.
Qu’est-ce qui dans nos vies nous amène à entretenir une participation active à notre propre asservissement ?
Le talent de l’auteur est d’être à hauteur de scènes familières. A contre courant des analyses sur les résistances individuelles et collectives pour l’émancipation, Simon Lemoine propose de mettre à découvert les étayages qui participent à la fabrique du dévouement, des bancs de l’école, au travail salarié usé par les pratiques du new management enrôlant le salarié à sa propre surveillance ou à une disponibilité toujours accrue. Ainsi que le dévouement soit exploité ou simplement suscité, la perte de la libre disposition de son usage demeure bien l’expérience quotidienne d’une dépossession.
Avant-propos Le dévouement au travail
L’illusion de l’individualité
L’ordre des sujets
I. Exposition ordonnée
Thèse et enjeu
Sujeter, sujetage, sujeteur
L’ordre du sujetage
II. Le sujet dans la pratique. Explorations.
Première enquête
Premières recherches
Reprise
Nouveau modèle
Complément
Deuxième enquête
III : L’ordre du sujetage
Troisième enquête
Sujeter, sujetage, sujeteur
L’ordre du sujetage (esquisse)
Le jeu des pratiques
Quatrième enquête
Émancipation
L’émancipation dans le jeu des pratiques
L’émancipation médiatisée
Conclusion
Simon Lemoine est philosophe, enseignant et chercheur au laboratoire Métaphysique allemande et philosophie pratique de l'université de Poitiers.
Qu’est-ce qui dans nos vies nous amène à entretenir une participation active à notre propre asservissement ?
Le talent de l’auteur est d’être à hauteur de scènes familières. A contre courant des analyses sur les résistances individuelles et collectives pour l’émancipation, Simon Lemoine propose de mettre à découvert les étayages qui participent à la fabrique du dévouement, des bancs de l’école, au travail salarié usé par les pratiques du new management enrôlant le salarié à sa propre surveillance ou à une disponibilité toujours accrue. Ainsi que le dévouement soit exploité ou simplement suscité, la perte de la libre disposition de son usage demeure bien l’expérience quotidienne d’une dépossession.
Avec rigueur, il expose le travail théorique préalable que la construction de son objet a exigé de lui. S’appuyant sur les philosophes et sociologues qui ont remis en cause la centralité du « sujet », il infléchit la critique qu’ils ont développée en opposant, à « l’attitude spontanée qui consiste à voir en chacun un sujet essentiel, une capacité naturelle universelle minimale à agir en sujet en toute occasion souverainement, avec un libre arbitre, avec de l’autonomie, avec responsabilité, l’idée qu’être sujet, agir en sujet, est une affaire éminemment pratique, acquise, qui relève de différents exercices et de différentes habiletés spécifiques ». ». Ainsi « être sujet », ou « agir en sujet » est une affaire éminemment pratique, acquise, qui relève de différents exercices et de différentes habiletés spécifiques. Ces pratiques sont régulées, contrôlées, encadrées, elles sont gouvernées par un « ordre des sujets » qu’il définit dans ces termes :
« Un environnement (matériel, social et discursif) agencé d’une manière telle qu’il peut non seulement faire faire, faire dire et faire être, mais qu’il peut de surcroît coloniser nos subjectivités, non pas simplement en mobilisant des sujets qui préexisteraient au dispositif qui les investit, mais en allant jusqu’à les produire au moins en bonne part ».
Mais l’auteur s’attache aussi à détecter les « marges de manœuvre », souvent limitées mais non moins réelles, que nous pouvons mobiliser individuellement ou collectivement au profit d’une émancipation conçue comme une conquête d’« autonomie dans une hétéronomie ». Comment tordre le cou à l’idéal inatteignable du Sujet infaillible ? Et surtout comment réinvestir à d’autres fins une part des forces que nous sommes généralement incités à consommer intégralement au travail ?
Points forts de l’ouvrage :
- La diversité des matériaux mobilisés, des situations évoquées, permettra à des lecteurs et lectrices issus de secteurs du monde du travail très variés (travailleurs sociaux, personnels hospitaliers et professionnels du care, employés des secteurs de la distribution ou des services et salariés du privé en général, ou encore collaborateurs d’ONG aux statuts divers…) d’y reconnaître des éléments de leur expérience quotidienne.
- Une critique des catégories qui commandent nos réflexes de pensée et de perception les mieux ancrés (individu, sujet, libre arbitre, autonomie, responsabilité…).
- L’auteur ne quitte jamais le terrain de l’expérience quotidienne et permet ainsi au lecteur de s’approprier tant les questions qu’il pose (déconcertantes au premier abord) que les réponses qu’il y apporte, à contre-courant de l’évidence.
L’autrice, chercheuse en sociologie et spécialiste des réseaux de diplômés fut également enseignante à l’Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace (Isae) pendant 17 ans, entre 2003 et 2020. Dans cet ouvrage, elle raconte, à partir de son journal de terrain comment s’est mise en place la fusion entre les deux écoles d’ingénieurs d’aéronautique Ensica et Supaéro, sous tutelle de la Délégation Générale de l’Armement. Prenant appui sur différentes échelles de décision dans l’Isae (des directeurs aux conseils de formation en passant par les professeurs et les étudiants), elle illustre la force des hiérarchies sociales qui s’impose dans ce monde des Grandes Écoles. Ce faisant, ce livre comporte également une leçon méthodologique sur la portée de l’observation participante et la place de la réflexivité vers l’intelligibilité du social dans lequel chacun, chacune est trempé. Mais on peut aussi aisément comprendre, sous sa plume, comment se sont appliqués au quotidien les préceptes du Nouveau management public, lesquels font tant de dégâts sociaux et humains. Progressivement, le lecteur devine que la principale victime sera justement la « sociologue de service ».
Table des matières
Remerciements
Introduction
Saison 1 : Un rapprochement puis une fusion, septembre 2007-juin 2013
La création de l’Isae sur fond d’histoires antérieures à 2007
Quels élèves entrent à Supaéro et à l’Ensica avant 2007 ?
Départs sans bruit de l’Ensica, Juillet 2007
Être professeur en École d’ingénieurs : dispersion et surqualité, Octobre 2007
La recherche, la première des activités d’excellence, Septembre 2008
Le département « Langages, Art, Cognition et Sport », un département à virgules, épisode 1, 27 mai 2008
Regretter la « caserne » de Jolimont, mars 2009
La solidarité des perruques, 4 février 2010
Les professeurs s’inquiètent, ils s’informent, épisode 1, 20 mai 2010
Le Directeur de la formation Ensica perd ses cheveux puis prend sa retraite, 28 février 2011
Les professeurs de l’Ensica lâchent l’un des leurs, épisode 2, juin 2011
Les points forts des diplômés de l’Ensica pour les industriels, 14 novembre 2011
Il faut rayonner à tout prix, décembre 2011
Rassurer les diplômés de l’Isae, 7 février 2012
Faire travailler les professeurs de l’Ensica sur la différenciation, 23 mai 2012
Les fleurs se tournent toujours vers le soleil, 18 juin 2012
Il faut financer la fondation Isae, 22 octobre 2012
Réunion en catimini un été, puis mise en musique, 24 novembre 2012
Engagez-vous dans les groupes de travail ! 26 novembre-14 décembre 2012
Défendre son « pré carré », décembre 2012
Quand le dernier directeur de la formation Ensica s’occupe en rédigeant une thèse, 24 janvier 2013
Avertir les industriels du positionnement sur un seul concours, 14 mars 2013
L’École la plus innovante, c’est Polytechnique, Jeudi 28 mars 2013
Un sursaut d’orgueil des industriels, diplômés de l’Ensica, 22 mai 2013
Former autant d’élèves ingénieurs Supaéro sans se déclasser, 28 mai 2013
« La méca, les matériaux, c’est sale », 6 juin 2013
Ils en pensent quoi, les élèves de l’Ensica ? 15 juin 2013
Résumé de la saison 1
Saison 2 : l’Institut Supaéro a absorbé l’Ensica, septembre 2013-juin 2016 107
Les réseaux des héros américains, 18 avril 2013 et 6 septembre 2013 108
Delargent a rendu son rapport, 3 octobre 2013 114
Les professeurs occupent l’étage de la Direction, épisode 3, 21 octobre 2013 115
Courriel à vie pour les anciens élèves diplômés de l’Isae, le 19 novembre 2013 119
L’hypocrisie a assez duré : l’Ensica va disparaître mais quand ?, décembre 2013 120
Le président de la république vend les locaux « vides » de l’Ensica, 30 janvier 2014 124
Pom-poms girls entre Grandes Écoles, 13 février 2014 125
Le volet « formation continue » à l’Isae : peu visible mais terriblement efficace, 24 février 2014 126
Une organisation très pyramidale, 11 mars 2014 127
Préparer la cérémonie de fermeture, 31 mars 2014 129
Communiquer aux taupins et à leurs familles, 9 avril 2014 130
Rencontrer ses héros, 24 avril 2014 131
Le rôle de l’amicale : tenir le manche, 30 avril 2014 134
Quel diplôme sur le CV des Ensica ? 24 juin 2014 136
Le rang de Supaéro n’a pas baissé, ouf ! 30 juillet 2014 137
Combien gagnent les diplômés de Supaéro et ceux de l’Ensica ? 1er septembre 2014 138
Le faire-part de naissance du nouveau cursus ingénieur, 23 septembre 2014 140
« A-t-on le droit de virer une prof de droit ? », novembre 2014 141
Comment appeler le site historique de Supaéro : Supaéro, 1er décembre 2014 142
Remettre l’uniforme, 18 décembre 2014 144
Participez à des ateliers animés par une psychologue, 5 mars 2015 146
Quitter le site en dernier, 27 juin 2015 147
Citer les entreprises qui nous financent, 20 septembre 2015 150
S’échanger les élèves entre « Grandes Écoles », 15 octobre 2015 151
« Retapons pendant les campagnes de prospection », 25 octobre 2015 154
Allocution du directeur général de l’Isae-Supaéro, à l’occasion de la minute de silence en mémoire des attentats du 13 novembre 2015 157
Le champ des possibles est infiniment grand, 15 janvier 2016 160
La décontraction corporelle des « professeurs », 29 janvier 2016 161
Jouer d’un instrument, un gage d’excellence professorale, 4 février 2016 163
« L’ingenierie-système, c’est critique et complexe », 28 mars 2016 164
Les entretiens de Toulouse : quand les anciens parlent aux anciens, 20 avril 2016 167
Les SHS dans une École d’ingénieurs, 25 avril 2016 169
Faire cohabiter les élèves Ensica et Supaéro sans les confondre, 2 mai 2016 171
Quand la sociologie est un module optionnel, 15 juin 2016 171
Résumé de la saison 2 176
Saison 3 : Vendre l’excellence, septembre 2016-novembre 2018 179
Reprendre la main sur la formation Supaéro, 30 août 2016 179
Comment apprendre à faire des affaires, 15 septembre 2016 181
Le LACS, « Langages, Art, Cognition et Sport », un département qui prépare des orateurs, épisode 2, 9 octobre 2016 186
Enseigner l’éthique, épisode 1, 20 novembre 2016 189
L’offre toujours croissante de Mastères Spécialisés®, 23 novembre 2016 192
Classement et excellentes alliances locales, 8 décembre 2016 197
La Convention conventionnelle des personnels, 26 janvier 2017 200
Partager la galette des rois, 10 février 2017 204
Le verdict de mon entretien annuel : améliorer ses capacités relationnelles, 24 février 2017 208
Les Amphis qui cadrent, 14 mars 2017 212
Afficher une soi-disant diversité sociale, 3 avril 2017 213
Ces chères Chaires, 14 mai 2017 222
Thomas P. pendant sa mission, l’excellence faite « homme », épisode 1, 15 novembre 2016-15 mai 2017 233
Fêter les 10 ans de l’Institut, 2 juin 2017 237
Le symbole de l’École, c’est Chouette, 6 juin 2017 239
Rédiger la plaquette publicitaire des super héros, 20 juin 2017 241
Les salariés de l’excellence, 1er juillet 2017 243
Les rites d’intégration, 3 septembre 2017 246
Thomas P, l’excellence faite homme après sa mission, épisode 2, 14 octobre 2017 248
Un exercice d’aérodynamique et son corrigé, 30 octobre 2017 249
Qui sont les brillants élèves qui ont réussi à intégrer Supaéro, 16 décembre 2017 ? 251
Compter les tâches des professeurs, 12 mars 2018 258
Rendre des comptes aux diplômés, 15 mars 2018 261
Cadrer le bénévolat des élèves, 3 avril 2018 263
Les frais de scolarité augmentent chaque année, 11 mai 2018 266
Ne pas enseigner l’éthique, épisode 2, 25 mai 2018 267
Faire son deuil en silence, 15 juin 2018 280
La charte graphique : l’habit de la marque, 30 juin 2018 286
Un Directeur soumet un sujet d’étude sociologique aux élèves, 1er septembre 2018 289
La journée Portes Ouvertes a été réussie, 18 octobre 2018 291
Où en est la sociologie ? 20 octobre 2018 292
Douze ans en contrat avec l’Ensica-Isae, 1er novembre 2018 294
La remise des diplômes aux derniers Ensica, 27 novembre 2018 295
Résumé de la Saison 3 299
Intermède. Les coulisses 303
Femmes en École d’ingénieurs aéronautique 303
Travailler dans une école militaire 309
Conclusion : des lettres en capitale à défaut d’être dans la capitale 319
Générique 337
Liste des personnes (leurs diplômes entre parenthèses) citées 337
Sigles, acronymes et argot 341
Un article d’un directeur de l’Isae sur l’Isae 345
L’autrice, chercheuse en sociologie et spécialiste des réseaux de diplômés fut également enseignante à l’Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace (Isae) pendant 17 ans, entre 2003 et 2020. Dans cet ouvrage, elle raconte, à partir de son journal de terrain comment s’est mise en place la fusion entre les deux écoles d’ingénieurs d’aéronautique Ensica et Supaéro, sous tutelle de la Délégation Générale de l’Armement. Prenant appui sur différentes échelles de décision dans l’Isae (des directeurs aux conseils de formation en passant par les professeurs et les étudiants), elle illustre la force des hiérarchies sociales qui s’impose dans ce monde des Grandes Écoles. Ce faisant, ce livre comporte également une leçon méthodologique sur la portée de l’observation participante et la place de la réflexivité vers l’intelligibilité du social dans lequel chacun, chacune est trempé. Mais on peut aussi aisément comprendre, sous sa plume, comment se sont appliqués au quotidien les préceptes du Nouveau management public, lesquels font tant de dégâts sociaux et humains. Progressivement, le lecteur devine que la principale victime sera justement la « sociologue de service ».
Ce numéro de Zilsel est le dixième.
Si le contenu, toujours varié, ne le distingue pas des précédents, notons toutefois qu’il distille distraitement une certaine idée des études sociales des sciences et techniques. Son sommaire se distribue en une série d’enquêtes historiques et sociologiques originales, et un dossier consacré au travail du sociologue Anselm Strauss, ainsi que des études exploratoires.
On trouvera également, loin des dissertations dispersées sur l’histoire de nos spécialités, un riche entretien avec l’historienne des sciences Ilana Löwy.
Les comptes-rendus critiques maintiennent l’esprit de dispute scientifique et œuvrent, sans dissimulation, à la discussion collective. L’éditorial invité, ayant pour cible une tentative récente d’arraisonner la science par un catholicisme aussi réactionnaire que scientifiquement contestable, l’atteste d’emblée : prendre position sur ces terrains disruptifs n’est pas une sinécure.
Avec les contributions de
David Aubin, Tangi Audinet, Joséphine Bastard, Isabelle Baszanger, Pierre Benz, Jean-François Bert, Florian Charvolin, Mary Jo Deegan, Stéphane Dufoix, Johan Giry, Clémentine Gozlan, Jérôme Lamy, Marie Leclainche-Piel, Sébastien Lemerle, Ilana Löwy, Alexandre Métraux, Adrien Miqueu, Claude Rosental, Thierry Rossier, Arnaud Saint-Martin, Émilien Schultz, Arthur S. Stinchcombe, Anselm Strauss, Cyprien Tasset, Thibaud Trochu, Sébastien Urbanski.
Depuis le premier numéro, Savoir/Agir est une revue explicitement « scientifico-politique ». Elle est « socio-logiquement » engagée. Les chercheuses et chercheurs qui l’animent se définissent comme un intellectuel collectif autonome qui cherche à établir des liens durables entre les sciences sociales, la critique en actes des différentes formes de domination et les forces progressistes.
Pour la première fois, la revue ouvre ses colonnes à des Varia. Cette « ouverture » prend acte du fait que l’objet de la sociologie – le monde social – est en fait, bon gré mal gré, « une science politique ». Comme disait Sartre à propos des écrivains, le sociologue est « dans le coup » quoi qu’il fasse…
La revue publiera ainsi régulièrement des numéros Varia, en poursuivant la publication de dossiers thématiques et en élargissant le cercle de ses rubriques habituelles.
Tables des matières
Varia
5 L’injonction au projet professionnel. La violence ordinaire des politiques d’activation
Victor Poilliot
15 Les ouvriers, le vote et le FN. Misères de la politologie
Emmanuel Pierru
35 L’inégal accès aux arènes participatives en santé
Alexandre Fauquette
43 Vers une retraite plus juste ? Des inégalités de classe entre retraité·es
Paul Hobeika
51 Dignité par le travail et ethos de classe au sein de la diaspora africaine. Les conditions d’accès aux « fractions stables » des classes populaires
Thomas Beaubreuil
59 « Les compétences », pièce maîtresse d’une révolution pédagogique
Christian de Montlibert
67 Savoirs nomologiques versus connaissances critiques. En écho au « Manifeste pour la science sociale » de Bernard Lahire
Fabien Granjon
75 Des pouvoirs fiscaux fédéraux : un objectif majeur pour la gauche européenne
Christakis Georgiou
85 Pédagogie
Qu’est-ce que la sociologie ?
Gérard Mauger
91 Grand entretien avec Éric Vuillard
« L’imagination n’est plus suffisante »
Propos recueillis par Antony Burlaud
101 Asie
Genèse des European Studies en Corée du Sud. Une réflexion sociologique sur les usages des références européennes par les élites
Kil-Ho Lee
115 Culture
Un regard ethnographique sur le soulèvement des « Gilets aunes ». À propos de « Un peuple ». Un film documentaire d’Emmanuel Gras.
Brice Le Gall
Depuis le premier numéro, Savoir/Agir est une revue explicitement « scientifico-politique ». Elle est « socio-logiquement » engagée. Les chercheuses et chercheurs qui l’animent se définissent comme un intellectuel collectif autonome qui cherche à établir des liens durables entre les sciences sociales, la critique en actes des différentes formes de domination et les forces progressistes.
Pour la première fois, la revue ouvre ses colonnes à des Varia. Cette « ouverture » prend acte du fait que l’objet de la sociologie – le monde social – est en fait, bon gré mal gré, « une science politique ». Comme disait Sartre à propos des écrivains, le sociologue est « dans le coup » quoi qu’il fasse…
L’appel à propositions publié sur les réseaux de recherche en sciences sociales est désormais permanent. Les caractéristiques des articles publiés restent les mêmes. D’une part, la conscience claire que l’engagement politique de la sociologie impose un double impératif de réflexivité et de scientificité. D’autre part, le souci d’être accessible à d’autres que les professionnels de la recherche implique un format réduit et des références sobres. Tous les renseignements utiles se trouvent sur notre site www.savoir-agir.org
La revue publiera ainsi régulièrement des numéros Varia, en poursuivant la publication de dossiers thématiques et en élargissant le cercle de ses rubriques habituelles.
Avant même d’être condamné pour « contestation de crime contre l’humanité » au tournant du siècle, Roger GARAUDY était déjà marginalisé dans les champs intellectuel et politique français. Après avoir incarné la résistance au néostalinisme dans le Parti communiste, le philosophe qui fut longtemps l’interlocuteur privilégié de Jean-Paul Sartre au sein du PCF en fut spectaculairement exclu en 1970 pour s’être opposé aux Soviétiques qui venaient d’écraser le Printemps de Prague.
Son combat pour rénover le communisme français et son goût précoce pour l’écologie et le dialogue des civilisations en firent quelque temps une figure respectée du progressisme français, mais celui qui répétait que le Socialisme était condamné s’il refusait de s’ouvrir à la « transcendance » vit son étoile pâlir après 1970 au point qu’il devint un intellectuel illégitime, celui que l’on condamne sans l’avoir lu.
Ce livre explique ce parcours singulier et les raisons de cette « descente aux enfers » de l’ancien philosophe du Bureau politique, avant sa condamnation ultime.
Table des matières
Préface 7
AVANT-PROPOS. UNE DISQUALIFICATION SYMBOLIQUE 13
Le cas Garaudy 15
Une mort symbolique 19
Une délégitimation inexorable 21
INTRODUCTION 25
Un singulier philosophe de parti 25
Une autonomisation qui s’inscrit dans une crise globale de la foi communiste 28
Le PCF dans les années 1960 : un aggiornamento raté ? 29
Roger Garaudy, philosophe communiste illégitime 30
Une trajectoire à expliquer 34
La dégradation de l’image de Roger Garaudy à travers la presse 38
Roger Garaudy dans la presse avant son exclusion 39
L’exclusion 42
L’après PCF : une dérive progressive et inexorable 45
L’Islam : la rupture 46
Questions de méthode 48
Les textes 49
Les entretiens 55
Problématique et plan 56
CHAPITRE I. LA MÉCONNAISSANCE SAVANTE DE L’APPORT DE ROGER GARAUDY, MILITANT DU PCF 61
Roger Garaudy selon David CAUTE : un clerc de parti classique, pas un « hyper-stalinien » 63
Le polémiste de guerre froide 64
Le PCF des années 1960 : un « aggiornamento » impersonnel 65
Annie Kriegel : un regard critique mais sérieux 70
Annie Kriegel solidaire du Parti communiste contre Garaudy 71
Un réformé réformateur 72
Roger Garaudy pour Philippe Robrieux : un thorézien assez naïf 74
Un thorézien en rupture de ban 75
Un intellectuel affable utile au Parti 75
Jeannine Verdès-Leroux : un portrait à charge décisif 78
Le « problème Garaudy » selon J. Verdès-Leroux 79
Un contre-exemple à la thèse de Jeannine Verdès-Leroux 85
L’année 1968 de Garaudy selon J. Verdès-Leroux 87
Bilan sur Roger Garaudy par Jeannine Verdès-Leroux 91
Michel Dreyfus : une certaine reconnaissance du rôle d’innovateur théorique de Roger Garaudy 94
Roger Garaudy selon Bernard Pudal : un « prophète au petit pied » 98
Le CERM : un orphelin de père 100
La « première critique » de Staline au PCF 101
Roger GARAUDY selon Frédérique MATONTI : l’intellectuel illégitime par excellence 103
La vision de Roger Garaudy dans Intellectuels communistes 104
Garaudy, homme de pouvoir 104
Le débat sur l’humanisme marxiste 107
Une référence négative : un faire-valoir d’Althusser. 108
Un intellectuel « prolétaroïde » 110
Bilan sur la perception académique de Roger Garaudy : un travail d’invisibilisation progressif 113
CHAPITRE II LES CLÉS D’UN PARCOURS : LA SOCIALISATION INITIALE 115
L’habitus intellectuel : chrétien et philosophe 115
La construction du besoin de Dieu 116
La vocation philosophique 119
La « Reine des matières » 122
Un miraculé de la sursélection 123
Un prophète exemplaire : Maurice Blondel 124
Un fils du peuple au service de sa classe 127
L’engagement communiste 127
La construction d’une éthique militante ouvrière exacerbée (1933-1945) 132
Les exigences de l’institution : anticléricalisme et ouvriérisme 133
Les effets du statut de chrétien et d’intellectuel dans le PCF 136
Originalité et exemplarité d’un militant peu commun 137
Une conciliation impossible 138
Une rencontre providentielle 140
Un anticarriérisme militant 142
Une pierre de touche de l’éthique ouvriériste 142
Vers la reconnaissance : un dévouement oblatif sans faille 143
CHAPITRE III. LA VOCATION DE L’INTELLECTUEL DE PARTI 147
Le secteur intellectuel dans le PCF : une hétéronomie de principe 148
Les effets de l’ouvriérisme : la subordination du secteur intellectuel 148
La complexité de « l’effet-titre » dans le PCF 152
Un stalinien sincère 155
Le contexte : de la libération à la guerre froide 156
Roger Garaudy devant Staline 159
« Stalinien de la tête aux pieds » 161
Le travail d’un intellectuel stalinien 166
Un travail de mobilisation 167
Un travail de dénonciation : « Le néo-blanquisme de contrebande et les positions antiléninistes d’André Marty » 170
Un théologien de parti 173
Un travail polémique 174
Une leçon d’orthodoxie militante : « une littérature de fossoyeurs » (1947) 175
Une parole de prophète 179
Un travail théorique 180
Théorie matérialiste de la connaissance : une victoire politique… 181
…Et un coup de semonce 183
CHAPITRE IV. VOCATION DE L’INTELLECTUEL DE PARTI 189
La place de Roger Garaudy dans la cour de la société communiste 190
La cour de la société communiste autour de Maurice Thorez 191
La Direction 191
«L'étiquette» 193
Le «roi» Thorez 197
La place de Roger Garaudy dans la cour du roi Thorez en 1956 201
La fracture de 1956 et le recours à Roger Garaudy 203
Le choc du XXe Congrès 203
a) Le déni de Thorez et la crise du parti 206
Roger Garaudy et le rapport secret : le traumatisme du croyant 209
Le recours de Maurice Thorez à Roger Garaudy 211
La formule de l’intellectuel thorézien 214
Roger Garaudy et Maurice Thorez : un couple singulier 214
La gestion thorézienne d’un intellectuel original 214
Une liberté sous contrôle et protégée 217
Roger Garaudy pour Maurice Thorez : un intellectuel idéal 220
La redéfinition de l’excellence cléricale 222
La réorientation de l’éthique militante 222
L’intellectuel thorézien : du suivisme à l’initiative 224
L’homme du dialogue 225
« Déghettoïser » le parti communiste 226
Une stratégie d’ouverture 228
CHAPITRE V. NAISSANCE D’UN INTELLECTUEL 233
Un aggiornamento nécessaire et impossible 233
Crise de croyance et besoin de philosophie : l’aggiornamento théorique nécessaire 234
Quel « aggiornamento » ? une déstalinisation inaboutie 236
La critique des « erreurs » de Staline : les limites de la déstalinisation 237
Une autonomisation théorique plus ou moins tolérée : du lector à l’auctor 243
La « déjdanovisation » : une déstalinisation du pauvre 244
Une lueur venue de l’Est 244
L’alliance Aragon/Garaudy : un rapprochement stratégique 246
Un instrument stratégique : le Centre d'Études et de Recherche Marxiste 249
La création du CERM, indice d’une configuration nouvelle 249
Le dialogue au service du Parti : les Semaines de la pensée marxiste 251
Un succès indéniable 252
Le déclin des années 1970 254
Roger Garaudy fondateur du CERM - une paternité occultée 255
Le « garaudysme » : un néo-marxisme controversé 261
Un idéalisme rémanent 263
Le retour au fondamental 264
Subjectivité, transcendance et création 265
Une hérésie théorique : De l’anathème au dialogue (1965) 268
Conception du monde et attitude dans le monde : la question philosophique 268
Un problème historique et politique 270
Permanences et résurgences 271
La réaction des jeunes philosophes : contre le « révisionnisme » garaudyen 272
Le champ intellectuel communiste en 1960 273
La contestation de Roger Garaudy par les jeunes philosophes 277
CHAPITRE VI. DE L’AUTONOMIE À L'HÉRÉSIE 285
Garaudy conseiller du prince : apogée et déclin 286
Une autocritique risquée : la note à Waldeck Rochet 286
Pour une autocritique collective 287
La réaction de Thorez 293
La réaction du parti : la délégitimation secrète de Garaudy par l’appareil 296
Un contrôleur occulte des productions théoriques : Georges Cogniot 296
La note de Georges Cogniot à Waldeck Rochet 299
Un serviteur efficace de la bureaucratie sacerdotale 302
La tangente hérétique : du débat sur l’humanisme au Comité central d’Argenteuil 304
Le débat sur l’humanisme : le conflit Althusser/Garaudy 304
La querelle de l’humanisme 305
Une controverse philosophique et politique 308
Un débat théorique 310
« L’humanisme marxiste » selon Garaudy 312
Un débat théoriquement indécidable 315
Une victoire en trompe-l’œil : Argenteuil 316
Le « compromis d’Argenteuil » 316
Une mise à l’écart discrète 318
De l’autonomisation intellectuelle à l’intervention politique assumée 321
Vers l’ hérésie assumée : de Marxisme du XXe siècle au Problème chinois 322
Une tentative de reconquête du leadership intellectuel : Marxisme du XX° siècle 322
Un appel public à la critique du stalinisme 324
Le problème chinois 327
1968 : émancipation intellectuelle assumée et dissidence ouverte 330
La rupture : 1968 331
Une stratégie d’auteur contestataire 333
Contestation assumée et rupture 336
Le livre de trop : Le Grand tournant du socialisme (1969) 336
Une ligne rouge : la critique du centralisme démocratique 340
CHAPITRE VII. LE PROPHÈTE DÉCALÉ 345
Le retour du refoulé religieux 345
Un facteur déterminant : l’exclusion de la communauté 346
L’exclusion du PCF 346
Prophétisme politique et exclusion 347
L’habitus militant, composant de la posture prophétique 350
De la perte de la communauté au retour à Dieu 353
Le prophétisme garaudyen 356
Un « prophète exemplaire » 356
Le prophétisme : une tentation philosophique 357
À l’avant-garde d’un nouveau projet révolutionnaire 359
De la prophétie politique au « retour au fondamental » 362
L’héraldique des temps nouveaux 363
L’apogée de la vocation prophétique : l’Appel aux vivants 365
Un problème « religieux » ? 368
Le défi prophétique global : vers la radicalisation 371
La transcendance comme condition de la « mutation » du monde 371
Aux sources de l’aliénation contemporaine : le « positivisme scientiste » 375
Les apories d’une posture : le prophète décalé 378
Posture prophétique et critique de la science : un anachronisme au XX° siècle 378
Effet de champ et radicalisation 382
Le champ intellectuel français des années 1970-80 : Garaudy au prisme d’Althusser 384
Une logique de réseaux : l’isolement de l’intelligentsia légitime 388
L’ultime rupture : la conversion à l’Islam 392
Une conversion disqualifiante 393
De la critique de l’islamisme à la fatwa saoudienne 395
CONCLUSION 399
La stratégie de production de la cohérence 402
Une « arrogance » proverbiale 404
Roger Garaudy était-il un provocateur ? 405
Un mystique décalé 406
Lettres 409
Avant même d’être condamné pour « contestation de crime contre l’humanité » au tournant du siècle, Roger GARAUDY était déjà marginalisé dans les champs intellectuel et politique français. Après avoir incarné la résistance au néostalinisme dans le Parti communiste, le philosophe qui fut longtemps l’interlocuteur privilégié de Jean-Paul Sartre au sein du PCF en fut spectaculairement exclu en 1970 pour s’être opposé aux Soviétiques qui venaient d’écraser le Printemps de Prague.
Celui que l’historiographie du communisme retient plus volontiers comme le « stalinien modèle », qu’il fut en effet dans l’après-guerre, était pourtant devenu, malgré sa proximité avec Thorez, un critique de plus en plus affirmé du stalinisme après les révélations du XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) en 1956 et un acteur majeur de l’aggiornamento du PCF.
Son combat pour rénover le communisme français et son goût précoce pour l’écologie et le dialogue des civilisations en firent quelque temps une figure respectée du progressisme français, mais celui qui répétait que le Socialisme était condamné s’il refusait de s’ouvrir à la « transcendance » vit son étoile pâlir après 1970 au point qu’il devint un intellectuel illégitime, celui que l’on condamne sans l’avoir lu.
Ce livre explique ce parcours singulier et les raisons de cette « descente aux enfers » de l’ancien philosophe du Bureau politique, avant sa condamnation ultime.
Didier Jean-Félix GAUVIN est professeur agrégé de sciences sociales et docteur en sciences politiques. Politiste de formation, il partage sa vie entre La Réunion, Paris et New York.
Nous vivons une période assez curieuse qui annonce la fin du néolibéralisme. Le néolibéralisme a été beaucoup plus qu’une période de l’épanouissement du capitalisme, de l’individualisation, de la marchandisation, de la globalisation et de la mise en concurrence forcées. La victoire du néolibéralisme dans les années 1980-1990 a été aussi annoncée comme la victoire définitive de la liberté et de la démocratie. Cependant, la liberté gagnée s’est orientée bien souvent plus vers la liberté de consommer que vers l’engagement politique. La vie politique se dessèche et les instances qui ont porté la démocratie représentative, surtout les parlements et les partis politiques, déclinent au profit de la gouvernance. En revanche, cette période a également connu de grandes mobilisations dans l’espace public, des « mouvements », qui réclament et pratiquent en leur sein une autre, une nouvelle démocratie qu’ils considèrent comme la « vraie démocratie ». Néanmoins, les individus savent qu’ils sont impuissants et les objets de forces hétéronomes qui les font agir.
Table des matières
Préface 5
Question de démocratie 9
… encore la démocratie ? 11
Le crépuscule ou l’aube de la démocratie ? 14
Crise de la démocratie ? 19
Pourquoi la démocratie ? 23
De la constitution de la démos-cratie 24
Contre l’utopie : l’imagination 31
Démocratie comme forme de vie et organisation de la liberté 33
Espace public, critique publique et démos 39
La démocratie possible 41
Subjectivités démocratiques ? 43
Subjectivité et démocratie 47
La démos-cratie : un drame public 51
Démos 55
La démocratie : l’organisation de la liberté ? 58
Opinions sur la démocratie 61
L’image de la France : entre déclin, résignation et révolte 62
L’image de la démocratie en France : mépris et méfiance 70
Quand le démos s’en mêle 75
Le crépuscule de la démocratie ? 79
Les acteurs institutionnels 85
Ouvertures ? 89
Quel avenir ? 90
La démocratie sous tension 93
Quelle crise ? 94
Mouvement dans la démocratie 99
Le débat académique 102
Les mots et leurs sens 107
Critique et agir politique 111
Malaise dans la démocratie 119
Malaise 120
Le temps des grenouilles et de leur roi 126
L’impuissance, l’avenir et le malaise 129
Le capitalisme populaire et la fin de la démocratie ? 132
Impuissance et malaise dans la démocratie 136
Démocratie participative entre empowerment et institution 141
L’ère de la participation ? 142
La démocratie participative descendante à Lanester 151
Au-delà du communisme municipal 152
De LNC à la mairie 154
La vision de la démocratie participative 156
Émergence de Lanester participative 159
Continuités 161
La ville vue par l’équipe municipale 162
Conception de la démocratie participative : un management public comme « work in progress » 164
Qui participe à la démocratie participative ? 171
Vision du monde et raisons d’agir 173
Démocratie participative comme socialisation 176
2020 : passer le flambeau – les élections municipales ou le début de la fin de la démocratie participative ? 178
La démocratie participative lanestérienne 182
20 ans après 183
Que reste-t-il de la démocratie participative ? 185
Municipalisme : l’alternative à la démocratie parlementaire et participative ? 189
Municipalisme contemporain : une nébuleuse 190
Références et exemples 195
La leçon de Saillans 197
L’expérience municipaliste de Saillans 199
Gouverner la ville 201
Le démos contre le municipalisme ? 205
Saint-Senoux : Saillans breizh ? 207
Une nouvelle donne ? 210
Participer à Saillans, Saint-Senoux et à Lanester 214
Les listes citoyennes en France en 2020 : power to the people ? 216
Listes citoyennes ? 218
La renaissance de la démocratie municipale ? 226
L’ouverture d’une brèche ? 229
Se retirer, s’autonomiser et s’autogérer ? 231
Tous des décrocheurs ? 231
La commune de Bure 236
La mouvance 237
Bure : histoire 244
S’auto-organiser dans la lutte 245
Acceptabilité, débats publics et pas de démocratie 247
Le retrait apolitique ? 251
Une autre démocratie ? 253
Mobilisations démocratiques : réchauffer les eaux glacées 260
Critiquer et pratiquer la démocratie 263
À chacun sa démocratie (locale) ? 266
Vers une démocratie plurielle ou vers une pluralité
de démocraties ? 268
À quelle fin faire converger ou fédérer les luttes ? 269
Ouvertures 272
Nous vivons une période assez curieuse qui annonce la fin du néolibéralisme. Le néolibéralisme a été beaucoup plus qu’une période de l’épanouissement du capitalisme, de l’individualisation, de la marchandisation, de la globalisation et de la mise en concurrence forcées. La victoire du néolibéralisme dans les années 1980-1990 a été aussi annoncée comme la victoire définitive de la liberté et de la démocratie. Cependant, la liberté gagnée s’est orientée bien souvent plus vers la liberté de consommer que vers l’engagement politique. La vie politique se dessèche et les instances qui ont porté la démocratie représentative, surtout les parlements et les partis politiques, déclinent au profit de la gouvernance. En revanche, cette période a également connu de grandes mobilisations dans l’espace public, des « mouvements », qui réclament et pratiquent en leur sein une autre, une nouvelle démocratie qu’ils considèrent comme la « vraie démocratie ». Néanmoins, les individus savent qu’ils sont impuissants et les objets de forces hétéronomes qui les font agir.
Avec le néolibéralisme, nous sommes gouvernés par des générations dorées qui prennent les commandes de l’appareil d’État, des institutions intellectuelles et des grandes entreprises. Ces leaders viennent d’un même vivier urbain. Économiquement favorisés, ils sont largement parisiens et issus des mêmes grandes écoles. Faut-il s’étonner qu’ils aient du mal à saisir la vie ouvrière, la précarité et le problème des sans-logis, le mouvement des Gilets jaunes, la situation du Covid à Marseille, les conditions des aides-soignantes, infirmières et étudiants précaires, le parcours des immigrés et, de façon plus générale, le mode de survie de tous ceux qui « tirent » pour boucler les fins de mois ?
Relecture de La Servitude volontaire de La Boétie, ce livre s’interroge : pourquoi laissons-nous une minorité, cette noblesse d’État dont parle Pierre Bourdieu, tenir les rênes jusqu’à nous soumettre et réprimer si nous réclamons plus d’égalité ?
Table des matières
I. PRÉAMBULE 7
1. Une approche anthropologique 15
II. LA RICHESSE SANS PRIX, LA MISÈRE SANS NOM 29
2. Lire ou relire La Boétie 31
3. Ces générations dorées qui nous gouvernent 35
4. Sociologiser La Boétie 37
5. Le néolibéralisme en tant que système culturel 53
6. La loi des subsistants : les héros, les traîtres, et les autres 60
III. AUX LARMES CITOYENS ! 67
7. Le grand saccage 67
8. L’humain sans perspective 71
9. L’oppression de l’entreprise 76
10. La vérité par l’ argent 85
11. Les appâts de la servitude 89
IV. LES TABASSAGES ORDINAIRES 101
12. Les brutalités d’État 103
13. La violence légitimée 109
14. La puissance des dispositifs d’État 122
15. Les appareils répressifs 128
16. L’ordre pour les uns est le désordre pour les autres 133
17. Que faire face à la violence d’État ? 139
18. Le réalisme de la non-violence 150
VI. LES SERVICES DE MAINTENANCE : LE CHŒUR DES PETITS SOLDATS 157
19. Les fonctions de maintenance 158
20. Une bureaucratie généralisée 161
21. Les seigneuries des micropouvoirs 165
22. Les citoyens-bestiaux et la pensée en batterie 169
BIBLIOGRAPHIE 177Avec le néolibéralisme, nous sommes gouvernés par des générations dorées qui prennent les commandes de l’appareil d’État, des institutions intellectuelles et des grandes entreprises. Ces leaders viennent d’un même vivier urbain. Économiquement favorisés, ils sont largement parisiens et issus des mêmes grandes écoles. Faut-il s’étonner qu’ils aient du mal à saisir la vie ouvrière, la précarité et le problème des sans-logis, le mouvement des Gilets jaunes, la situation du Covid à Marseille, les conditions des aides-soignantes, infirmières et étudiants précaires, le parcours des immigrés et, de façon plus générale, le mode de survie de tous ceux qui « tirent » pour boucler les fins de mois ?
Relecture de La Servitude volontaire de La Boétie, ce livre s’interroge : pourquoi laissons-nous une minorité, cette noblesse d’État dont parle Pierre Bourdieu, tenir les rênes jusqu’à nous soumettre et réprimer si nous réclamons plus d’égalité ?
« Ils ne nous représentent pas », scandaient les Indignés espagnols en 2011. Leur emboîtant le pas, les mouvements Occupy, Nuit debout ou encore les Gilets jaunes ont revendiqué, à leur tour, une « démocratie réelle » face à la crise des régimes représentatifs. Mais quelle pourrait être cette démocratie nouvelle ? Quels sont exactement les reproches adressés à la démocratie libérale ? Quelles alternatives s’inventent et s’expérimentent à travers ces occupations prolongées de l’espace public ?
Cet ouvrage nous plonge au cœur du laboratoire politique espagnol, grâce à une enquête sociologique inédite menée durant ces dix dernières années à Madrid. En suivant des manifestants qui se sont ensuite investis dans des collectifs citoyens, des partis politiques et des gouvernements locaux, il rend compte de la diversité des voies explorées pour redonner sens à la démocratie. Assemblées autogestionnaires, innovations numériques, tirage au sort : les Indignés nous invitent à élargir le champ des possibles démocratiques. Ce livre révèle comment, au-delà de moments spécifiques de mobilisation, une telle démocratisation peut avoir des effets durables.
« Ils ne nous représentent pas », scandaient les Indignés espagnols en 2011. Leur emboîtant le pas, les mouvements Occupy, Nuit debout ou encore les Gilets jaunes ont revendiqué, à leur tour, une « démocratie réelle » face à la crise des régimes représentatifs. Mais quelle pourrait être cette démocratie nouvelle ? Quels sont exactement les reproches adressés à la démocratie libérale ? Quelles alternatives s’inventent et s’expérimentent à travers ces occupations prolongées de l’espace public ?
Cet ouvrage nous plonge au cœur du laboratoire politique espagnol, grâce à une enquête sociologique inédite menée durant ces dix dernières années à Madrid. En suivant des manifestants qui se sont ensuite investis dans des collectifs citoyens, des partis politiques et des gouvernements locaux, il rend compte de la diversité des voies explorées pour redonner sens à la démocratie. Assemblées autogestionnaires, innovations numériques, tirage au sort : les Indignés nous invitent à élargir le champ des possibles démocratiques. Cette nouvelle génération d’activistes a contribué à démocratiser, non sans difficultés, les institutions politiques. Ce livre révèle comment, au-delà de moments spécifiques de mobilisation, une telle démocratisation peut avoir des effets durables.
Les classes populaires auraient quitté l’arène politique. On les regarde comme dépolitisées ou désenchantées, parfois unies dans un repli sur la sphère privée ou dans la colère « populiste ». Pourtant tous les cinq ans, le temps d’une élection, une grande partie d’entre elles retrouve le chemin des urnes. À partir d’une enquête menée en 2017 en banlieue parisienne et dans le bassin minier lensois, cet ouvrage cherche à cartographier la façon dont les rapports salariaux façonnent les orientations politiques. Chaque électorat est saisi à partir de ses expériences du travail, de la précarité et des discriminations. L’objectif est de comprendre comment les formes prises par la marchandisation du travail orientent des personnes aux statuts sociaux parfois relativement proches vers des options politiques antagonistes.
Cette enquête met en lumière la connexion intime entre la crise de la démocratie, la montée de l’extrême-droite et les processus de fragilisation du salariat. Elle permet également de repérer les vécus du travail qui alimentent les dynamiques de résistance et entretiennent l’expression politique des solidarités.
Recensions
Le collectif Focale (FOndement de la Crise des ALternatives est un collectif qui rassemble des enseignants-chercheurs, docteur-e-s et des et des doctorant-e-s en sociologie, sciences politiques et histoire. À partir d’une enquête quantitative et localisée, il cherche à comprendre les rapports entretenus entre les mutations du travail et la subjectivation politique.
Les classes populaires auraient quitté l’arène politique. On les regarde comme dépolitisées ou désenchantées, parfois unies dans un repli sur la sphère privée ou dans la colère « populiste ». Pourtant tous les cinq ans, le temps d’une élection, une grande partie d’entre elles retrouve le chemin des urnes. À partir d’une enquête menée en 2017 en banlieue parisienne et dans le bassin minier lensois, cet ouvrage cherche à cartographier la façon dont les rapports salariaux façonnent les orientations politiques. Chaque électorat est saisi à partir de ses expériences du travail, de la précarité et des discriminations. L’objectif est de comprendre comment les formes prises par la marchandisation du travail orientent des personnes aux statuts sociaux parfois relativement proches vers des options politiques antagonistes.
Cette enquête met en lumière la connexion intime entre la crise de la démocratie, la montée de l’extrême-droite et les processus de fragilisation du salariat. Elle permet également de repérer les vécus du travail qui alimentent les dynamiques de résistance et entretiennent l’expression politique des solidarités.
L’Université et la recherche sont depuis vingt ans un laboratoire privilégié de la transformation managériale des services publics. De la recherche en mode projet aux transferts de technologie, de Parcoursup aux frais d’inscription différenciés et du « management agile » au classement de Shanghai, le monde de la science a connu une transformation radicale, vers toujours plus de bureaucratie, d’autoritarisme, de court-termisme et de conflits d’intérêts. Cette évolution des institutions censées élaborer un discours de vérité va de pair avec le déploiement d’un jargon managérial fait de « coopétition », de « groupes de travail », de « confiance aux acteurs », d’« expertise » et d’« indicateurs ». Ce discours nourrit la critique mais ouvre aussi la voie à l’utopie d’une nouvelle parole universitaire, sous le signe de l’exigence et de la liberté.
RogueESR est un collectif créé en 2017 pour promouvoir une université et une recherche libres, exigeantes et placées au service de l’intérêt général et de l’émancipation.
A l'honneur sur France culture le jeudi 27 janvier 2022. Ici
Table des matières
Acteur(s) 13
Agile 16
Apprenante 21
Attractivité 25
Autonomie 30
Autorité 33
Bureaucratie 35
Campus 38
Choc de simplification 38
Clientélisme 42
Collectif 44
Collégialité 45
* Compagnonnage (Noûs) 45
Compétence(s) 51
ComUé : 51
Communication 52
Concertation 53
Conduite du changement 55
Confiance 56
Conflit d’intérêt 59
Connaissance 62
Consensus 62
Continuité 65
Coopétition 66
Co-production 68
CPU 68
CURIF 68
Démocratie 69
DGS (Directeur-trice général-e des services) 70
Doyen 70
Échauffourées (euphémisme) 70
Économie de la connaissance 70
Effet levier 71
Émérite 73
Environnement 73
Eux 76
Évaluation (de l’enseignement et de la recherche) 80
Évaluation (des étudiants) 82
Excellence 84
Experts, expertise 85
Fabrique du consentement 87
GVT 89
Grand 93
Groupe de travail 95
Gouvernance 95
Hybride 97
Indicateurs 101
Innovation 103
Investissement (Investissements d’Avenir) 104
Liberté(s) académique(s) 105
Mérite 107
Mode dégradé 109
New Public Management 111
Numérique 111
Numéro vert 111
Nous 112
*Œdipe (NOÛS) 114
Orientation et Réussite des Étudiants (ORE) 119
Parcoursup 121
Pédagogie 123
Personnels (les) 124
Performance 125
Politique de site 128
Portefeuille de compétences 128
PPP 129
Précarité, précarisation 130
PRES 134
Présence, présentiel 135
Président d’université 137
Prime 138
Projet 139
Proust (Marcel) 141
PUPH 141
Ranking 142
Rebranding 143
Responsabilité 146
Shanghaï 149
SHS 149
SNRI 151
Théorie du capital humain 152
Théorie du fil du rasoir 155
*Toilettes (NOUS) 155
Transferts de technologie 161
*Tronçonneuse à 2 temps (NOÛS) 161
Université de proximité 175
Université de recherche 176
* Utopie (NOUS) 179
Valorisation 184
Vrai, vérité, théorème vériste 185
Zones à régime restrictif (ZRR) 188
Zoom 190
L’Université et la recherche sont depuis vingt ans un laboratoire privilégié de la transformation managériale des services publics. De la recherche en mode projet aux transferts de technologie, de Parcoursup aux frais d’inscription différenciés et du « management agile » au classement de Shanghai, le monde de la science a connu une transformation radicale, vers toujours plus de bureaucratie, d’autoritarisme, de court-termisme et de conflits d’intérêts. Cette évolution des institutions censées élaborer un discours de vérité va de pair avec le déploiement d’un jargon managérial fait de « coopétition », de « groupes de travail », de « confiance aux acteurs », d’« expertise » et d’« indicateurs ». Ce discours nourrit la critique mais ouvre aussi la voie à l’utopie d’une nouvelle parole universitaire, sous le signe de l’exigence et de la liberté.
RogueESR est un collectif créé en 2017 pour promouvoir une université et une recherche libres, exigeantes et placées au service de l’intérêt général et de l’émancipation. Il regroupe des scientifiques de disciplines et de statut différents et a été rédigé par une équipe de volontaires constituée par un appel à la communauté académique.
Disponible vers le 20 novembre. Peut être commandé dès maintenant
Enquêter
La représentation du monde social et/ou de tel ou tel « problème social » est un enjeu de luttes perpétuelles entre politiques, journalistes et chercheurs en sciences sociales.
De ce fait, l’enquête sous toutes ses formes - argument central d’allure plus ou moins scientifique en faveur de telle ou telle représentation mise en avant - est elle-même un enjeu permanent de luttes symboliques.
Ce dossier aborde différentes modalités de la pratique de l’enquête et des problèmes qu’elle soulève : l’enjeu crucial de « la construction d’objet » (Louis Pinto, Marie-Pierre Pouly), les usages de la statistique dans la pratique de l’enquête (Frédéric Lebaron), les usages des sondages (Gérard Mauger à propos de Daniel Gaxie), la portée et les limites des « études de cas » (Stéphane Beaud), l’enquête sur soi-même (Gérard Mauger à propos de Rose-Marie Lagrave), l’enquête au passé (Christian Topalov), une enquête inédite en français de Norbert Elias (traduction de l’allemand par Antony Burlaud).
Table des matières
Dossier
Enquêter
Gérard Mauger
La construction d’objet dans le travail d’enquête
Louis Pinto
Enseigner la pratique de l’enquête sociologique et la construction théorique des objets de recherche
Marie-Pierre Pouly
Enquêter sur le passé
Christian Topalov
Attention sondages !
Gérard Mauger
L’analyse des données et ses usages en sciences sociales
Frédéric Lebaron
Retour sur une enquête de terrain
Le cas de la famille Belhoumi, immigrée en France depuis 1977
Stéphane Beaud
Enquêter sur soi-même
Gérard Mauger
L’histoire des lacets. Un sociologue en voyage
Norbert Elias
Neutralité axiologique et engagement sociologique
Gérard Mauger
Paroles
Nous on crève de faim pendant ce temps-là ». La persistance du « déjà, nous » chez des Gilets jaunes ruraux
Samuel Legris
Actualité
Des Communards aux Gilets jaunes.Deux révoltes populaires
Brice Le Gall
Le dispositif de financement des Initiatives d’Excellence : instrument de transformation de l’ESR en France
Coline Soler
Chronique internationale
Après l’échec néolibéral, une nouvelle opportunité pour l’État social en Argentine ?
Damián Pierbattisti
La représentation du monde social et/ou de tel ou tel « problème social » est un enjeu de luttes perpétuelles entre politiques, journalistes et chercheurs en sciences sociales.
De ce fait, l’enquête sous toutes ses formes - argument central d’allure plus ou moins scientifique en faveur de telle ou telle représentation mise en avant - est elle-même un enjeu permanent de luttes symboliques.
Ce dossier aborde différentes modalités de la pratique de l’enquête et des problèmes qu’elle soulève : l’enjeu crucial de « la construction d’objet » (Louis Pinto, Marie-Pierre Pouly), les usages de la statistique dans la pratique de l’enquête (Frédéric Lebaron), les usages des sondages (Gérard Mauger à propos de Daniel Gaxie), la portée et les limites des « études de cas » (Stéphane Beaud), l’enquête sur soi-même (Gérard Mauger à propos de Rose-Marie Lagrave), l’enquête au passé (Christian Topalov), une enquête inédite en français de Norbert Elias (traduction de l’allemand par Antony Burlaud).