.
L’expression « mépris de classe » circule de plus en plus dans l’espace public pour désigner la disqualification symbolique que subissent des dominés – « sans-dents », « salariées illettrées », « fainéants », « syndicalistes voyous » – parfois même réduits au néant : « rien »... Au-delà de la dénonciation éthique des dominants dans le cadre des luttes politiques, que peut en dire la sociologie ?
Cet ouvrage met en évidence l’ampleur et la variété des formes d’expression contemporaines du mépris de classe, en fonction des contextes et moments considérés. Il livre différentes clés de compréhension des façons multiples d’exercer le mépris de classe, de le ressentir et d’y faire face.
Avec des contributions d’Amélie Beaumont, Hugo Bret, Éric Darras, Claude Grignon, Philippe Longchamp, Gérard Mauger, Gérard Noiriel, Romain Pudal, Frédéric Rasera, Nicolas Renahy, Pierre-Emmanuel Sorignet et Nicolas Spire.
Table des matières
Introduction, Nicolas Renahy et Pierre-Emmanuel Sorignet........................... 5
De la cumulativité des sciences sociales......................................................... 7
Une catégorie heuristique......................................................................... 11
Exercer, ressentir et faire face au mépris de classe.............................. 14
Partie 1. Sociologiser une catégorie morale
Chapitre 1. Le mépris de classe : pratiques et représentations, Claude Grignon 21
Mépris de classe et hiérarchie sociale........................................................... 21
Le mépris dans les relations............................................................................. 27
Le mépris dans les représentations............................................................... 32
Chapitre 2. « Mépris et dignité : un couple infernal ». Entretien avec Gérard Noiriel, Nicolas Renahy et Pierre-Emmanuel Sorignet 37
Partie 2. Des représentations en actes
Chapitre 3. Le mépris de classe dans le monde du travail. Retour du refoulé ou impossible dissimulation, Nicolas Spire 55
Une brutalité superflue ?.................................................................................. 60
Modes d’expression du mépris de classe dans le monde du travail....... 67
Des hauts fonctionnaires parisiens......................................................... 68
Un contresens opportun........................................................................... 69
Violence des interactions et connivence de classe............................. 70
Pourquoi ce mépris ? ........................................................................................ 71
Le mépris, entre erreur et fantasme : un fruit de l’imagination ?..... 72
Le mépris de classe comme affection du corps.................................... 76
Le mépris de classe, réaction à un risque de diminution de la puissance d’ agir 78
Conclusion 79
Chapitre 4. Racialisation des rapports sociaux et mépris de classe, Pierre-Emmanuel Sorignet 81
Mise en concurrence et conflits entre ouvrières. Les « anciennes » contre les « jeunes » ? 86
Les Jeunes au travail................................................................................... 89
Racialisation du conflit et mépris de classe................................................. 93
La dévaluation de la figure ouvrière....................................................... 93
L’insulte raciste............................................................................................ 98
La racialisation des rapports sociaux par la direction..................... 100
Un mépris de classe qui s’ignore.................................................................. 102
Chapitre 5. Le « problème des Blacks ». Sur le « racisme » dans le football professionnel, Frédéric Rasera 105
Les « Blacks » : une catégorie indigène ...................................................... 108
La défense d’un ethos professionnel .......................................................... 114
Trouver un joueur pour « encadrer les Blacks »....................................... 120
Conclusion 125
Chapitre 6. Le candidat ouvrier, les journalistes et les savants. Sur le « racisme de classe », Éric Darras 127
Habilitations et auto-habilitation d’une candidature ouvrière............ 130
Trois degrés de stigmatisation ..................................................................... 136
L’expression minuscule mais décisive d’une solidarité de classe.. 140
Face à l’ouvriérisme et à l’ironie............................................................ 142
Le retournement du stigmate....................................................................... 144
Conclusion 147
Partie 3. Interactions et rapports de force
Chapitre 7. Un ouvrier qui s’expose, Nicolas Renahy..................................... 153
Une angoisse originelle.................................................................................. 155
Un charisme populaire................................................................................... 161
« Se libérer », s’exposer................................................................................... 163
Se préserver....................................................................................................... 169
Tarir une « soif du travail »..................................................................... 169
« Descendre de l’échelle » et « voyager gratos »................................. 171
Un quant-à-soi désarmé face au mépris de classe................................... 175
Conclusion 178
Tableau : Résumé de la trajectoire de Sébastien et séquences de notre relation 180
Chapitre 8. Résister au mépris de classe. Protections collectives et contestations discrètes des employés du luxe, Amélie Beaumont 183
Les expressions du mépris comme conséquence de l’organisation de l’hôtel 185
Les rapports sociaux de service dans l’hôtellerie de luxe................ 186
Signifier quotidiennement la hiérarchie ou les formes routinisées du mépris de classe 188
Au-delà du mépris routinisé : quand la prestation ne correspond pas aux attentes des clients 192
Les résistances discrètes des employés...................................................... 196
Rationaliser et minimiser les atteintes à sa dignité.......................... 197
Externaliser son mécontentement aux collègues et revaloriser son rôle 200
Dénier aux clients un service illimité................................................... 203
Surjouer le service pour former les clients à la politesse et prévenir le mépris de classe 205
Conclusion........................................................................................................ 207
Chapitre 9. Expressions du mépris de classe. Les infirmières scolaires et leurs publics, Philippe Longchamp 211
Une position spécifique au sein de la profession infirmière.................. 213
Le rapport à la santé des infirmières scolaires.......................................... 215
Face aux classes populaires........................................................................... 218
Face aux fractions économiques des classes supérieures...................... 225
Conclusion 230
Chapitre 10. Produire et éprouver le mépris de classe. Les ouvriers de la propreté urbaine, Hugo Bret 233
Travailler dans les quartiers populaires : se proteger du « haut », se démarquer du « bas » 237
L’effet protecteur de l’entre-soi............................................................. 237
« Ici, c’est des sauvages ! » : la stigmatisation ordinaire des habitants des « cités » 240
Travailler dans les quartiers bourgeois : s’y faire une place et s’y plaire, malgré tout 245
Se faire une place dans les beaux quartiers........................................ 245
« Le monsieur balaye parce qu’il n’est pas directeur comme papa » : l’épreuve de la distance sociale 249
Maintenir les distances........................................................................... 252
Conclusion 256
Chapitre 11. Le mépris de classe dans la vie quotidienne des pompiers, Romain Pudal 261
Le mépris de classe en contexte professionnel......................................... 265
Un uniforme qui uniformise.................................................................. 265
Le monde des « code-barres »............................................................... 267
Un entre-soi de dominés......................................................................... 269
Les « Cassoc’ », figure repoussoir.......................................................... 274
Lutte des classes, lutte de valeurs ................................................................ 276
Un ordre genré.......................................................................................... 277
Le racisme ordinaire et ses interprétations........................................ 280
Être « l’intello de service »....................................................................... 283
Conclusion 285
Postface. Sociogenèse, modalités et effets du « mépris de classe », Gérard Mauger 289
Le champ lexical du mépris de classe......................................................... 290
Mépris de classe et domination............................................................ 290
Mépris de classe et « violence symbolique »....................................... 291
Mépris de classe, racisme de classe et racisme.................................. 292
Sociogenèse du mépris de classe................................................................. 293
Hiérarchies, distance sociale et mépris de classe.............................. 293
Un mépris de classe « de bas en haut » ?............................................. 295
Modalités du mépris de classe...................................................................... 296
Effets du mépris de classe.............................................................................. 298
Conclusion 300
L’expression « mépris de classe » circule de plus en plus dans l’espace public pour désigner la disqualification symbolique que subissent des dominés – « sans-dents », « salariées illettrées », « fainéants », « syndicalistes voyous » – parfois même réduits au néant : « rien »... Au-delà de la dénonciation éthique des dominants dans le cadre des luttes politiques, que peut en dire la sociologie ? À distance du moralisme et sur la base d’enquêtes minutieuses, cet ouvrage évalue le caractère heuristique d’une telle catégorie d’analyse.
Le mépris appartient aux rapports sociaux propres à une société hiérarchisée et se manifeste de manières très diverses. En ce sens, il apparaît comme un révélateur de l’état de la structure sociale et des relations qu’y entretiennent les différentes composantes. Le mépris des uns ne remplit pas les mêmes fonctions que le mépris des autres : il ne peut être abstrait des relations de domination, qui le provoquent et lui donnent sens. Il renvoie à la verticalité du monde social : c’est lorsqu’un dominant se sent en danger qu’il rompt, par le mépris de classe, avec l’euphémisation usuelle de l’ordre des choses. Et son expression suscite, en retour, honte, rejet, violence ou quant-à-soi.
Cet ouvrage met en évidence l’ampleur et la variété de ses formes d’expression contemporaines, en fonction des contextes et moments considérés. Il livre différentes clés de compréhension des façons multiples d’exercer le mépris de classe, de le ressentir et d’y faire face.
Avec des contributions d’Amélie Beaumont, Hugo Bret, Éric Darras, Claude Grignon, Philippe Longchamp, Gérard Mauger, Gérard Noiriel, Romain Pudal, Frédéric Rasera, Nicolas Renahy, Pierre-Emmanuel Sorignet et Nicolas Spire.
Nicolas Renahy et Pierre-Emmanuel Sorignet sont sociologues, le premier à l’INRAE (CESAER, Dijon), le second à l’Institut des sciences sociales (LACCUS, Lausanne).
Le présent ouvrage propose une réflexion sur la notion de schibboleth, cette distinction qui départage ce qui est considéré comme « d’ici » et ce qui est « d’ailleurs ». Elle permet de rendre compte de la manière la plus adéquate de la condition psychique et anthropologique d’un sujet issu de parents dissemblables, de cette « condition métisse ». Il s’agit d’explorer la question du métissage en nous inscrivant dans la société contemporaine qui, du fait même des brassages, pose non seulement la question de la tolérance envers l’autre étranger, mais aussi celle de la manière dont l’étranger se reconnaît comme tel, et dont se construit l’identité de chacun à partir de cette situation et, enfin le lien avec cette « inquiétante étrangeté » qu’invoquait Sigmund Freud, cette partie de nous que nous préférons ignorer.
Chargé d’enseignement de science politique à l’Université Paris Dauphine, Han Victor Lu est docteur en psychanalyse et titulaire d’un Master de philosophie.
Table des matières
Préface
Introduction
Chapitre I
L’objet métis
Sortir d’un certain dogmatisme psychanalytique
Psychisme et culture
En passant et retournant à la Grèce
La spécificité de l’Indochine
« Un regard est dans tout pays un langage. » George Herbert
Chapitre II
De l’identification à l’identité
Identification et psychologie sociale
L’impérialisme occidental et la destruction des identités de l’autre
Et qu’en est-il si ces enfants sont métis ?
Conclusion
Chapitre III
L’identité dans tous ses états
Théorie freudienne de l’identité
Identité et psychanalyse
Chapitre IV
Ethnicité, identité et métissage
La Révolution française et l’identité française
La crise de l’État et l’identité française contemporaine
Le concept de l’ethnicité
Les enjeux contemporains de la « race » et de l’identité
« Race » et métissage
Chapitre V
Jadis et présentement
Jadis : aux temps colonial
La race et sa hiérarchie
Une Eurasienne durant le conflit indochinois
Porteuses de civilisation
Gestion libidinale en colonie
Eurasiennes contemporaines
Le présent métis
Chapitre VI
L’anatomie, est-ce le destin ?
Aux sources de l’antisémitisme
Être juif, est-ce être métis ?
Anecdote et identification
Portrait du Juif en métis
Antisémitisme et tabou du métissage
« Féminisation » des sujets coloniaux
Métissage et universalité
La lutte pour la reconnaissance dans le contexte postcolonial
Femmes asiatiques et destin anatomique
Race et destin
Le désir de la femme blanche
Conclusion
Sous les races, les classes !
Bibliographie
D’une certaine façon, l’objet du présent ouvrage est une réflexion sur la notion de schibboleth, cette distinction qui départage, au niveau spéculaire, qui du Moi qui de l’Autre et, au niveau socio-historique, ce qui est considéré comme « d’ici » et ce qui est « d’ailleurs ». Cette notion permet de rendre compte de la manière la plus adéquate de la condition psychique et anthropologique d’un sujet issu de parents dissemblables, que ce soit par la couleur de peau, les traits physionomiques, ou par l’aire culturelle, de cette « condition métisse ». Il s’agira pour nous d’explorer la question du métissage en nous inscrivant dans le contexte de la société contemporaine qui, du fait même des brassages de cultures et de populations qu’elle entraîne, pose au premier plan non seulement la question de la tolérance envers l’autre étranger, mais aussi celle de la manière dont l’étranger se reconnaît comme tel, et dont se construit l’identité intime de chacun à partir de cette situation et, enfin, ultimement, leur lien avec cette « inquiétante étrangeté » qu’invoquait Sigmund Freud, cette partie de nous que nous préférons ignorer.
Chargé d’enseignement de science politique à l’Université Paris Dauphine, Han Victor Lu est docteur en psychanalyse et titulaire d’un Master de philosophie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a étudié la philosophie africaine auprès du philosophe kényan D.A. Masolo.
Ce numéro poursuit l’inventaire critique des transformations des sciences et techniques. L’objectif est de rendre raison de phénomènes émergents et instables. Le dossier « Frictions » traite du narcissisme. De nouvelles pièces sont ensuite versées au dossier des classiques à (re)lire, notamment un texte de Johan Galtung sur le « colonialisme scientifique », qu’il analyse à travers le projet Camelot (1964-1965), et un entretien avec l’historienne Antonella Romano. Des essais critiques complètent ce numéro.
Avec les contributions de
Myriam Ahnich, Bruno Canard, Pierre-Henri Castel, Cléo Chassonnery-Zaïgouche, Béatrice Cherrier, Pauline Delage, Stéphane Dufoix, Volny Fages, Johan Galtung, Yves Gingras, Céline Granjou, Paul Guille-Escuret, Marc Joly, Mahdi Khelfaoui, Richard Kilminster, Isabelle Laboulais, Jérôme Lamy, Julien Larregue, Sylvain Lavau, Ronan Le Roux, Camille Noûs, Corentin Roquebert, Margaret W. Rossiter, Arnaud Saint-Martin, Hugo Souza de Cursi, Sébastien Urbanski.
Éditorial
Le Coronavirus, la recherche, et le temps long
Bruno Canard
——————————
Confrontations
Edward L. Bernays, la vérité et la démocratie : de la publicité aux relations publiques
Hugo Souza de Cursi
Monnet fait des histoires. Écrire pour agir sur le nouvel ordre des choses au tournant du 18e et du 19e siècle
Isabelle Laboulais
La sociobiologie est morte, vive la psychologie évolutionniste ! Le rôle de l’ambiguïté et du travail généalogique dans la transformation des spécialités scientifiques
Julien Larregue, Sylvain Lavau, Mahdi Khelfaoui
L’effet SIGAPS : la recherche médicale française sous l’emprise de l’évaluation comptable
Yves Gingras & Mahdi Khelfaoui
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Frictions
Le narcissisme sous le regard des sociologues.Introduction au dossier
Marc Joly & Corentin Roquebert
Narcissisme ou informalisation ?
Richard Kilminster
Narcissisme et processus de civilisation. Pour une lecture sociologique
Pierre-Henri Castel
Le narcissisme pathologique ou les frontières symboliques de la psychiatrie en question
Myriam Ahnich
Perversion narcissique, genre et conjugalité
Pauline Delage
De la « mère au narcissisme pervers » au « conjoint pervers narcissique ».Sur le destin social des catégories « psy »
Marc Joly & Corentin Roquebert
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Libres échanges
L’histoire des sciences et des savoirs : réflexions d’ici et d’ailleurs.
Entretien avec Antonella Romano
réalisé par Volny Fages & Jérôme Lamy
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Friches
« Everyone a changemaker! » Philanthropie, religion et spiritualité au secours de l’école publique
Sébastien Urbanski & Camille Noûs
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Classiques
Le savant hait le politique ? Johan Galtung et l’échec du Projet Camelot
Stéphane Dufoix
Le colonialisme scientifique
Johan Galtung
Margaret W. Rossiter et l’histoire des femmes scientifiques américaines
Béatrice Cherrier & Cléo Chassonnery-Zaïgouche
Les femmes scientifiques en Amérique
Margaret W. Rossiter
Plus vous regardez, plus vous trouvez : les archives des femmes scientifiques américaines contemporaines
Margaret W. Rossiter
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Critiques
Cybernétique introuvable ou cybernétique à satiété ?
Réponse à Mathieu Triclot
Ronan Le Roux
Tribulations d’un sociologue parti à la pêche aux lieux
Paul Guille-Escuret
D’un inhumain à l’autre
Céline Granjou
Contre l’innovation et sa doxa obsolescente, la maintenance
Arnaud Saint-Martin
Cette huitième livraison de Zilsel poursuit le travail d’inventaire critique des transformations contemporaines des sciences et techniques. Qu’il s’agisse de l’essor de la psychologie évolutionniste ou de l’emprise de l’évaluation comptable sur la recherche médicale en France, le propos des articles publiés est de rendre raison de phénomènes émergents et instables, qui suscitent le questionnement dans et à l’extérieur du champ scientifique. L’éditorial invité est signé par le virologue Bruno Canard. Spécialiste des coronavirus, il met en relief l’importance du temps long dans les processus de recherche. Un dossier « Frictions » est consacré au problème du « narcissisme ». Il met en perspective la construction du narcissisme via les catégories « psy », les « jugements de personnalité » et les rapports de genre. Un entretien avec l’historienne des sciences Antonella Romano permet de revenir sur des fronts de recherche de la discipline, et son histoire récente en France.
Ce parcours anthropologique illustre une réalité socio-culturelle à propos des représentations de la folie. Mais quelle en est la version créole ?
En Guadeloupe, on distingue pour évoquer la folie deux catégories : la folie douce et les autres qui incluent les formes violentes et graves avec le spectre du fou enragé.
C’est une hiérarchie implicite, bien enfouie dans le subconscient. En revanche, elle correspond bel et bien à une grille de lecture locale des manifestations et comportements humains déviants qui reposent sur des faits réels, où s’entremêlent les représentations collectives solidement ancrées ainsi que des éléments de la cosmogonie guadeloupéenne où le surnaturel : Kenbwa, gadèd-zafé, sorcellerie, prédomine.
Dans le voisinage du métissage et de la créolité, la « folie douce » autant que celle du « fou enragé » nous paraissent chargées de paradoxe et d’ambiguïté avec des contours hétérodoxes, difficiles à décrypter...
Table des métières
Avant-propos 9
Chapitre 1 : De la créolité en contexte
1.1- Une notion complexe et polémique
1.2- La langue comme marqueur culturel
1.3- Une entreprise socio-anthropologique
Chapitre 2 : Un espace réel pour… des lieux fantasmés !
2.1- Le pays géographique
2.2- Le pays politique
2.3- Le pays économique
2.4- Le pays réel
2.5- Le pays fantasmé
2.6- Les nouveaux mythes sont là
Chapitre 3 : Les folies guadeloupéennes
3.1- Du présupposé universel de la folie
3.2- Une version créole de la folie
3.3- La folie douce pour Théodore
3.4- La folie douce pour Stéphane
3.5- La folie douce pour Irène
3.6- La folie douce pour Jean-Claude
3.7- Un pilier de la maison créole
Chapitre 4 : Des figures controversées de la folie
4.1- Une inadéquation entre l’offre et l’attente
4.2- Une traduction culturelle de la psychiatrie
4.3 – Autres « maladi-voyé », maladies envoyées
4.4- Un voisinage paradoxal : entre solidarité et persécution
4.5 – On l’a mis dans le rhum
Chapitre 5 : Mais qu’est-ce que l’on entend par vrais fous en Guadeloupe ?
5.1- Ce que les Guadeloupéens nous disent
5.2- Les vrais fous considérés comment violents et dangereux pour la société
Chapitre 6 : Le fou, lui, ne souffre pas ! ?
6.1- La souffrance est-elle déniée ?
6.2 – La souffrance chez d’autres personnes
6.3 – Qui pour reconnaître la souffrance du fou ?
6.4 – Exutoire ou catharsis collective
Chapitre 7 : Ma folie ? Ma chance… ?
7.1- La folie et le don de « Dowmez » (dormeuse)
7.2- L’école de gadèd-zafé,
7.3- Quand « i pa fouti », elle est incapable de...
Chapitre 8 : Le désaccord fondamental
8.1- Tirage à hue et à dia
8.2- Celui qui est hospitalisé en psychiatrie
8.3- Mais, quel est donc le choix du patient ?
Chapitre 9 : Les différents protagonistes autour de la folie.
9.1- La folie en contexte
9.2- La famille du malade mental
9.3 – L’équipe soignante du secteur psychiatrique …
9.4 – Le psychiatre : Maître à bord ?
9.5- Les infirmiers et infirmières : qui sont-ils ?
9.6 – Les autres thérapeutes de l’équipe
9.7- Des nouveaux « peutes »
Chapitre 10 : De la difficulté d’être soignant en psychiatrie
10.1- La folie comme danger …
10.2- Le choc de contact et ensuite ?!…
10.3- Les violences envers soi et envers les autres
10.4 – Une Énigme stupéfiante
10.5 – Quelles que soient les difficultés …
Chapitre 11 : Mais comment faites-vous avec de tels malades ?!
11.1- Pas facile de se positionner
11.2- Soigner dans l’entendement de la psychiatrie occidentale
11.3-Soigner avec la magie du « kenbwa »
11.4 – Soigner en combinant les deux créneaux, magie et psychiatrie occidentale
11.5 – Soins créoles, soins hybrides ?
Chapitre 12 : Dynamique sociétale et violence
12.1- Le style de vie pourrait être un indicateur primordial,
12.1- La violence comme mythe fondateur….
12.3- Toute violence n’est pas folie….
Petit lexique
Références bibliographiques
Ce parcours anthropologique illustre une réalité socio-culturelle à propos des représentations de la folie. Mais quelle en est la version créole ?
En Guadeloupe, on distingue pour évoquer la folie deux catégories : la folie douce et les autres qui incluent les formes violentes et graves avec le spectre du fou enragé.
C’est une hiérarchie implicite, bien enfouie dans le subconscient. En revanche, elle correspond bel et bien à une grille de lecture locale des manifestations et comportements humains déviants qui reposent sur des faits réels, où s’entremêlent les représentations collectives solidement ancrées ainsi que des éléments de la cosmogonie guadeloupéenne où le surnaturel : Kenbwa, gadèd-zafé, sorcellerie, prédomine.
Cette perception se situe hors de la nomenclature scientifique des pathologies mentales, mais elle est assez bien codifiée par la doxa populaire.
Si, dans l’inconscient collectif, les sociétés créoles sont nées de la rencontre violente entre les peuples amérindiens : Arawak, Caraïbe, les colonisations portugaise, espagnole, britannique, française et la déportation d’esclaves noirs en provenance d’Afrique, peut-on retenir cette antériorité comme énonciatrice des formes de folie en Guadeloupe ?
Dans le voisinage du métissage et de la créolité, la « folie douce » autant que celle du « fou enragé » nous paraissent chargées de paradoxe et d’ambiguïté avec des contours hétérodoxes, difficiles à décrypter...
Marlyne Dabrion est docteur en sociologie de l’université René Descartes Paris V. Elle a été cadre supérieure de santé de la fonction publique hospitalière et ancienne directrice-adjointe d’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI). Elle est formatrice en sciences sociales et sciences infirmières.
La « construction d’objet » occupe une place centrale mais un peu mystérieuse : en substance, la science doit rompre avec le sens commun, voir les choses autrement et poser ainsi des questions inédites.
Les auteurs de cet ouvrage explicitent leur construction d’objet en s’appuyant sur leurs recherches (action publique, politique, sport, délinquance, protection de l’enfance, religion, art). Ils montrent que le travail scientifique ne se réduit pas à l’accumulation d’informations et exposent en quoi et avec quoi ces recherches ont impliqué une « rupture ».
Loin de l’image d’une discipline partagée en une multitude de spécialités séparées par un droit d’entrée élevé, la sociologie y apparaît « générale » : elle s’engage ou se risque totalement dans chacun de ses objets.
Sommaire
Introduction : Pourquoi revenir sur la « construction d’objet » un demi-siècle après Le Métier de sociologue ?, Louis Pinto
I. PARCOURS DE RECHERCHE
D’enquête en enquête, se construire comme sociologue, Charles Suaud
« Les Français sont nuls en anglais ».Déconstruction d’une discipline scolaire et construction d’objet,
Marie-Pierre Pouly
Retour sur une déconstruction d’objet :le « déficit de la Sécurité sociale », Julien Duval
La pratique de l’orgue entre deux « objets » : musique et religion, Yvon Lamy
La consommation : déconstruction et reconstruction, Louis Pinto
II- (DÉ)CONSTRUCTIONS D’OBJETS
Construire l’action publique comme objet sociologique, Vincent Dubois
Construire des analogies raisonnées. Réflexions à partir de travaux sur l’excellence individuelle, Manuel Schotté
Genèse de la protection de l’enfance: « construction (d’objet) finie, construction infinie », Patrice Pinell
La délinquance : nouvel essai de construction d’objet, Gérard Mauger
La « socio-biocratie », chronique d’une construction en cours, Bernard Pudal
Bourdieu, la nature de l’activité intellectuelle et ce que la sociologie peut apporter à la philosophie, Benoit Gaultier
Conclusion, Gérard Mauger
Dans la démarche qu’exposaient les auteurs du Métier de sociologue (Pierre Bourdieu, Jean-Claude Chamboredon et Jean-Claude Passeron) la « construction d’objet » occupait une place centrale mais un peu mystérieuse : en substance, la science doit rompre avec le sens commun, voir les choses autrement et poser ainsi des questions inédites.
Signe peut-être de sa réussite, cette notion n’a pas échappé à une certaine routinisation. Il est d’autant plus utile de revenir aujourd’hui sur sa signification et ses enjeux.
L’intention de ce recueil n’est pas de collecter et compiler des commentaires savants. Plusieurs chercheur•e•s se sont efforcés d’expliciter leur construction d’objet en s’appuyant sur leurs propres recherches (action publique, politique, sport, délinquance, protection de l’enfance, religion, art). Ils montrent que le travail scientifique ne se réduit pas à l’accumulation d’informations sur un domaine et exposent en quoi et avec quoi ces recherches ont impliqué une « rupture ».
Loin de l’image académique et bureaucratique d’une discipline partagée en une multitude de spécialités séparées par un droit d’entrée élevé, la sociologie y apparaît « générale » : elle s’engage ou se risque totalement dans chacun de ses objets. Telle est la raison d’être de cet ouvrage.
Louis Pinto est directeur de recherche émérite au CNRS et membre du Centre de sociologie européenne (CSE-CESSP). Il anime avec Gérard Mauger les Rencontres « Lire les sciences sociales ».
Cet ouvrage contient les contributions de Vincent Dubois, Julien Duval, Benoît Gaultier, Yvon Lamy, Gérard Mauger, Patrice Pinell, Louis Pinto, Marie-Pierre Pouly, Bernard Pudal, Manuel Schotté et Charles Suaud.
En juin 2007, la France s’engage sur la voie d’une nouvelle « révolution libérale » sous l’égide de Nicolas Sarkozy. L’Europe ambitionne alors de devenir rapidement « l’économie la plus dynamique et la plus compétitive du monde ».
L’auteur, à travers ses éditoriaux de la revue Savoir/Agir, a tenu la chronique des conjonctures économiques et politiques qui ont caractérisé au fil des jours cette période de bouleversements, dont il propose une lecture à la fois sociologique et engagée.
Frédéric Lebaron est professeur de sociologie à l’École normale supérieure Paris-Saclay (université Paris-Saclay). Il co-anime la revue Savoir/Agir depuis 2007. Il a été président de l’Association française de sociologie entre 2015 et 2017.
Table des matières
Introduction
2007 : l’ avènement du sarkozysme en France
1. Pour un intellectuel collectif autonome international (juillet 2007)
2. Jusqu’ à quand ? (novembre 2007)
2008 : de la libération de la croissance à la crise financière mondiale
3. Le retour des revendications salariales (février 2008)
4. Trois questions pour la « gauche » (mai 2008)
5. Le projet néo-libéral en crise ? (juillet 2008)
6. Changements systémiques (octobre 2008)
2009 : Le monde en crise, vers une alternative au néolibéralisme ?
7. Vers une nouvelle force politique ? (février 2009)
8. Vers une société de défiance (mai 2009)
9. Un conte moral (août 2009)
10. Retour à la normale ? (novembre 2009)
11. Vers l’ émergence d’ une alternative globale ? (février 2010)
12. Vers un mouvement social européen ? (mai 2010)
13. Vous avez dit « populisme » ? (juillet 2010)
14. L’ « après-crise » ou les habits neufs du néo-libéralisme (novembre 2010)
2011 : le temps des révolutions ?
15. Jusqu’ où ira la vague révolutionnaire de 2011 ?
16. Fin d’ un monde ? (juin 2011)
17. Austérité perpétuelle ? (juillet 2011)
18. Bientôt l’ heure des choix ? (septembre 2011)
2012 : fin du sarkozysme et déception du hollandisme
19. La fin de la démocratie européenne ? (décembre 2011)
20. Le triple échec du candidat de la finance et des marchés (mai 2012)
21. Le nouvel espace politique européen (juillet 2012)
22. Dogmatiques et pragmatiques dans la révolution néolibérale européenne : un conflit central (octobre 2012)
2013. Renaissance des passions françaises et austérité confirmée
23. La droite française, l’ Europe et l’ « effet phobie » (février 2013)
24. Vers la déflation ? (mai 2013)
25. Est-ce le « retour de la confiance » ? (juillet 2013)
Indicateur de climat des affaires France
26. Quel projet démocratique ? (novembre 2013)
2014 : l’ Europe en panne
27. Quand le gardien du temple devient le sauveur des marchés (2014)
28. En avant vers l’ abîme ? (mai 2014)
29. Vers une instabilité structurelle de l’ ordre mondial ?
Menace de l’ État islamique
Le conflit israélo-palestinien, carburant de la radicalisation
30. Réformes structurelles (novembre 2014)
2015 : la tragédie grecque
31. Europe : vers des irruptions démocratiques ? (février 2015)
32. Troubles dans l’ ordre néolibéral (mai 2015)
33. Vers le « retour des intellectuels » ? (octobre 2015)
34. À l’ heure de la géopolitisation (décembre 2015)
2016 : enfin une reprise économique générale ?
35. Risques politiques (mars 2016)
36. Maintien de l’ ordre (mai 2016)
37. Chocs (juillet 2016)
38. La force des idées zombies (novembre 2016)
2017 : la crise politique française, indice d’ un processus de déstabilisation globale
39. Une affaire d’ ethos : le cas Fillon et la crise du néolibéralisme (Mars 2017)
40. Le changement dans la continuité (juillet 2017)
41. Europe : refonte ou renforcement des politiques d’ austérité concurrentielle ? (septembre 2017)
42. Pour la science : raison et démocratie face aux pouvoirs économiques et politiques (décembre 2017)
2018 : la fin du libre-échange ?
43. Le mythe de la compétitivité et le déclin de l’ Occident (mars 2018)
44. Macronisme et trumpisme, deux idéologies parentes ? (mai 2018)
45. Déstabilisations (juillet 2018)
46. « Sortie de crise » (décembre 2018)
2019 : le changement climatique au centre de l’ agenda global
47. Quelle dynamique des classes sociales à l’ échelle mondiale ? (février 2019)
48. Capitalisme français : le début de la fin ? (juillet 2019)
49. Pour un changement de paradigme (septembre 2019)
50. Pour une conception égalitaire et coopérative de l’ enseignement supérieur et de la recherche (décembre 2019)
Pour un nouvel ordre écologique, social et économique
2020 : Le changement global s’ accélère sur fond de pandémie
En juin 2007, la France s’engage sur la voie d’une nouvelle « révolution libérale » sous l’égide de Nicolas Sarkozy. L’Europe ambitionne alors de devenir rapidement « l’économie la plus dynamique et la plus compétitive du monde ».
C’était compter sans la crise financière mondiale qui a ébranlé les croyances dominantes sur l’efficience des marchés, la supériorité des États-Unis et le caractère protecteur de la zone euro. Dès 2010, celle-ci est plongée dans les affres du désendettement public et de l’austérité budgétaire, qui prennent une forme aiguë en Grèce. Les États-Unis voient leur hégémonie de plus en plus fortement contestée, jusqu’à devenir, à partir de 2016 et l’élection de Donald Trump, un foyer central de remise en cause du libre-échange et de la mondialisation des marchés.
La période 2007-2020 est marquée par l’ascension régulière de la Chine au statut de puissance de premier plan, par les « révolutions arabes » et la montée du terrorisme islamiste. Elle est traversée par des changements profonds dans l’ordre social de nombreux pays : la remise en cause de la domination masculine et des discriminations subies par divers groupes marginaux s’y accompagne d’une montée du racisme, des idéologies d’extrême-droite et des discours réactionnaires. L’enjeu écologique devient simultanément le problème public central de notre temps.
L’auteur, à travers ses éditoriaux de la revue Savoir/Agir, a tenu la chronique des conjonctures économiques et politiques qui ont caractérisé au fil des jours cette période de bouleversements, dont il propose une lecture à la fois sociologique et engagée.
Frédéric Lebaron est professeur de sociologie à l’École normale supérieure Paris-Saclay (université Paris-Saclay). Il co-anime la revue Savoir/Agir depuis 2007. Il a été président de l’Association française de sociologie entre 2015 et 2017.
L’ébranlement de la légitimité de la République islamique a déclenché un processus de radicalisation. Cette radicalité se lit à travers le projet politique global de domination mis en œuvre dans les années 2010 qui ne cherchait plus à gagner l'adhésion de la population, mais à la « tenir » suffisamment pour pouvoir méthodiquement aliéner les prochaines générations. Le présent ouvrage est né du besoin de tirer au clair cette question épineuse du processus de radicalisation de la République islamique. L’auteure examine la nouvelle politique intérieure, mettant par là même en lumière la césure qui s’est opérée en 2009 aussi bien que l’ambition régionale hégémonique du régime théocratique.
Marie Ladier-Fouladi est sociodémographe, directrice de recherche au CNRS/EHESS-CETOBaC.
L’ébranlement de la légitimité de la République islamique suite au scrutin présidentiel frauduleux de juin 2009 et à la vague de protestations postélectorale – baptisée « Mouvement vert » – qu’il a provoquée, a déclenché un processus de radicalisation du régime politique iranien. Cette radicalité se lit à travers le projet politique global de domination totale mis en œuvre dans les années 2010 qui ne cherchait plus à gagner l'adhésion de la population alors exaspérée, mais à la « tenir » suffisamment pour pouvoir méthodiquement aliéner les prochaines générations, voulues nombreuses et dévouées à l'État théocratique. Cette nouvelle politique intérieure se prolonge sur le plan régional et international, par la présence de forces militaires iraniennes ou pro-iraniennes dans les pays avoisinants – présence qui a déjà déclenché l’escalade des tensions extrêmes dans la région, envenimant par là même les relations antagonistes irano-américaines. Ce bras de fer Iran/États-Unis risque d’entraîner la République islamique dans un nouveau conflit alors qu’elle vient de commémorer le 40ème anniversaire de la guerre Irak-Iran (22 septembre 1980).
Le présent ouvrage est né du besoin de tirer au clair cette question épineuse du processus de radicalisation de la République islamique. L’auteure s’est attachée pour ce faire à examiner la nouvelle politique intérieure, mettant par là même en lumière la césure qui s’est opérée en 2009 aussi bien que l’ambition régionale hégémonique du régime théocratique.
Marie Ladier-Fouladi est sociodémographe, directrice de recherche au CNRS/EHESS-CETOBaC. Ses recherches actuelles portent sur la mutation radicale du régime islamique en Iran.
L’ébranlement de la légitimité de la République islamique a déclenché un processus de radicalisation. Cette radicalité se lit à travers le projet politique global de domination mis en œuvre dans les années 2010 qui ne cherchait plus à gagner l'adhésion de la population, mais à la « tenir » suffisamment pour pouvoir méthodiquement aliéner les prochaines générations. Le présent ouvrage est né du besoin de tirer au clair cette question épineuse du processus de radicalisation de la République islamique. L’auteure examine la nouvelle politique intérieure, mettant par là même en lumière la césure qui s’est opérée en 2009 aussi bien que l’ambition régionale hégémonique du régime théocratique.
Marie Ladier-Fouladi est sociodémographe, directrice de recherche au CNRS/EHESS-CETOBaC.
L’ébranlement de la légitimité de la République islamique suite au scrutin présidentiel frauduleux de juin 2009 et à la vague de protestations postélectorale – baptisée « Mouvement vert » – qu’il a provoquée, a déclenché un processus de radicalisation du régime politique iranien. Cette radicalité se lit à travers le projet politique global de domination totale mis en œuvre dans les années 2010 qui ne cherchait plus à gagner l'adhésion de la population alors exaspérée, mais à la « tenir » suffisamment pour pouvoir méthodiquement aliéner les prochaines générations, voulues nombreuses et dévouées à l'État théocratique. Cette nouvelle politique intérieure se prolonge sur le plan régional et international, par la présence de forces militaires iraniennes ou pro-iraniennes dans les pays avoisinants – présence qui a déjà déclenché l’escalade des tensions extrêmes dans la région, envenimant par là même les relations antagonistes irano-américaines. Ce bras de fer Iran/États-Unis risque d’entraîner la République islamique dans un nouveau conflit alors qu’elle vient de commémorer le 40ème anniversaire de la guerre Irak-Iran (22 septembre 1980).
Le présent ouvrage est né du besoin de tirer au clair cette question épineuse du processus de radicalisation de la République islamique. L’auteure s’est attachée pour ce faire à examiner la nouvelle politique intérieure, mettant par là même en lumière la césure qui s’est opérée en 2009 aussi bien que l’ambition régionale hégémonique du régime théocratique.
Marie Ladier-Fouladi est sociodémographe, directrice de recherche au CNRS/EHESS-CETOBaC. Ses recherches actuelles portent sur la mutation radicale du régime islamique en Iran.
Depuis quelques années, la laïcité fait régulièrement l’objet de controverses publiques. Les travailleurs immigrés maghrébins d’après-guerre, appartenant à la classe ouvrière bon marché, pratiquaient sur leur lieu de travail avec l’accord des directions d’entreprises et les encouragements du personnel politique.
Alor, qu'y a-t-il de véritablement de nouveau dans la situation actuelle ? Mais, plus fondamentalement encore, il faut revenir sur la thèse de la compatibilité ou non de -certains modes de vies - religieux - avec le travail. Là aussi, à la lumière des réalités économiques et sociales du 21e siècle, qu’en est-il réellement ?
Hicham Benaissa est sociologue praticien, délégué général de l’Observatoire des populations immigrées africaines et leurs descendants (OPIAD).
Depuis quelques années, la laïcité fait régulièrement l’objet de controverses publiques. Elle serait mise en cause dans différents -secteurs du monde du travail par la présence « nouvelle » d’un islam expressif. Sauf que les travailleurs immigrés maghrébins d’après-guerre, -appartenant à la classe ouvrière bon marché, pratiquaient sur leur lieu de travail avec l’accord des directions d’entreprises et les encouragements du personnel politique. Des entreprises de renom ont même construit des salles de prières pour leurs salariés -musulmans, sans que cela ne suscite d’émois particuliers. Alors, interrogeons-nous : qu’y a-t-il de véritablement « nouveau » dans la situation actuelle ? Mais, plus -fondamentalement -encore, il faut revenir sur l’incontournable thèse de la compatibilité ou non de -certains modes de vies -religieux avec le travail. -Paradigme qui -continue -d’organiser notre -manière de hiérarchiser les « religions » à l’ère moderne. Là aussi, à la lumière des -réalités économiques et sociales du 21e siècle, qu’en est-il réellement ?
Hicham Benaissa, sociologue praticien, rattaché au GSRL (CNRS-EPHE). Co-fondateur et délégué général de l’Observatoire des populations immigrées africaines et leurs descendants (OPIAD). Si ses travaux portent sur l’islam au travail, il s’intéresse, plus -globalement, aux implications théoriques et pratiques provoquées par l’implantation durable de l’islam en Europe.
« Qu’ils se servent de leurs armes une bonne fois […]» : cette sortie dit quelque chose de la brutalité des réactions que le mouvement des Gilets jaunes a suscitées.
Face à certains discours outranciers, il est tentant d’épouser le registre de la dénonciation morale. On gagne pourtant à faire tout le contraire et à analyser aussi précisément que possible les conceptions de la « démocratie », du « peuple », de la « violence » ou encore de la « vérité » qui ressortent de la couverture du mouvement des Gilets jaunes.
Rédigé dans un langage clair et accessible, le livre décortique les ressorts du discours médiatique et invite le lecteur à exercer son esprit critique.
Jean-Louis Siroux est sociologue et chargé de cours à l’Université libre de Bruxelles
Pourquoi la pandémie en Amérique latine ? De la fin des années 1980 à aujourd’hui, le taux de croissance du PIB par tête en moyenne est plus que modeste et les inégalités de revenus gigantesques. Le virus SARS-CoV-2 agit sur un « corps déjà malade », d’où un cortège de morts impressionnant.
Pourquoi écrire sur ce sujet maintenant alors que la pandémie n’est pas terminée ? Ce livre participe du cri d’alarme. Déjà le virus mute en un virus politique.
Sauf si un renouvellement en profondeur des propositions progressistes est élaboré, tenant compte de l’Histoire telle qu’elle s’est déroulée ces trente dernières années.
Recension I dans Entre les lignes
Pierre Salama est latino-américaniste, professeur émérite à l’Université Sorbonne Paris Nord.
Pourquoi la pandémie en Amérique latine ? De la fin des années 1980 à aujourd’hui, le taux de croissance du PIB par tête en moyenne est plus que modeste et les inégalités de revenus gigantesques. Le virus SARS-CoV-2 agit sur un « corps déjà malade », d’où un cortège de morts impressionnant. La pandémie atteint l’ensemble de la population. Dans les clusters, une différenciation sociale opère. Tous sont certes impactés mais les catégories sociales les plus pauvres, les plus modestes, sont les plus atteintes.
Pourquoi écrire sur ce sujet maintenant alors que la pandémie n’est pas terminée ? Il est toujours plus facile de la raconter une fois qu’on la connaît. En ce qui me concerne, je suis de ceux qui ne pensent pas que l’Histoire suit un chemin inéluctable, des bifurcations d’ordre économique et/ou politique sont toujours possibles. Ce livre participe du cri d’alarme pour faire « bouger les lignes ».
Déjà le virus mute en un virus politique. L’Histoire n’est pas écrite mais des tendances sont à l’œuvre de manière souterraine, des linéaments, des prémices de bouleversements politiques se font jour. L’apparition d’un populisme d’extrême droite, voire d’un « illibéralisme », menace. Les évangéliques en nombre fortement croissant peuvent en constituer une « armée de l’ombre », propice à leur avènement. Sauf si…
Sauf si un renouvellement en profondeur des propositions progressistes est élaboré, tenant compte de l’Histoire telle qu’elle s’est déroulée ces trente dernières années.
Pierre Salama est latino-américaniste, professeur émérite à l’Université Sorbonne Paris Nord.
De La Poste, ses usagers devenus des « clients », connaissent surtout la détérioration et la marchandisation des services offerts. Mais que se passe-t-il dans les coulisses, du point de vue de ceux qui y travaillent ? Ce livre examine à la loupe le sort fait au groupe professionnel des facteurs en l’éclairant à partir de l’insertion des activités postales dans les logiques financières.
Ce livre montre combien les enjeux de la qualité du travail et ceux de la - qualité de la vie sociale sont - solidaires. Des convergences entre usagers et salariés apparaissent d’autant plus -nécessaires et possibles.
Paul Bouffartigue, sociologue, et Jacques Bouteiller, socio--économiste, sont chercheurs au Laboratoire d’Économie et de -Sociologie du Travail à Aix-en-Provence.
De La Poste, ses usagers – appelés à en devenir « clients » - connaissent surtout la détérioration et la marchandisation des services offerts. Mais que se passe-t-il dans ses coulisses, du point de vue de ceux qui y travaillent ? Ce que vivent les facteurs et les factrices, permet de comprendre les liens intimes entre la détérioration des services publics et la dégradation du travail et des métiers de celles et ceux qui les produisent. Ce livre démontre combien les enjeux de la qualité du travail et ceux de la qualité de la vie sociale sont solidaires. L’examen minutieux des coulisses de la distribution du courrier et des colis permet d’alimenter la réflexion et le débat citoyens sur l’avenir des services publics comme sur le sort fait à leurs travailleurs. Si ces deux enjeux sont indissociables, des convergences entre usagers et salariés sont nécessaires et possibles.
Parmi les services publics ayant une activité industrielle et commerciale, la Poste offre un terrain exemplaire de réflexion. Car si la pénétration des logiques financières et commerciales y a été plus tardive qu’ailleurs – l’attachement particulièrement fort des français à cette institution n’y étant pas étranger –, elle s’y produit désormais à vive allure. Alors-même que son cœur de métier, le courrier, est très fragilisé par la numérisation des communications.
Ces transformations provoquent souffrances et résistances. Ces dernières sont sous-estimées car dispersées et peu visibles. Sont-elles porteuses d’autres possibilités d’évolution des activités postales renouant avec les exigences de service public ? Les luttes menées au nom de la défense d’une certaine qualité du travail sont-elles susceptibles de rejoindre les préoccupations et les besoins des utilisateurs ? Ou l’idéologie consumériste continuera-t-elle d’être instrumentée pour défaire les protections collectives qui avaient été conquises par les travailleurs des services publics ?
Paul Bouffartigue, sociologue, et Jacques Bouteiller, socio-économiste, sont chercheurs au Laboratoire d’Economie et de Sociologie du Travail à Aix-en-Provence.