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Depuis vingt ans, la négociation d’entreprise est promue comme le nouveau levier de construction du compromis salarial. Avec les transformations du capitalisme, des règles de la négociation et l’affaiblissement des syndicats, le dialogue social en entreprise n’a pourtant sans doute jamais été aussi déséquilibré. De fait, en combinant analyse statistique et enquêtes de terrain, cet ouvrage donne à voir la manière dont les salariés et leurs représentants ont été partout mis sous pression dans leur capacité à négocier les conditions de leur engagement dans le travail. Il met cependant aussi évidence comment varient en fonction des contextes d’entreprise et de la présence syndicale, les formes de la domination patronale, de la représentation du personnel et la nature des compromis qui y sont négociés. En analysant la crise du compromis salarial, cet ouvrage s’attache en particulier à penser ensemble les métamorphoses du syndicalisme, du capitalisme et de ses modes de régulation.
Ce livre sera disponible an août 2023
Au terme d’une trentaine d’années de réformes ininterrompues des règles du dialogue social, parachevées par les ordonnances Travail de 2017, la négociation collective d’entreprise s’est imposée comme le nouveau pilier du système des relations professionnelles. Elle est pensée comme le moyen de concilier de façon plus équilibrée et efficace les impératifs de compétitivité des entreprises avec la défense des intérêts des salariés. L’institutionnalisation accrue du dialogue social en entreprise comme son éloge politique apparaissent pourtant en fort décalage avec la fragilisation importante de la capacité effective des salariés et de leurs représentants à peser sur la répartition de la valeur et les règles du rapport salarial. Les syndicats ont en effet beaucoup perdu de leur ancrage militant dans un système productif profondément bouleversé, marqué par la précarisation de la condition salariale et le « despotisme du marché » qu’impose la financiarisation de l’économie. Le tissu productif français n’en reste pas moins composé de modèles socio-productifs distincts, tant du point de vue des types de marché des entreprises, du profil de leur main d’œuvre, des modalités de leur encadrement que de la présence syndicale. Combinant analyse statistique et enquêtes de terrain, cet ouvrage collectif montre comment s’articulent dans ces différents contextes socio-productifs les formes de la domination patronale, de conflictualité au travail et de pratiques du dialogue social. Ce faisant, il donne à voir selon quelles modalités différentes se reconfigurent, sous l’effet des transformations du capitalisme et des réformes néo-libérales, les usages des dispositifs du dialogue social en entreprise, les logiques de construction du compromis salarial et la capacité des salariés et de leurs représentants à le négocier.
Table des matières
sommaire 5
introduction. Le dialogue social en entreprise à l’épreuve des transformations du capitalisme 7
Du compromis fordiste au nouvel ordre néo-
libéral 10
Extension et inversion des règles de la négociation collective : un nouvel instrument d’ajustement aux logiques du marché ? 14
Entre dominations patronales et résistances salariales : comment se construisent les compromis salariaux ? 18
chapitre 1. La reconfiguration des contextes et des pratiques de la négociation collective en entreprise 25
L’érosion du pouvoir d’agir syndical dans les
négociations 29
Des négociations contraintes par les limites de l’implantation syndicale 30
Des modes de reconfiguration ambivalents de la représentation du personnel en entreprise 31
Un ancrage syndical toujours fragile 35
Des accords mais encore ? Des compromis sous contrainte et de faible intensité 39
Les dynamiques et les effets contrastés du renouvellement des enjeux de négociation 40
Des négociations plus à distance de salariés moins
mobilisés 45
Des formes de dialogue social façonnées par la reconfiguration des modèles socio-productifs 52
Diriger sans syndicat ni compromis négocié ? 54
Les « petites entreprises paternalistes » : un dialogue social inexistant 55
Les « PME innovantes et dynamiques » : des négociations rares articulées à un rapport salarial plus équilibré ? 57
Des négociations plus formalisées mais des syndicats contraints dans leur rôle 61
Les établissements « néo-tayloriens des services » : des négociations sous tutelle institutionnelle 63
Les « entreprises néo-fordiste en tension » : la pression actionnariale a-t-elle eu raison du compromis salarial ? 67
Conclusion. Vers une approche configurationnelle des conditions de production du compromis salarial 72
chapitre 2. Hégémonies patronales, arrangements et résistances dans les « PME familiales » 79
Des modes de domination « néo-paternaliste » en tension 84
Un rapport salarial personnalisé, entre système de faveurs et domination rapprochée 84
Des instruments de fidélisation : avantages salariaux et mobilité interne 85
Récompenser et sanctionner pour discipliner une main-d’œuvre volatile 90
Un régime de production soumis à la contrainte croissante du marché 98
Un compromis salarial mis sous pression par les exigences du donneur d’ordre 98
Stratégie de croissance, normalisation réglementaire et bureaucratisation de la domination patronale 101
Le consentement limité des salariés à un travail contraint 104
Une légitimité patronale fragilisée par l’érosion des contreparties offertes 104
Des résistances diffuses au despotisme patronal 106
Les entreprises « dynamiques et innovantes » : travailler en harmonie ? 109
Une domination patronale moins coercitive, un compromis salarial plus favorable 110
Primes à la performance et travail en autonomie contrôlée sur fond d’affinités sociales 111
La qualification professionnelle comme ressource ouvrière pour négocier l’organisation du travail 116
Défections et résistances face au durcissement du pouvoir patronal 121
Monnayer son départ quand la situation se dégrade 121
La rationalisation du travail, enjeu de tensions et de compromis 124
Conclusion. Reconfigurations et variété des capitalismes familiaux : des conflits et des compromis de classe à l’ombre de la finance 129
chapitre 3. Quel dialogue social sans les syndicats ? Les usages des dispositifs de la représentation du personnel dans les PME familiales 133
Des institutions du dialogue social sous contrôle
patronal 136
Un investissement patronal limité dans la gestion des relations sociales 137
« C’est Monsieur Crépin qui décide, on n’ose pas le contredire » : des instances de représentation du personnel soumises à un style de management autocratique 138
Un mode de gestion formel et peu professionnalisé des instances de représentation du personnel 140
Les conditions de production de représentants loyaux à l’écart des syndicats 145
La promotion de salariés de confiance par la direction 146
Des vocations d’élus aux ressorts sociaux et militants pluriels 153
Des représentants disposés et contraints à se conformer à des pratiques collaboratives 160
Des dispositifs de représentation détournés et contournés dans leur rôle 164
Des élus en relais de la domination patronale dans les petites entreprises paternalistes 165
Un instrument managérial de mobilisation et de contrôle des salariés 165
Des négociations rares, unilatérales et de concession 170
L’autonomisation très limitée des représentants du personnel dans les PME innovantes et dynamiques 174
Des tentatives de réinvestissement plus offensif de leur rôle par les élus 174
Des élus isolés confrontés à la résistance patronale 180
Conclusion. De l’évitement des représentants du personnel à leur domestication 187
chapitre 4. Un compromis salarial empêché par l’État néo-libéral. Les relations professionnelles sur le marché réglementé du secteur sanitaire et social 191
Des organisations sous pression budgétaire et institutionnelle 195
Rationaliser les coûts et l’organisation du travail 196
Une politique managériale « sous contrainte publique » 196
Une mise sous pression du travail 199
Des dispositifs « participatifs » pour faire adhérer les salariés aux changements organisationnels 203
Des réorganisations sources d’une conflictualité
souterraine 207
Des établissements en déficit d’attractivité 207
Une intensification des tensions avec l’encadrement intermédiaire 210
Des conflits de normes professionnelles 213
Dialoguer plus pour négocier moins : des syndicats désarmés ? 217
Des politiques managériales inégalement négociées en fonction de l’ancrage syndical 218
La force de la ressource syndicale pour des salariées des classes populaires précarisées 218
Une représentation syndicale fortement professionnalisée dans le secteur médical 223
Des négociations subordonnées à la logique de rationalisation des coûts 227
Des délégués syndicaux enrôlés dans les processus de réorganisation 227
Des compromis salariaux entravés par les contraintes budgétaires 230
Des politiques d’organisation du travail peu négociées 235
Des représentants syndicaux fragilisés par la mise en place du CSE 240
Des militantes rendues plus vulnérables face à l’employeur 241
Vers des professionnels du dialogue social sans pouvoir ? 243
Conclusion. Un dialogue social administré et verrouillé par l’État néo-libéral 246
chapitre 5. Le compromis salarial à l’épreuve du capitalisme financier 251
Les conditions d’un compromis salarial renouvelé 256
Les recompositions des contextes sociaux et organisationnels d’un syndicalisme solidement ancré 257
La « success story » d’une industrie électronique de pointe indépendante 258
Une plateforme d’ampleur stratégique dans un groupe mondial 262
Une CGT dominante dans un paysage syndical socialement divisé 265
Au fondement de la capacité d’action syndicale 269
Une capacité de mobilisation articulée à un travail d’expertise 269
Des négociations salariales activement préparées 272
Des conflits révélateurs de l’adaptation des syndicats aux logiques de valorisation financière ? 276
Les ressorts d’un scandale financier 277
Une période d’instabilité à l’origine d’un changement de direction 277
Un dispositif financier pour fidéliser les hauts dirigeants 279
Une alliance de classe à la base d’un conflit inédit 282
La délimitation du groupe des bénéficiaires comme enjeu de la mobilisation 283
Le choix raisonné du répertoire d’action collective 285
Un compromis temporaire concédé par le Conseil d’Administration 287
Les politiques d’intéressement comme enjeu de tension syndicale 290
Des syndicats contraints à négocier l’individualisation des politiques salariales 293
Un dialogue social pris dans des logiques managériales 294
Un affaiblissement des solidarités collectives 297
Une contestation syndicale impossible ? L’ambiguïté face aux dispositifs d’évaluation et d’individualisation des rémunérations 298
Composer avec le morcellement des négociations : division des revendications et dé-politisation des enjeux 300
Conclusion. Les métamorphoses du compromis salarial comme enjeu de lutte dans les entreprises financiarisées 305
conclusion générale. De l’intérêt de repenser ensemble les recompositions des relations professionnelles et des contextes socio-économiques du rapport salarial 309
Quels compromis salariaux possibles dans un capitalisme en mutation ? 311
Pour une sociologie des structures sociales et économiques des relations professionnelles 316
À quoi peuvent encore servir les syndicats ? 322
Éclectisme. Tel pourrait être le mot-clé de ce numéro 12 de Zilsel. Les études sociales des sciences et techniques investissent les terrains les plus variés et les objets les plus divers. Le volume est ouvert par un éditorial invité d’Isabelle Laboulais, sur les conséquences pratiques et politiques de l’avènement du mot d’ordre de l’« open science »dans les mondes académiques et de la recherche française. La gamme des centres et objets d’intérêt, investis dans une première série d’études approfondies, est étendue : des expéditions astronomiques au 18e siècle à l’histoire de la commercialisation de la recherche au Canada, en passant par la matérialité multiforme des éditions d’Idéologie et Utopie de Karl Mannheim, c’est la promesse d’un certain dépaysement.
Le sommaire comprend également un texte classique de l’historienne Hélène Metzger sur les rapports entre histoire et philosophie des sciences. L’entretien avec Alain Ehrenberg constitue un autre document pour l’histoire de la sociologie française contemporaine.
Une série de critiques d’ouvrages (à propos de l’histoire des revues, de l’hérédité, de l’observation et du gouvernement de la recherche) complète cet ensemble.
Éclectisme. Tel pourrait être le mot-clé de ce numéro 12 de Zilsel.
Les études sociales des sciences et techniques investissent les terrains les plus variés et les objets les plus divers.
Le volume est ouvert par un éditorial invité d’Isabelle Laboulais, sur les conséquences pratiques et politiques de l’avènement du mot d’ordre de l’« open science »dans les mondes académiques et de la recherche française.
La gamme des centres et objets d’intérêt, investis dans une première série d’études approfondies, est étendue : des expéditions astronomiques au 18e siècle
à l’histoire de la commercialisation de la recherche au Canada, en passant par la matérialité multiforme des éditions d’Idéologie et Utopie de Karl Mannheim, c’est la promesse d’un certain dépaysement.
Un dossier consacré aux positions épistémologiques de l’anthropologue Alain Testart (1945-2013) étend encore le champ d’investigation.
Dans la rubrique « Friches », exploratoire à souhait, on alternera entre les lancements spatiaux américains vers la Lune et l’uroscopie médiévale dans les textes littéraires.
Le sommaire comprend également un texte classique de l’historienne Hélène Metzger sur les rapports entre histoire et philosophie des sciences. L’entretien avec Alain Ehrenberg constitue un autre document pour l’histoire de la sociologie française contemporaine.
Une série de critiques d’ouvrages (à propos de l’histoire des revues, de l’hérédité, de l’observation et du gouvernement de la recherche) complète cet ensemble.
Les éducateurs de la prévention spécialisée et les animateurs sociaux des Quartiers de la Politique de la Ville (QPV) sont-ils des travailleurs sociaux « comme les autres » ? Cette enquête s’intéresse aux spécificités du travail social dans les QPV (1297 en France métropolitaine, 151 en outre-mer), des quartiers définis par leurs taux de pauvreté et de délinquance, confrontés aux émeutes depuis les années 1980 et à la professionnalisation du trafic de stupéfiants à partir des années 1990. Comment la prévention spécialisée et l’animation sociale se sont-elles adaptées à ces évolutions ? Comment éducateurs et animateurs peuvent-ils justifier salaires et subventions quand les jeunes « dont tout le monde parle » (sans les nommer) les ignorent ou les boycottent, lorsqu’ils ne les chassent pas du quartier ? Comment travailler avec ces jeunes lorsque l’un d’eux se change en partenaire, ou si sa petite sœur devient une collègue ?
Telles sont les questions posées au fil des dix-sept études de cas de cette enquête qui commence dans les années 2000 et se termine quinze ans plus tard.
Ce livre peut être commandé dès maintenant. Il sera disponible début août
Table des matières
Préface
Introduction
Trop dangereux
Où sont les adultes ?
Les bandes et les réseaux de trafic
Capital guerrier et contrôles de la violence
Méthode d’enquête
La récolte des données : à chaud ou à froid
Les premiers pas d’un sociologue en travail de rue
CHAPITRE I. Le dépôt de plainte improbable et le cadre éducatif incertain
Cas n°1 : Seule contre tous
Cas n°2 : La fin d’une équipe
Cas n°3 : Le refus de la collaboration
Cas n°4 : Le risque du cadre éducatif
D'un contrôle à l’ autre
CHAPITRE II. Complicités et rappel à la loi
Cas n°5 : Bloqués à la douane
Cas n°6 : La communion
Cas n°7 : La dissimulation
De l’impuissance à la confusion
CHAPITRE III. Le capital guerrier : entre encadrement et mise à distance des bandes
Cas n°8 : Du catholicisme social au krav-maga
Cas n°9 : Le protecteur
Cas n°10 : La politique de la petite sœur
Cas n°11 : La bonne distance
Invisibilité du capital guerrier
CHAPITRE IV. L’élimination de la concurrence
Cas n°12 : Prise au piège
Cas n°13 : Voler le pain des gens du quartier
Cas n°14 : Réseau contre réseau
Malvenu
CHAPITRE V. Le vertige de la plaque tournante
Cas n°15 : Les premiers pas
Cas n°16 : La banalité du mal
Cas n°17 : Résistance
Une expérience totale de la voyoucratie
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
« On ne peut pas travailler ici comme on travaillerait dans un autre quartier », explique un éducateur dont le local se trouve à quelques mètres d’un point de deal.
Les éducateurs de la prévention spécialisée et les animateurs sociaux des Quartiers de la Politique de la Ville (QPV) sont-ils des travailleurs sociaux « comme les autres » ? Cette enquête s’intéresse aux spécificités du travail social dans les QPV (1297 en France métropolitaine, 151 en outre-mer), des quartiers définis par leurs taux de pauvreté et de délinquance, confrontés aux émeutes depuis les années 1980 et à la professionnalisation du trafic de stupéfiants à partir des années 1990. Comment la prévention spécialisée et l’animation sociale se sont-elles adaptées à ces évolutions ? Comment éducateurs et animateurs peuvent-ils justifier salaires et subventions quand les jeunes « dont tout le monde parle » (sans les nommer) les ignorent ou les boycottent, lorsqu’ils ne les chassent pas du quartier ? Comment travailler avec ces jeunes lorsque l’un d’eux se change en partenaire, ou si sa petite sœur devient une collègue ?
Telles sont les questions posées au fil des dix-sept études de cas de cette enquête qui commence dans les années 2000 et se termine quinze ans plus tard.
Depuis une dizaine d’années, l’accès au RSA (revenu de solidarité active) est présenté comme plus simple, plus efficace et plus rapide, les outils numériques devant permettre de faciliter la réalisation des démarches administratives. Or, pour nombre de personnes, la réalité est tout autre. Entre la fermeture des guichets, les difficultés d’obtenir un rendez-vous, et l’usage de l’administration en ligne, l’obtention du RSA devient plus complexe pour celles et ceux qui sont placé·es en bas de la hiérarchie sociale.
Nourrie par une ethnographie au long cours menée en milieu rural, l’enquête présentée dans cet ouvrage explore les parcours des demandeurs et demandeuses de RSA, révélant les barrières qu’ils et elles doivent franchir afin d’espérer obtenir leurs droits. En questionnant à la fois les réformes de numérisation et ce que vivent les classes populaires résidant à distance des centres urbains, apparaissent alors les ressorts d’un État social qui, à distance, façonne les inégalités d’accès aux droits.
Table des matières
Remerciements
Préface
Introduction
Le non-recours comme catégorie d’État
Étudier le pouvoir bureaucratique à distance des administrations
Ethnographier l’ administration en son absence
Chapitre 1. La dématérialisation au secours des institutions : Genèse des politiques de lutte contre le non-recours
Lutter contre le non-recours par le numérique : la force d’une incohérence politique
Réformer les cartes de l’ accès aux droits
Le non-recours et les transformations de l’ accueil administratif
Conclusion du chapitre 1
Chapitre 2. Le non-recours dans les luttes d’institutions : l’ appropriation locale d’une politique publique
Les logiques conflictuelles de la mise en œuvre locale du non-recours
Renforcer les inégalités territoriales par l’inclusion numérique
Conclusion du chapitre 2
Chapitre 3. À distance de l’État : positions socio-spatiales et rapports à l’ assistance
La fabrique territoriale des rapports à l’ assistance
Les inégalités socio-spatiales de l’ accès aux guichets
Conclusion du chapitre 3
Chapitre 4. Ordre et désordre dans l’ accès au RSA : la distribution sociale des chances d’établir une relation à l’État
“Décider” d’obtenir le RSA : l’ordre social de l’ accès aux droits
“Hésiter” à demander le RSA : désordres sociaux dans l’ accès au droit
Conclusion du chapitre 4
Conclusion générale : Gouverner à distance, gouverner par la distance
Non-recours : la force d’une catégorie faible
Vivre à distance de l’État
Annexes
Depuis une dizaine d’années, l’accès au RSA (revenu de solidarité active) est présenté comme plus simple, plus efficace et plus rapide, les outils numériques devant permettre de faciliter la réalisation des démarches administratives. Or, pour nombre de personnes, la réalité est tout autre. Entre la fermeture des guichets, les difficultés d’obtenir un rendez-vous, et l’usage de l’administration en ligne, l’obtention du RSA devient plus complexe pour celles et ceux qui sont placé·es en bas de la hiérarchie sociale.
Nourrie par une ethnographie au long cours menée en milieu rural, l’enquête présentée dans cet ouvrage explore les parcours des demandeurs et demandeuses de RSA, révélant les barrières qu’ils et elles doivent franchir afin d’espérer obtenir leurs droits. En questionnant à la fois les réformes de numérisation et ce que vivent les classes populaires résidant à distance des centres urbains, apparaissent alors les ressorts d’un État social qui, à distance, façonne les inégalités d’accès aux droits.
Cet ouvrage est consacré à la discrimination dans le domaine scolaire encore peu explorée. Il s’attache à la population des descendants de l’immigration nord-africaine. L’ouvrage traite de questions essentielles : comment définir et établir la discrimination dans le domaine scolaire ? Comment la différencier des inégalités ? Répondre à ces questions suppose une analyse du fonctionnement de l’institution scolaire en croisant les apports de la sociologie de l’éducation et du droit de l’éducation. C’est ce qui fait l’originalité de l’ouvrage. Il montre que si l’école ne discrimine pas de façon systématique les élèves descendants de l’immigration nord-africaine, agissent bien en revanche en son sein des mécanismes discriminatoires. Sont concernés ici tous faits, actes ou décisions de nature à porter atteinte à la dignité et à l’intégrité des élèves et d’exercer une influence potentiellement préjudiciable sur les trajectoires scolaires. L’ouvrage interroge ainsi la capacité de l’école à faire monde commun. Il dresse un état des lieux pour une école plus égalitaire, moins fragmentée, plus respectueuse du droit de l’éducation.
Table des matières
Remerciements 7
Préface 9
Introduction 15
Première partie. Quelle sociologie des relations entre l’ école et les descendants de l’ immigration nord-africaine ? 25
Chapitre 1. Les élèves descendants de l’ immigration nord-africaine : un statut d’ extériorité dans l’ école républicaine 27
I. Les descendants de l’ immigration nord-africaine :
entre immigrés et prolétaires 29
II. L’ école et l’ immigration : la non-centralité d’ un objet en sociologie de l’ éducation 32
III. La difficulté à désigner les élèves descendants de
l’ immigration nord-africaine 35
IV. La tentation du comparatisme anglo-saxon 37
V. Les élèves descendants de l’ immigration nord-africaine en France présentent-ils des homologies avec les minorités ethniques aux États-Unis ? 42
Chapitre 2. Les descendants de l’ immigration nord-africaine appréhendés essentiellement à travers le prisme de l’ échec scolaire 57
I. Déconstruire les tests d’ intelligence comme outils de domination sociale 59
II. Ce que l’ école fait aux descendants de l’ immigration nord-africaine et ce que les descendants de l’ immigration nord-africaine font à l’ école 65
III. Un statut infériorisé des élèves issus de l’ immigration dans les travaux de recherche 68
IV. Les ambivalences de la sociologie des rapports entre école et immigration 71
Chapitre 3. L’ émergence tâtonnante et nébuleuse de l’ objet discriminations scolaires en France 75
I. Des transformations profondes au sein de la société française et du champ académique 75
II. L’ ethnicisation de l’ espace scolaire : le terreau des discriminations scolaires ? 79
III. Les élèves « étrangers » à l’ école : une catégorie repoussoir dans l’ espace scolaire 81
IV. La banalisation du vocable d’ élèves « maghrébins » 84
V. Peut-on raisonner en termes de racisme à l’ école ? 86
VI. Le paradigme des inégalités scolaires : un objet écran à celui des discriminations scolaires ? 91
Chapitre 4. Une dissonance entre approches subjectivistes et objectivistes des discriminations scolaires 97
I. Les déclarations massives et spontanées relatives aux discriminations scolaires dans les quartiers populaires 99
II. Comment distinguer un effet de ségrégation et un effet de discrimination ? 101
Total 101
III. Un sentiment d’ injustice ou de discriminations scolaires majoritaire ou minoritaire parmi les descendants de l’ immigration nord-africaine ? 104
IV. La non-identification des discriminations scolaires à une échelle macro-sociologique 109
Deuxième partie. De quoi la discrimination est-elle le nom ? 117
Chapitre 5. Quel statut de la discrimination dans les sciences sociales et dans le champ éducatif en France ? 119
I – Quels apports de la notion de discrimination en sciences sociales ? 122
II – Tensions et controverses autour de la notion de race 127
III. Comment articuler discriminations, racisme et inégalités ? 138
IV. Penser les relations entre sociologie et droit de la non-discrimination 142
Chapitre 6. En quoi la discrimination scolaire n’ est pas une discrimination comme les autres 147
I. Les discriminations au cœur des contradictions entre principe d’ égalité et réalité des inégalités ? 149
II. Comment les inégalités scolaires se sont imposées comme un paradigme central 153
III. Les fausses évidences des inégalités scolaires ou les faux semblants de la méritocratie scolaire 155
IV. La puissance incontestable du paradigme des inégalités scolaires 161
V. Relire les inégalités scolaires au prisme du droit de la non-discrimination 164
Chapitre 7. Propositions pour une conceptualisation des discriminations scolaires 169
I. Les risques d’ un usage superficiel du droit de la non-discrimination 171
II. Le droit de l’ éducation : un angle mort de la sociologie des discriminations scolaires 177
III. La construction de normes juridiques européennes et internationales en matière de droit de la non-discrimination 181
Obligations faites aux États de prendre des dispositions 191
IV. La discrimination scolaire au prisme des avis de la Halde et du Défenseur des droits 194
V. Pour une définition et une conceptualisation des discriminations scolaires 201
Troisième partie. Les immigrés et les descendants de l’ immigration nord-africaine, le racisme, les ségrégations et la discrimination scolaire 207
Chapitre 8. Un groupe social hétérogène 209
I. Les orientations théoriques de l’ enquête biographique 210
II. L’ insaisissable cohérence des descendants de l’ immigration nord-africaine
214
III. Identités hybrides et transterritorialité 224
IV. La tyrannie de l’ injonction identitaire et l’ expérience de la ségrégation urbaine 232
V. La constitution différenciée d’un ethos de classe 235
VI. Le maillage brisé de l’ éducation populaire a laissé place à l’ anomie dans les quartiers populaires 237
VII. Les conditions d’ habitat indignes dans les quartiers populaires 243
VIII. Une discrimination multidimensionnelle 248
Chapitre 9. Comprendre le rapport entre les descendants de l’ immigration nord-africaine et l’ école à l’ aune du « modèle » républicain
d’ intégration 253
I. Du « déni de francité » au déni de citoyenneté 253
II. L’ engagement scolaire et la valeur symbolique de l’ institution scolaire 257
III. Les descendants de l’ immigration nord-africaine à l’ épreuve des contradictions du « modèle » républicain d’ intégration 261
IV. Les rapports différenciés à la religion et aux traditions ou la déconstruction d’ une vision communautaire des descendants de l’ immigration nord-africaine 265
V. Le port et le non-port du voile par choix et la critique de l’ islam dans les quartiers 266
VI. Des combats pour l’ émancipation 271
VII. La mise à distance de la tradition : un travail du quotidien 276
VIII. Une éducation libérale et ouverte marquée par des points de vigilance 282
Chapitre 10. Dits et non-dits de l’ expérience du racisme et de la discrimination dans l’ espace scolaire 289
I. La mise à distance du racisme et de la discrimination scolaire 290
II. Les vexations banalisées ou les petits rappels d’ altérité 299
III. La dilution de la discrimination dans la ségrégation scolaire : une vision nihiliste 304
IV. Des expériences du racisme et de la discrimination scolaires individuelles et collectives 307
V. Le sort d’ Amira sera d’ être femme de ménage : les mots qui blessent 315
VI. Lorsque la ségrégation scolaire engendre du harcèlement scolaire 322
Chapitre 11. Lorsque les élèves parlent du racisme et des discriminations
à l’ école 329
I. La discrimination scolaire n’ est pas une catégorie de pensée spontanée chez les élèves 331
II. Légitimité de présence, processus d’ auto et d’ hétéro-identification et place de la religion 336
III. L’ épreuve de l’ enseignement privé 339
IV. Le poids des stéréotypes et des préjugés 344
V. Quid de l’ enseignement public ? 346
VI. Le vécu de la ségrégation intra-établissement 349
VII. Des sentiments d’ injustice et de stigmatisation multidimensionnels et très prononcés 352
Chapitre 12. Les enseignants, la ségrégation et la discrimination scolaire :
un point aveugle 361
I. Didactiser la question de l’ identité et l’ altérité avec les élèves : un exercice pédagogique à haut risque 364
II. Une ethnicisation de l’ espace scolaire… mais bienveillante 367
III. Une pédagogie non color-blindness et anti-discriminatoire 372
IV. L’ externalisation du racisme et des discriminations scolaires 374
V. La République ne répond pas bien à l’ exigence d’ égalité scolaire 382
VI. L’ ethnicisation de la relation pédagogique : un produit de la discrimination scolaire ? 386
VII. Lorsque la lutte contre les discriminations scolaires conduit à un porte à faux avec l’ institution scolaire 392
Conclusion 397
Comment des mécanismes discriminatoires se produisent-ils au sein de l’ école ?
397
À quelles conditions l’ orientation est-elle constitutive de discriminations scolaires ? 402
Ségrégations et discriminations 404
Les liens complexes entre rupture d’ égalité, discriminations et inégalités de trajectoires scolaires 405
Le chaînon manquant du droit de la non-discrimination : la discrimination territoriale 408
Le droit à l’ éducation est un droit universel 410
Cet ouvrage est consacré à la discrimination dans le domaine scolaire encore peu explorée. Il s’attache à la population des descendants de l’immigration nord-africaine. L’ouvrage traite de questions essentielles : comment définir et établir la discrimination dans le domaine scolaire ? Comment la différencier des inégalités ? Répondre à ces questions suppose une analyse du fonctionnement de l’institution scolaire en croisant les apports de la sociologie de l’éducation et du droit de l’éducation. C’est ce qui fait l’originalité de l’ouvrage. Il montre que si l’école ne discrimine pas de façon systématique les élèves descendants de l’immigration nord-africaine, agissent bien en revanche en son sein des mécanismes discriminatoires, qu’il s’agisse des expressions de racisme entre élèves, entre enseignants et élèves, des décisions d’orientation biaisées par l’origine migratoire, ou encore des processus de ségrégation scolaire inter et intra-établissements. Sont concernés ici tous faits, actes ou décisions de nature à porter atteinte à la dignité et à l’intégrité des élèves et d’exercer une influence potentiellement préjudiciable sur les trajectoires scolaires. L’ouvrage interroge ainsi la capacité de l’école à faire monde commun. Il dresse un état des lieux pour une école plus égalitaire, moins fragmentée, plus respectueuse du droit de l’éducation.
La transformation des modes de gouvernance de l’enseignement supérieur et de la recherche.
« L’université n’est pas une entreprise ! » Ce slogan a scandé les dernières mobilisations contre les réformes des universités, qui se sont multipliées ces dernières décennies. Pourtant, à y regarder de plus près, force est de constater que l’enseignement supérieur et la recherche se distinguent de moins en moins des entreprises dans ses modes de gouvernance : la collégialité se voit concurrencée par la centralisation du pouvoir dans les mains de gestionnaires, l’autonomie par l’évaluation constante et le financement sur projet, ou encore la solidarité par un morcellement croissant des corps des salarié-e-s et de leurs intérêts respectifs. Ce numéro entend revenir sur ces métamorphoses, de leur esprit à celles et ceux qui les appliquent et les vivent au quotidien.
Table des matières
5 Dossier.
États d’esprit
Quentin Fondu, Mélanie Sargeac, Aline Waltzing
7 Étudier les universités pour mieux les réformer. Le programme sur la gestion des établissements d’enseignement supérieur de l’OCDE (1969-2016)
Quentin Fondu, Mélanie Sargeac, Aline Waltzing
17 Pourquoi l’impuissance des réformes universitaires en France ?
Christophe Charle
29 Les réformes de l’université et de la recherche : une affaire de doctrine ?
Joël Laillier, Christian Topalov
39 La consécration. Jalons pour une socio-histoire de la Conférence des présidents d’université (1971-2022)
Étienne Bordes
49 Enrôler la « communauté universitaire » la conversion managériale de l’encadrement intermédiaire
Mathieu Uhel
59 Qui sont les relais de l’excellence au sein des établissements ? Audrey Harroche
69 Les réformes de l’enseignement supérieur et de la recherche et la marginalisation des sciences humaines et sociales) à l’échelle d’une université
Jay Rowell
81 Réformes de l’imaginaire social et contrôle des subjectivités
RogueESR et Camille Noûs
Grand entretien avec Heela Najibullah
91 « Que reste-t-il de la politique de réconciliation nationale en Afghanistan ? »
propos recueillis par Gaia Lassaube
Pédagogie
103 Sociologie et sociologies spontanées. À propos des « savoirs expérientiels » et des « injustices épistémiques »
Gérard Mauger
Idées
117 À propos de Arthur BORRIELLO, Abolition et permanence du discours de crise en Italie et en Espagne (2010-2013), Jean-Paul FITOUSSI, Comme on nous parle. L’emprise de la novlangue sur nos sociétés
Frédéric Lebaron
Culture
121 L’amour de l’art. À propos de Lydie Salvayre, Marcher jusqu’au soir
Gérard Mauger
133 À propos de Jean-Paul Delahaye, Exception consolante. Un grain de pauvre dans la machine .
Gérard Mauger
Varia
145 Une vision polanyienne du capitalisme contemporain
Marie-France Garcia
161 Les conditions de l’orthodoxie
Marie Quarrey
161 Les cadres intermédiaires de la fonction publique en relais du new public management dans les politiques éducatives
Marie-Pierre Chopin, Jérémy Sinigaglia
Vous allez lire ici des histoires de militants. Ce sont des récits passionnants sur des engagements pour rendre meilleur le monde et plus légère la vie. Des combats tristement perdus et des victoires arrachées parfois avec les dents qu’un sourire franc laisse briller au milieu de la figure. Ces récits ont été laborieusement et patiemment livrés à l’auteur par des militantes et des militants bataillant dans les domaines les plus divers, de la culture au sport, de la politique au logement, de l’hygiène du linge à la réinsertion après un passage en prison, de la protection de la vie des adolescents face à la violence du narcotrafic à la difficile relation entre religion et politique.
Sommaire
Remerciements
Introduction
Premier engagement. La prison dans la vie du quartier
Deuxième engagement. La citoyenneté menacée
Troisième engagement. Monter la vie en scène
Quatrième engagement. Le prix de la décence et l’accès à
l’hygiène en temps de pandémie
Cinquième engagement. La conscience politique par
le sport
Sixième et septième engagement. Les tactiques d’un collectif
dispersé
Les militants se rencontrent
Présentation du projet de recherche
Présentation de l’auteur
Vous allez lire ici des histoires de militants. Ce sont des récits passionnants sur des engagements pour rendre meilleur le monde et plus légère la vie. Des combats tristement perdus et des victoires arrachées parfois avec les dents qu’un sourire franc laisse briller au milieu de la figure. Ces récits ont été laborieusement et patiemment livrés à l’auteur par des militantes et des militants bataillant dans les domaines les plus divers, de la culture au sport, de la politique au logement, de l’hygiène du linge à la réinsertion après un passage en prison, de la protection de la vie des adolescents face à la violence du narcotrafic à la difficile relation entre religion et politique.
Premier véritable révolutionnaire « professionnel », Buonarroti a été placé en « surveillance spéciale » à Grenoble. Expulsé de Genève, il s’y est installé, fin janvier 1813, avec sa compagne, Teresa Poggi. Il restera quinze mois sur les bords de l’Isère. Étrangement, ce séjour avait sombré dans l’oubli. L’exhumer, mieux : en rendre raison, tel est le but de cet ouvrage. Une enquête tout entière tournée vers le souci de ramener à la lumière les ramifications conspiratives que Buonarroti s’était employé à étendre à travers les Alpes.
Plongé dans les coulisses des conspirations républicaines du début du XIXe siècle, ce livre intéressera les lecteurs attirés par les premières manifestations du socialisme en Europe. Il invite à renouer avec une époque dominée par les sociétés secrètes et le rêve d’égalité hérité de la Révolution française.
Table des matières
Liste des principales abréviations 5
Prologue 7
Dans les limbes de l’histoire 7
Un point aveugle 11
Au-delà de la légende 14
Voyager dans les archives 17
Ie partie
Sur les traces d’un conspirateur 19
Chapitre 1
À l’ombre de Saint-André 21
La maison Ferrand 22
Un lieu sous surveillance 26
Le petit monde des musiciens 29
M. Falcon et ses livres 32
Le visage d’une rue 35
Une place libérale 39
Le premier appelé 43
Les mailles du filet 45
De bons procédés 51
Un artiste de carton-pâte 54
Des œuvres dédicatoires 57
Chapitre 2
Dans les salons de l’hôtel Belmont 61
Sous le sceau du secret 61
Les amis de la Plaine 67
Une loge napoléonienne 72
Une sociabilité philanthropique 77
La forme d’une loge 83
Une aspiration aux libertés 87
Une assemblée militante 90
Chapitre 3
À la croisée des regards 97
Un observateur discret 98
Le scénario d’une rencontre 103
La rue Bayard 108
Une jeunesse en ébullition 114
Le masque de l’ennui 117
Un montagnard aux aguets 121
Des rivalités politiques 125
Sous l’œil des étudiants 129
Le parti de la « finesse » 135
Un événement structurant 139
Un fief des idées libérales 142
IIe partie
La naissance d’une tradition 149
Chapitre 4
À l’école de la clandestinité 151
Un réseau d’opposants 152
Naissance d’une organisation 157
Aux premières heures 165
L’épreuve 171
Se remobiliser 178
La création de L’Union 182
Chapitre 5
Mano invisibile 193
Éclairer l’opinion 194
Une soudaine notoriété 198
Sur les chemins de l’Europe 203
En quête de légitimité 209
De l’ombre à la lumière 216
La nouvelle donne 221
Le bastion grenoblois 226
Un agenda politique 229
Chapitre 6
Insurrection 235
L’Union croisée 236
Le complot européen du Bazar 243
« Une épidémie conspirative » 248
L’autre complot 255
Des mains discrètes 263
Sous le boisseau 267
Épilogue
La révolte des masques 271
Le carnaval de la révolte 273
Une intrigue montagnarde 279
Le rire en bandoulière 285
Bibliographie indicative 291
Table des illustrations 299
Index des noms d’époque 301
Premier véritable révolutionnaire « professionnel », Buonarroti a été placé en « surveillance spéciale » à Grenoble. Expulsé de Genève, il s’y est installé, fin janvier 1813, avec sa compagne, Teresa Poggi. Il restera quinze mois sur les bords de l’Isère. Étrangement, ce séjour avait sombré dans l’oubli. L’exhumer, mieux : en rendre raison, tel est le but de cet ouvrage. Une enquête tout entière tournée vers le souci de ramener à la lumière les ramifications conspiratives que Buonarroti s’était employé à étendre à travers les Alpes.
Plongé dans les coulisses des conspirations républicaines du début du XIXe siècle, ce livre intéressera les lecteurs attirés par les premières manifestations du socialisme en Europe. Il invite à renouer avec une époque dominée par les sociétés secrètes et le rêve d’égalité hérité de la Révolution française.
Olivier Ihl est professeur de sociologie historique à Sciences Po Grenoble. Après plusieurs ouvrages sur les rituels politiques (dont La fête républicaine, Paris, Gallimard, 1996 ou Le mérite et la République, Paris, Gallimard, 2007), il s’est consacré à l’histoire de la représentation (Le premier portrait photographique. Paris 1837 et La barricade renversée. Histoire d’une photographie, Paris 1848, Vulaines-sur-Seine, Le Croquant).
Le nous populaire a longtemps été confondu avec « la classe ouvrière ». Or, depuis la deuxième moitié des années 1970, de multiples mécanismes ont contribué à le dé-faire objectivement et subjectivement. Ce délitement est renforcé par de nouvelles incitations à être soi. Quelle place ces ego accordent-ils à l’entre-soi familial ? Comment peuvent-ils se préserver au travail et en dehors du travail ? Alors que ces questions convoquent souvent des réponses abstraites en termes d’individualisation ou encore de subjectivation, les contributions réunies dans cet ouvrage livrent des analyses empiriquement étayées sur les rapports du je, de l’entre-soi et du nous dans les classes populaires au sein de la société française contemporaine, mais aussi dans des configurations antérieures aux années 1970. Ces analyses montrent que si le délitement du nous populaire favorise le repli sur la sphère privée et une plus forte exposition aux normes individualistes, les je populaires qui s’affirment aujourd’hui témoignent d’une revendication de reconnaissance indissociablement collective et personnelle.
Sommaire
Introduction
Marie-Hélène Lechien, Olivier Masclet, Gérard Mauger
Des « individus » dans l’ancienne culture ouvrière ?
Olivier Schwartz
Retour critique sur l’« attention oblique ». Une contribution à l’étude des individualités populaires
Olivier Masclet
Actualité du familialisme populaire. « Bien élever ses
enfants »
Gérard Mauger
Surveiller et servir. Rester soi-même dans une position
professionnelle subalterne
Séverine Misset
Moi, nous et les autres. Sur quelques enjeux de lutte dans
le monde des « hommes du fer »
Gérard Noiriel
Un nous contrarié ?
Henri Eckert
Travailler sur soi pour mieux vendre
Marie-Pierre Pouly
« Avoir le courage de faire des choses ». Usages du « psy » par des ménages de classes populaires stables
Anne-Marie Arborio & Marie-Hélène Lechien
Les interventions institutionnelles auprès des jeunes de milieu populaire : entre « travail de soi » et « travail des relations familiales »
Isabelle Coutant
Un « individu » à l’usage des sociologues
Gérard Mauger
Présentation des auteurs et autricesLe nous populaire a longtemps été confondu avec « la classe ouvrière ». Or, depuis la deuxième moitié des années 1970, de multiples mécanismes ont contribué à le dé-faire objectivement et subjectivement. Ce délitement est renforcé par de nouvelles incitations à être soi. Comment cerner les effets de ces processus sur les je dans les classes populaires d’aujourd’hui ? Quelle place ces ego accordent-ils à l’entre-soi familial ? Comment peuvent-ils se préserver au travail et en dehors du travail ? Alors que ces questions convoquent souvent des réponses abstraites en termes d’individualisation ou encore de subjectivation, les contributions réunies dans cet ouvrage livrent des analyses empiriquement étayées sur les rapports du je, de l’entre-soi et du nous dans les classes populaires au sein de la société française contemporaine, mais aussi dans des configurations antérieures aux années 1970. Ces analyses montrent que si le délitement du nous populaire favorise le repli sur la sphère privée et une plus forte exposition aux normes individualistes, les je populaires qui s’affirment aujourd’hui témoignent d’une revendication de reconnaissance indissociablement collective et personnelle.
On peine aujourd’hui à imaginer à quel point l’ouvrage Communauté et société du sociologue allemand Ferdinand Tönnies a bouleversé le champ académique au début du XXe siècle. Sciences sociales et parfois sciences humaines ont décliné à foison la thématique, tandis que l’opinion publique s’en emparait, en lui donnant une couleur sombre et parfois funeste (le nazisme, Vichy), en dépit des avertissements de son auteur. Au fil du temps, la distinction académique s’est ainsi mue en lieu commun équivoque, puis trouvée marginalisée voire exclue du champ scientifique. On s’est alors empressé d’oublier que Max Weber avait affiné la distinction, qu’Émile Durkheim lui avait subtilement substitué une autre opposition conceptuelle, et que la politique comparée américaine avait avec acuité, lors de ses premiers pas maladroits, tiré utilement profit de cette œuvre.
Sommaire
introduction
première partie : D’ un singulier État occidental (du Léviathan de Hobbes)
chapitre 1 : L’ homme, un individu
chapitre 2 : L’ État, une construction
deuxième partie : Tönnies, un lecteur attentif de Hobbes
chapitre 1 : L’ homme en société, un individu égoïste (Hobbes, revu et corrigé par Tönnies)
chapitre 2 : L’ homme en communauté, une personne
chapitre 3 : Éloge de la communauté
troisième partie : Une postérité sourde mais détonnante
chapitre 1 : La postérité politique de Tönnies
chapitre 2 : La postérité scientifique de Tönnies
conclusion
table des matières complète
On peine aujourd’hui à imaginer à quel point l’ouvrage Communauté et société du sociologue allemand Ferdinand Tönnies a bouleversé le champ académique au début du XXe siècle. Sciences sociales et parfois sciences humaines ont décliné à foison la thématique, tandis que l’opinion publique s’en emparait, en lui donnant une couleur sombre et parfois funeste (le nazisme, Vichy), en dépit des avertissements de son auteur. Au fil du temps, la distinction académique s’est ainsi mue en lieu commun équivoque, puis trouvée marginalisée voire exclue du champ scientifique. On s’est alors empressé d’oublier que Max Weber avait affiné la distinction, qu’Émile Durkheim lui avait subtilement substitué une autre opposition conceptuelle, et que la politique comparée américaine avait avec acuité, lors de ses premiers pas maladroits, tiré utilement profit de cette œuvre.
On a surtout oublié que l’œuvre de Ferdinand Tönnies avait, comme aucune autre auparavant, sérieusement amendé la fable de Thomas Hobbes, le fameux Léviathan, à laquelle Tönnies reconnaissait une belle rigueur mais à laquelle il opposait aussi la persistance du fait communautaire. Car c’est bien la figure d’un individu possessif cher à Hobbes que l’on trouve omniprésente dans la Gesellschaft dépeinte sous des traits rêches par Tönnies. Tandis que maints travaux ethnologiques (Maine, Gierke), philosophiques (Spinoza, Schopenhauer, von Stein...) lui avaient offert l’occasion de souligner que la Gemeinschaft repose sur une entraide naturelle entre des personnes respectueuses de leurs différences. On ne peut aujourd’hui que mesurer les dégâts de cet oubli, tant la majestueuse autorité de l’État occidental peine sur tous les continents à se substituer durablement à maintes communautés.
Jean Jacob, né en 1964, est enseignant-chercheur en science politique à l’université de Perpignan. Il a collaboré à de nombreuses revues et publié notamment Les sources de l’écologie politique, Arléa-Corlet, 1995 ; Histoire de l’écologie politique, Albin Michel, 1999 ; Le retour de « l’Ordre nouveau » Les métamorphoses d’un fédéralisme européen, Librairie Droz, 2000 ; L’Antimondialisation. Aspects méconnus d’une nébuleuse, Berg International Éditeurs, 2006.
L’Ouest étasunien vit une sécheresse sans précédent. Si la pénurie d’eau ne deviendra irrémédiable, selon les hydrologues, que vers 2050, il n’en reste pas moins que les principaux facteurs de vulnérabilité sont déjà présents : une croissance économique basée sur un secteur agro-industriel qui consomme de grandes quantités d’eau, un développement urbain avec des besoins énergétiques croissants et des effets déjà perceptibles du changement climatique. Face à cette situation, les autorités compétentes tâchent de promouvoir la mise en place d’une gestion plus « durable » de la ressource hydrique. Il n’est pas tant question de revoir le modèle économique et urbain à la source d’une consommation excédant les ressources que de trouver des arrangements permettant de poursuivre l’expansion économique et urbaine. L’enquête présentée dans ce livre décrypte, en s’appuyant sur la théorie des champs de Pierre Bourdieu, les ressorts sociologiques de la mise en œuvre de cette non-solution à la crise hydrique associant autorités publiques, opérateurs d’eau et ONG.
Cet ouvrage sera disponible à la mi-février 2023. Il peut être commandé dès maintenant. Le PDF est disponible dès maintenant
remerciements
préface : Les ruses de la raison écologique
introduction : une sociologie des politiques hydriques
Le modèle exploratoire du champ
Les protagonistes de l’eau du bassin du Colorado : une perspective relationnelle
L’intégration des enquêtes dans l’analyse du champ
chapitre 1 : de l’eau pour une nouvelle Amérique : splendeur et déclin des ingénieurs (1870-1960)
Ingénieurs fédéraux et réformateurs locaux
L’échec de l’Amérique des petits propriétaires
Face à la Grande Dépression, les mégaprojets hydriques de l’État fédéral
Le partage du Colorado : luttes et compromis entre États
Environnementalistes et fonctionnaires du budget face aux mégaprojets hydriques
chapitre 2 : une impossible gestion de l’environnement : l’emprise des promoteurs immobiliers (1960-2010)
L’enjeu de l’eau à Tucson, Arizona
L’eau et le business des terres agricoles : l’essor des petites municipalités périphériques
Promoteurs immobiliers, consultants et lobbyistes en faveur du périurbain
Attractivité urbaine et politiques de conservation
chapitre 3 : un consensus paradoxal en Arizona
La spécificité du Pima County et la diffusion des politiques de water conservation en Arizona
Architecture institutionnelle et production du consensus
Un réseau polycentré en contact permanent
Des orientations différentes
Un conservationnisme local, participatif et compatible avec la croissance économique
Savoirs et trajectoires professionnelles dans la coalition
programmatique instrumentale
chapitre 4 : un conservationnisme sous contraintes en Californie
Les protagonistes de l’eau en Californie
Une architecture institutionnelle freinant la régulation
Nouvelles et vieilles méthodes au service des opérateurs
Une mobilisation des savoirs et des populations
chapitre 5 : les instruments d’action publique comme effets de champ
Les limites du champ : des institutions aux instruments
d’action
Les prises de position sur la gestion de la sécheresse
La polarisation du champ des politiques hydriques
Des positions aux prises de position : le choix des instruments comme effet de champ
conclusion : l’écologisation paradoxale des politiques de l’eau
annexes
Liste des documents et illustrations
Liste des sigles
Index des noms
Index des notions
Présentation des auteurs
L’Ouest étasunien vit une sécheresse sans précédent. Si la pénurie d’eau ne deviendra peut-être irrémédiable, selon les prévisions des hydrologues, que vers 2050, il n’en reste pas moins que les principaux facteurs de vulnérabilité sont déjà présents : une croissance économique basée sur un secteur agro-industriel qui consomme de grandes quantités d’eau, un développement urbain avec des besoins énergétiques croissants et des effets déjà perceptibles du changement climatique. Face à cette situation, les autorités compétentes tâchent de promouvoir la mise en place d’une gestion plus « durable » de la ressource hydrique. Il n’est pas tant question de revoir le modèle économique et urbain à la source d’une consommation excédant les ressources disponibles que de trouver des arrangements contractuels et techniques permettant de poursuivre l’expansion économique et urbaine. L’enquête présentée dans ce livre décrypte, en s’appuyant sur la théorie des champs de Pierre Bourdieu, les ressorts sociologiques de la mise en œuvre de cette non-solution à la crise hydrique associant autorités publiques, opérateurs d’eau et ONG.
Comprendre une politique publique, son orientation, son style, ses instruments, implique de reconstituer la structure des relations sociales qui la fondent. Parmi les différents outils permettant de réaliser un tel pro- gramme, la sociologie des champs de Pierre Bourdieu apparaît particulièrement féconde. Ce livre illustre la portée d’une telle analyse, rarement mobilisée en matière d’action publique, en la mettant en œuvre sur des objets très différents (politiques économiques, usages politiques de l’histoire, salubrité alimentaire, gestion de l’eau, politiques de l’Union européenne, etc.). Il rassemble des contributions de chercheurs du monde entier (Argentine, Brésil, Canada, États-Unis, France, Suisse) travaillant sur ces pays et d’autres encore (Chili, Pérou, Pologne, Roumanie). Cette recherche collective renouvelle ce faisant l’analyse des politiques qui affectent la vie des populations et régulent les sociétés contemporaines.
Table des matières
Introduction
Vincent Dubois
A. les politiques sectorielles comme champs
1. Construire le champ du pouvoir scolaire :
socio-histoire et analyse structurale de deux moments critiques
Pierre Clément
2. L’espace de la politique économique au Brésil :
analyse des correspondances multiples et analyse de réseaux
Elisa Klüger
3. Le champ des politiques hydriques dans l’Ouest étasunien :
éléments d’interprétation des instruments d’ action
Joan Cortinas, Brian O’Neill & Franck Poupeau
4. La politique de sécurité comme produit du rapport de forces au sein du champ. Le cas de la Suisse au milieu des années 2010
Stephan Davidshofer, Amal Tawfik, Jonas Hagmann
5. De la théorie de l’État à la sociologie des champs de l’ action
publique en Amérique latine : la production des politiques
économiques au Pérou
Arthur Morenas
B. le champ bureaucratique et la production de l’ action
publique
6. Champ bureaucratique et sociologie de l’ action publique. De la structure de l’ administration à la production de l’ action publique
Victor Demenge et Melaine Robert
7. Le rôle de l’ autonomisation du champ bureaucratique dans le développement de l’ action publique : le cas de la politique canadienne de salubrité alimentaire entre 1874 et 1969
Caroline Dufour
8. L’ action publique comme produit de la structure professionnelle du champ bureaucratique
Victor Demenge
C. expertise et think tanks : des champs interstitiels
9. Des savoirs à la croisée des champs. Réflexions à partir du cas de l’expertise sur la radicalisation en France
Lili Soussoko
10. Sur la force des champs faibles : réflexion sur les think tanks et les champs interstitiels de l’ action publique
Thomas Medvetz
D. l’ action publique et les relations entre champs
11. L’emprise du champ journalistique sur l’ action publique nationale. Ou comment expliquer sociologiquement une décision gouvernementale « médiatique »
Jérémie Nollet
12. Les relations entre champ scientifique et champ bureaucratique en contextes « autoritaires » et « démocratiques » : la politique de l’histoire en Pologne
Valentin Behr
13. Les relations entre champs bureaucratique et entrepreneurial. Éclairages sur la contribution de l’ action publique à la délimitation des activités économiques légitimes
Antoine Roger
E. décision, mise en œuvre, circulation internationale : des processus revisités à la lumière de la sociologie des champs
14. La décision saisie par la sociologie des champs. L’exemple des grands travaux culturels présidentiels
Thomas Hélie
15. Analyser la mise en œuvre de l’ action publique européenne avec la sociologie des champs. Quelques remarques sur la politique de cohésion de l’Union Européenne
Vincent Lebrou
16. La circulation internationale et les champs de l’ action publique dans les pays périphériques : le cas latino-américain
Paul Hathazy
vi. les configurations internationales et leurs effets sur l’ action publique
17. Ce que le champ de l’Eurocratie nous dit des politiques européennes
Didier Georgakakis
18. Ce que le champ international fait aux politiques étrangères
Florent Pouponneau
conclusion
Vincent Dubois
index
auteurs
Comprendre une politique publique, son orientation, son style, ses instruments, implique de reconstituer la structure des relations sociales qui sont à son principe. Parmi les différents outils mobilisables pour réaliser un tel programme, la sociologie des champs de Pierre Bourdieu apparaît particulièrement féconde. Ce livre illustre la portée d’une telle analyse, rarement mobilisée en matière d’action publique, en la mettant en œuvre sur des objets très différents (politiques économiques, usages politiques de l’histoire, salubrité alimentaire, gestion de l’eau, politiques de l’Union européenne, etc.). Il rassemble des contributions de chercheurs du monde entier (Australie, Brésil, Canada, États-Unis, France, Suisse) travaillant sur ces pays et d’autres encore (Argentine, Pérou, Pologne). Sur cette base, cette réflexion collective propose une autre manière de voir et d’analyser les politiques qui affectent la vie des populations et régulent les sociétés contemporaines.