans les quartiers populaires : se proteger du « haut », se démarquer du « bas » 237
L’effet protecteur de l’entre-soi............................................................. 237
« Ici, c’est des sauvages ! » : la stigmatisation ordinaire des habitants des « cités » 240
Travailler dans les quartiers bourgeois : s’y faire une place et s’y plaire, malgré tout 245
Se faire une place dans les beaux quartiers........................................ 245
« Le monsieur balaye parce qu’il n’est pas directeur comme papa » : l’épreuve de la distance sociale 249
Maintenir les distances........................................................................... 252
Conclusion 256
Chapitre 11. Le mépris de classe dans la vie quotidienne des pompiers, Romain Pudal 261
Le mépris de classe en contexte professionnel......................................... 265
Un uniforme qui uniformise.................................................................. 265
Le monde des « code-barres »............................................................... 267
Un entre-soi de dominés......................................................................... 269
Les « Cassoc’ », figure repoussoir.......................................................... 274
Lutte des classes, lutte de valeurs ................................................................ 276
Un ordre genré.......................................................................................... 277
Le racisme ordinaire et ses interprétations........................................ 280
Être « l’intello de service »....................................................................... 283
Conclusion 285
Postface. Sociogenèse, modalités et effets du « mépris de classe », Gérard Mauger 289
Le champ lexical du mépris de classe......................................................... 290
Mépris de classe et domination............................................................ 290
Mépris de classe et « violence symbolique »....................................... 291
Mépris de classe, racisme de classe et racisme.................................. 292
Sociogenèse du mépris de classe................................................................. 293
Hiérarchies, distance sociale et mépris de classe.............................. 293
Un mépris de classe « de bas en haut » ?............................................. 295
Modalités du mépris de classe...................................................................... 296
Effets du mépris de classe.............................................................................. 298
Conclusion 300
L’expression « mépris de classe » circule de plus en plus dans l’espace public pour désigner la disqualification symbolique que subissent des dominés – « sans-dents », « salariées illettrées », « fainéants », « syndicalistes voyous » – parfois même réduits au néant : « rien »... Au-delà de la dénonciation éthique des dominants dans le cadre des luttes politiques, que peut en dire la sociologie ? À distance du moralisme et sur la base d’enquêtes minutieuses, cet ouvrage évalue le caractère heuristique d’une telle catégorie d’analyse.
Le mépris appartient aux rapports sociaux propres à une société hiérarchisée et se manifeste de manières très diverses. En ce sens, il apparaît comme un révélateur de l’état de la structure sociale et des relations qu’y entretiennent les différentes composantes. Le mépris des uns ne remplit pas les mêmes fonctions que le mépris des autres : il ne peut être abstrait des relations de domination, qui le provoquent et lui donnent sens. Il renvoie à la verticalité du monde social : c’est lorsqu’un dominant se sent en danger qu’il rompt, par le mépris de classe, avec l’euphémisation usuelle de l’ordre des choses. Et son expression suscite, en retour, honte, rejet, violence ou quant-à-soi.
Cet ouvrage met en évidence l’ampleur et la variété de ses formes d’expression contemporaines, en fonction des contextes et moments considérés. Il livre différentes clés de compréhension des façons multiples d’exercer le mépris de classe, de le ressentir et d’y faire face.
Avec des contributions d’Amélie Beaumont, Hugo Bret, Éric Darras, Claude Grignon, Philippe Longchamp, Gérard Mauger, Gérard Noiriel, Romain Pudal, Frédéric Rasera, Nicolas Renahy, Pierre-Emmanuel Sorignet et Nicolas Spire.
Nicolas Renahy et Pierre-Emmanuel Sorignet sont sociologues, le premier à l’INRAE (CESAER, Dijon), le second à l’Institut des sciences sociales (LACCUS, Lausanne).
Avec la crise du Covid-19, une grande partie des travailleurs indépendants ou faussement indépendants se sont retrouvés sans ressources avec l’arrêt de leur activité. Les diverses mesures prises par le gouvernement ont été assez peu efficaces pour les salariés en emplois précaires. Les intérimaires, par exemple, du fait de la nature même de leur contrat de travail, n’ont pu bénéficier du chômage partiel et ont vu s’effondrer le nombre de leurs missions.
La gestion de la crise sanitaire rend ainsi davantage visibles les différents rapports conflictuels à l’employeur. Elle confirme que la protection des travailleurs est inégale selon les différentes formes d’institutions dans lequel le travail s’inscrit. Elle réactive, en interrogeant le caractère essentiel de certains métiers, les tensions sur la définition de ce qui est travail et donc de ce qui produit de la valeur économique et à quelle hauteur. Elle invite à réfléchir à une maîtrise collective des questions de travail.
Table des matières
Dossier
Quel effacement de l’employeur ?, Jean-Luc Deshayes
L’institution de l’entreprise, Claude Didry
« Longwy vous accueille, JVC nous jette ». Employeur territorial et firmes multinationales dans le bassin de Longwy des années 1980-2000
Jean-Luc Deshayes
La contestation sociale face à l’employeur, invisible derrière l’App. Le cas des plateformes de coursier·es., Anne Dufresne
Qui est l’employeur dans le dispositif de Réussite éducative ? Olivier Leproux
Quelle place pour l’employeur dans le cadre d’un droit à l’emploi ? Réflexion sur l’effacement de l’employeur dans l’expérimentation « Territoire zéro chômeur de longue durée », Mathieu Béraud Jean-Pascal Higelé
Employer des intérimaires en CDI : entre nouvelles obligations et possibilités d’accroître la subordination, Claire Vivès
Les groupements d’employeurs d’insertion et de qualification. Une intermédiation entre jugement d’employabilité et reconnaissance de qualifications territorialement définies, Maël Dif-Pradalier
L’évolution de la loi et de la jurisprudence sur les licenciements pour cause économique. Vers une dilution de la responsabilité des groupes internationaux, Pascal Depoorter
Paroles
Itinéraire d’un trader « Il y a aussi l’adrénaline : ce côté-là est hyper plaisant parce qu’on n’a jamais de routine », Léa Sys
Grand entretien avec Bernard Cassen
« Un homme-orchestre engagé dans le débat d’idées », Antony Burlaud
Idées
Moralisation de la Science et autonomie de la recherche, Yves Gingras
Citations et références. Pour une sociologie des habitus académiques, Louis Pinto
Avec la crise du Covid-19, une grande partie des travailleurs indépendants ou faussement indépendants, mais dépendant du marché des biens et services pour valoriser leur travail, se sont retrouvés sans ressources avec l’arrêt de leur activité. Les droits salariaux assis sur le poste de travail ont pu, pour leur part, protéger les travailleurs. Mais ils ont aussi montré leurs limites. Durant le confinement, le maintien du lien à l’emploi grâce aux mesures de « chômage partiel » a permis de maintenir les salaires à hauteur de 84 % et les droits liés à l’emploi. Les chômeurs ayant acquis des droits ont vu ceux-ci prolongés, dans des conditions qui, du fait des réformes mises en œuvre depuis les années 1980, sont cependant de plus en plus excluantes. Les salariés à statut (dans la fonction publique et ce qui reste des anciennes entreprises publiques) ont bénéficié pour leur part du fait que leur qualification est liée à leur personne : leurs ressources ne dépendent pour l’essentiel ni de leur capacité à vendre le produit de leur travail, ni de la mesure de leur travail, ni encore de la tenue d’un poste.
En revanche, les diverses mesures prises par le gouvernement ont été assez peu efficaces pour les salariés en emplois précaires. Les intérimaires, par exemple, du fait de la nature même de leur contrat de travail, n’ont pu bénéficier du chômage partiel et ont vu s’effondrer le nombre de leurs missions.
La gestion de la crise sanitaire rend ainsi davantage visibles les différents rapports conflictuels à l’employeur. Elle confirme que la protection des travailleurs est inégale selon les différentes formes d’institutions dans lequel le travail s’inscrit. Elle réactive, en interrogeant le caractère essentiel de certains métiers, les tensions sur la définition de ce qui est travail et donc de ce qui produit de la valeur économique et à quelle hauteur. Elle invite à réfléchir à une maîtrise collective des questions de travail.
Comment les étudiants sont-ils devenus un groupe social, organisé et reconnu comme tel ?
En France comme en Allemagne, ce livre révèle le rôle décisif des organisations étudiantes dans ce processus. Instances de représentation et de socialisation, elles ont contribué à faire des étudiants un groupe aux caractéristiques communes.
En articulant rapport à l’État et sociabilité associative, formes de socialisation et manifestations politiques, négociations avec les pouvoirs publics et catégorisation ou encore alliances nationales et conflits locaux, l’auteur retrace la formation des étudiants comme groupe entre 1880 et 1914 et les origines des formes actuelles de leur organisation.
Antonin Dubois est docteur en histoire de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et de l’Université de Heidelberg. Ses recherches portent sur l’histoire contemporaine des étudiants et des universités en France, en Allemagne et plus largement en Europe.
Table des matières
Introduction
Du statut bureaucratique au groupe social
L’espace des organisations étudiantes
Sur les traces du groupe
Genèse, socialisation et politisation
Partie I. Espace des organisations et groupe social : genèses croisées
Chapitre 1. Genèses de l’espace des organisations étudiantes en Allemagne et en France
1. Quand les organisations étudiantes étaient un danger pour l’État
2. La fabrique impériale de l’espace allemand des organisations étudiantes
3. La naissance républicaine de l’associationnisme étudiant français
Conclusion
Chapitre 2. La catégorisation bureaucratique du groupe
1. Définitions savantes et identification bureaucratique
2. Mettre les étudiants en chiffres
3. L’occultation des origines sociales
Conclusion
Chapitre 3. L’affirmation du groupe : conflits de représentation
1. Deux modèles de représentation des étudiants
2. Concurrences pour la représentation du groupe et restructuration de l’espace
3. Concurrences et représentation : une nouvelle articulation du local et du national
Conclusion
Partie II. Des organisations socialisatrices
Chapitre 4. Socialisation et insertion dans les structures de pouvoir
1. S’engager dans l’organisation, s’engager pour l’organisation
2. S’engager à vie. Les anciens des corporations allemandes
3. Tisser des liens pour s’implanter. Les associations françaises et leurs membres honoraires
Conclusion
Chapitre 5. Des mobilisations socialisatrices
1. Le politique, l’État, la nation
2. Encombrement et discrimination : la « question des étrangers
3. Des hommes au service de la nation
Conclusion
Partie III. La formation d’un espace politique étudiant
Chapitre 6. La mobilisation politique des étudiants
1. Un nouvel étudiant politisé ?
2. Créer des frontières pour mieux les transgresser ? Anticatholicisme, antisocialisme et Parteipolitik 290
3. Étudiants et Camelots en République
Conclusion
Chapitre 7. De nouvelles mobilisations pour de nouvelles revendications
1. Un nouvel investissement des étudiants allemands dans l’université et la société
2. Mouvement corporatif et lutte politique en France
Conclusion
Conclusion
La cohésion d’un ensemble composite
Permanences et dissolutions du groupe social étudiant
Remerciements
Comment les étudiants sont-ils devenus un groupe social, organisé et reconnu comme tel ?
L’analyse socio-historique et comparée de la France et de l’Allemagne développée dans ce livre révèle le rôle décisif des organisations étudiantes dans ce processus. Par leur double rôle de représentation et de socialisation, elles ont contribué à faire des étudiants autre chose qu’une collection d’individus : les membres d’un groupe aux caractéristiques, revendications, besoins et intérêts communs.
En articulant rapport à l’État et sociabilité associative, formes de socialisation et manifestations politiques, négociations avec les pouvoirs publics et catégorisation bureaucratique ou encore création d’alliances nationales et conflits locaux, l’auteur retrace à la fois la formation des étudiants comme groupe entre 1880 et 1914 et les origines des formes actuelles de leur organisation, de leur action et de leur représentation collectives. Il éclaire ce faisant l’importance du travail de mobilisation dans la formation et la reproduction d’un groupe social.
Antonin Dubois est docteur en histoire de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et de l’Université de Heidelberg. Ses recherches portent sur l’histoire contemporaine des étudiants et des universités en France, en Allemagne et plus largement en Europe.
Cet ouvrage porte notamment sur deux aspects et deux moments de la lutte des nationalistes algériens pour l’indépendance de leur pays. L’un, longtemps ignoré, se rapporte à la crise dite « berbériste » de 1949, au sein du Parti du Peuple Algérien (PPA), suscitée par la définition même de la nation algérienne. L’autre, connu mais sous- analysé, sinon mal compris, à la montée en puissance de la Wilaya 3 et de son chef, Belkacem Krim, au sein du FLN et de l’ALN, pendant la guerre d’indépendance. L’étude n’oublie pas pour autant la période intermédiaire (1950- 1954), carrément négligée jusqu’ici et qui en conditionne pourtant la préparation, avec ses conséquences à l’échelle de la nation tout entière. Avec une préface d’Omar Carlier et une postface de Mohammed Harbi ce livre ouvre de nouveaux débats. Il constitue une contribution originale à l’histoire politique de l’Algérie, notamment par l’attention portée aux questions régionales dans l’ensemble algérien.
Table des matières
Sigles et abréviations
Préface
Introduction
L’historien et ses témoins : une relation particulière
Des lettrés au discours maîtrisé
Des précautions brident la parole…
…La confiance la libère
Première partie : La crise de 1949
Chapitre I : La crise entre discours et histoire
Manipulation de l’histoire et discours politiques
De Hamdani à Kaddache : la prédominance du discours
De Harbi à Carlier : de nouveaux outils et un nouveau regard sur la crise
Du bon usage des archives coloniales
Scission « berbériste » ou crise politique ?
Ses acteurs : « des nationalistes convaincus »
Chapitre II : Sociologie des acteurs : les « intellectuels militants » du « groupe de Ben-Aknoun »
Leur origine sociale et régionale
Le contexte de l’émergence de ces militants
Leur propulsion dans la scène politique
Leurs lectures : de Salluste à Renan, de Boulifa à Tawfiq al-madani
Les chants nationalistes kabyles entre indépendance nationale et exaltation de l’amazigh
Chapitre III : Le discours militant : manipulation et réappropriation du discours colonial
Le « berbérisme » : idéologie de division ou stratégie de manipulation ?
Les berbéristes coloniaux : arabophobie, discours contre l’islam, valorisation de « soi »
Les ‘Ulama et le berbérisme
Chapitre IV : Les prémices de la crise
Tentatives de réunification des deux Kabylie : appréhension du « syndrome kabyle » ?
La réunion d’Arous de juillet 1948 : un moment fondateur
Divergences des chefs kabyles avec leur direction
Arrestations de chefs de la Kabylie: hasard ou dénonciation ?
Mésentente et luttes politiques au sein de la Fédération de France du MTLD
Chapitre V : Une crise multidimensionnelle
Une crise longue et étendue
Mobilisation et propagande des acteurs
Chapitre VI : Comment la crise de 1949 devient la crise « berbériste » : manipulation et violence
Lutte pour le contrôle du parti et naissance d’un discours anti-berbériste (de mars à juin 1949)
La crise de 1949 en Algérie
La violence, comme mode de gestion de la crise (juillet à mars 1950)
L'Algérie libre vivra, une contribution à l'élucidation de la nation algérienne
Chapitre VII : Rupture et continuité dans la contestation jusqu’en 1951
En Algérie : alignement, défection et transfert de militants
En France : redéploiement des militants dans trois directions
Conclusion
Chapitre VIII : La crise, de 1949 au « printemps berbère » de 1980 : instrumentalisations politiques et quête de vérité
La crise de 1949 racontée par les « vainqueurs » : condamnation et politisation de la mémoire
La crise et les militants berbéristes après 1962 : « une défaite fondatrice »
La version des victimes : une mémoire discrète
Conclusion
Deuxième partie : Des usages de la référence « kabyle » dans la guerre d'indépendance
Chapitre I : Réaffirmation et montée des militants kabyles (1954 à 1956)
L'organisation du parti en Kabylie à la veille du 1er novembre 1954
Les cadres de la Kabylie de 1949 à 1954 : d’Ouali Bennaï à Krim-Ouamrane
Chapitre II : La guerre d’indépendance et l’ascension des chefs de la zone/wilaya 3
La fédération de France un enjeu majeur entre les chefs du FLN
« L'affaire Mouzarine » une deuxième crise « berbériste » ?
Le rôle de la zone /wilaya 3 dans l’enracinement du fln/aln
Chapitre III : De Krim à Abane : des chefs kabyles à la tête de la guerre
Le congrès de la Soummam et l’affirmation de la wilaya 3 dans la guerre d'indépendance 375
Amirouche dans les Aurès : un chef kabyle en wilaya 1
Amar Ouamrane et l’intronisation du CCE en Tunisie
Belkacem Krim s’affirme leader national de la guerre
Chapitre IV : Retour des exclus de 1949 : soupçons, stigmatisation et liquidations physiques
Les exclus de 1949 et les chefs des maquis de Kabylie
Les partisans d’Ouali Bennaï et la crise du PPA/MTLD (1953-1954
Le déclenchement de novembre 1954 : retour des exclus de 1949
Liquidations physiques et lutte de pouvoir
Chapitre V : Baisse de l’influence des chefs de la wilaya 3 (1959-1962)
Lutte des clans et échec de Krim
Échecs militaires et perte d’emprise de la wilaya 3 et de Belkacem Krim
La Kabylie en 1962 : des maquisards exsangues et des leaders sans pouvoir
Conclusion
Postface
Fiches biographiques
Annexes
Bibliographie
Index
Cet ouvrage porte notamment sur deux aspects et deux moments de la lutte des nationalistes algériens pour l’indépendance de leur pays. L’un, longtemps ignoré, se rapporte à la crise dite « berbériste » de 1949, au sein du Parti du Peuple Algérien (PPA), suscitée par la définition même de la nation algérienne. L’autre, connu mais sous- analysé, sinon mal compris, à la montée en puissance de la Wilaya 3 et de son chef, Belkacem Krim, au sein du FLN et de l’ALN, pendant la guerre d’indépendance. L’étude n’oublie pas pour autant la période intermédiaire (1950- 1954), carrément négligée jusqu’ici et qui en conditionne pourtant la préparation, avec ses conséquences à l’échelle de la nation tout entière. Mais au-delà de cet objet direct, qui se suffit à lui-même, ce travail apporte une contribution importante à la compréhension de deux questions plus larges : celle de l’émergence d’un mouvement identitaire amazigh, y inclus sa dimension kabyle ; celle de la gestion de « l’ethnicité » par le nationalisme radical algérien, en deça et au-delà de la guerre d’indépendance.
L’auteur met au jour et en perspective de multiples faits ignorés, souvent incompris, tant des services de renseignement civils et militaires, que des acteurs en conflit, et des historiens eux-mêmes.
Avec une préface d’Omar Carlier et une postface de Mohammed Harbi ce livre ouvre de nouveaux débats. Il constitue une contribution originale à l’histoire politique de l’Algérie, notamment par l’attention portée aux questions régionales dans l’ensemble algérien.
Ali Guenoun est docteur en histoire de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses travaux portent sur l’histoire de l’Algérie contemporaine. Il a notamment publié Chronologie du mouvement berbère. Un combat et des hommes (Alger, éditions Casbah, 1999).
La « construction d’objet » occupe une place centrale mais un peu mystérieuse : en substance, la science doit rompre avec le sens commun, voir les choses autrement et poser ainsi des questions inédites.
Les auteurs de cet ouvrage explicitent leur construction d’objet en s’appuyant sur leurs recherches (action publique, politique, sport, délinquance, protection de l’enfance, religion, art). Ils montrent que le travail scientifique ne se réduit pas à l’accumulation d’informations et exposent en quoi et avec quoi ces recherches ont impliqué une « rupture ».
Loin de l’image d’une discipline partagée en une multitude de spécialités séparées par un droit d’entrée élevé, la sociologie y apparaît « générale » : elle s’engage ou se risque totalement dans chacun de ses objets.
Sommaire
Introduction : Pourquoi revenir sur la « construction d’objet » un demi-siècle après Le Métier de sociologue ?, Louis Pinto
I. PARCOURS DE RECHERCHE
D’enquête en enquête, se construire comme sociologue, Charles Suaud
« Les Français sont nuls en anglais ».Déconstruction d’une discipline scolaire et construction d’objet,
Marie-Pierre Pouly
Retour sur une déconstruction d’objet :le « déficit de la Sécurité sociale », Julien Duval
La pratique de l’orgue entre deux « objets » : musique et religion, Yvon Lamy
La consommation : déconstruction et reconstruction, Louis Pinto
II- (DÉ)CONSTRUCTIONS D’OBJETS
Construire l’action publique comme objet sociologique, Vincent Dubois
Construire des analogies raisonnées. Réflexions à partir de travaux sur l’excellence individuelle, Manuel Schotté
Genèse de la protection de l’enfance: « construction (d’objet) finie, construction infinie », Patrice Pinell
La délinquance : nouvel essai de construction d’objet, Gérard Mauger
La « socio-biocratie », chronique d’une construction en cours, Bernard Pudal
Bourdieu, la nature de l’activité intellectuelle et ce que la sociologie peut apporter à la philosophie, Benoit Gaultier
Conclusion, Gérard Mauger
Dans la démarche qu’exposaient les auteurs du Métier de sociologue (Pierre Bourdieu, Jean-Claude Chamboredon et Jean-Claude Passeron) la « construction d’objet » occupait une place centrale mais un peu mystérieuse : en substance, la science doit rompre avec le sens commun, voir les choses autrement et poser ainsi des questions inédites.
Signe peut-être de sa réussite, cette notion n’a pas échappé à une certaine routinisation. Il est d’autant plus utile de revenir aujourd’hui sur sa signification et ses enjeux.
L’intention de ce recueil n’est pas de collecter et compiler des commentaires savants. Plusieurs chercheur•e•s se sont efforcés d’expliciter leur construction d’objet en s’appuyant sur leurs propres recherches (action publique, politique, sport, délinquance, protection de l’enfance, religion, art). Ils montrent que le travail scientifique ne se réduit pas à l’accumulation d’informations sur un domaine et exposent en quoi et avec quoi ces recherches ont impliqué une « rupture ».
Loin de l’image académique et bureaucratique d’une discipline partagée en une multitude de spécialités séparées par un droit d’entrée élevé, la sociologie y apparaît « générale » : elle s’engage ou se risque totalement dans chacun de ses objets. Telle est la raison d’être de cet ouvrage.
Louis Pinto est directeur de recherche émérite au CNRS et membre du Centre de sociologie européenne (CSE-CESSP). Il anime avec Gérard Mauger les Rencontres « Lire les sciences sociales ».
Cet ouvrage contient les contributions de Vincent Dubois, Julien Duval, Benoît Gaultier, Yvon Lamy, Gérard Mauger, Patrice Pinell, Louis Pinto, Marie-Pierre Pouly, Bernard Pudal, Manuel Schotté et Charles Suaud.
En juin 2007, la France s’engage sur la voie d’une nouvelle « révolution libérale » sous l’égide de Nicolas Sarkozy. L’Europe ambitionne alors de devenir rapidement « l’économie la plus dynamique et la plus compétitive du monde ».
L’auteur, à travers ses éditoriaux de la revue Savoir/Agir, a tenu la chronique des conjonctures économiques et politiques qui ont caractérisé au fil des jours cette période de bouleversements, dont il propose une lecture à la fois sociologique et engagée.
Frédéric Lebaron est professeur de sociologie à l’École normale supérieure Paris-Saclay (université Paris-Saclay). Il co-anime la revue Savoir/Agir depuis 2007. Il a été président de l’Association française de sociologie entre 2015 et 2017.
Table des matières
Introduction
2007 : l’ avènement du sarkozysme en France
1. Pour un intellectuel collectif autonome international (juillet 2007)
2. Jusqu’ à quand ? (novembre 2007)
2008 : de la libération de la croissance à la crise financière mondiale
3. Le retour des revendications salariales (février 2008)
4. Trois questions pour la « gauche » (mai 2008)
5. Le projet néo-libéral en crise ? (juillet 2008)
6. Changements systémiques (octobre 2008)
2009 : Le monde en crise, vers une alternative au néolibéralisme ?
7. Vers une nouvelle force politique ? (février 2009)
8. Vers une société de défiance (mai 2009)
9. Un conte moral (août 2009)
10. Retour à la normale ? (novembre 2009)
11. Vers l’ émergence d’ une alternative globale ? (février 2010)
12. Vers un mouvement social européen ? (mai 2010)
13. Vous avez dit « populisme » ? (juillet 2010)
14. L’ « après-crise » ou les habits neufs du néo-libéralisme (novembre 2010)
2011 : le temps des révolutions ?
15. Jusqu’ où ira la vague révolutionnaire de 2011 ?
16. Fin d’ un monde ? (juin 2011)
17. Austérité perpétuelle ? (juillet 2011)
18. Bientôt l’ heure des choix ? (septembre 2011)
2012 : fin du sarkozysme et déception du hollandisme
19. La fin de la démocratie européenne ? (décembre 2011)
20. Le triple échec du candidat de la finance et des marchés (mai 2012)
21. Le nouvel espace politique européen (juillet 2012)
22. Dogmatiques et pragmatiques dans la révolution néolibérale européenne : un conflit central (octobre 2012)
2013. Renaissance des passions françaises et austérité confirmée
23. La droite française, l’ Europe et l’ « effet phobie » (février 2013)
24. Vers la déflation ? (mai 2013)
25. Est-ce le « retour de la confiance » ? (juillet 2013)
Indicateur de climat des affaires France
26. Quel projet démocratique ? (novembre 2013)
2014 : l’ Europe en panne
27. Quand le gardien du temple devient le sauveur des marchés (2014)
28. En avant vers l’ abîme ? (mai 2014)
29. Vers une instabilité structurelle de l’ ordre mondial ?
Menace de l’ État islamique
Le conflit israélo-palestinien, carburant de la radicalisation
30. Réformes structurelles (novembre 2014)
2015 : la tragédie grecque
31. Europe : vers des irruptions démocratiques ? (février 2015)
32. Troubles dans l’ ordre néolibéral (mai 2015)
33. Vers le « retour des intellectuels » ? (octobre 2015)
34. À l’ heure de la géopolitisation (décembre 2015)
2016 : enfin une reprise économique générale ?
35. Risques politiques (mars 2016)
36. Maintien de l’ ordre (mai 2016)
37. Chocs (juillet 2016)
38. La force des idées zombies (novembre 2016)
2017 : la crise politique française, indice d’ un processus de déstabilisation globale
39. Une affaire d’ ethos : le cas Fillon et la crise du néolibéralisme (Mars 2017)
40. Le changement dans la continuité (juillet 2017)
41. Europe : refonte ou renforcement des politiques d’ austérité concurrentielle ? (septembre 2017)
42. Pour la science : raison et démocratie face aux pouvoirs économiques et politiques (décembre 2017)
2018 : la fin du libre-échange ?
43. Le mythe de la compétitivité et le déclin de l’ Occident (mars 2018)
44. Macronisme et trumpisme, deux idéologies parentes ? (mai 2018)
45. Déstabilisations (juillet 2018)
46. « Sortie de crise » (décembre 2018)
2019 : le changement climatique au centre de l’ agenda global
47. Quelle dynamique des classes sociales à l’ échelle mondiale ? (février 2019)
48. Capitalisme français : le début de la fin ? (juillet 2019)
49. Pour un changement de paradigme (septembre 2019)
50. Pour une conception égalitaire et coopérative de l’ enseignement supérieur et de la recherche (décembre 2019)
Pour un nouvel ordre écologique, social et économique
2020 : Le changement global s’ accélère sur fond de pandémie
En juin 2007, la France s’engage sur la voie d’une nouvelle « révolution libérale » sous l’égide de Nicolas Sarkozy. L’Europe ambitionne alors de devenir rapidement « l’économie la plus dynamique et la plus compétitive du monde ».
C’était compter sans la crise financière mondiale qui a ébranlé les croyances dominantes sur l’efficience des marchés, la supériorité des États-Unis et le caractère protecteur de la zone euro. Dès 2010, celle-ci est plongée dans les affres du désendettement public et de l’austérité budgétaire, qui prennent une forme aiguë en Grèce. Les États-Unis voient leur hégémonie de plus en plus fortement contestée, jusqu’à devenir, à partir de 2016 et l’élection de Donald Trump, un foyer central de remise en cause du libre-échange et de la mondialisation des marchés.
La période 2007-2020 est marquée par l’ascension régulière de la Chine au statut de puissance de premier plan, par les « révolutions arabes » et la montée du terrorisme islamiste. Elle est traversée par des changements profonds dans l’ordre social de nombreux pays : la remise en cause de la domination masculine et des discriminations subies par divers groupes marginaux s’y accompagne d’une montée du racisme, des idéologies d’extrême-droite et des discours réactionnaires. L’enjeu écologique devient simultanément le problème public central de notre temps.
L’auteur, à travers ses éditoriaux de la revue Savoir/Agir, a tenu la chronique des conjonctures économiques et politiques qui ont caractérisé au fil des jours cette période de bouleversements, dont il propose une lecture à la fois sociologique et engagée.
Frédéric Lebaron est professeur de sociologie à l’École normale supérieure Paris-Saclay (université Paris-Saclay). Il co-anime la revue Savoir/Agir depuis 2007. Il a été président de l’Association française de sociologie entre 2015 et 2017.
La Grande-Bretagne s’impose comme l’un des modèles de la gouvernance pour l’enseignement supérieur français, autant du point de vue de la gestion des flux étudiants que des modes de production, de financement et de diffusion de la recherche.
Il s’agit dns ce numéro de la revue éclaircir les effets de la transformation des modes de gouvernance sur le fonctionnement des universités et de la recherche. Comment « fait-on de la science » dans les universités britanniques aujourd’hui, a fortiori dans un contexte néolibéral ? Que signifie « faire des sciences sociales » aujourd’hui en Grande-Bretagne ? Quelle est la place des universitaires qui portent la parole des sciences sociales dans l’espace public britannique ?
Pourquoi la pandémie en Amérique latine ? De la fin des années 1980 à aujourd’hui, le taux de croissance du PIB par tête en moyenne est plus que modeste et les inégalités de revenus gigantesques. Le virus SARS-CoV-2 agit sur un « corps déjà malade », d’où un cortège de morts impressionnant.
Pourquoi écrire sur ce sujet maintenant alors que la pandémie n’est pas terminée ? Ce livre participe du cri d’alarme. Déjà le virus mute en un virus politique.
Sauf si un renouvellement en profondeur des propositions progressistes est élaboré, tenant compte de l’Histoire telle qu’elle s’est déroulée ces trente dernières années.
Recension I dans Entre les lignes
Pierre Salama est latino-américaniste, professeur émérite à l’Université Sorbonne Paris Nord.
Pourquoi la pandémie en Amérique latine ? De la fin des années 1980 à aujourd’hui, le taux de croissance du PIB par tête en moyenne est plus que modeste et les inégalités de revenus gigantesques. Le virus SARS-CoV-2 agit sur un « corps déjà malade », d’où un cortège de morts impressionnant. La pandémie atteint l’ensemble de la population. Dans les clusters, une différenciation sociale opère. Tous sont certes impactés mais les catégories sociales les plus pauvres, les plus modestes, sont les plus atteintes.
Pourquoi écrire sur ce sujet maintenant alors que la pandémie n’est pas terminée ? Il est toujours plus facile de la raconter une fois qu’on la connaît. En ce qui me concerne, je suis de ceux qui ne pensent pas que l’Histoire suit un chemin inéluctable, des bifurcations d’ordre économique et/ou politique sont toujours possibles. Ce livre participe du cri d’alarme pour faire « bouger les lignes ».
Déjà le virus mute en un virus politique. L’Histoire n’est pas écrite mais des tendances sont à l’œuvre de manière souterraine, des linéaments, des prémices de bouleversements politiques se font jour. L’apparition d’un populisme d’extrême droite, voire d’un « illibéralisme », menace. Les évangéliques en nombre fortement croissant peuvent en constituer une « armée de l’ombre », propice à leur avènement. Sauf si…
Sauf si un renouvellement en profondeur des propositions progressistes est élaboré, tenant compte de l’Histoire telle qu’elle s’est déroulée ces trente dernières années.
Pierre Salama est latino-américaniste, professeur émérite à l’Université Sorbonne Paris Nord.
La notion de service public est devenue, depuis 1945, un instrument de lutte contre les inégalités et une forme de contrepoids à la logique capitaliste de la recherche du profit. En proposant une genèse de cette idée sous la IIIe République, cet ouvrage revient sur une période considérée comme fondatrice et permet de comprendre le privilège des milieux juridiques dans la promotion de cette notion. Alors que la revendication de service public apparaît aujourd’hui avec insistance, ce livre, qui restitue une enquête de sciences sociales à la fois fouillée et accessible, intéressera le lecteur d’en savoir plus sur un phénomène politique né au cœur de l’État et structurellement différent des réponses à la question sociale apportées par la philanthropie ou la charité.
Aucune des réformes engagées par Jean-Michel Blanquer n’est éclairée par la science, à supposer qu’existe « la » science. Les chercheurs dont il s’est entouré sont, pour les plus influents, sortis de leur domaine de compétence. L’évaluation est partout, rien ne marche, et jamais les conséquences ne sont tirées.
Les vieilles recettes de la droite autoritaire : un premier degré et l’enseignement professionnel caporalisés, les collèges et lycées mis en concurrence, l’élitisme comme principe.
Débat de spécialistes ? Non. Pascal Bouchard est journaliste, il suit les questions d’éducation depuis 40 ans, et voit revenir sans cesse les questions qui hantent notre système éducatif. C'est le grand mérite de ce ministre que de nous obliger à les poser sous un jour nouveau.
Recension dans Le Monde du 27 janvier 2021
Lire aussi l'entretien avec Martine Boudet sur les questions de l'École
Lorsque Jean-Michel Blanquer parle, on a envie d’applaudir. Il décrit avec brio une école idéale, refondée sur la science, humaniste en même temps qu’efficace... On aimerait que ce soit vrai, mais tout est faux.
Aucune des réformes engagées n’est éclairée par la science, à supposer qu’existe « la » science. Les chercheurs dont il s’est entouré sont, pour les plus influents, sortis de leur domaine de compétence. L’évaluation est partout, rien ne marche, et jamais les conséquences ne sont tirées.
Au total, et sous couvert de modernité, les vieilles recettes de la droite autoritaire : un premier degré et l’enseignement professionnel caporalisés, les collèges et lycées mis en concurrence, l’élitisme comme principe. Ce ne serait qu’un mauvais moment à passer si la plupart de ces réformes n’étaient irréversibles, et si elles ne coûtaient pas très cher pour un effet dérisoire.
Débat de spécialistes ? Non. Pascal Bouchard est journaliste, il suit les questions d’éducation depuis bientôt 40 ans, et voit, sous des apparences changeantes, revenir sans cesse les questions non résolues qui hantent notre système éducatif. Car c’est le grand mérite de ce ministre que de nous obliger à les poser sous un jour nouveau.
Pascal Bouchard, agrégé et docteur ès lettres (sc. de l’éducation) a notamment été producteur à France-Culture, directeur de la rédaction de l’ AEF et le créateur de ToutEduc.fr.