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Nous vivons une période assez curieuse qui annonce la fin du néolibéralisme. Le néolibéralisme a été beaucoup plus qu’une période de l’épanouissement du capitalisme, de l’individualisation, de la marchandisation, de la globalisation et de la mise en concurrence forcées. La victoire du néolibéralisme dans les années 1980-1990 a été aussi annoncée comme la victoire définitive de la liberté et de la démocratie. Cependant, la liberté gagnée s’est orientée bien souvent plus vers la liberté de consommer que vers l’engagement politique. La vie politique se dessèche et les instances qui ont porté la démocratie représentative, surtout les parlements et les partis politiques, déclinent au profit de la gouvernance. En revanche, cette période a également connu de grandes mobilisations dans l’espace public, des « mouvements », qui réclament et pratiquent en leur sein une autre, une nouvelle démocratie qu’ils considèrent comme la « vraie démocratie ». Néanmoins, les individus savent qu’ils sont impuissants et les objets de forces hétéronomes qui les font agir.
Table des matières
Préface 5
Question de démocratie 9
… encore la démocratie ? 11
Le crépuscule ou l’aube de la démocratie ? 14
Crise de la démocratie ? 19
Pourquoi la démocratie ? 23
De la constitution de la démos-cratie 24
Contre l’utopie : l’imagination 31
Démocratie comme forme de vie et organisation de la liberté 33
Espace public, critique publique et démos 39
La démocratie possible 41
Subjectivités démocratiques ? 43
Subjectivité et démocratie 47
La démos-cratie : un drame public 51
Démos 55
La démocratie : l’organisation de la liberté ? 58
Opinions sur la démocratie 61
L’image de la France : entre déclin, résignation et révolte 62
L’image de la démocratie en France : mépris et méfiance 70
Quand le démos s’en mêle 75
Le crépuscule de la démocratie ? 79
Les acteurs institutionnels 85
Ouvertures ? 89
Quel avenir ? 90
La démocratie sous tension 93
Quelle crise ? 94
Mouvement dans la démocratie 99
Le débat académique 102
Les mots et leurs sens 107
Critique et agir politique 111
Malaise dans la démocratie 119
Malaise 120
Le temps des grenouilles et de leur roi 126
L’impuissance, l’avenir et le malaise 129
Le capitalisme populaire et la fin de la démocratie ? 132
Impuissance et malaise dans la démocratie 136
Démocratie participative entre empowerment et institution 141
L’ère de la participation ? 142
La démocratie participative descendante à Lanester 151
Au-delà du communisme municipal 152
De LNC à la mairie 154
La vision de la démocratie participative 156
Émergence de Lanester participative 159
Continuités 161
La ville vue par l’équipe municipale 162
Conception de la démocratie participative : un management public comme « work in progress » 164
Qui participe à la démocratie participative ? 171
Vision du monde et raisons d’agir 173
Démocratie participative comme socialisation 176
2020 : passer le flambeau – les élections municipales ou le début de la fin de la démocratie participative ? 178
La démocratie participative lanestérienne 182
20 ans après 183
Que reste-t-il de la démocratie participative ? 185
Municipalisme : l’alternative à la démocratie parlementaire et participative ? 189
Municipalisme contemporain : une nébuleuse 190
Références et exemples 195
La leçon de Saillans 197
L’expérience municipaliste de Saillans 199
Gouverner la ville 201
Le démos contre le municipalisme ? 205
Saint-Senoux : Saillans breizh ? 207
Une nouvelle donne ? 210
Participer à Saillans, Saint-Senoux et à Lanester 214
Les listes citoyennes en France en 2020 : power to the people ? 216
Listes citoyennes ? 218
La renaissance de la démocratie municipale ? 226
L’ouverture d’une brèche ? 229
Se retirer, s’autonomiser et s’autogérer ? 231
Tous des décrocheurs ? 231
La commune de Bure 236
La mouvance 237
Bure : histoire 244
S’auto-organiser dans la lutte 245
Acceptabilité, débats publics et pas de démocratie 247
Le retrait apolitique ? 251
Une autre démocratie ? 253
Mobilisations démocratiques : réchauffer les eaux glacées 260
Critiquer et pratiquer la démocratie 263
À chacun sa démocratie (locale) ? 266
Vers une démocratie plurielle ou vers une pluralité
de démocraties ? 268
À quelle fin faire converger ou fédérer les luttes ? 269
Ouvertures 272
Nous vivons une période assez curieuse qui annonce la fin du néolibéralisme. Le néolibéralisme a été beaucoup plus qu’une période de l’épanouissement du capitalisme, de l’individualisation, de la marchandisation, de la globalisation et de la mise en concurrence forcées. La victoire du néolibéralisme dans les années 1980-1990 a été aussi annoncée comme la victoire définitive de la liberté et de la démocratie. Cependant, la liberté gagnée s’est orientée bien souvent plus vers la liberté de consommer que vers l’engagement politique. La vie politique se dessèche et les instances qui ont porté la démocratie représentative, surtout les parlements et les partis politiques, déclinent au profit de la gouvernance. En revanche, cette période a également connu de grandes mobilisations dans l’espace public, des « mouvements », qui réclament et pratiquent en leur sein une autre, une nouvelle démocratie qu’ils considèrent comme la « vraie démocratie ». Néanmoins, les individus savent qu’ils sont impuissants et les objets de forces hétéronomes qui les font agir.
Les conceptions de la critique et de l’émancipation d’Adorno servent à l’auteur de base pour mieux comprendre la situation sociale contemporaine, surtout en France, et ses avenirs possibles, sans se perdre dans une exégèse des théories de Theodor W. Adorno,.
Le potentiel pour s’émanciper de cette société qui fait souffrir beaucoup de sujets existe mais l’émancipation n’est pas inéluctable. La prolongation de la situation actuelle grâce à quelques réformes est également possible. Les avenirs possibles ne se réduisent pas à l’alternative « s’adapter à l’avenir imposé par le marché » ou « attendre des lendemains qui chantent ». Les arguments d’Adorno et ceux d’autres critiques servent de fil rouge à ce livre.
Les conceptions de la critique et de l’émancipation d’Adorno servent à l’auteur de base pour mieux comprendre la situation sociale contemporaine, surtout en France, et ses avenirs possibles, sans se perdre dans une exégèse des théories de Theodor W. Adorno,.
La situation sociale est très tendue et contradictoire ; les sujets en souffrent. On est à la fois en présence de nombreux mouvements qui émettent des critiques publiques nombreuses et souvent radicales, mais aussi d’un fatalisme profond et de beaucoup d’efforts pour s’intégrer dans la société.
Le potentiel pour s’émanciper de cette société qui fait souffrir beaucoup de sujets existe mais l’émancipation n’est pas inéluctable. La prolongation de la situation actuelle grâce à quelques réformes est également possible. Les avenirs possibles ne se réduisent pas à l’alternative « s’adapter à l’avenir imposé par le marché » ou « attendre des lendemains qui chantent ». Les arguments d’Adorno et ceux d’autres critiques servent de fil rouge non seulement pour comprendre le potentiel de dépassement de cette situation, mais également ce qui l’empêche.
Jan Spurk est professeur de sociologie à l’Université Paris Descartes, Faculté SHS – Sorbonne, et auteur de nombreux ouvrages dont Contre l’industrie culturelle. Les enjeux de la libération, Le Bord de l’Eau, Lormont, 2016 ; Au-delà de la crise ?, Éditions du Croquant, Vulaines-sur-Seine, 2016 ; Les limites de l’indignation ou la révolution commence-t-elle à Bure ?, Éditions du Croquant, Vulaines-sur-Seine, 2017 ; Sociologues dans la cité, Éditions du Croquant, Vulaines-sur-Seine, 2018.
Les mouvements sociaux portés par la jeunesse qui ont émergé ces dix dernières années ont remis au goût du jour une notion considérée comme dépassée : l’honneur.
L’honneur évoque, selon les époques, un principe chevaleresque, une passion patriotique ou un terme propre aux populations du bassin méditerranéen. Il tend à s’imposer aujourd’hui comme un concept « brandi » par les individus pour dénoncer les conditions sociales qui les asservissent. Le sentiment d’indignation est d’autant plus fort qu’il répond au désenchantement des individus face au monde qui les entoure : marasme politique, mondialisation, monde de plus en plus rationalisé et tourné vers le profit, absence de perspectives d’avenir…
Pour résister à la déchéance sociale et morale qui les guette, les individus vont alors mobiliser « la seule chose qui leur reste », à savoir leur honneur, pour dire « non » aux injonctions de la société marchande et aux corruptions afin de reprendre le contrôle de leur existence. L’honneur semble ainsi acquérir une nouvelle dimension : il cristallise les indignations et insuffle un élan libérateur.
Ce sentiment de révolte face à un monde d’injustices gagne de nombreux pays. Dans cet ouvrage issu de sa thèse de sociologie, c’est à la lumière d’interviews avec des jeunes français et turcs que l’auteure s’efforce de cerner l’évolution sociale de la référence à l’honneur, face à des situations qui portent atteinte à la dignité humaine et dont ils souhaitent s’émanciper. Si l’honneur était jusqu’ici empreint de la culture dans laquelle il était invoqué, il semble s’universaliser pour devenir une notion qui fait écho aux souffrances des populations du monde entier.
Charles Wright Mills (1916-1962) compte parmi les grands sociologues américains du xxe siècle. Si ses livres les plus lus sont, en France, assez régulièrement réédités, il reste de nombreux pans de son œuvre à découvrir.
C’est le cas, notamment, des nombreux articles qu’il publia durant les années 1940, dans le domaine de la sociologie de la connaissance et de la théorie sociologique. Mills y livre des esquisses d’analyse de l’action et du langage, il n’hésite pas à entrer en contradiction avec ses collègues, dans des recensions tranchantes.
Ces Critiques sociologiques comprennent six textes écrits durant cette période. On y retrouvera le style inimitable du sociologue critique et radical, qui s’est imposé quelques années plus tard dans la discipline aux États-Unis, mais aussi dans le débat public. Ses arguments, polémiques et volontiers ironiques, rectifient l’image, hélas souvent colportée, d’une tête brûlée. Ils rendent lisibles les vies multiples de l’auteur : homme engagé sur tous les fronts intellectuels et politiques, critique sévère mais tellement percutant de la société américaine de l’époque, et aussi penseur d’une grande profondeur.
Mills, longtemps professeur à l’université Columbia, à New York, n’a pas cessé de chercher des réponses aux grands problèmes des sciences humaines et sociales. Parce que ces problèmes occupent toujours l’imagination sociologique, ces écrits ne sont pas près de perdre leur actualité.