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Nous sommes les héritiers des Lumières. C’est notre patrimoine commun républicain, celui de la gauche comme celui de l’Europe. Alors que les Lumières étaient vivantes, avec de multiples débats et controverses, ne les avons-nous pas considérées comme un bloc figé, pétrifié, laissé en jachère ?
Dans un essai vif et percutant, Pierre Bauby propose de les réexaminer, revoir, compléter, actualiser, enrichir là où elles ne correspondent plus aux situations, connaissances et enjeux du XXIe siècle ; de sortir des formes de binarisme, de fatalisme, de nombrilisme ; de résister aux délitements du lien sociétal. Il avance quatre paradigmes clés de la connaissance avant de revisiter dix grands rapports qui structurent nos pensées et actions. Cet essai vise à soulever la chape de plomb qui enserre le cœur du réacteur de la société ; de prendre appui sur les initiatives de terrain, en les faisant connaître, en suscitant des confrontations pluralistes, des débats dans l’espace public. Pierre Bauby propose de retrouver la dynamique créatrice et propulsive des Lumières pour contribuer à l’action transformatrice contre toutes discriminations et inégalités.
Table des matières
Sommaire
Préface
Introduction. Pourquoi les « Lumières » ?
Les visages pluriels des « Lumières »
Les « Lumières » dans leur contexte
Refonder les « Lumières » pour le XXIe siècle
Première partie. Sortir du binarisme
La dialectique comme opposition et unité des contraires
La clef de voûte de la « pensée Marx »
Tout est contradiction
La contradiction en mouvement
La perversion stalinienne de la pensée Marx
Les rapports indissolubles entre unité et diversité
Toujours resituer dans le temps et l’espace
Il n’y a ni « marxisme », ni « marxistes »
L’« invention » du « marxisme » et les spécificités françaises
Le double caractère des crises, menaces et opportunités
Orientations méthodologiques
Deuxième partie. Revisiter dix grands rapports
Nous sommes des êtres de raison, mais aussi de passions, de pulsions
Nous sommes des êtres de raison
Nous sommes des êtres d’affects, d’émotions, de pulsions, de désirs, d’envies, de passions ir-rationnels
La personne humaine maître et/ou composante de la nature
L’humain maître et possesseur de la nature ?
L’Anthropocène ?
Interactions sous contraintes
La reconnaissance de l’individuation est inséparable de la sociétalisation
L’individu et la collectivité
Les différentes figures de l’action publique
Les individus, la société et la démocratie
Les contre-pouvoirs
L’action publique démocratique pour conjuguer intérêt général et intérêts individuels et particuliers
L’action publique démocratique
Concevoir et promouvoir l’intérêt général
Un système multi-niveaux d’intérêt général
Réformer l’action publique
Un État-stratège ?
Droits et devoirs sont indissociables
La Déclaration de 1789
Pas de droits sans devoirs
Imbriquer liberté(s), égalité et solidarités
Liberté et libéralisme(s)
Égalité, fraternité, laïcité et solidarité(s)
Relier local et global, micro et macro
Penser ET agir local ET global
Une mise en œuvre créatrice du principe de subsidiarité
Remettre le marché à sa place, rien que sa place, mais toute sa place
« L’Union européenne (…) œuvre pour le développement durable de l’Europe fondé sur une (…) économie sociale de marché »
Services publics, communs, économie sociale
L’universalisme doit aller de pair avec les altérités
L’universalisme « à la française »
L’universel n’est universel que s’il est reconnu comme tel par tous
Le système européen de valeurs solidaires, référentiel dans la mondialisation
L’Union européenne, union d’États nation
Modèle social et système européen de valeurs communes
Référentiel dans la mondialisation
Quelles perspectives ?
Nous sommes les héritiers des Lumières. C’est notre patrimoine commun républicain, celui de la gauche comme celui de l’Europe. Alors que les Lumières étaient vivantes, avec de multiples débats et controverses, ne les avons-nous pas considérées comme un bloc figé, pétrifié, laissé en jachère ?
Dans un essai vif et percutant, Pierre Bauby propose de les réexaminer, revoir, compléter, actualiser, enrichir là où elles ne correspondent plus aux situations, connaissances et enjeux du XXIe siècle ; de sortir des formes de binarisme, de fatalisme, de nombrilisme ; de résister aux délitements du lien sociétal. Il avance quatre paradigmes clés de la connaissance avant de revisiter dix grands rapports qui structurent nos pensées et actions. Étayé d’un côté par soixante années de pratiques diversifiées, de l’autre par une veille attentive sur les mutations des sociétés française et européennes et sur des recherches, cet essai vise à soulever la chape de plomb qui enserre le cœur du réacteur de la société ; de prendre appui sur les initiatives de terrain, en les faisant connaître, en suscitant des confrontations pluralistes, des débats dans l’espace public. Pierre Bauby propose de retrouver la dynamique créatrice et propulsive des Lumières pour contribuer à l’action transformatrice contre toutes discriminations et inégalités.
Pierre Bauby docteur de l’IEP de Paris, spécialiste de l’action publique et des services publics en France et en Europe, expert auprès du Parlement européen et du Comité économique et social européen sur les Services d’intérêt général, membre du Conseil d’orientation du CIRIEC, président de RAP (Reconstruire l’action publique, www.actionpublique.eu) ; auteur en particulier de : Service public, services publics, La Documentation Française, 2016 ; L’européanisation des services publics, Presses de SciencesPo, 2011 : Reconstruire l’action publique, Syros, 1998.
Le « syndrome de la vie de merde » est mortel. Autrement dit, les inégalités tuent. Issues de nos modes d’organisation éducative, sociale et politique, elles ont en effet des conséquences multiples, notamment sur la santé. Au milieu du 19e siècle, un médecin français, Louis René Villermé, fit une découverte qui allait révolutionner les représentations : la durée de vie est bien moins déterminée par des forces occultes ou la volonté divine que par l’« aisance », le niveau des revenus et d’éducation, la profession et l’habitat. Les plus pauvres meurent plus jeunes ! La différence d’espérance de vie à la naissance en France est aujourd’hui de treize ans entre les plus pauvres et les plus fortunés. C’est la vocation de cet ouvrage d’expliquer ce que sont les inégalités sociales de santé et de montrer ce qui les détermine afin de tracer quelques perspectives pour y remédier.
Alfred Spira est médecin et professeur d’épidémiologie.
Nicolas Leblanc est médecin de santé publique et élu local en charge du projet de territoire de santé de Fontenay-sous-Bois.
Le « syndrome de la vie de merde » est mortel. Autrement dit, les inégalités tuent. Issues de nos modes d’organisation éducative, sociale et politique, elles ont en effet des conséquences multiples, notamment sur la santé. Au milieu du 19e siècle, un médecin français, Louis René Villermé, fit une découverte qui allait révolutionner les représentations : la durée de vie, ce que l’on nomme aujourd’hui l’espérance de vie à la naissance, est bien moins déterminée par des forces occultes (les vents, les humeurs, les astres…) ou la volonté divine que par l’« aisance », le niveau des revenus et d’éducation, la profession et l’habitat. Les plus pauvres meurent plus jeunes ! La différence d’espérance de vie à la naissance en France est aujourd’hui de treize ans entre les plus pauvres et les plus fortunés. Derrière ces différences tout au long de l’échelle des revenus se cache une réalité sociale qui doit être comprise pour être corrigée. C’est la vocation de cet ouvrage d’expliquer ce que sont les inégalités sociales de santé et de montrer ce qui les détermine afin de tracer quelques perspectives pour y remédier.
Alfred Spira, médecin professeur d’épidémiologie, contribue à la prise en considération de la santé dans la dynamique sociale, face aux grands enjeux contemporains tels que les modifications de l’environnement, les migrations, l’accès aux droits humains.
Nicolas Leblanc, médecin de santé publique au sein du premier groupe mutualiste de protection sociale en France, est élu local en charge du projet de territoire de santé de Fontenay-sous-Bois et intervient en tant qu’expert dans de nombreux cercles de réflexion.
Entreprise emblématique depuis 1777, l’empire Japy s’éteint progressivement après 1955. Imprégné de récits familiaux sur le travail dans ces usines, l’auteur interroge en sociologue cette mémoire ouvrière. Outre les archives du musée Japy, une cinquantaine de témoignages d’anciens salariés éclairent le rapport au travail, les parcours, les liens entre conditions de travail et perceptions de l’activité. L’ouvrage compare, grâce à des témoignages de première main, ces usines avec des entreprises de la région (Peugeot, Alsthom, Lip, etc.), afin de souligner ce qui est spécifique à Beaucourt et ce qui peut être généralisé à d’autres expériences ouvrières. Il ne s’agit donc pas seulement de l’étude d’une entreprise qui a su se spécialiser tout au long de son histoire sur des technologies et des productions de pointe. Mais aussi d’une analyse, menée du point de vue des ouvriers, techniciens et ingénieurs, de l’innovation, des savoir-faire et du gâchis de la désindustrialisation.
Table des matières
D’une histoire familiale à une recherche socio-historique
Introduction générale
Chapitre 1 : Une brève histoire des usines Japy à Beaucourt
1. De Frédéric Japy à Japy Frères (1777-1928)
2. Déclin et fin de Japy Frères (1928-1955)
2.1 Le traumatisme de l’occupation
2.2 L’immédiat après-guerre
2.3 Les usines Japy à Beaucourt en 1955
3. Le destin hétérogène des usines après la fin de Japy Frères (1955-2020)
3.1 La Société Belfortaine de mécanographie (SBM)
3.2 Les moteurs électriques (Sobemo, Unelec et CEB)
3.2.1 Beaucourt, centre d’innovation
3.2.2 La gestion contre l’innovation ?
Conclusion
Chapitre 2 : Trajectoires et parcours ouvriers
1. Les carrières d’ouvriers professionnels et de cadres 892. Le parcours des ouvriers professionnels devenus techniciens ou agents de maitrise
3. Des parcours avec une reconnaissance professionnelle plus difficile
4. Deux parcours d’ouvriers syndicalistes, contrariés mais épanouissants
5. Les grands facteurs structurants des trajectoires professionnelles
5.1 Travail de femmes, travail d’hommes ?
5.2 Vivre et travailler à Beaucourt, un cocon protecteur ou un piège ?
Conclusion du chapitre
Chapitre 3 : Le travail et son organisation
1. Une rapide description du travail
1.1 La pendulerie
1.2 Les machines à écrire
1.3 Les moteurs électriques
2. Le travail au rendement
3. La fierté du beau travail
4. La distinction OS – ouvrier professionnel, une construction sociale ?
4.1 Ce que professionnel et OS signifient
4.2 Les bobineuses ne se laissent plus embobiner
5. Les conditions de travail et les risques pour la santé
5.1 La charge physique de travail
5.2 Exposition à des produits chimiques, des poussières
5.3 Les accidents du travail
5.4 Usure, fatigue et stress
Conclusion du chapitre
Chapitre 4 : Les relations humaines et sociales
1. Les relations avec les patrons et les réminiscences du paternalisme
1.1 La place des Japy dans les mémoires ouvrières
1.2 La continuation des institutions paternalistes après 1945
1.3 Un maternalisme médical ?
1.4 Bons chefs et dirigeants appréciés, prolongements du paternalisme ?
2. Les relations avec les chefs et l’encadrement
2.1 Les chefs, c’étaient plus des copains, les meilleurs professionnels
2.2 De la difficulté d’être chef
2.3 Les « petits chefs », des mauvais chefs ?
2.4 Des techniciens et ingénieurs moins proches des ateliers ?
3. À la recherche de la bonne ambiance perdue
3.1 Le temps des copains : souvenirs, souvenirs…
3.2 Une individualisation des expériences ouvrières ?
3.3 Les anciens et les jeunes
4. Relations professionnelles, actions syndicales et conflits sociaux
4.1 À propos de quelques grèves à Beaucourt : les conflictuelles années 1950, mai 68 et la défense de l’emploi en 1978-81
4.1.1 La conflictualité des années 1950
4.1.2 Un mai 68 timide et festif à Beaucourt
4.1.3 Le temps des grèves défensives pour l’emploi
4.2 L’exemple du combat pour la santé au travail
4.3 Le harcèlement antisyndical
Conclusion du chapitre
Conclusion générale
Remerciements
Liste des sigles
Marc Loriol, directeur de recherche au CNRS (Université Paris 1), a étudié le rapport au travail, les relations humaines, la fatigue, le stress dans différents milieux professionnels (usine, police, hôpital, transports publics, salles de spectacle, ambassades, marine marchande, etc.). Petit-fils et neveu d’anciens ouvriers des usines Japy de Beaucourt, il a voulu mettre son expérience de sociologue à l’épreuve de l’histoire sociale du travail ouvrier tel que sa famille l’a connu.
Entreprise emblématique depuis 1777, l’empire Japy s’éteint progressivement après 1955. Si la production de machines à écrire s’achève en 1971, des moteurs électriques très spécialisés sont toujours produits à Beaucourt. Imprégné de récits familiaux sur le travail dans ces usines, l’auteur interroge en sociologue cette mémoire ouvrière. Outre les archives du musée Japy, une cinquantaine de témoignages d’anciens salariés éclairent le rapport au travail, les parcours, les liens entre conditions de travail et perceptions de l’activité. Cette histoire à hauteur d’hommes et de femmes est sensible aux inégalités qui traversent le groupe ouvrier. Ouvriers spécialisés, ouvriers professionnels, techniciens, ne subissent pas les mêmes contraintes, n’ont pas les mêmes opportunités ni les mêmes relations avec les collègues ou la maîtrise. Changer de catégorie, notamment pour les femmes OS, est un combat à la fois individuel et collectif. L’ouvrage compare, grâce à des témoignages de première main, ces usines avec des entreprises de la région (Peugeot, Alsthom, Lip, etc.) ou ayant des activités ou des conditions de travail similaires, afin de souligner ce qui est spécifique à Beaucourt et ce qui peut être généralisé à d’autres expériences ouvrières. Il ne s’agit donc pas seulement de l’étude d’une entreprise qui a su se spécialiser tout au long de son histoire sur des technologies et des productions de pointe. Mais aussi d’une analyse, menée du point de vue des ouvriers, techniciens et ingénieurs, de l’innovation, des savoir-faire et du gâchis de la désindustrialisation.
Comment se débrouiller, enfant, ado, adulte de tout âge, et toujours « pas fini », avec la course de haies qu’aura été ce demi-siècle, à commencer par Mai 68 ?
« Fils d’Humanité » renvoie à une métaphore du poète André Benedetto : « de l’obstacle faire le passage ». Pour l’auteur, les obstacles rencontrés auront été autant de franchissements de l’inconnu : une grande grève ouvrière dans un monde qui lui est étranger, l’éclat déboussolant d’une folle jeunesse, la chute d’un système enkysté à l’Est.
Pour ce journaliste atypique, l’Humanité a encore des lacunes, mais elle a cette qualité rare de ne pas se rendre. Cette estime ne souffre pas l’inconditionnalité. La part critique que s’accorde celui qui y a tenu la plume est une marque de respect pour son histoire et son avenir.
Son récit est une invite à un journalisme d’exactitude et de progrès humain comme le souhaitait le Conseil national de la Résistance. L’Humanité est une embarcation où des rameurs résistent au naufrage programmé de la presse d’idées. Ses difficultés ne sont des bonnes nouvelles pour personne. Raison de plus pour dire ce que l’on a, chacun, sur le cœur.