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Depuis une dizaine d’années, l’accès au RSA (revenu de solidarité active) est présenté comme plus simple, plus efficace et plus rapide, les outils numériques devant permettre de faciliter la réalisation des démarches administratives. Or, pour nombre de personnes, la réalité est tout autre. Entre la fermeture des guichets, les difficultés d’obtenir un rendez-vous, et l’usage de l’administration en ligne, l’obtention du RSA devient plus complexe pour celles et ceux qui sont placé·es en bas de la hiérarchie sociale.
Nourrie par une ethnographie au long cours menée en milieu rural, l’enquête présentée dans cet ouvrage explore les parcours des demandeurs et demandeuses de RSA, révélant les barrières qu’ils et elles doivent franchir afin d’espérer obtenir leurs droits. En questionnant à la fois les réformes de numérisation et ce que vivent les classes populaires résidant à distance des centres urbains, apparaissent alors les ressorts d’un État social qui, à distance, façonne les inégalités d’accès aux droits.
Table des matières
Remerciements
Préface
Introduction
Le non-recours comme catégorie d’État
Étudier le pouvoir bureaucratique à distance des administrations
Ethnographier l’ administration en son absence
Chapitre 1. La dématérialisation au secours des institutions : Genèse des politiques de lutte contre le non-recours
Lutter contre le non-recours par le numérique : la force d’une incohérence politique
Réformer les cartes de l’ accès aux droits
Le non-recours et les transformations de l’ accueil administratif
Conclusion du chapitre 1
Chapitre 2. Le non-recours dans les luttes d’institutions : l’ appropriation locale d’une politique publique
Les logiques conflictuelles de la mise en œuvre locale du non-recours
Renforcer les inégalités territoriales par l’inclusion numérique
Conclusion du chapitre 2
Chapitre 3. À distance de l’État : positions socio-spatiales et rapports à l’ assistance
La fabrique territoriale des rapports à l’ assistance
Les inégalités socio-spatiales de l’ accès aux guichets
Conclusion du chapitre 3
Chapitre 4. Ordre et désordre dans l’ accès au RSA : la distribution sociale des chances d’établir une relation à l’État
“Décider” d’obtenir le RSA : l’ordre social de l’ accès aux droits
“Hésiter” à demander le RSA : désordres sociaux dans l’ accès au droit
Conclusion du chapitre 4
Conclusion générale : Gouverner à distance, gouverner par la distance
Non-recours : la force d’une catégorie faible
Vivre à distance de l’État
Annexes
Depuis une dizaine d’années, l’accès au RSA (revenu de solidarité active) est présenté comme plus simple, plus efficace et plus rapide, les outils numériques devant permettre de faciliter la réalisation des démarches administratives. Or, pour nombre de personnes, la réalité est tout autre. Entre la fermeture des guichets, les difficultés d’obtenir un rendez-vous, et l’usage de l’administration en ligne, l’obtention du RSA devient plus complexe pour celles et ceux qui sont placé·es en bas de la hiérarchie sociale.
Nourrie par une ethnographie au long cours menée en milieu rural, l’enquête présentée dans cet ouvrage explore les parcours des demandeurs et demandeuses de RSA, révélant les barrières qu’ils et elles doivent franchir afin d’espérer obtenir leurs droits. En questionnant à la fois les réformes de numérisation et ce que vivent les classes populaires résidant à distance des centres urbains, apparaissent alors les ressorts d’un État social qui, à distance, façonne les inégalités d’accès aux droits.
L’Ouest étasunien vit une sécheresse sans précédent. Si la pénurie d’eau ne deviendra irrémédiable, selon les hydrologues, que vers 2050, il n’en reste pas moins que les principaux facteurs de vulnérabilité sont déjà présents : une croissance économique basée sur un secteur agro-industriel qui consomme de grandes quantités d’eau, un développement urbain avec des besoins énergétiques croissants et des effets déjà perceptibles du changement climatique. Face à cette situation, les autorités compétentes tâchent de promouvoir la mise en place d’une gestion plus « durable » de la ressource hydrique. Il n’est pas tant question de revoir le modèle économique et urbain à la source d’une consommation excédant les ressources que de trouver des arrangements permettant de poursuivre l’expansion économique et urbaine. L’enquête présentée dans ce livre décrypte, en s’appuyant sur la théorie des champs de Pierre Bourdieu, les ressorts sociologiques de la mise en œuvre de cette non-solution à la crise hydrique associant autorités publiques, opérateurs d’eau et ONG.
Cet ouvrage sera disponible à la mi-février 2023. Il peut être commandé dès maintenant. Le PDF est disponible dès maintenant
remerciements
préface : Les ruses de la raison écologique
introduction : une sociologie des politiques hydriques
Le modèle exploratoire du champ
Les protagonistes de l’eau du bassin du Colorado : une perspective relationnelle
L’intégration des enquêtes dans l’analyse du champ
chapitre 1 : de l’eau pour une nouvelle Amérique : splendeur et déclin des ingénieurs (1870-1960)
Ingénieurs fédéraux et réformateurs locaux
L’échec de l’Amérique des petits propriétaires
Face à la Grande Dépression, les mégaprojets hydriques de l’État fédéral
Le partage du Colorado : luttes et compromis entre États
Environnementalistes et fonctionnaires du budget face aux mégaprojets hydriques
chapitre 2 : une impossible gestion de l’environnement : l’emprise des promoteurs immobiliers (1960-2010)
L’enjeu de l’eau à Tucson, Arizona
L’eau et le business des terres agricoles : l’essor des petites municipalités périphériques
Promoteurs immobiliers, consultants et lobbyistes en faveur du périurbain
Attractivité urbaine et politiques de conservation
chapitre 3 : un consensus paradoxal en Arizona
La spécificité du Pima County et la diffusion des politiques de water conservation en Arizona
Architecture institutionnelle et production du consensus
Un réseau polycentré en contact permanent
Des orientations différentes
Un conservationnisme local, participatif et compatible avec la croissance économique
Savoirs et trajectoires professionnelles dans la coalition
programmatique instrumentale
chapitre 4 : un conservationnisme sous contraintes en Californie
Les protagonistes de l’eau en Californie
Une architecture institutionnelle freinant la régulation
Nouvelles et vieilles méthodes au service des opérateurs
Une mobilisation des savoirs et des populations
chapitre 5 : les instruments d’action publique comme effets de champ
Les limites du champ : des institutions aux instruments
d’action
Les prises de position sur la gestion de la sécheresse
La polarisation du champ des politiques hydriques
Des positions aux prises de position : le choix des instruments comme effet de champ
conclusion : l’écologisation paradoxale des politiques de l’eau
annexes
Liste des documents et illustrations
Liste des sigles
Index des noms
Index des notions
Présentation des auteurs
L’Ouest étasunien vit une sécheresse sans précédent. Si la pénurie d’eau ne deviendra peut-être irrémédiable, selon les prévisions des hydrologues, que vers 2050, il n’en reste pas moins que les principaux facteurs de vulnérabilité sont déjà présents : une croissance économique basée sur un secteur agro-industriel qui consomme de grandes quantités d’eau, un développement urbain avec des besoins énergétiques croissants et des effets déjà perceptibles du changement climatique. Face à cette situation, les autorités compétentes tâchent de promouvoir la mise en place d’une gestion plus « durable » de la ressource hydrique. Il n’est pas tant question de revoir le modèle économique et urbain à la source d’une consommation excédant les ressources disponibles que de trouver des arrangements contractuels et techniques permettant de poursuivre l’expansion économique et urbaine. L’enquête présentée dans ce livre décrypte, en s’appuyant sur la théorie des champs de Pierre Bourdieu, les ressorts sociologiques de la mise en œuvre de cette non-solution à la crise hydrique associant autorités publiques, opérateurs d’eau et ONG.
Comprendre une politique publique, son orientation, son style, ses instruments, implique de reconstituer la structure des relations sociales qui la fondent. Parmi les différents outils permettant de réaliser un tel pro- gramme, la sociologie des champs de Pierre Bourdieu apparaît particulièrement féconde. Ce livre illustre la portée d’une telle analyse, rarement mobilisée en matière d’action publique, en la mettant en œuvre sur des objets très différents (politiques économiques, usages politiques de l’histoire, salubrité alimentaire, gestion de l’eau, politiques de l’Union européenne, etc.). Il rassemble des contributions de chercheurs du monde entier (Argentine, Brésil, Canada, États-Unis, France, Suisse) travaillant sur ces pays et d’autres encore (Chili, Pérou, Pologne, Roumanie). Cette recherche collective renouvelle ce faisant l’analyse des politiques qui affectent la vie des populations et régulent les sociétés contemporaines.
Table des matières
Introduction
Vincent Dubois
A. les politiques sectorielles comme champs
1. Construire le champ du pouvoir scolaire :
socio-histoire et analyse structurale de deux moments critiques
Pierre Clément
2. L’espace de la politique économique au Brésil :
analyse des correspondances multiples et analyse de réseaux
Elisa Klüger
3. Le champ des politiques hydriques dans l’Ouest étasunien :
éléments d’interprétation des instruments d’ action
Joan Cortinas, Brian O’Neill & Franck Poupeau
4. La politique de sécurité comme produit du rapport de forces au sein du champ. Le cas de la Suisse au milieu des années 2010
Stephan Davidshofer, Amal Tawfik, Jonas Hagmann
5. De la théorie de l’État à la sociologie des champs de l’ action
publique en Amérique latine : la production des politiques
économiques au Pérou
Arthur Morenas
B. le champ bureaucratique et la production de l’ action
publique
6. Champ bureaucratique et sociologie de l’ action publique. De la structure de l’ administration à la production de l’ action publique
Victor Demenge et Melaine Robert
7. Le rôle de l’ autonomisation du champ bureaucratique dans le développement de l’ action publique : le cas de la politique canadienne de salubrité alimentaire entre 1874 et 1969
Caroline Dufour
8. L’ action publique comme produit de la structure professionnelle du champ bureaucratique
Victor Demenge
C. expertise et think tanks : des champs interstitiels
9. Des savoirs à la croisée des champs. Réflexions à partir du cas de l’expertise sur la radicalisation en France
Lili Soussoko
10. Sur la force des champs faibles : réflexion sur les think tanks et les champs interstitiels de l’ action publique
Thomas Medvetz
D. l’ action publique et les relations entre champs
11. L’emprise du champ journalistique sur l’ action publique nationale. Ou comment expliquer sociologiquement une décision gouvernementale « médiatique »
Jérémie Nollet
12. Les relations entre champ scientifique et champ bureaucratique en contextes « autoritaires » et « démocratiques » : la politique de l’histoire en Pologne
Valentin Behr
13. Les relations entre champs bureaucratique et entrepreneurial. Éclairages sur la contribution de l’ action publique à la délimitation des activités économiques légitimes
Antoine Roger
E. décision, mise en œuvre, circulation internationale : des processus revisités à la lumière de la sociologie des champs
14. La décision saisie par la sociologie des champs. L’exemple des grands travaux culturels présidentiels
Thomas Hélie
15. Analyser la mise en œuvre de l’ action publique européenne avec la sociologie des champs. Quelques remarques sur la politique de cohésion de l’Union Européenne
Vincent Lebrou
16. La circulation internationale et les champs de l’ action publique dans les pays périphériques : le cas latino-américain
Paul Hathazy
vi. les configurations internationales et leurs effets sur l’ action publique
17. Ce que le champ de l’Eurocratie nous dit des politiques européennes
Didier Georgakakis
18. Ce que le champ international fait aux politiques étrangères
Florent Pouponneau
conclusion
Vincent Dubois
index
auteurs
Comprendre une politique publique, son orientation, son style, ses instruments, implique de reconstituer la structure des relations sociales qui sont à son principe. Parmi les différents outils mobilisables pour réaliser un tel programme, la sociologie des champs de Pierre Bourdieu apparaît particulièrement féconde. Ce livre illustre la portée d’une telle analyse, rarement mobilisée en matière d’action publique, en la mettant en œuvre sur des objets très différents (politiques économiques, usages politiques de l’histoire, salubrité alimentaire, gestion de l’eau, politiques de l’Union européenne, etc.). Il rassemble des contributions de chercheurs du monde entier (Australie, Brésil, Canada, États-Unis, France, Suisse) travaillant sur ces pays et d’autres encore (Argentine, Pérou, Pologne). Sur cette base, cette réflexion collective propose une autre manière de voir et d’analyser les politiques qui affectent la vie des populations et régulent les sociétés contemporaines.
Avec le développement de l’internet, l’action de l’État est prise dans une toile d’échanges numériques toujours plus dense. Cette toile apparaît comme un monde libertaire, décentré, changeant et sans frontière, en contradiction par conséquent avec les logiques même de l’action publique, dont l’objectif est de disposer d'outils de contrôle, d’organisation et de coercition. L’État peut-il rendre gouvernable cet univers ? Comment a-t-il pris pied dans la toile ? Et quelles caractéristiques communes rassemblent cet ensemble disparate d’interventions liées au numérique ?
L’ouvrage propose ainsi de démêler les liens entre l’État et la toile. Le récit qui en découle constitue la première histoire du traitement public de l’internet en France. Original par son ancrage national et son ampleur historique, il adopte un point de vue inédit non pas sur l’État mais depuis l’État. Il dévoile ainsi les rouages d’une révolution numérique dans l’État, conçue comme l’importation des logiques du monde de l’internet dans le secteur public, ainsi que leur traduction constante, voire leur subversion, dans les administrations.
Une recension sur le site Nonfiction
Table des matières
Préface
Introduction
Entre révolution numérique et contre-révolution étatique
L’ action publique au défi du numérique
Enquête en terrain clivé
Chapitre 1. Aux origines du réseau. De la politique scientifique à l’internet politique
L’invention de l’internet, entre science, économie et politique
L’âge d’or d’une « République d’informaticiens »
Du réseau de recherche au « cyberespace » : une utopie à défendre
Chapitre 2. L’État contre internet. Résistances bureaucratiques au nouveau réseau dans la France des années 1990
Prophétiser en contexte incertain
Luttes technologiques au cœur de l’État
Réformer la conduite de l’innovation
Chapitre 3. Geeks, net-enthousiastes et technologues d’État. Le réseau des « évangélisateurs » de l’internet à la fin des années 1990 L’internet comme vocation. Intérêt et intéressement pour le nouveau réseau
Des lieux et des liens. La structuration d’un espace d’engagement pour l’internet
Chapitre 4. La naissance de l’État internaute. Un moment révolutionnaire ?
Alternance politique et impératif modernisateur : les conditions du renouveau
De l’ administration électronique à la corégulation, l’internet comme support d’innovation dans l’ action publique
Du parangon de la modernité au « ministère des mauvaises nouvelles ». La fin d’une parenthèse
Chapitre 5. Les années pirates. Les politiques du droit d’ auteur face à l’internet dans la décennie 2000-2010
De Dadvsi à Hadopi : retour sur une « énigme » parlementaire
Militants numériques et politique contestataire
La bureaucratisation des politiques du droit d’ auteur
Chapitre 6. Vers un digital mainstreaming. Le devenir des causes de l’internet dans l’État
Une politique définie par ses manques
La recomposition des entreprises numériques : répétition ou réinvention ?
Conclusion. Une « révolution numérique » aux multiples visages
Des pionniers aux plateformes
Annexes
Liste des entretiens (par ordre chronologique)
Liste des encadrés
Crédits images
Depuis le développement public de l’internet jusqu’à l’emprise croissante des données, l’action de l’État est prise dans une toile d’échanges numériques toujours plus dense. Pour les institutions publiques, cette toile apparaît comme un espace de possibles à conquérir, un territoire « à civiliser », un monde présenté comme un opposé : libertaire, décentré, changeant et sans frontière, les caractéristiques de l’internet paraissent en contradiction avec les logiques même de l’action publique, dont l’objectif est de définir de manière durable et centralisée des outils de contrôle, d’organisation et de coercition. L’État peut-il rendre gouvernable cet univers complexe et emmêlé ? Comment a-t-il pris pied dans la toile ? Et quelles caractéristiques communes rassemblent cet ensemble disparate d’interventions liées au numérique ?
L’ouvrage propose ainsi de démêler les liens entre l’État et la toile, des liens progressivement tissés, parfois défaits puis consolidés au grès des développement de l’internet et de la numérisation progressive des activités. Le récit qui en découle constitue la première histoire du traitement public de l’internet en France. Original par son ancrage national et son ampleur historique, il adopte un point de vue inédit non pas sur l’État mais depuis l’État, attentif aux rapports de forces qui le traversent et aux propriétés de celles et ceux qui l’incarnent. Il dévoile ainsi les rouages d’une révolution numérique dans l’État, conçue comme l’importation des logiques du monde de l’internet dans le secteur public, ainsi que leur traduction constante, voire leur subversion, dans les administrations.