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Comment sauver le vivant, nous compris ? En s’y reconnectant, clame une mouvance d’auteurs généreusement relayés par les médias. Or ces appels à repenser les liens entre humains et non-humains puisent dans un fond ancien, reconnaissable à sa stigmatisation de la science et de la production, désignés coupables de la catastrophe écologique en cours.
Il suffirait alors de s’en détourner pour remédier aux maux de notre Modernité. Par l’examen de trois cas, les auteurs montrent les impasses, voire les dérives de tels discours et la nécessité d’en prendre le contre-pied.
La question du bien produire devient cardinale. Notre survie suppose d’enquêter sur les conditions permettant non seulement de préserver la biosphère, mais aussi de développer nos capacités afin de mener des vies véritablement humaines. Quels désirs et activités durables peut-on infiniment cultiver à l’intérieur des limites planétaires ?
Table des matières
Introduction 7
Dusan Kazic : vivre ou produire, il faut choisir ! 17
Produire, le ver est dans le mot 18
Calculer, quantifier, mesurer : le grand mal de la modernité 21
Est-ce bien généralisable ? 27
Quand changer de langage suffirait à changer le monde 30
Ces liens qui font tout, mais que rien ne fait 35
Travailler pour les plantes : sous l’innovation narrative, l’exploitation 38
Baptiste Morizot : don, confiance et transfert de puissance au vivant 43
Un sens très restreint et aristotélicien de la production 45
Pouvoir du philosophe, puissances du vivant 50
La contrainte productive n’est pas prométhéenne 54
Extractivisme ou dévalorisation du travail agricole ? 59
Sous le Verbe haut, rien de nouveau 62
Aimer le vivant : nécessaire mais non suffisant 66
Nastassja Martin : la grande régression dans l’indistinction du vivant 69
Le retour en forêt : un anti-modernisme très moderne 70
Se fondre dans le monde, faute de le changer 74
Sciences et naturalisme : jeter le bébé avec l’eau du bain 79
Quand l’Esprit sélectionne le meilleur des mondes 82
Vers une écologie plus rustique 89
L’occultation du travail vivant : la victoire paradoxale d’ Arendt 95
Bien (se) produire : le vrai enjeu anthropologique et écologique 99
Un monde sans production : le vivant rêvé des villes 99
Le travail agricole, tiers oublié entre la ville et la forêt 101
L’expérience du Covid : vivre sans travailler ? 103
Pour réintégrer la production dans la Cité 106
Que savoir ? Quand mesurer n’est pas économiciser 110
Du mauvais au bon infini : la « croissance » revisitée 116
Conclusion Raviver la production humaine 127
Comment sauver le vivant, nous compris ? En s’y reconnectant, clame une mouvance d’auteurs généreusement relayés par les médias. Or ces appels à repenser les liens entre humains et non-humains puisent dans un fond ancien, reconnaissable à sa stigmatisation de la science et de la production, désignés coupables de la catastrophe écologique en cours.
Il suffirait alors de s’en détourner pour remédier aux maux de notre Modernité. Par l’examen de trois cas, les auteurs montrent les impasses, voire les dérives de tels discours et la nécessité d’en prendre le contre-pied.
La question du bien produire devient cardinale. Notre survie suppose d’enquêter sur les conditions permettant non seulement de préserver la biosphère, mais aussi de développer nos capacités afin de mener des vies véritablement humaines. Quels désirs et activités durables peut-on infiniment cultiver à l’intérieur des limites planétaires ?
Table des matières
Introduction 7
Dusan Kazic : vivre ou produire, il faut choisir ! 17
Produire, le ver est dans le mot 18
Calculer, quantifier, mesurer : le grand mal de la modernité 21
Est-ce bien généralisable ? 27
Quand changer de langage suffirait à changer le monde 30
Ces liens qui font tout, mais que rien ne fait 35
Travailler pour les plantes : sous l’innovation narrative, l’exploitation 38
Baptiste Morizot : don, confiance et transfert de puissance au vivant 43
Un sens très restreint et aristotélicien de la production 45
Pouvoir du philosophe, puissances du vivant 50
La contrainte productive n’est pas prométhéenne 54
Extractivisme ou dévalorisation du travail agricole ? 59
Sous le Verbe haut, rien de nouveau 62
Aimer le vivant : nécessaire mais non suffisant 66
Nastassja Martin : la grande régression dans l’indistinction du vivant 69
Le retour en forêt : un anti-modernisme très moderne 70
Se fondre dans le monde, faute de le changer 74
Sciences et naturalisme : jeter le bébé avec l’eau du bain 79
Quand l’Esprit sélectionne le meilleur des mondes 82
Vers une écologie plus rustique 89
L’occultation du travail vivant : la victoire paradoxale d’ Arendt 95
Bien (se) produire : le vrai enjeu anthropologique et écologique 99
Un monde sans production : le vivant rêvé des villes 99
Le travail agricole, tiers oublié entre la ville et la forêt 101
L’expérience du Covid : vivre sans travailler ? 103
Pour réintégrer la production dans la Cité 106
Que savoir ? Quand mesurer n’est pas économiciser 110
Du mauvais au bon infini : la « croissance » revisitée 116
Conclusion Raviver la production humaine 127
Depuis quelques décennies, on n’échappe plus à la litanie des centaines de milliers d’emplois non pourvus, régulièrement serinés dans des journaux, à la télévision, à la radio ou sur des réseaux sociaux. Ce problème prendrait même la forme d’un paradoxe, puisque les difficultés de recrutement atteindraient des sommets… En même temps que le nombre de chômeurs. Ces derniers sont donc mis en cause et accusés de fainéantise, ce qui les conduirait à baisser encore plus le salaire qu’ils espèrent toucher.
En s’appuyant sur des données chiffrées, cette étude montre comment ce discours éminemment idéologique est mobilisé pour justifier un programme politique libéral. Elle recherche les responsabilités d’une telle situation, au-delà de la culpabilisation des chômeurs, bien commode pour faire oublier les modes de recrutement en vigueur. Elle analyse la manipulation politique du sujet par des élus ou des représentants du patronat, pour obtenir des réformes sans aucun rapport avec la question.
Sommaire
Introduction générale
L’histoire de l’emploi non pourvu : un serpent de mer
Vingt-six siècles de pénuries de main-d’œuvre
L’apparition de « l’emploi non pourvu »
Un bêtisier contemporain
La rareté du non-pourvoi
Les emplois en France… sont pourvus !
Tours de passe-passe
Une pénurie chronique
L’économie politique du bagne
Les chômeurs, tous coupables ?
Oisiveté des chômeurs… ou paresse des commentateurs ?
Trop de candidats !
Des candidats évincés
Les candidats empêchés
Un culturalisme… universel
Des victimes trompées
La dégradation privée du travail
La dé-protection publique du salariat
L’exploitation des groupes vulnérables
Conclusion
Lorsque Jean-Michel Blanquer parle, on a envie d’applaudir. Il décrit avec brio une école idéale, refondée sur la science, humaniste en même temps qu’efficace... On aimerait que ce soit vrai, mais tout est faux, comme le montrait déjà la première édition de ce réquisitoire. À l’heure du bilan de la mandature, cette nouvelle édition prend en compte les efforts du ministre pour justifier sa politique.
Au total, et sous couvert de modernité, les vieilles recettes de la droite autoritaire : un premier degré et l’enseignement professionnel caporalisés, les collèges et lycées mis en concurrence, l’élitisme comme principe. Ce ne serait qu’un mauvais moment à passer si la plupart de ces réformes n’étaient irréversibles, et si elle ne coûtaient pas très cher pour un effet dérisoire.
Échos
Un débat en ligne sur Médiapart, ici
Sommaire
Pourquoi une nouvelle édition ?
Avant-propos
Deux anecdotes et un récit pour situer l’homme
Une ambition qui vient de loin
Les premiers mensonges
Examen systématique des réformes concernant le premier degré
La maternelle à 3 ans
Le dédoublement des classes de CP et CE1
« Agir pour l’école », et Lego : la « syllabique » sur la sellette
Les méthodes de lecture : Ce que dit la science
Les tests de CP et CE1
Un conseil scientifique qui n’est pas très « scientifique »
Le retour aux 4 jours
Le redoublement
Le second degré
La mixité sociale au collège et les classes bilangues
Le latin et le grec
« Devoirs faits »
Lycée d’enseignement général, baccalauréat, Parcoursup : des réformes qui ne disent pas leur nom
Une mise en œuvre chaotique
Comment rater « la transformation de la voie professionnelle »
La vérité sur l’apprentissage
Rien pour les « décrocheurs »
La formation des enseignants
Il y a plus grave
Et maintenant que faire ?
Lorsque Jean-Michel Blanquer parle, on a envie d’applaudir. Il décrit avec brio une école idéale, refondée sur la science, humaniste en même temps qu’efficace... On aimerait que ce soit vrai, mais tout est faux, comme le montrait déjà la première édition de ce réquisitoire. À l’heure du bilan de la mandature, cette nouvelle édition prend en compte les efforts du ministre pour justifier sa politique.
Mais, quoi qu’il en dise sur un ton toujours très satisfait, aucune des réformes qu’il a engagées n’est réellement éclairée par la science. Les chercheurs dont il s’est entouré sont, pour les plus influents, sortis de leur domaine de compétence, et fondent leurs arguments sur des prémisses largement discutables, quand ils ne trichent pas avec les références bibliographiques. L’évaluation est partout, rien ne marche, et jamais les conséquences ne sont tirées.
Au total, et sous couvert de modernité, les vieilles recettes de la droite autoritaire : un premier degré et l’enseignement professionnel caporalisés, les collèges et lycées mis en concurrence, l’élitisme comme principe. Ce ne serait qu’un mauvais moment à passer si la plupart de ces réformes n’étaient irréversibles, et si elle ne coûtaient pas très cher pour un effet dérisoire.
Débat de spécialistes ? Non. Pascal Bouchard est journaliste, il suit les questions d’éducation depuis bientôt 40 ans, et voit, sous des apparences changeantes et des dispositions parfois très techniques, revenir sans cesse les questions non résolues qui hantent notre système éducatif. Car c’est le grand mérite de ce ministre que de nous obliger à les poser sous un jour nouveau sans jamais nous laisser impressionner par les arguments d’autorité de ceux qui veulent nous imposer leur vision de l’École.
Pascal Bouchard, agrégé de lettres et docteur es lettres (sciences de l’éducation) a notamment été enseignant, producteur à France-Culture, directeur de la rédaction de l’Agence Éducation Formation (AEF) et le créateur de ToutEduc.fr.
Aucune des réformes engagées par Jean-Michel Blanquer n’est éclairée par la science, à supposer qu’existe « la » science. Les chercheurs dont il s’est entouré sont, pour les plus influents, sortis de leur domaine de compétence. L’évaluation est partout, rien ne marche, et jamais les conséquences ne sont tirées.
Les vieilles recettes de la droite autoritaire : un premier degré et l’enseignement professionnel caporalisés, les collèges et lycées mis en concurrence, l’élitisme comme principe.
Débat de spécialistes ? Non. Pascal Bouchard est journaliste, il suit les questions d’éducation depuis 40 ans, et voit revenir sans cesse les questions qui hantent notre système éducatif. C'est le grand mérite de ce ministre que de nous obliger à les poser sous un jour nouveau.
Recension dans Le Monde du 27 janvier 2021
Lire aussi l'entretien avec Martine Boudet sur les questions de l'École
Dans Questions de classe(s), "Que fait la presse", 14 juin 20021
Lorsque Jean-Michel Blanquer parle, on a envie d’applaudir. Il décrit avec brio une école idéale, refondée sur la science, humaniste en même temps qu’efficace... On aimerait que ce soit vrai, mais tout est faux.
Aucune des réformes engagées n’est éclairée par la science, à supposer qu’existe « la » science. Les chercheurs dont il s’est entouré sont, pour les plus influents, sortis de leur domaine de compétence. L’évaluation est partout, rien ne marche, et jamais les conséquences ne sont tirées.
Au total, et sous couvert de modernité, les vieilles recettes de la droite autoritaire : un premier degré et l’enseignement professionnel caporalisés, les collèges et lycées mis en concurrence, l’élitisme comme principe. Ce ne serait qu’un mauvais moment à passer si la plupart de ces réformes n’étaient irréversibles, et si elles ne coûtaient pas très cher pour un effet dérisoire.
Débat de spécialistes ? Non. Pascal Bouchard est journaliste, il suit les questions d’éducation depuis bientôt 40 ans, et voit, sous des apparences changeantes, revenir sans cesse les questions non résolues qui hantent notre système éducatif. Car c’est le grand mérite de ce ministre que de nous obliger à les poser sous un jour nouveau.
Pascal Bouchard, agrégé et docteur ès lettres (sc. de l’éducation) a notamment été producteur à France-Culture, directeur de la rédaction de l’ AEF et le créateur de ToutEduc.fr.
Cet essai participe d’une critique du consumérisme dont l’une des traductions est l’usage quasi systématique de l’automobile par le consommateur pour aller faire ses courses.
L’idée est d’inscrire cet usage et ce mode de consommation dans une histoire prenant ses racines dans la période de prospérité d’après-guerre. Le modèle de société change radicalement avec la généralisation de l’automobile et le développement de la grande distribution. Dans les années 1960, l’automobile s’impose comme le moyen de locomotion le plus courant et le plus pratique. L’installation des grandes et moyennes surfaces en périphérie des villes et des bourgs contraint le consommateur à s’approvisionner grâce à son automobile. Une belle alliance est née…
Le caractère inédit et moderne de cette « association » entre l'automobile et le supermarché a été entretenu jusqu’à nos jours, faisant du consommateur un naufragé consentant errant avec son automobile dans les allées monotones des zones d’activités commerciales. Il est difficile alors de s’extraire de cette condition tant cette injonction permanente à consommer est prégnante.
Claude Wagner est professeur de sciences économiques et sociales et docteur en sociologie. Il est également chercheur associé au laboratoire SAGE (Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe) à l’université de Strasbourg.
Les informations pléthoriques et dérégulées découragent toute controverse et dévalorisent les notions mêmes de vérité et de connaissance objective de notre monde commun. Cette connaissance reste d’autant plus indispensable que nous nous trouvons à l’échelle planétaire face à de multiples dangers politiques, sanitaires et environnementaux, notamment une évolution climatique aussi complexe qu’imprévisible.
Les informations pléthoriques et dérégulées découragent toute controverse et dévalorisent les notions mêmes de vérité et de connaissance objective de notre monde commun.
Cette connaissance reste d’autant plus indispensable que nous nous trouvons à l’échelle planétaire face à de multiples dangers politiques, sanitaires et environnementaux, notamment une évolution climatique aussi complexe qu’imprévisible.
Or, du lobbying généralisé qui fabrique du mensonge à dessein pour semer le doute à la « foutaise » qui prétend n’importe quoi (Trump ne ment pas, il se fout de la vérité), l’ère de la post-vérité revêt de multiples facettes détaillées dans cet ouvrage.
Né d’une table ronde organisée par l’association Sciences Citoyennes, ce livre dépasse un cadre disciplinaire strict et bénéficie d’une pluralité de points de vue. Il dépasse le stade des constats pour éclairer le phénomène de la prétendue « post-vérité » dans un domaine où l’idée de vérité partagée est essentielle : celui des sciences.
Il explore plusieurs pistes pour démocratiser la connaissance scientifique et la pensée critique à l’heure où la précarisation de l’information redouble la précarité économique de bon nombre de citoyens qui exigent à juste titre de n’être plus des intermittents de la vie politique.
Table des matières
Préface, Stéphane Foucart
Introduction. Pour sortir de l’ère viciée de la « post-vérité », Maryvonne Holzem
Autour de la « post-vérité », de menaçantes convergences, François Rastier
La post vérité : une maladie intellectuelle guérissable, Jean-Jacques Rosat
De la post-vérité à la foutaise, Pascal Engel
La fraude dans les sciences : des pratiques nouvelles banalisées, Jacques Testart
Les sciences au risque de la post-vérité. Sciences pour la croissance et sciences non faites, Catherine Bourgain
L’étude des controverses sociales à thème scientifique. Quelle formation pour les jeunes universitaires ?, Michel Goldberg
L’opinion française et le conspirationnisme : retour sur une enquête critiquée, Rudy Reichstadt et Valérie Igounet
Conclusion. Reconstruire les vérités objectives, Maryvonne Holzem
Dans l’espace politique français, l’Union européenne est partout. Elle planifie la libéralisation des services publics.
Elle organise le libre-échange qui pousse aux délocalisations et interdit de taxer significativement les détenteurs de capitaux. Elle impose l’austérité budgétaire et monétaire tout en laissant libre cours à la concurrence fiscale.
Incapable de répondre aux enjeux du siècle, et notamment de conduire la transition écologique, elle obéit aux lobbies et dépossède les peuples de leur souveraineté démocratique.
Pourtant, dans le débat politique, elle est reléguée au second plan, quand son rôle n’est pas tout simplement effacé.
La question européenne est pourtant essentielle. Elle hante la gauche partout en Europe. Certains défendent la réécriture à plusieurs du droit communautaire, le changement de l’intérieur. D’autres, à l’inverse, défendent la sortie de l’Union européenne, tout au moins de l’euro, et la présentent parfois comme la solution à elle seule à tous nos maux.
Ce livre, dont l’orientation eurocritique est pleinement assumée, entend parler sérieusement de l’Union européenne. Il montre que le statu quo est impossible. Il examine, dans une perspective de gauche, les différentes stratégies envisageables (sortie, réforme, rupture partielle, crise permanente) sans en défendre une en particulier, mais en décrivant pour chacune d’elles les conditions nécessaires à sa réalisation, les difficultés – le cas échéant les impossibilités – et les perspectives qu’elle ouvre.
À l’heure du Brexit, d’une crise politique européenne qui n’en finit pas, et à l’approche des élections européennes de 2019, ce livre constitue un outil indispensable.
Le terrorisme, depuis le début des années 2000, a pris la dimension d’une menace majeure. Pourtant, le débat sur cet enjeu de sécurité publique et internationale semble rarement à la mesure des questions posées sur les origines de cette violence politique et sociale, et par conséquent sur la nature des réponses qu’il faut lui apporter.
La notion même de terrorisme reste sans définition qui fasse consensus. Que recouvre ce mot ? Qu’est-ce que cette chose que l’on nomme mais que l’on ne parvient pas à définir, alors que certains refusent même d’en chercher les causes ? Pourquoi fait-on du terrorisme, avec autant d’insistance, une violence politique très spécifique ?
Ce livre est une réflexion critique sur la définition du terrorisme, et en particulier sur la façon dont il fait l’objet d’une instrumentalisation idéologique permanente. Il est vrai que cette violence criminelle est d’abord un terrible révélateur de la crise de société, de la crise des politiques de domination, et d’un ordre mondial de précarités, de déliquescences, de tensions géopolitiques et de guerres.
Femmes en burkini suscitant des bagarres, cafés noyautés par des musulmans et « interdits aux femmes », viols effectués par cinquante individus musulmans à Francfort... Depuis quelques années, des informations inventées de toutes pièces ont pris de l’ampleur dans les grands médias, dans le but d’entretenir la peur d’un ennemi supposé menacer la nation et ses valeurs.
Ces paniques identitaires ne sont pas de simples rumeurs : elles apparaissent dans un contexte de défiance démocratique et sont relayées par des journalistes et des politiques, avant de s’évanouir du jour au lendemain. Mettant en scène le corps pur de la nation à protéger contre les Roms, les musulmans mais aussi l’héritage de Mai 68, la diversité, la « théorie du genre » et le communautarisme, ces récits révèlent en creux les formes actuelles de la domination et de la stigmatisation. Dans ce livre, une dizaine de spécialistes en sciences sociales (histoire, sociologie, anthropologie, science politique) montrent en quoi ces paniques identitaires viennent nourrir le renouveau du nationalisme français, en train de se reformuler et d’occuper presque tout l’espace médiatique.
Sommaire
Introduction, par Laurence De Cock et Régis Meyran
« Malaise identitaire » contre « affirmation identitaire » : les usages du mot « identité », par Régis Meyran
1968 ou le début de la fin. Catastrophisme anticontestataire et contre-sens identitaire, par Ludivine Bantigny
Le roman national au cœur des paniques identitaires, par Laurence de Cock
Le discours du « communautarisme », une logique de la guerre identitaire, par Fabrice Dhume
Le bon genre de l’identité nationale, par Fanny Gallot
L’insécurité culturelle : usages et ambivalences. Notes critiques à propos du livre de Laurent Bouvet, par Klaus-Gerd Giesen
Paniques identitaires, paniques territoriales : une spatialisation des crispations identitaires, par Cécile Gintrac
La diversité « à la française » ou la tentation d’une égalité sous conditions de performance identitaire pour les « non-frères », par Réjane Sénac
Panique sécuritaire et panique identitaire : quelques usages de « l’insécurité »,
par Laurent Mucchielli
L’ Algérie à Cologne, par Jocelyne Dakhlia