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Le « syndrome de la vie de merde » est mortel. Autrement dit, les inégalités tuent. Issues de nos modes d’organisation éducative, sociale et politique, elles ont en effet des conséquences multiples, notamment sur la santé. Au milieu du 19e siècle, un médecin français, Louis René Villermé, fit une découverte qui allait révolutionner les représentations : la durée de vie est bien moins déterminée par des forces occultes ou la volonté divine que par l’« aisance », le niveau des revenus et d’éducation, la profession et l’habitat. Les plus pauvres meurent plus jeunes ! La différence d’espérance de vie à la naissance en France est aujourd’hui de treize ans entre les plus pauvres et les plus fortunés. C’est la vocation de cet ouvrage d’expliquer ce que sont les inégalités sociales de santé et de montrer ce qui les détermine afin de tracer quelques perspectives pour y remédier.
Alfred Spira est médecin et professeur d’épidémiologie.
Nicolas Leblanc est médecin de santé publique et élu local en charge du projet de territoire de santé de Fontenay-sous-Bois.
Le « syndrome de la vie de merde » est mortel. Autrement dit, les inégalités tuent. Issues de nos modes d’organisation éducative, sociale et politique, elles ont en effet des conséquences multiples, notamment sur la santé. Au milieu du 19e siècle, un médecin français, Louis René Villermé, fit une découverte qui allait révolutionner les représentations : la durée de vie, ce que l’on nomme aujourd’hui l’espérance de vie à la naissance, est bien moins déterminée par des forces occultes (les vents, les humeurs, les astres…) ou la volonté divine que par l’« aisance », le niveau des revenus et d’éducation, la profession et l’habitat. Les plus pauvres meurent plus jeunes ! La différence d’espérance de vie à la naissance en France est aujourd’hui de treize ans entre les plus pauvres et les plus fortunés. Derrière ces différences tout au long de l’échelle des revenus se cache une réalité sociale qui doit être comprise pour être corrigée. C’est la vocation de cet ouvrage d’expliquer ce que sont les inégalités sociales de santé et de montrer ce qui les détermine afin de tracer quelques perspectives pour y remédier.
Alfred Spira, médecin professeur d’épidémiologie, contribue à la prise en considération de la santé dans la dynamique sociale, face aux grands enjeux contemporains tels que les modifications de l’environnement, les migrations, l’accès aux droits humains.
Nicolas Leblanc, médecin de santé publique au sein du premier groupe mutualiste de protection sociale en France, est élu local en charge du projet de territoire de santé de Fontenay-sous-Bois et intervient en tant qu’expert dans de nombreux cercles de réflexion.
Entreprise emblématique depuis 1777, l’empire Japy s’éteint progressivement après 1955. Imprégné de récits familiaux sur le travail dans ces usines, l’auteur interroge en sociologue cette mémoire ouvrière. Outre les archives du musée Japy, une cinquantaine de témoignages d’anciens salariés éclairent le rapport au travail, les parcours, les liens entre conditions de travail et perceptions de l’activité. L’ouvrage compare, grâce à des témoignages de première main, ces usines avec des entreprises de la région (Peugeot, Alsthom, Lip, etc.), afin de souligner ce qui est spécifique à Beaucourt et ce qui peut être généralisé à d’autres expériences ouvrières. Il ne s’agit donc pas seulement de l’étude d’une entreprise qui a su se spécialiser tout au long de son histoire sur des technologies et des productions de pointe. Mais aussi d’une analyse, menée du point de vue des ouvriers, techniciens et ingénieurs, de l’innovation, des savoir-faire et du gâchis de la désindustrialisation.
Table des matières
D’une histoire familiale à une recherche socio-historique
Introduction générale
Chapitre 1 : Une brève histoire des usines Japy à Beaucourt
1. De Frédéric Japy à Japy Frères (1777-1928)
2. Déclin et fin de Japy Frères (1928-1955)
2.1 Le traumatisme de l’occupation
2.2 L’immédiat après-guerre
2.3 Les usines Japy à Beaucourt en 1955
3. Le destin hétérogène des usines après la fin de Japy Frères (1955-2020)
3.1 La Société Belfortaine de mécanographie (SBM)
3.2 Les moteurs électriques (Sobemo, Unelec et CEB)
3.2.1 Beaucourt, centre d’innovation
3.2.2 La gestion contre l’innovation ?
Conclusion
Chapitre 2 : Trajectoires et parcours ouvriers
1. Les carrières d’ouvriers professionnels et de cadres 892. Le parcours des ouvriers professionnels devenus techniciens ou agents de maitrise
3. Des parcours avec une reconnaissance professionnelle plus difficile
4. Deux parcours d’ouvriers syndicalistes, contrariés mais épanouissants
5. Les grands facteurs structurants des trajectoires professionnelles
5.1 Travail de femmes, travail d’hommes ?
5.2 Vivre et travailler à Beaucourt, un cocon protecteur ou un piège ?
Conclusion du chapitre
Chapitre 3 : Le travail et son organisation
1. Une rapide description du travail
1.1 La pendulerie
1.2 Les machines à écrire
1.3 Les moteurs électriques
2. Le travail au rendement
3. La fierté du beau travail
4. La distinction OS – ouvrier professionnel, une construction sociale ?
4.1 Ce que professionnel et OS signifient
4.2 Les bobineuses ne se laissent plus embobiner
5. Les conditions de travail et les risques pour la santé
5.1 La charge physique de travail
5.2 Exposition à des produits chimiques, des poussières
5.3 Les accidents du travail
5.4 Usure, fatigue et stress
Conclusion du chapitre
Chapitre 4 : Les relations humaines et sociales
1. Les relations avec les patrons et les réminiscences du paternalisme
1.1 La place des Japy dans les mémoires ouvrières
1.2 La continuation des institutions paternalistes après 1945
1.3 Un maternalisme médical ?
1.4 Bons chefs et dirigeants appréciés, prolongements du paternalisme ?
2. Les relations avec les chefs et l’encadrement
2.1 Les chefs, c’étaient plus des copains, les meilleurs professionnels
2.2 De la difficulté d’être chef
2.3 Les « petits chefs », des mauvais chefs ?
2.4 Des techniciens et ingénieurs moins proches des ateliers ?
3. À la recherche de la bonne ambiance perdue
3.1 Le temps des copains : souvenirs, souvenirs…
3.2 Une individualisation des expériences ouvrières ?
3.3 Les anciens et les jeunes
4. Relations professionnelles, actions syndicales et conflits sociaux
4.1 À propos de quelques grèves à Beaucourt : les conflictuelles années 1950, mai 68 et la défense de l’emploi en 1978-81
4.1.1 La conflictualité des années 1950
4.1.2 Un mai 68 timide et festif à Beaucourt
4.1.3 Le temps des grèves défensives pour l’emploi
4.2 L’exemple du combat pour la santé au travail
4.3 Le harcèlement antisyndical
Conclusion du chapitre
Conclusion générale
Remerciements
Liste des sigles
Marc Loriol, directeur de recherche au CNRS (Université Paris 1), a étudié le rapport au travail, les relations humaines, la fatigue, le stress dans différents milieux professionnels (usine, police, hôpital, transports publics, salles de spectacle, ambassades, marine marchande, etc.). Petit-fils et neveu d’anciens ouvriers des usines Japy de Beaucourt, il a voulu mettre son expérience de sociologue à l’épreuve de l’histoire sociale du travail ouvrier tel que sa famille l’a connu.
Entreprise emblématique depuis 1777, l’empire Japy s’éteint progressivement après 1955. Si la production de machines à écrire s’achève en 1971, des moteurs électriques très spécialisés sont toujours produits à Beaucourt. Imprégné de récits familiaux sur le travail dans ces usines, l’auteur interroge en sociologue cette mémoire ouvrière. Outre les archives du musée Japy, une cinquantaine de témoignages d’anciens salariés éclairent le rapport au travail, les parcours, les liens entre conditions de travail et perceptions de l’activité. Cette histoire à hauteur d’hommes et de femmes est sensible aux inégalités qui traversent le groupe ouvrier. Ouvriers spécialisés, ouvriers professionnels, techniciens, ne subissent pas les mêmes contraintes, n’ont pas les mêmes opportunités ni les mêmes relations avec les collègues ou la maîtrise. Changer de catégorie, notamment pour les femmes OS, est un combat à la fois individuel et collectif. L’ouvrage compare, grâce à des témoignages de première main, ces usines avec des entreprises de la région (Peugeot, Alsthom, Lip, etc.) ou ayant des activités ou des conditions de travail similaires, afin de souligner ce qui est spécifique à Beaucourt et ce qui peut être généralisé à d’autres expériences ouvrières. Il ne s’agit donc pas seulement de l’étude d’une entreprise qui a su se spécialiser tout au long de son histoire sur des technologies et des productions de pointe. Mais aussi d’une analyse, menée du point de vue des ouvriers, techniciens et ingénieurs, de l’innovation, des savoir-faire et du gâchis de la désindustrialisation.
Comment se débrouiller, enfant, ado, adulte de tout âge, et toujours « pas fini », avec la course de haies qu’aura été ce demi-siècle, à commencer par Mai 68 ?
« Fils d’Humanité » renvoie à une métaphore du poète André Benedetto : « de l’obstacle faire le passage ». Pour l’auteur, les obstacles rencontrés auront été autant de franchissements de l’inconnu : une grande grève ouvrière dans un monde qui lui est étranger, l’éclat déboussolant d’une folle jeunesse, la chute d’un système enkysté à l’Est.
Pour ce journaliste atypique, l’Humanité a encore des lacunes, mais elle a cette qualité rare de ne pas se rendre. Cette estime ne souffre pas l’inconditionnalité. La part critique que s’accorde celui qui y a tenu la plume est une marque de respect pour son histoire et son avenir.
Son récit est une invite à un journalisme d’exactitude et de progrès humain comme le souhaitait le Conseil national de la Résistance. L’Humanité est une embarcation où des rameurs résistent au naufrage programmé de la presse d’idées. Ses difficultés ne sont des bonnes nouvelles pour personne. Raison de plus pour dire ce que l’on a, chacun, sur le cœur.