

La crise économique induite par la COVID-19 s’annonce déjà d’ampleur. Le confinement pour stopper la propagation du virus ont mis sous cloche l’activité économique et industrielle. Ces mesures inédites dans l’histoire moderne donnent aux processus en cours un caractère singulier. Pourtant cette crise n’est pas un simple accident mais prolonge de façon sous-jacente une crise structurelle du capitalisme. Cette crise agit tout d’abord comme un révélateur des pratiques de financiarisation qui ont fragilisé les systèmes de santé et accru la vulnérabilité des populations aux cycles financiers. La pandémie a ainsi renforcé des processus financiers : endettement généralisé, fragilités bancaires, titrisation, etc. Cette crise peut être vue comme un « moment effervescent » au sens d’Émile Durkheim, c’est-à-dire un moment de contestation des schémas de pensée et des pratiques établies.
Moment d’effervescence dans l’économie mondiale
Dossier
Moment d’effervescence dans l’économie mondiale
Frédéric Lebaron et Pierre Pénet
De Charybde en Scylla : l’hôpital au gré des crises
Fanny Vincent
Pierre-André Juven
Le souci des populations sous sanctions : un défi pour la gouvernance de la santé mondiale à l’ère du coronavirus
Grégoire Mallard
Jin Sun
Erica Moret
Quand l’entreprise bancaire connaît la crise. Sur l’effervescence politique de la finance.
Rafaël Cos
Sarah Kolopp
Les banques centrales dans la pandémie : routine de la gestion de crise aiguë ou changement de paradigme ?
Frédéric Lebaron
Bataille en vue autour de la dette européenne : le projet annulationniste face à ses détracteurs
Pierre Pénet
Sur la mobilisation contre la réforme de l’assurance-chômage
« Occupez ! Partout où vous voudrez ! »
(Théâtre de L’Odéon, Paris, juin 2021)
Brice Le Gall
Grand entretien avec Paul Jorion
Vers un changement de paradigme économique dans le contexte post-pandémie ?
Propos recueillis par Pierre Pénet et Frédéric Lebaron
Idées
Jacques Bouveresse. Un philosophe pour temps difficiles
Louis Pinto
Culture
Virginia Woolf, l’abolition des discriminations et « l’idéal petit-bourgeois de l’équité formelle »
Gérard Mauger
Chroniques du monde
La pandémie du Covid-19 et ses répercussions sur le travail et la vie quotidienne en Corée du Sud
Kwang-Yeong Shin
La crise économique induite par la pandémie de la COVID-19 s’annonce déjà d’une ampleur considérable. Les mesures de confinement prises pour stopper la propagation du virus ont mis sous cloche l’activité économique et industrielle. Ces mesures inédites dans l’histoire moderne donnent aux processus en cours un caractère indéniablement singulier. Pourtant cette crise n’est pas un simple accident exogène ou conjoncturel mais prolonge de façon sous-jacente une crise structurelle du capitalisme. Cette crise agit tout d’abord comme un révélateur des pratiques de financiarisation qui ont fragilisé les systèmes de santé et accru la vulnérabilité des populations aux cycles financiers. La pandémie a ainsi renforcé des processus financiers que la crise de 2008 avait déjà mis en exergue : endettement généralisé, fragilités bancaires, titrisation, etc. Ensuite, cette crise peut être vue comme un « moment effervescent » au sens d’Émile Durkheim, c’est-à-dire un moment de flottement et de contestation des schémas de pensées et des pratiques établies. Les faillites d’entreprises et le gonflement spectaculaire de l’endettement public ont ainsi conduit les banques centrales, le Fonds monétaire international et des acteurs du droit international à faire des annonces en profond décalage avec les habitudes de pensée dominantes. Mais sans surprise, et au-delà de ces effets d’annonce, l’évolution des pratiques concrètes suscitent de vives résistances.
La crise économique induite par la COVID-19 s’annonce déjà d’ampleur. Le confinement pour stopper la propagation du virus ont mis sous cloche l’activité économique et industrielle. Ces mesures inédites dans l’histoire moderne donnent aux processus en cours un caractère singulier. Pourtant cette crise n’est pas un simple accident mais prolonge de façon sous-jacente une crise structurelle du capitalisme. Cette crise agit tout d’abord comme un révélateur des pratiques de financiarisation qui ont fragilisé les systèmes de santé et accru la vulnérabilité des populations aux cycles financiers. La pandémie a ainsi renforcé des processus financiers : endettement généralisé, fragilités bancaires, titrisation, etc. Cette crise peut être vue comme un « moment effervescent » au sens d’Émile Durkheim, c’est-à-dire un moment de contestation des schémas de pensée et des pratiques établies.
Moment d’effervescence dans l’économie mondiale
Dossier
Moment d’effervescence dans l’économie mondiale
Frédéric Lebaron et Pierre Pénet
De Charybde en Scylla : l’hôpital au gré des crises
Fanny Vincent
Pierre-André Juven
Le souci des populations sous sanctions : un défi pour la gouvernance de la santé mondiale à l’ère du coronavirus
Grégoire Mallard
Jin Sun
Erica Moret
Quand l’entreprise bancaire connaît la crise. Sur l’effervescence politique de la finance.
Rafaël Cos
Sarah Kolopp
Les banques centrales dans la pandémie : routine de la gestion de crise aiguë ou changement de paradigme ?
Frédéric Lebaron
Bataille en vue autour de la dette européenne : le projet annulationniste face à ses détracteurs
Pierre Pénet
Sur la mobilisation contre la réforme de l’assurance-chômage
« Occupez ! Partout où vous voudrez ! »
(Théâtre de L’Odéon, Paris, juin 2021)
Brice Le Gall
Grand entretien avec Paul Jorion
Vers un changement de paradigme économique dans le contexte post-pandémie ?
Propos recueillis par Pierre Pénet et Frédéric Lebaron
Idées
Jacques Bouveresse. Un philosophe pour temps difficiles
Louis Pinto
Culture
Virginia Woolf, l’abolition des discriminations et « l’idéal petit-bourgeois de l’équité formelle »
Gérard Mauger
Chroniques du monde
La pandémie du Covid-19 et ses répercussions sur le travail et la vie quotidienne en Corée du Sud
Kwang-Yeong Shin
La crise économique induite par la pandémie de la COVID-19 s’annonce déjà d’une ampleur considérable. Les mesures de confinement prises pour stopper la propagation du virus ont mis sous cloche l’activité économique et industrielle. Ces mesures inédites dans l’histoire moderne donnent aux processus en cours un caractère indéniablement singulier. Pourtant cette crise n’est pas un simple accident exogène ou conjoncturel mais prolonge de façon sous-jacente une crise structurelle du capitalisme. Cette crise agit tout d’abord comme un révélateur des pratiques de financiarisation qui ont fragilisé les systèmes de santé et accru la vulnérabilité des populations aux cycles financiers. La pandémie a ainsi renforcé des processus financiers que la crise de 2008 avait déjà mis en exergue : endettement généralisé, fragilités bancaires, titrisation, etc. Ensuite, cette crise peut être vue comme un « moment effervescent » au sens d’Émile Durkheim, c’est-à-dire un moment de flottement et de contestation des schémas de pensées et des pratiques établies. Les faillites d’entreprises et le gonflement spectaculaire de l’endettement public ont ainsi conduit les banques centrales, le Fonds monétaire international et des acteurs du droit international à faire des annonces en profond décalage avec les habitudes de pensée dominantes. Mais sans surprise, et au-delà de ces effets d’annonce, l’évolution des pratiques concrètes suscitent de vives résistances.
Ce livre est le dixième ouvrage d’un journaliste qui à débuté dans ce métier à quarante-deux ans après avoir été paysan, puis ouvrier en usine.
L’attention que l’auteur accorde aux changements climatiques doit beaucoup à son parcours professionnel en trois étapes.
Le fils de paysan a profité des cours d’agronomie dispensés dans la seconde moitié des années 1950. Ils permettaient d’acquérir des notions d’agro-écologie bien avant l’invention de ce mot. Mais, durant la même période, le remembrement des terres agricoles a été imposé aux paysans dans le cadre d’une course à la performance économique que devait favoriser la Politique Agricole Commune (PAC). Ce fut au détriment de la biodiversité, de la fertilité des sols et d’une agriculture durable.
Entre 1965 et 1983, l’usine fut pour l’auteur un poste d’observation des gaspillages que la concurrence mondialisée sur fond de dumping social imposait déjà au capital productif via les délocalisations de production, avec un bilan carbone désastreux.
L’exercice du métier de journaliste facilita ensuite le travail de réflexion sur ce que pourrait être au xxie siècle une économie à la fois productive et faiblement émettrice de gaz à effet de serre. D’où cet ouvrage en six chapitres rédigés à la suite de l’annonce du grand débat voulu par le président de la République.
Journaliste professionnel depuis 35 ans, Gérard le Puill a beaucoup travaillé sur les dossiers agricoles, environnementaux et climatiques. Il a aussi traité d’autres sujets sensibles comme le logement, la pauvreté, l’aménagement du territoire, ainsi que les dossiers politiques. Ce sont toutes ces questions que le combat des « gilets jaunes » fait remonter à sa manière des profondeurs de la société depuis l’automne 2018.
Européiste s’il en est, Jacques Delors a un jour qualifié l’Union européenne d’Opni – « Objet politique non identifié ». Une fois n’est pas coutume, il faut donner raison à l’ancien président de la Commission : l’Europe est un sujet assez obscur, malcommode ; il est réputé technique ; souvent, les repères manquent pour l’appréhender.
Européiste s’il en est, Jacques Delors a un jour qualifié l’Union européenne d’Opni – « Objet politique non identifié ». Une fois n’est pas coutume, il faut donner raison à l’ancien président de la Commission : l’Europe est un sujet assez obscur, malcommode ; il est réputé technique ; souvent, les repères manquent pour l’appréhender.
Cela, à vrai dire, n’est pas fortuit. Si l’UE est, pour beaucoup, une terra incognita, c’est d’abord parce que ses promoteurs ont fait, très tôt, le choix de la discrétion, qu’ils ont préféré bâtir l’édifice européen à l’écart de la scène politique, et qu’ils ne l’ont exposé que le moins possible au regard (et au jugement) des peuples. C’est ensuite parce que les libéraux europhiles qui, aujourd’hui, mènent la danse chez nous, s’efforcent de verrouiller le débat européen, réduisant toute position critique à un nationalisme hors d’âge. C’est enfin parce que – pourquoi le dissimuler ? – la question européenne a longtemps embarrassé et divisé à gauche.
C’est pour dépasser ces blocages multiples (qui sont autant de faiblesses pour notre camp) que L’Intérêt général, saisissant l’occasion des prochaines élections, a composé le présent numéro. Une fois de plus, chercheurs, journalistes, élus et militants ont bien voulu apporter leur contribution. Non pour prêcher la bonne parole europhile ou pour réciter des mantras europhobes. Mais dans un seul but : faire de l’UE un Objet politique mieux identifié.
La question de l’identité est omniprésente dans notre pays et un peu partout en Europe, que ce soit dans le champ social, économique ou politique. Elle est parfois l’expression de replis d’ordre communautariste.
Pourtant il y a des communautés qui échappent à cette déviance. C’est le cas des professionnels de la santé en général, car ils ne sont pas centrés sur eux-mêmes, mais davantage concernés par les autres, l’ensemble de la population, sans distinction de classe, de race ou de culture. Les infirmières prennent leur part dans cette mission citoyenne au service des personnes qu’elles soignent. Et la population a une façon de les voir, tantôt appréciées ou critiquées, ce qui rend compte de leur identité perçue.
Mais que sont réellement ces infirmières (et infirmiers) aujourd’hui, alors qu’elles viennent d’être secouées par la réforme 2009 dite des études universitaires, leur accordant le grade de licence professionnelle ? Sont-elles à l’aise dans cette nouvelle posture ou sont-elles encore nostalgiques d’un passé récent ?
Des infirmières regroupées au sein du Collectif de Recherche infirmière Qualitative en Santé (CRIQS), formées avant et après cette réforme, ont réalisé une démarche introspective à l’intérieur de leur corps professionnel, pour dire qui elles sont, examiner les convergences, le cas échéant certaines divergences difficilement avouables et définir leur identité professionnelle, telle qu’elles peuvent la revendiquer dans la modernité sociale ambiante.
Chacun pourra apprécier, s’il y a lieu, l’écart entre l’identité attribuée par les personnes que nous soignons et celle que nous revendiquons pour nous-mêmes.
Cette clarification de l’identité infirmière en phase avec une reconnaissance réclamée doit servir à l’évolution des pratiques professionnelle pour mieux soigner.
Ce livre s’adresse par conséquent à celles et ceux qui s’intéressent à la profession infirmière pour ses enjeux sociétaux et pédagogiques : les étudiants infirmiers, les nouveaux diplômés, les formateurs, mais aussi les décideurs qui pourront se rendre compte du niveau de responsabilisation du corps infirmier, ainsi que de l’évolution de leurs modes d’investissement. Et surtout les patients, curieux de découvrir ce que leurs infirmières disent d’elles-mêmes.
Pour une sociologie du handicap
Que recouvre exactement l’expression « sociologie du handicap » ? Que peut bien avoir à dire la sociologie sur ce phénomène a priori biomédical ?
Plus largement, que nous apprennent concrètement les recherches dans ce domaine ? Et pourquoi est-il possible d’affirmer qu’elles constituent aujourd’hui un enjeu majeur pour les personnes dites « handicapées » ou « en situation de handicap » ? C’est à ces questions que tente de répondre ce numéro.
Pour ce faire ont été réunis un ensemble de travaux récents recouvrant des dimensions de la question du handicap aussi variées que possible (dimensions politique, juridique, scolaire, familiale, questions de l’accès à l’emploi, etc.) et apportant un éclairage indispensable sur ce que signifie être (dit) « handicapé·e » aujourd’hui. Chacune à sa manière, ces recherches montrent aussi à quel point le traitement de cette question est traversé par des contradictions et de nombreux paradoxes. À quel point, par conséquent, il est urgent d’y réfléchir en mobilisant les savoirs accumulés par les sciences sociales, trop longtemps considérées en ce domaine comme simple supplément d’âme.
Adoptée en août 2016 après trois recours à l’article 49.3 de la Constitution, la réforme du Code du travail portée par Myriam El Khomri a suscité un conflit social majeur et de profondes divisions politiques.
Répondait-elle à un problème public ? Comment son contenu a-t-il été décidé et légitimé ? Quelles sont les trajectoires des acteurs ayant produit le « projet de loi Travail » ? Pourquoi celui-ci est-il devenu l’enjeu d’une vive controverse ?
Pour répondre à ces questions, ce livre combine deux méthodes d’enquête. D’une part, une analyse des discours publics des membres du gouvernement et d’une série d’articles et de rapports d’experts. D’autre part, la réalisation d’entretiens avec des acteurs clés et des témoins du processus de production du projet de loi, parmi lesquels plusieurs anciens membres du cabinet de Myriam El Khomri.
Les questions abordées concernent plusieurs sciences sociales. Mais ce livre intéressera aussi le citoyen surpris par l’imposition autoritaire d’une réforme du Code du travail qui ne figurait pas au programme du candidat Hollande. L’ouvrage éclaire également la réforme menée en 2017 par Emmanuel Macron, et le projet de société porté par ce dernier.
Philippe Légé est maître de conférences en économie à l’université de Picardie et membre du Centre de Recherche sur l’Industrie, les Institutions et les Systèmes Économiques d’Amiens (CRIISEA).
Nous n’y avons pas coupé : cette cinquième livraison de Zilsel envisage la question pressante de l’Intelligence Artificielle.
La contribution, en marge mais pionnière et conséquente, des Science and Technology Studies à cette question fait l’objet du dossier central, augmenté d’articles exploratoires sur le machine learning ou la fabrication des algorithmes. Par contraste avec l’emballement contemporain autour des promesses de l’IA, la stratégie consiste ici à baisser d’un ton, à mettre en perspective le phénomène sur le temps long et à explorer de près – y compris dans l’élaboration directe de techniques apparentées à l’IA.
Les enquêtes qui ouvrent le numéro traitent de thèmes aussi disputés que l’évaluation des critères de scientificité des revues de sciences humaines et sociales, l’émergence de la biocriminologie, l’avènement multi-situé de la sociologie mondiale ou l’oblitération de la psychologie sociale du baron Gustavo Tosti, pensée au tournant de 1900, ou encore l’histoire sociale et intellectuelle de la revue Genèses.
Une longue conversation avec Liliane Hilaire-Pérez offre des aperçus précieux sur son oeuvre féconde et, au passage, sur les développements de l’histoire des techniques, à distance des STS.
Ce numéro comprend en outre la traduction d’un article classique de Dorothy Stimson, paru en 1935, portant sur les relations entre le puritanisme et l’essor de la science dans l’Angleterre du 17e siècle. Des essais critiques font le point sur des publications récentes et bouclent cette nouvelle boucle. À recevoir cinq sur cinq.
Avec les contributions de Jean-François Bert, Mathilde Bourrier, Guillaume Carnino, Francis Chateauraynaud, Harry Collins, Cynthia Colmellere, Stéphane Dufoix, Clémentine Gozlan, Vincent Heimendinger, Liliane Hilaire-Pérez, Florian Jaton, Marc Joly, Morgan Jouvenet, Olessia Kirtchik, Jérôme Lamy, Julien Larregue, Éric Macé, Jean-Christophe Marcel, Fabian Muniesa, Andrew Pickering, Arnaud Saint-Martin, Dorothy Stimson.
Si la réception de Paulo Freire reste très méconnue en France, son ouvrage pédagogie des opprimés est pourtant le troisième le plus cité au monde dans le domaine des sciences sociales et humaines. Il a été traduit dans plus d’une vingtaine de langues. Cette anthologie fait appel à des contributrices et contributeurs reconnus dans leur pays pour la continuation qu’elles et ils apportent à la pédagogie freirienne. Ces apports peuvent toucher la pédagogie inclusive, anti-raciste, féministe, de l’égalité, décoloniale… Chacune montre comment, en fonction des contextes socio-culturels, des philosophes de l’éducation et des pédagogues ont su reprendre la visée de Paulo Freire de lutter pour la justice sociale en éducation à travers une pédagogie qui s’oppose aux discriminations et qui fasse prendre conscience des rapports sociaux de pouvoir qui structurent la société. Le spectre géographique couvert par l’ouvrage comprend l’Amérique du Sud, du Nord et l’Europe. Il montre la richesse de la réception dans les pays de langue portugaise, anglaise et espagnole. Il essaie de mettre en valeur également les rares contributions écrites en langue française.
Le Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF) de Montreal fait son coup de coeur de ce livre. Cliquer ici
Dans l’espace politique français, l’Union européenne est partout. Elle planifie la libéralisation des services publics.
Elle organise le libre-échange qui pousse aux délocalisations et interdit de taxer significativement les détenteurs de capitaux. Elle impose l’austérité budgétaire et monétaire tout en laissant libre cours à la concurrence fiscale.
Incapable de répondre aux enjeux du siècle, et notamment de conduire la transition écologique, elle obéit aux lobbies et dépossède les peuples de leur souveraineté démocratique.
Pourtant, dans le débat politique, elle est reléguée au second plan, quand son rôle n’est pas tout simplement effacé.
La question européenne est pourtant essentielle. Elle hante la gauche partout en Europe. Certains défendent la réécriture à plusieurs du droit communautaire, le changement de l’intérieur. D’autres, à l’inverse, défendent la sortie de l’Union européenne, tout au moins de l’euro, et la présentent parfois comme la solution à elle seule à tous nos maux.
Ce livre, dont l’orientation eurocritique est pleinement assumée, entend parler sérieusement de l’Union européenne. Il montre que le statu quo est impossible. Il examine, dans une perspective de gauche, les différentes stratégies envisageables (sortie, réforme, rupture partielle, crise permanente) sans en défendre une en particulier, mais en décrivant pour chacune d’elles les conditions nécessaires à sa réalisation, les difficultés – le cas échéant les impossibilités – et les perspectives qu’elle ouvre.
À l’heure du Brexit, d’une crise politique européenne qui n’en finit pas, et à l’approche des élections européennes de 2019, ce livre constitue un outil indispensable.
L’Europe est menacée de dislocation. Partout progressent des forces nationalistes et populistes qui accèdent ou participent au pouvoir.
La démocratie atrophiée, le creusement des inégalités, la paupérisation et l’abandon d’une partie des populations et des territoires et la léthargie économique alimentent un malaise généralisé sur lequel prospèrent les joueurs de flûte de l’extrême droite.
En guise de réponse, Paris plaide pour maintenir le cap. Le mal viendrait de l’incapacité à se plier à toujours plus de marché, de flexibilité, de compétition, de privatisations et de strictes équilibres budgétaires, bref aux normes ordo-libérales. Funeste contresens : l’antidote brandi est un poison. La situation à Berlin, dans le cœur de référence du « modèle », devrait pourtant résonner comme un tocsin. Angela Merkel est poussée hors de la scène politique par les nationalistes de son propre camp.
Libérons l’Europe de la tenaille de ce modèle mortifère. La partie sera difficile. Mais elle n’est pas jouée. Car de nouvelles possibilités d’action émergent. Ce qui confère un degré de maturité inédit à des transformations radicales. Un vrai débat d’alternative doit pouvoir s’étendre sur tout le continent. Démocratie, climat, paix, immigration, justice sociale, ce livre s’engage sur ces fronts cruciaux pour faire vivre la résistance et une Europe alternative.
Bruno Odent, journaliste à L’Humanité, ex-chef de la rubrique « Monde », germaniste.
Auteur de :
Modèle allemand, une imposture, Paris, Le temps des cerises, 2014.
Europe, état d’urgence, Paris, Le temps des cerises, 2016.
Le terrorisme, depuis le début des années 2000, a pris la dimension d’une menace majeure. Pourtant, le débat sur cet enjeu de sécurité publique et internationale semble rarement à la mesure des questions posées sur les origines de cette violence politique et sociale, et par conséquent sur la nature des réponses qu’il faut lui apporter.
La notion même de terrorisme reste sans définition qui fasse consensus. Que recouvre ce mot ? Qu’est-ce que cette chose que l’on nomme mais que l’on ne parvient pas à définir, alors que certains refusent même d’en chercher les causes ? Pourquoi fait-on du terrorisme, avec autant d’insistance, une violence politique très spécifique ?
Ce livre est une réflexion critique sur la définition du terrorisme, et en particulier sur la façon dont il fait l’objet d’une instrumentalisation idéologique permanente. Il est vrai que cette violence criminelle est d’abord un terrible révélateur de la crise de société, de la crise des politiques de domination, et d’un ordre mondial de précarités, de déliquescences, de tensions géopolitiques et de guerres.
Ce livre part d’une question : pourquoi les gauches ne parviennent-elles pas à faire émerger un projet crédible en dépit de l’urgence des besoins ? Il repose sur une conviction : un des (nombreux) obstacles réside dans le fait que l’on reste trop souvent sur le terrain de l’adversaire en ne combattant pas explicitement la forme même de pensée sur laquelle s’appuie l’idéologie dominante et qui la conforte.
À l’heure actuelle émerge, à partir des avancées scientifiques, une nouvelle forme de pensée, profondément dialectique : la pensée du complexe, qui peut fournir une aide considérable à l’action politique émancipatrice et nourrir un renouvellement du rationalisme. Il s’agit d’une forme de pensée globale, dynamique, qui recherche notamment les interactions qui causent des transformations, l’émergence, la multiplicité des causes et des possibles, les rétroactions, et qui prend en compte l’incertitude… Elle est complémentaire de la méthode dialectique qu’elle est susceptible d’enrichir comme d’en être enrichie, pour penser la complexité de la société actuelle.
Ancien·nes étudiant·es, doctorant·es devenu·es docteur·es, collègues et ami·es, sociologues, politistes et historien·nes ont souhaité rendre hommage à Michel Offerlé par cet ouvrage.
Plus d’une soixantaine de contributions rappellent combien son œuvre, mais aussi sa personne, ont compté pour elles et pour eux. Est dévoilée ainsi un peu de la personnalité de celui qui leur a donné le goût de la recherche sans les enfermer dans une « école » de science politique.
À la manière d’un dictionnaire, dans un format original, l’ouvrage rassemble 71 notices qui reviennent sur un concept, un objet scientifique (ou non), un livre ou un article. Depuis « acte de vote » jusqu’à « vote des patrons », en passant par « socialisme municipal » ou « organisations patronales », sans oublier « SHIP », « Genèses et collection socio-histoires », elles produisent des Mélanges d’un genre nouveau, non conventionnel et foisonnant. Une bibliographie de Michel Offerlé et un retour sur son itinéraire par lui-même complètent cet abécédaire.
L’ensemble donne à voir les transformations de la science politique au tournant du xxie siècle. Il permet de prendre la mesure de l’originalité d’une œuvre qui place
l’interdisciplinarité et le terrain au cœur de la démarche du chercheur et de l’enseignant.
Les Gilets Jaunes ! Un symbole de ralliement, d’abord destiné à protester contre la taxe des carburants, s’est transformé en mouvement inédit de contestation d’un gouvernement et du président de la République.
Un bouillonnement d’actions de désobéissance civile, d’expériences de démocraties directes, et de propositions pour en finir avec la misère, la précarité et le mépris de classe d’une oligarchie déconnectée.
Né sur les parkings, les péages, les villages, les villes moyennes, ce mouvement a rendu visible et audible une France des « perdants » de la mondialisation, celle des travailleurs pauvres, des retraités, des mères de familles monoparentales. La libération de la parole a produit une pensée originale et digne, celle de nouveaux sans culottes, qui aura sa traduction politique dans les prochaines années : la finalité de ce livre n'est pas de proposer une analyse fondée sur une enquête de longue durée mais d’en fixer la mémoire, principalement à travers la reprise de textes d'origines diverses.
Pétitions, appels, cahiers de doléances, chansons, témoignages spontanés, articles et autres documents issus des Gilets Jaunes sont ainsi rassemblés et présentés. Ils témoignent de cette insurrection citoyenne, mais aussi de la richesse et de la profondeur d’un mouvement qui, quelle qu’en soit son issue, s’inscrit déjà dans la mémoire collective du combat séculaire pour l’émancipation.
Patrick Farbiaz est un militant écologiste et altermondialiste. Il a écrit une dizaine de livres consacrés à l’écologie, aux médias et aux mouvements sociaux (dont un sur Nuit Debout).
Claude et Jean, tous deux appelés de la guerre d’Algérie, ne s’étaient pas revus depuis leur démobilisation en 1958 ; ils avaient compris en Algérie qu’ils ne partageaient pas les mêmes valeurs.
Claude prit l’initiative d’aller le revoir encouragé par Vincent de Gaulejac, président de son jury de thèse ; il souhaitait comprendre pourquoi Jean avait basculé dans la violence en Algérie, et quelles en avaient été les conséquences sur sa vie. Bien qu’étonné de cette reprise de contact, Jean l’a accueilli à son domicile en juillet 2013.
Cet ouvrage est le récit de ces retrouvailles, complété d’une analyse du rapport de Jean aux violences commises, afin de mieux saisir la complexité du basculement dans la violence.
Claude Juin est né en 1935, ancien sous-officier du contingent en Algérie en 1957 /58. Docteur en sociologie EHESS. Diplômé du CNAM en psychologie du travail et en ergonomie. A été DRH dans des entreprises et dans la fonction publique. Ex-professeur associé à l’université de Poitiers. Ex-maire de Bessines (communauté d’agglo de Niort). Actuellement militant actif pour le soutien aux immigrés et au peuple palestinien.
Muriel Montagut actuellement coordinatrice de Centre de soins et de ressources Frantz Fanon à Montpellier (qui vise à améliorer l’accès aux soins psychiques des personnes exilées), est psychologue clinicienne, docteure en sociologie clinique, chercheure associée au Laboratoire de Changement Social et Politique de l’université Paris Diderot.
Issu pour une large part d’une recherche collective portant sur la construction et les usages des indicateurs sociaux, ce livre se fixe un triple objectif.
Il entend d’abord rendre compte des logiques contemporaines de production des chiffres donnant à voir une certaine représentation de la question sociale. Il explore ensuite les dimensions que ces chiffres occultent. Enfin, il se veut force de proposition pour rendre ces dimensions visibles et que les plus démunis, matériellement et symboliquement, puissent avoir voix au chapitre de la quantification. Il interroge ainsi les conditions de l’émergence d’une critique de l’ordre des choses.
À l’arrière-plan des débats portant sur la « bonne » ou la « juste » mesure de la pauvreté, des inégalités sociales, des problèmes publics et des publics « à problème » se pose la question fondamentale de la définition de ces notions. Celle-ci est inséparable des luttes qui opposent différents groupes sociaux pour imposer leur point de vue comme vision partagée et largement admise. Les chiffres qui circulent autour de la question sociale traduisent ainsi des rapports de force entre groupes professionnels, responsables politiques, militants associatifs, groupes de pression, etc. Paradoxe apparent, les populations concernées se retrouvent souvent exclues des opérations menant à leur représentation parce que ne possédant pas les ressources nécessaires pour faire valoir ce qui leur pose problème et ce qui importe pour elles. Dépossédées du diagnostic, elles le sont tout autant de la définition du traitement de leurs « maux ».
Rémy Caveng est sociologue à l’université de Picardie Jules Verne, chercheur au Curapp-ESS (Centre universitaire de recherche sur l’action publique et le politique), à la SFR Condorcet et chercheur associé au Cessp-CSE (université Panthéon-Sorbonne).
Claude Thiaudière est sociologue à l’université de Picardie Jules Verne, chercheur au Curapp-ESS.
Le projet Bio Loire Océan : une expérience originale, innovante et instructive
Dans les milieux de ceux qui veulent changer le monde, un mot d’ordre fait consensus : « Agir local, penser global ».
Mais agir localement ne va pas de soi. Comment mobiliser ? Comment s’organiser pour faire vivre les projets alternatifs ? Comment réussir à les pérenniser ? Il faut en réalité penser l’agir local. La multiplication des initiatives de terrain en faveur du développement durable est source d’inspiration. Ce livre propose justement de tirer les enseignements d’une expérience qui donne à penser. Celle d’un groupe d’agriculteurs biologiques des Pays de la Loire qui, soucieux de leur territoire, ont su trouver des solutions innovantes et originales pour faire vivre leur projet associatif. La manière dont ils ont su construire un collectif fort et solidaire, en même temps que respectueux de l’indépendance de ses adhérents, est riche d’enseignements à plusieurs titres.
Les auteurs
Jean-Pierre Bréchet est professeur de sciences de gestion à l’université de Nantes. Ses recherches à caractère pluridisciplinaire visent au développement d’une compréhension de l’action collective fondée sur le concept de projet.
Ivan Dufeu est professeur de sciences de gestion à l’université d’Angers. Ses recherches visent à mieux comprendre le comportement des acteurs dans les filières alimentaires de production biologique et de commerce équitable local.
Réarmer la critique sociologique du journalisme. En offrant un aperçu d’enquêtes récentes qui permettent de faire le point sur les structures sociales du journalisme, ce numéro souhaite réarmer la critique sociologique de ce champ.
À rebours des poncifs semi-savants sur ses métamorphoses à l’ère numérique, tous les indicateurs empiriques convergent pour montrer que sa subordination aux pouvoirs économiques se poursuit et s’accélère. L’état général des rapports de force structurant le champ journalistique ne s’est donc pas transformé, mais l’hégémonie progressive du pôle commercial entraîne un double mouvement : une dépolarisation avec l’affaiblissement des pôles politiques et culturels qui pèsent moins fortement dans la distribution des positions ; une verticalisation de cette répartition des places avec une asymétrie plus forte dans les hiérarchies professionnelles, notamment dans les salaires et les positions de prestige, ainsi qu’entre le local et le national. Cette verticalisation s’opérant dans un contexte d’élévation du recrutement social de la profession, elle fournit un indice supplémentaire de la domination accrue du capital économique sur le capital culturel au sein des classes privilégiées.
La saga des «72 Immortelles» dont le récit éphéméride a été publié dans un précédent volume, reste un objet historique flou ou déformé, éreinté ou diffamé, en tout cas mal identifié...
Si l’on écarte sa légende noire créée par l’odieuse camarilla réactionnaire de Versailles et la grande récupération de ceux qui veulent faire de la Commune un détachement précurseur des Etats communistes du XXe siècle, il convient d’en faire l’analyse objective et aussi de comprendre la signification de son message : c’est le but de ce second livre.
La Commune, c’est d’abord pour la première fois dans l’histoire de France, une assemblée élue avec environ un tiers de prolétaires ; elle n’a pas de chef mais un pouvoir collectif horizontal qui va administrer Paris par des mandataires révocables travaillant dans des Commissions faisant fonction de ministères, qui seront en permanence saisies par des projets venant des citoyens. Elle assumera en même temps, le législatif et l’exécutif.
Cette «belle équipe» libertaire qui est un amalgame de travailleurs manuels et intellectuels, a imaginé en deux mois tout ce que la République française a mis environ un siècle et demi à réaliser effectivement mais ce phalanstère anarchisant a vu son grand rêve de régénération de la société fracassé par les mercenaires de la bourgeoisie, arc-boutée sur ses privilèges.
Aujourd’hui où les successeurs des Versaillais se donnent bonne conscience en réhabilitant formellement les Communeux, les étoiles rouges de l’émancipation et de la révolte, allumées en 1871, brillent un peu partout dans le monde, que ce soit avec le communalisme libertaire de Murray Bookchin, avec les Colibris, avec le Rojava kurde ou avec le grand mouvement des «Communs» : le «temps des cerises» n’est plus seulement le temps de la nostalgie, il est devenu le temps d’une nouvelle problématique révolutionnaire.
Jean A. Chérasse, cinéaste documentariste, agrégé d’histoire, titulaire du blog « Vingtras » sur Mediapart.
Le rap – en particulier le rap indépendant – est généralement perçu et se présente volontiers lui-même comme la chronique musicale de la vie des « jeunes de cité », dénonçant le racisme et les injustices sociales qu’ils subissent tout en exprimant leur désir de reconnaissance et d’ascension sociale.
Basée sur une enquête de terrain réalisée à la fin des années 2000 auprès de rappeurs indépendants dans la région parisienne et lyonnaise, centrée sur l’étude des trajectoires sociales et du travail artistique, cette recherche présente les rappeurs sous les traits d’auto- ou de petits entrepreneurs, évoluant en marge des industries culturelles. Ce genre de carrière peut se comprendre comme une stratégie d’ascension culturelle, voire économique, le plus souvent vouée à l’échec, mais offrant des compensations symboliques à travers l’accès à la vie et à l’identité d’artiste, à des jeunes des classes populaires ou moyennes confrontés à leur déclassement. Plus diversifié socialement qu’on ne le croit généralement, le monde du rap indépendant est aussi divisé entre des pôles économique, professionnel et d’engagement, en fonction de la plus ou moins grande distance des artistes par rapport aux industries culturelles. Ce genre musical se présente ainsi comme un univers révélateur des phénomènes de mobilité et de reproduction sociales. Il permet ainsi de mettre en évidence l’articulation des dimensions économiques et culturelles dans la production musicale.
Fabien Brugière, ancien élève de l’École normale supérieure de Paris, est maître de conférence à l’université de Strasbourg (SAGE) et chercheur associé au laboratoire CRESPPA-GTM.
Le vol des mots. Le voile des mots, publié en 2016, portait sur quinze mots emblématiques de la désaffection du langage. Une suite est apparue indispensable afin de compléter la liste des termes ou d’expressions victimes d’une corruption de leur sens.
C’est à une salutaire entreprise de désenfumage visant à démasquer les impostures que les auteurs invitent de nouveau les lecteurs par l’analyse d’un abécédaire de trente autres mots au sens dévoyé et donnant à voir en creux un contre-projet de société.
Le règne de l’euphémisme fait véritablement système, et la pensée dominante s’est désormais dotée pour héraut Emmanuel Macron. Par conséquent, cet ouvrage se veut un nécessaire antidote au « parler macronien » afin de participer à la reconquête des consciences intoxiquées.
Les 30 mots traités : Apolitisme, Assistanat, Charges/coûts, « Je suis Charlie », Compétences, Concurrence, Dette, Dialogue social, École libre, « L’Europe, c’est la paix », Frondeurs, « Nos ancêtres les Gaulois », Harmonisation, Idéologie, Jacobins, La Marseillaise, Modernité/Progrès/Réforme, Négociation, Optimisation fiscale, Populisme, Projet, Protectionnisme, Révolution, Ruralité, Sécurité sociale, Statut, Usager, Valeurs, Vivre-ensemble, Vote utile.
Francis Daspe est impliqué dans La France insoumise depuis son lancement en 2016 et membre du Parti de Gauche dès sa fondation en 2008. Il est également Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée).
Céline Piot est docteure en Histoire contemporaine et professeure d’Histoire et de Géographie à l’ESPE d’Aquitaine (Université de Bordeaux). Militante à la France insoumise depuis 2016, elle est aussi co-secrétaire du Parti de Gauche des Landes et conseillère municipale à Mont-de-Marsan depuis 2014.
Mise à part la sempiternelle question de l'heure d'été, le système horaire qui organise notre quotidien n'est plus remis en cause. Qui conteste encore la division du jour en vingt-quatre heures et de l'heure en soixante minutes ?
Qui s'oppose à ce que le jour commence à minuit ? Qui regrette la fin des heures locales et l'imposition d'une heure unique dans toute la France ? Ou encore le fait qu'il est six heures à New York quand il est midi à Paris ? Aucune de ces règles ne s'est pourtant imposée sans difficultés. Ce livre interroge l'histoire mouvementée du système horaire français, du milieu du xviiie siècle au milieu du xxe siècle.
Durant cette période, le pouvoir politique se montre particulièrement sensible au militantisme des scientifiques en faveur d'un système horaire standardisé. Car ce dernier permet de fixer des horaires et donc de réguler de nombreuses activités sociales comme les marchés, le trafic ferroviaire ou encore le travail. La standardisation nourrit aussi les espoirs et les craintes d'une société dont la marche vers le progrès s'accélère. Parce qu'il faut s'adapter à son nouveau tempo au risque d'être marginalisé, la maîtrise de son temps, la ponctualité et la discipline horaire deviennent des conditions de la réussite sociale.
Doctorant en science politique, Côme Souchier étudie la standardisation horaire et le gouvernement par le système horaire, en France, du milieu du xviiie siècle au milieu du xxe siècle.
Pour les observateurs de la plus grande démocratie du monde, le mot « participation » évoque surtout le pourcentage d’électeurs qui se rendent régulièrement aux urnes. Pourtant, depuis les années 1990 de nouvelles pratiques émergent et se développent en Inde.
Pour les observateurs de la plus grande démocratie du monde, le mot « participation » évoque surtout le pourcentage d’électeurs qui se rendent régulièrement aux urnes. Pourtant, depuis les années 1990 de nouvelles pratiques émergent et se développent en Inde, qui ont en commun d’organiser une interaction directe entre citoyens et autorités publiques, autour de la gestion des affaires locales. Mais à quoi ressemble la démocratie participative dans cette société profondément inégalitaire ? Comment la participation est-elle organisée, autour de quels types de dispositifs ? À quelles idées politiques est-elle associée ? À quels discours, à quelles expériences passées fait-elle référence ? Les dynamiques qui portent le développement des pratiques participatives indiennes sont-elles surtout endogènes ou exogènes ? Et que peut nous apprendre cette version indienne sur la démocratie participative en général ?
Pour répondre à ces interrogations, ce livre propose une analyse sérielle de quatre dispositifs élaborés et mis en œuvre dans la ville-État de Delhi, qui constitue un véritable laboratoire de la participation à l’indienne : les « comités de circonscription » ; les « audiences publiques » ; le programme Bhagidari (« participation» en hindi) ; et les assemblées de quartier. L’enquête montre comment les formes successives de la démocratie participative révèlent autant de définitions du « citoyen ordinaire » qui leur sont associées. À travers une analyse de l’incarnation, des transformations et des mésaventures de la participation depuis les années 1950, le livre raconte le lent et sinueux processus d’institutionnalisation de la démocratie participative en Inde.
Voir une recension dans Liens socio/lectures, 19 avril 2019.
Voir une recension dans La vie des idées du 21 avril 2020
Stéphanie Tawa Lama-Rewal est politiste, chargée de recherche habilitée à diriger des recherches au CNRS, au Centre d'Études de l’Inde et de l’Asie du Sud (CNRS-EHESS).
La bataille de Kobané et l’invasion turque d’Afrin ont attiré l’attention sur le Rojava, situé dans le nord de la Syrie. Pourquoi le Rojava a vaincu un ennemi puissant là où d’autres ont échoué ? Comment cette société fonctionne-t-elle ?
Le lecteur trouvera ici un ensemble d’informations, tant sur les aspects militaires qu’historiques, politiques, économiques, idéologiques ou géopolitiques. Cette présentation des multiples facettes du Rojava se base sur de nombreuses recherches documentaires, une enquête de terrain menée sur place par l’auteur et de nombreux entretiens avec des acteurs de la situation.
Cette révolution égalitaire, féministe, écologique et surtout démocratique, s’inventant au milieu de dictatures brutales, a pris des formes inattendues et originales qui peuvent alimenter la réflexion politique des progressistes du monde entier. Le projet politique des peuples du nord de la Syrie, en premier lieu les Kurdes, donne l’espoir de connaître un jour une Syrie démocratique, multiculturelle, multiconfessionnelle, en paix avec elle-même. Cette société nous influencera-t-elle à notre tour ?
Raphaël Lebrujah est journaliste pour Rojinfo. Il va régulièrement dans les régions kurdes au Moyen-Orient où il mène un travail de terrain auprès des populations.
Depuis ses origines, le syndicalisme hexagonal s’évertue à s’affranchir du politique. À la faveur de l’effondrement de l’URSS et plus largement du mouvement ouvrier, cette inclination n’a cessé à la fois de se renforcer et de se généraliser.
« Contestataires » ou « réformistes », toutes les confédérations, sans exception, affirment aujourd’hui une même distance au champ politique.
Cette unanimité, rare dans un paysage syndical français morcelé, interroge : l’univers politique – dans ses dimensions les plus militantes comme les plus institutionnelles – et le monde syndical sont-ils vraiment si cloisonnés ? Comment ces deux champs interagissent-ils, quelles relations entretiennent-ils ?
À partir d’un ensemble de contributions portant sur des scènes nationales variées – France, Argentine, Grande-Bretagne, États-Unis –, ce numéro vise à documenter les relations différenciées, dans le temps et dans l’espace, entre les champs syndical et politique. À l’heure où le monde du travail est confronté à des transformations sans précédent, les syndicalistes peuvent-ils indéfiniment se tenir à distance du politique ?
La sociologie est située dans la société et dans la cité ; elle en fait partie. Elle contribue à la compréhension, à l’explication, ainsi qu’à la critique du monde au sein duquel nous vivons. Elle n’a rien d’un exercice académique ; elle est constituée d’interventions dans la cité.
Prendre la parole, même devant le public très restreint d’une petite réunion, est une intervention dans la cité. Une prise de position publique n’est jamais neutre. Elle engage son auteur et son public. Elle est toujours normativement orientée, une orientation que les théories critiques revendiquent et formulent explicitement : vivre dans une société plus juste, plus libre et plus raisonnable que la nôtre.
Jan Spurk, professeur de sociologie à la faculté des sciences humaines et sociales – Sorbonne de l’université Paris Descartes. Auteur de nombreux ouvrages dont Malaise dans la société. Soumission et résistance ; Avenirs possibles. Du bâtiment de la société, de sa façade et de ses habitants ; Contre l’industrie culturelle. Les enjeux de la libération ; Au-delà de la crise et Les limites de l’indignation.
Dans cet ouvrage Tassadit Yacine s’attache à dévoiler les rapports de domination entre les genres dans des lieux situés socialement et historiquement (Algérie des années 1960 - 1990) et en France dans des groupes de la « haute » culture, au sein d’univers modernes et contemporains.
Malgré toutes les formes de domination qu’elles subissent, les femmes du Sud de la Méditerranée ont su se préserver grâce à la création « littéraire » orale et grâce à une transgression réglée qui leur permet d’exprimer les affects et ainsi d’opposer une résistance (fût-elle symbolique) à leurs dominants. En revanche, les femmes lettrées, au Nord de la Méditerranée, ayant acquis une place plus importante dans l’espace public grâce à des lois visant à l’égalité des droits entre les genres, peuvent subir toujours et encore de plein fouet la domination symbolique, parce que celle-ci est incorporée, invisible et euphémisée. Dans ce livre on peut trouver des analyses théoriques, des entretiens, des enquêtes dans lesquelles l’auteure redonne la parole aux femmes pour expliquer « avec leurs propres mots » les effets de la domination sur leurs corps et sur leurs existences.
Tassadit Yacine-Titouh est directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, Paris ; elle est membre du Laboratoire d’anthropologie sociale de l’EHESS, du CNRS et du Collège de France. Spécialiste du monde berbère, on lui doit de nombreux ouvrages : L’Izli ou l’amour chanté en kabyle, préface de Pierre Bourdieu, Paris, Maison des sciences de l’homme, 1988 ; Chacal ou la ruse des dominés, aux origines du malaise des intellectuels algériens, Paris, La Découverte, 2001 ; Si tu m’aimes guéris, Préface de Françoise Héritier, Paris, Maison des sciences de l’homme, 2006. Elle a édité de nombreux ouvrages autour de l’œuvre de Jean Amrouche, Un Algérien s’adresse aux Français, Paris, L’Harmattan, 1994, Journal, 2008, de Pierre Bourdieu, Esquisses algériennes, Paris, Édition Le Seuil, 2008. Elle est également directrice de la revue AWAL, fondée par Mouloud Mammeri et soutenue par Pierre Bourdieu, et d’une collection d’ouvrages « Méditerranée-Sud », à la Maison des Sciences de l’Homme.
De l’avis général, les partis politiques sont en crise. L’apport de cet ouvrage est de recenser les causes nombreuses et complexes de leurs transformations.
C’est aussi la question de la défiance à l’égard de la politique qui est abordée de manière concrète, et en examinant les mécanismes qui la génèrent. Sans langue de bois, dans la pluralité des points de vue.
L’originalité forte de l’ouvrage est de croiser les regards de chercheurs et de témoins, militants ou anciens militants d’organisations différentes. Ainsi, le point de vue de l’action vient utilement en contrepoint des sciences sociales. Le lecteur est alors étonné par la multiplicité des aspects qui doivent être pris en compte pour comprendre l’affaissement d’organisations qui étaient des acteurs majeurs de l’activité politique dans le passé. Mais, d’éclairage en éclairage, il comprend mieux pourquoi les partis sont devenus de moins en moins attractifs et représentatifs.
L’ouvrage, ainsi, recense en creux toutes les facettes sur lesquelles il faudrait intervenir pour inverser la tendance. Une telle inversion est-elle possible ? Est-elle souhaitable ? À quelles conditions ? Comment changent les façons de militer ? Pourquoi les partis sont-ils devenus si répulsifs ? Ont-ils un avenir ? Est-ce, à présent, la fin des partis ? Quelles sont les conséquences de leur affaiblissement ? Des mouvements comme La République en Marche ou Cinq Étoiles en Italie vont-ils les remplacer ?
Un bilan clair, riche et approfondi, des causes de l’affaissement des partis, une somme indispensable pour celles et ceux que l’inaction désespère, un livre de référence, qui aide à inventer une démocratie où les élus seront davantage représentatifs de la population.
Un ouvrage coordonné par Daniel Gaxie, professeur émérite de science politique à l’université Paris 1 (Panthéon Sorbonne) et Willy Pelletier, sociologue à l’université de Picardie, coordinateur général de la Fondation Copernic.
{mijoshop id=489,name=1,price=1,button=1}
Cet ouvrage propose 6 chemins vers une décroissance solidaire. Les auteurs veulent ainsi contribuer à orienter la société vers une alternative au capitalisme productiviste, qu’il soit libéral ou social.
L’empreinte écologique de la France est trois fois supérieure à ce que la planète peut supporter à long terme. Les statistiques montrent que plus nous sommes riches, plus nous consommons et, par conséquent, plus notre empreinte écologique s’alourdit. Sur la planète, les pays et les individus les plus favorisés sont donc aussi les plus responsables du réchauffement climatique et de la fin programmée des ressources non renouvelables, comme les métaux, les énergies ou le pétrole avant la fin du siècle.
Si cela continue, c’est un véritable basculement planétaire au plan écologique et sociétal qui se prépare, avec notamment des sécheresses créant famines et migrations massives. Ce phénomène s’amorce déjà. En effet, le capitalisme pousse vers la consommation de masse et le productivisme illimité, dans un monde aux ressources finies. Non seulement on détruit ainsi rapidement la planète, mais on pousse les êtres humains vers un consumérisme sans fin, au détriment d’une civilisation de la sobriété heureuse, d’une harmonie avec les autres humains, avec la nature. Il existe pourtant des alternatives : la sobriété heureuse, l’écologie sociale, l’écosocialisme, la relocalisation solidaire, etc. Elles ont un projet commun : faire décroître la gabegie des plus riches, afin que les plus pauvres puissent simplement vivre.
Ces repères pour résister à l’idéologie dominante transgressent les interdits récemment réactivés par divers rappels à l’ordre politiques et académiques.
Ils s’ingénient, en effet, à découvrir des « excuses sociologiques » aux « inexcusables » : qu’il s’agisse de s’interroger sur la sociogenèse des trajectoires djihadistes ou de tenter de rendre compte du vote FN d’une fraction des classes populaires. Ils s’efforcent de mettre en évidence divers procédés de légitimation d’inégalités « obscènes » : comme la célébration des « talents ». Ils mettent en évidence la division du travail discursif sur l’Union Européenne entre philosophes « à façon » et économistes « à gages ». Ils s’emploient à clarifier l’usage de catégories routinières (comme l’opposition « droite/gauche » ou la notion galvaudée de « populisme »), à dissiper le brouillage d’un champ politique devenu illisible et à rappeler les leçons de l’expérience grecque à ceux qui rêvent d’une « autre Europe ». Bien qu’ils s’imposent un double devoir de « réflexivité » et de « scientificité », ces repères qui mettent les ressources de la sociologie au service de ce genre de transgressions, s’exposent sans doute ainsi à réveiller toutes les formes d’anti-intellectualisme que suscite « l’engagement sociologique ». Pourtant, comme disait Durkheim, « la sociologie ne vaudrait pas une heure de peine si elle ne devait avoir qu’un intérêt spéculatif ».
Gérard Mauger, sociologue, est directeur de recherche émérite au CNRS, chercheur au Centre Européen de Sociologie et de Science Politique (CNRS - EHESS - Paris 1)
Le syndicalisme ouvrier en France appartient-il au passé ? Incapable d’enrayer le déclin que connaît l’industrie depuis quarante ans, il est également confronté à une crise sur le sens de son action militante.
Recension dans Travail et Emploi, la revue de la DARES, n° 161-2020
Pourtant, loin des échecs des grandes mobilisations nationales, des syndicalistes mènent des luttes sur leurs lieux de travail, dont on ne mesure pas toujours ni l’inventivité ni les effets. Hélio-Corbeil, imprimerie située à Corbeil-Essonnes, en est une illustration : en février 2012, emmenés par la CGT, les salariés parviennent à reprendre leur entreprise sous forme de Société Coopérative et Participative (Scop). 80 emplois sont sauvés et l’activité est alors relancée. À partir d’une enquête au long cours, mêlant immersion et travail d’archives, cet ouvrage revient sur l’origine de cette lutte et la mise en place de la coopérative. Il propose une vision différente du syndicalisme, où la gestion constitue une arme de résistance salariale, hier comme aujourd’hui, et s’interroge sur ses conditions d’appropriation. Face à la financiarisation de l’économie, le salut du monde ouvrier passera-t-il par la conquête du pouvoir dans l’entreprise ?
Maxime Quijoux est sociologue, chercheur au CNRS et membre du Laboratoire Printemps (Professions, Institutions, Temporalités) à l’université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et membre associé du LISE (Laboratoire Interdisciplinaire de Sociologie Économique) au CNAM. Il est l’auteur de Néolibéralisme et autogestion, l’expérience argentine (Éditions de l’IHEAL, 2011) et a dirigé l’ouvrage collectif Bourdieu et le travail (Presses Universitaires de Rennes, 2015).