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Le capitalisme cognitif néolibéral a fait de la reproduction de la vie son « cœur de métier », de l’individu conçu comme entreprise un sujet sommé d’être autonome et de la concurrence un principe régulateur de la société. Accélérée par les technologies digitales, la métamorphose du salariat génère des zones grises, entre le travail salarié et le travail indépendant. Une multitude de nouvelles figures du travail émergent, des figures précaires en tension entre l’autonomie et l’hétéronomie. Pourtant, des stratégies originales de résistance s’inventent dans ces zones grises. Il ne s’agit pas seulement de dire « non » à la raison néolibérale, il s’agit d’affirmer de manière pragmatique des formes coopératives et mutualistes nouvelles.
Recensions
Table des matières
Présentation
Première partie. Le capitalisme cognitif à l’époque néolibérale
Chapitre 1. Une nouvelle phase historique du capitalisme ?
Le travail cognitif et la fabrique des esprits
L’économie de la connaissance est une aporie
Le temps et la valeur
Les phases historiques du capitalisme
Autonomie et coopération : rêve ou réalité ?
Chapitre 2. Le capitalisme a toujours été cognitif
Les forces de l’invention et de la coopération précèdent le capital
Le capitalisme industriel comme capitalisme cognitif
Les mismatchings du capitalisme cognitif à l’époque des technologies digitales
Finance globale et connaissances
Chapitre 3. Capitalisme et néolibéralisme : une liaison dangereuse
La critique gorzienne des thèses sur le capitalisme cognitif
Le capitalisme comme formation sociale
Le néolibéralisme comme technique de gouvernement
De la reproduction de la force de travail à la production du capital humain
Partie 2. Figures du travail dans les zones grises
Chapitre 4. Au-delà de la logique binaire travail salarié-travail indépendant
L’affirmation historique du salariat et le déclin du travail indépendant, et vice versa
Subordination et dépendance
Les zones grises des relations de travail
Des relations de travail hybrides et leurs conditions d’émergence
Sublime ou prolétaroïde ? L’intermittent·e du spectacle
Sublime ou prolétaroïde ? L’Entrepreneur·e -salarié·e -associé·e
Chapitre 5. L’enquête sociale comme co-recherche pour l’action
Des enquêtes situées
Chercher pour agir
La co-recherche
De l’enquête qualitative à l’enquête quantitative et vice-versa
La difficile inter-objectivation
Partie 3. Temps, argent et liberté
Chapitre 6. Métamorphoses du temps du travail, luttes pour le temps
Le temps du travail : temps social dominant
La question du temps de travail entre passé et présent
Discontinuité et perception du temps
Du travail à la tâche au travail horaire, du travail horaire au travail à la prestation
Temps libre et accélération
Pollution du temps
Le temps de la politique : free work ou free labor ?
Chapitre 7. La mutualisation contre l’individualisation
L’individualisation du salaire
La fiction du salaire
Déjouer les dispositifs néolibéraux
La question du Revenu Inconditionnel d’Existence
Chapitre 8. Autonomie et hétéronomie dans les zones grises des relations de travail
La question de l’autonomie ou de la liberté comme autonomie
L’autonomie bridée de l’intermittent·e du spectacle
Le projet d’autonomie comme processus collectif : l’expérience de Coopaname
... des pratiques qui annoncent une sortie civilisée du capitalisme...
Au début du 21e siècle, le capitalisme cognitif néolibéral a fait de la reproduction de la vie biologique et sociale son « cœur de métier », de l’individu conçu comme entreprise un sujet sommé d’être autonome et de la concurrence un principe régulateur de la société. Le salariat se transforme, le travail mute. Accélérée par les technologies digitales, la métamorphose du travail et des relations de travail génère des « zones grises » entre le travail salarié et le travail indépendant classiques. Une multitude de nouvelles figures précaires du travail émergent dans ces zones, des figures doubles, en tension entre l’autonomie et l’hétéronomie. Autonomie contrainte et concurrence par la coopération sont les oxymores de la société du travail née des noces du capitalisme cognitif et du néolibéralisme.
Pourtant, c’est dans ces zones grises que des stratégies originales de résistance s’inventent. Il ne s’agit pas seulement de dire « non » à la raison néolibérale, il s’agit d’affirmer positivement, de manière pragmatique, par l’expérimentation politique et sociale, des formes économiques diverses. Plus précisément, un système de protection sociale mutualiste et une entreprise coopérative « sans patrons ».
Chercheuse impliquée, spécialiste des mutations du travail, des métamorphoses du salariat et de l’essor d’expérimentations socio-politiques originales, notamment dans le champ de l’économie sociale et solidaire, Antonella Corsani a accompagné ces mouvements inédits pendant plusieurs années en France. Ces histoires de résistance attestent une tension permanente vers la liberté comme autonomie véritable, dans un contexte où l’autonomie individuelle est, en quelque sorte, prescrite. Les collectifs de travail qu’elle a observées in situ désirent la mutualisation et la coopération. Leur but est d’accroître l’autonomie réelle de chacun·e et du groupe par l’interdépendance. Et des chemins de la liberté de s’ouvrir ainsi, à tâtons.
Antonella Corsani est sociologue et économiste, enseignante-chercheure à l’ISST-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre du laboratoire de recherches IDHES.
Le capitalisme cognitif néolibéral a fait de la reproduction de la vie son « cœur de métier », de l’individu conçu comme entreprise un sujet sommé d’être autonome et de la concurrence un principe régulateur de la société. Accélérée par les technologies digitales, la métamorphose du salariat génère des zones grises, entre le travail salarié et le travail indépendant. Une multitude de nouvelles figures du travail émergent, des figures précaires en tension entre l’autonomie et l’hétéronomie. Pourtant, des stratégies originales de résistance s’inventent dans ces zones grises. Il ne s’agit pas seulement de dire « non » à la raison néolibérale, il s’agit d’affirmer de manière pragmatique des formes coopératives et mutualistes nouvelles. Et des chemins de liberté de s’ouvrir ainsi, à tâtons.
Au début du 21e siècle, le capitalisme cognitif néolibéral a fait de la reproduction de la vie biologique et sociale son « cœur de métier », de l’individu conçu comme entreprise un sujet sommé d’être autonome et de la concurrence un principe régulateur de la société. Le salariat se transforme, le travail mute. Accélérée par les technologies digitales, la métamorphose du travail et des relations de travail génère des « zones grises » entre le travail salarié et le travail indépendant classiques. Une multitude de nouvelles figures précaires du travail émergent dans ces zones, des figures doubles, en tension entre l’autonomie et l’hétéronomie. Autonomie contrainte et concurrence par la coopération sont les oxymores de la société du travail née des noces du capitalisme cognitif et du néolibéralisme.
Pourtant, c’est dans ces zones grises que des stratégies originales de résistance s’inventent. Il ne s’agit pas seulement de dire « non » à la raison néolibérale, il s’agit d’affirmer positivement, de manière pragmatique, par l’expérimentation politique et sociale, des formes économiques diverses. Plus précisément, un système de protection sociale mutualiste et une entreprise coopérative « sans patrons ».
Chercheuse impliquée, spécialiste des mutations du travail, des métamorphoses du salariat et de l’essor d’expérimentations socio-politiques originales, notamment dans le champ de l’économie sociale et solidaire, Antonella Corsani a accompagné ces mouvements inédits pendant plusieurs années en France. Ces histoires de résistance attestent une tension permanente vers la liberté comme autonomie véritable, dans un contexte où l’autonomie individuelle est, en quelque sorte, prescrite. Les collectifs de travail qu’elle a observées in situ désirent la mutualisation et la coopération. Leur but est d’accroître l’autonomie réelle de chacun·e et du groupe par l’interdépendance. Et des chemins de la liberté de s’ouvrir ainsi, à tâtons.
Antonella Corsani est sociologue et économiste, enseignante-chercheure à l’ISST-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre du laboratoire de recherches IDHES.