

Les Gilets jaunes ne furent pas ce que la « classe ouvrière » n’a jamais été ailleurs que dans l’imagination des intellectuels. Pourtant, ouvriers et employés représentent encore plus de la moitié de la population active. Mais il est vrai que l’effritement de la condition salariale depuis quarante ans, le chômage de masse, la précarisation et la délinquance endémique qui peut en résulter ont creusé le clivage entre établis et marginaux.
Par ailleurs, après Mai-Juin 1968, l’essor de la petite bourgeoisie nouvelle, la promotion de nouvelles causes dites sociétales accompagnent le déclin de la croyance au messianisme ouvrier qui s’est inversé en un racisme de classe, résumé dans la figure du beauf.
Mobilisés en dehors des organisations syndicales et politiques, semblant de ce fait incontrôlables, les Gilets jaunes ont ressuscité la peur des classes dangereuses dans les beaux quartiers. Le mouvement a été d’emblée réprimé avec une violence physique et symbolique spectaculaire.
Rassemblant des textes dont certains ont été écrits au fil du mouvement, l’auteur en propose une lecture sociologique renouvelée.
Table des matières
Introduction
Prologue. Neutralité axiologique et engagement sociologique
Première partie. Les classes populaires : « établis » et « marginaux »
Introduction. Les classes populaires : « établis » et « marginaux »
Les transformations des classes populaires en France
Les classes populaires ont elles perdu la partie ?
La menace du chômage
« Jeunes de cités ». Délinquance, émeutes et « radicalisation islamiste »
Deuxième partie. « Mépris de classe » et « respectabilité »
Introduction. « Mépris de classe » et « respectabilité »
Sociogenèse et usages de la figure du « beauf »
Domination et résistance
En quête de « respectabilité »
« Foule sentimentale ». Sur l’hommage populaire à Johnny Hallyday
Briser les barreaux de « la cage d’acier »
Troisième partie. Le mouvement des Gilets jaunes
Introduction. Le mouvement des « Gilets jaunes »
Les Gilets Jaunes. Sociogenèse d’une mobilisation
L’État face aux Gilets jaunes. Violence physique et violence symbolique
Des Gilets jaunes aux syndicalistes en grève. La question de la représentation
Gilets jaunes : « horizontalité », « manifs-émeutes » et « insurrection »
Quatrième partie. « Le monde d’après »
Introduction. « Le monde d’après »
L’ordre des « grandeurs »
Sauver « le monde d’avant »
« Les eaux glaciales du calcul égoïste »
Les Gilets jaunes ne furent pas ce que la « classe ouvrière » n’a jamais été ailleurs que dans l’imagination des intellectuels. Pourtant, ouvriers et employés représentent encore plus de la moitié de la population active. Mais il est vrai que l’effritement de la condition salariale depuis quarante ans, le chômage de masse, la précarisation et la délinquance endémique qui peut en résulter ont creusé le clivage entre établis et marginaux.
Par ailleurs, après Mai-Juin 1968, l’essor de la petite bourgeoisie nouvelle, la promotion de nouvelles causes dites sociétales accompagnent le déclin de la croyance au messianisme ouvrier qui s’est inversé en un racisme de classe, résumé dans la figure du beauf.
Mobilisés en dehors des organisations syndicales et politiques, semblant de ce fait incontrôlables, les Gilets jaunes ont ressuscité la peur des classes dangereuses dans les beaux quartiers. Le mouvement a été d’emblée réprimé avec une violence physique et symbolique spectaculaire. L’éventuelle convergence entre Gilets jaunes et mouvement de grève contre la réforme des retraites remettait à l’ordre du jour la question de la représentation des classes populaires. Les black blocs et la mouvance anarchiste l’élargissaient aux thématiques de l’horizontalité, de la violence émeutière et de l’insurrection.
Rassemblant des textes dont certains ont été écrits au fil du mouvement, l’auteur en propose une lecture sociologique renouvelée.
Gérard Mauger, sociologue, est directeur de recherche émérite au CNRS, chercheur au Centre Européen de Sociologie et de Science Politique (CNRS - EHESS - Paris 1).
À l’heure où la réforme de l’Université française est grosse de nombreuses menaces, on est en droit de s’interroger sur le type d’Université qui est aujourd’hui proposé, ou plutôt imposé, à marche forcée, à la communauté universitaire.
Plus d'informations
Pourquoi le mouvement syndical connaît-il un déclin continu depuis plusieurs décennies, en Europe comme en Amérique du Nord ? Le syndicalisme serait-il un modèle dépassé, une relique des luttes sociales de l’ère industrielle ?
À partir d’études de cas portant sur la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, cet ouvrage souligne le rôle qu’a joué, dans le reflux récent du syndicalisme, le déploiement d’un large répertoire de discours et de dispositifs antisyndicaux : dénonciation de l’archaïsme des organisations syndicales, marginalisation de celles-ci dans le débat public, lois rendant plus difficile l’implantation syndicale ou le recours à la grève, remplacement de la négociation collective par le contrat individuel, ou encore répression parfois brutale des conflits sociaux.
Cet antisyndicalisme virulent ne constitue pas pour autant une nouveauté. Les contributions rassemblées ici rappellent que l’hostilité du patronat et des gouvernements est aussi ancienne que les tentatives des travailleurs de se rassembler pour améliorer leurs conditions d’existence et obtenir de nouveaux droits.
Gilles Christoph et Sabine Remanofsky enseignent à l’École normale supérieure de Lyon et sont chercheur·e·s associé·e·s au laboratoire Triangle.
Marc Lenormand est maître de conférences en civilisation britannique à l’université Paul-Valéry-Montpellier 3 et chercheur au laboratoire EMMA.
Table des matières
Introduction
Première partie : L’hostilité envers les syndicats au moment de la naissance du mouvement ouvrier
L’organisation ouvrière en France de la Révolution à la loi de 1884, par Stéphane Sirot
L’expérience de l’antisyndicalisme britannique au dix-neuvième siècle, par Bertrand Simonet
Pourquoi n’y a-t-il pas davantage de syndicalisme aux États-Unis ? Réflexions sur le dix-neuvième siècle, par Sabine Remanofsky
Deuxième partie : L’antisyndicalisme à l’ère de l’institutionnalisation des relations professionnelles
L’antisyndicalisme, une constante de l’automobile française, par Nicolas Hatzfeld et Jean-Louis Loubet
« Cet homme est-il un anarchiste ? » : conflits sociaux et luttes pour la conquête de l’opinion publique dans la Grande-Bretagne de l’entre-deux-guerres, par Laura Beers
L’antisyndicalisme hollywoodien : les années 1940 et 1950, par Daniel Peltzman
Troisième partie : L’offensive antisyndicale au cours de la période néolibérale
Régulation, représentation, crise : l’évolution de la conception du syndicalisme en France et en Grande-Bretagne, par Chris Howell
Construire la crise, désigner le coupable : comment la responsabilité de l’« hiver du mécontentement » de 1978-1979 a été attribuée aux syndicats, par Colin Hay
Chronique de l’antisyndicalisme ordinaire : l’émission « Les Grandes Gueules » sur RMC, par Thomas Berthier
Les dispositifs antisyndicaux aux États-Unis : formation des stratégies d’opposition à la négociation collective dans l’Amérique de l’après-guerre, par Jean-Christian Vinel
Conclusion. Quel avenir pour le syndicalisme ?
Adoptée en août 2016 après trois recours à l’article 49.3 de la Constitution, la réforme du Code du travail portée par Myriam El Khomri a suscité un conflit social majeur et de profondes divisions politiques.
Répondait-elle à un problème public ? Comment son contenu a-t-il été décidé et légitimé ? Quelles sont les trajectoires des acteurs ayant produit le « projet de loi Travail » ? Pourquoi celui-ci est-il devenu l’enjeu d’une vive controverse ?
Pour répondre à ces questions, ce livre combine deux méthodes d’enquête. D’une part, une analyse des discours publics des membres du gouvernement et d’une série d’articles et de rapports d’experts. D’autre part, la réalisation d’entretiens avec des acteurs clés et des témoins du processus de production du projet de loi, parmi lesquels plusieurs anciens membres du cabinet de Myriam El Khomri.
Les questions abordées concernent plusieurs sciences sociales. Mais ce livre intéressera aussi le citoyen surpris par l’imposition autoritaire d’une réforme du Code du travail qui ne figurait pas au programme du candidat Hollande. L’ouvrage éclaire également la réforme menée en 2017 par Emmanuel Macron, et le projet de société porté par ce dernier.
Philippe Légé est maître de conférences en économie à l’université de Picardie et membre du Centre de Recherche sur l’Industrie, les Institutions et les Systèmes Économiques d’Amiens (CRIISEA).
Ces repères pour résister à l’idéologie dominante transgressent les interdits récemment réactivés par divers rappels à l’ordre politiques et académiques.
Ils s’ingénient, en effet, à découvrir des « excuses sociologiques » aux « inexcusables » : qu’il s’agisse de s’interroger sur la sociogenèse des trajectoires djihadistes ou de tenter de rendre compte du vote FN d’une fraction des classes populaires. Ils s’efforcent de mettre en évidence divers procédés de légitimation d’inégalités « obscènes » : comme la célébration des « talents ». Ils mettent en évidence la division du travail discursif sur l’Union Européenne entre philosophes « à façon » et économistes « à gages ». Ils s’emploient à clarifier l’usage de catégories routinières (comme l’opposition « droite/gauche » ou la notion galvaudée de « populisme »), à dissiper le brouillage d’un champ politique devenu illisible et à rappeler les leçons de l’expérience grecque à ceux qui rêvent d’une « autre Europe ». Bien qu’ils s’imposent un double devoir de « réflexivité » et de « scientificité », ces repères qui mettent les ressources de la sociologie au service de ce genre de transgressions, s’exposent sans doute ainsi à réveiller toutes les formes d’anti-intellectualisme que suscite « l’engagement sociologique ». Pourtant, comme disait Durkheim, « la sociologie ne vaudrait pas une heure de peine si elle ne devait avoir qu’un intérêt spéculatif ».
Gérard Mauger, sociologue, est directeur de recherche émérite au CNRS, chercheur au Centre Européen de Sociologie et de Science Politique (CNRS - EHESS - Paris 1)
En juin 2007, la France s’engage sur la voie d’une nouvelle « révolution libérale » sous l’égide de Nicolas Sarkozy. L’Europe ambitionne alors de devenir rapidement « l’économie la plus dynamique et la plus compétitive du monde ».
L’auteur, à travers ses éditoriaux de la revue Savoir/Agir, a tenu la chronique des conjonctures économiques et politiques qui ont caractérisé au fil des jours cette période de bouleversements, dont il propose une lecture à la fois sociologique et engagée.
Frédéric Lebaron est professeur de sociologie à l’École normale supérieure Paris-Saclay (université Paris-Saclay). Il co-anime la revue Savoir/Agir depuis 2007. Il a été président de l’Association française de sociologie entre 2015 et 2017.
Table des matières
Introduction
2007 : l’ avènement du sarkozysme en France
1. Pour un intellectuel collectif autonome international (juillet 2007)
2. Jusqu’ à quand ? (novembre 2007)
2008 : de la libération de la croissance à la crise financière mondiale
3. Le retour des revendications salariales (février 2008)
4. Trois questions pour la « gauche » (mai 2008)
5. Le projet néo-libéral en crise ? (juillet 2008)
6. Changements systémiques (octobre 2008)
2009 : Le monde en crise, vers une alternative au néolibéralisme ?
7. Vers une nouvelle force politique ? (février 2009)
8. Vers une société de défiance (mai 2009)
9. Un conte moral (août 2009)
10. Retour à la normale ? (novembre 2009)
11. Vers l’ émergence d’ une alternative globale ? (février 2010)
12. Vers un mouvement social européen ? (mai 2010)
13. Vous avez dit « populisme » ? (juillet 2010)
14. L’ « après-crise » ou les habits neufs du néo-libéralisme (novembre 2010)
2011 : le temps des révolutions ?
15. Jusqu’ où ira la vague révolutionnaire de 2011 ?
16. Fin d’ un monde ? (juin 2011)
17. Austérité perpétuelle ? (juillet 2011)
18. Bientôt l’ heure des choix ? (septembre 2011)
2012 : fin du sarkozysme et déception du hollandisme
19. La fin de la démocratie européenne ? (décembre 2011)
20. Le triple échec du candidat de la finance et des marchés (mai 2012)
21. Le nouvel espace politique européen (juillet 2012)
22. Dogmatiques et pragmatiques dans la révolution néolibérale européenne : un conflit central (octobre 2012)
2013. Renaissance des passions françaises et austérité confirmée
23. La droite française, l’ Europe et l’ « effet phobie » (février 2013)
24. Vers la déflation ? (mai 2013)
25. Est-ce le « retour de la confiance » ? (juillet 2013)
Indicateur de climat des affaires France
26. Quel projet démocratique ? (novembre 2013)
2014 : l’ Europe en panne
27. Quand le gardien du temple devient le sauveur des marchés (2014)
28. En avant vers l’ abîme ? (mai 2014)
29. Vers une instabilité structurelle de l’ ordre mondial ?
Menace de l’ État islamique
Le conflit israélo-palestinien, carburant de la radicalisation
30. Réformes structurelles (novembre 2014)
2015 : la tragédie grecque
31. Europe : vers des irruptions démocratiques ? (février 2015)
32. Troubles dans l’ ordre néolibéral (mai 2015)
33. Vers le « retour des intellectuels » ? (octobre 2015)
34. À l’ heure de la géopolitisation (décembre 2015)
2016 : enfin une reprise économique générale ?
35. Risques politiques (mars 2016)
36. Maintien de l’ ordre (mai 2016)
37. Chocs (juillet 2016)
38. La force des idées zombies (novembre 2016)
2017 : la crise politique française, indice d’ un processus de déstabilisation globale
39. Une affaire d’ ethos : le cas Fillon et la crise du néolibéralisme (Mars 2017)
40. Le changement dans la continuité (juillet 2017)
41. Europe : refonte ou renforcement des politiques d’ austérité concurrentielle ? (septembre 2017)
42. Pour la science : raison et démocratie face aux pouvoirs économiques et politiques (décembre 2017)
2018 : la fin du libre-échange ?
43. Le mythe de la compétitivité et le déclin de l’ Occident (mars 2018)
44. Macronisme et trumpisme, deux idéologies parentes ? (mai 2018)
45. Déstabilisations (juillet 2018)
46. « Sortie de crise » (décembre 2018)
2019 : le changement climatique au centre de l’ agenda global
47. Quelle dynamique des classes sociales à l’ échelle mondiale ? (février 2019)
48. Capitalisme français : le début de la fin ? (juillet 2019)
49. Pour un changement de paradigme (septembre 2019)
50. Pour une conception égalitaire et coopérative de l’ enseignement supérieur et de la recherche (décembre 2019)
Pour un nouvel ordre écologique, social et économique
2020 : Le changement global s’ accélère sur fond de pandémie
En juin 2007, la France s’engage sur la voie d’une nouvelle « révolution libérale » sous l’égide de Nicolas Sarkozy. L’Europe ambitionne alors de devenir rapidement « l’économie la plus dynamique et la plus compétitive du monde ».
C’était compter sans la crise financière mondiale qui a ébranlé les croyances dominantes sur l’efficience des marchés, la supériorité des États-Unis et le caractère protecteur de la zone euro. Dès 2010, celle-ci est plongée dans les affres du désendettement public et de l’austérité budgétaire, qui prennent une forme aiguë en Grèce. Les États-Unis voient leur hégémonie de plus en plus fortement contestée, jusqu’à devenir, à partir de 2016 et l’élection de Donald Trump, un foyer central de remise en cause du libre-échange et de la mondialisation des marchés.
La période 2007-2020 est marquée par l’ascension régulière de la Chine au statut de puissance de premier plan, par les « révolutions arabes » et la montée du terrorisme islamiste. Elle est traversée par des changements profonds dans l’ordre social de nombreux pays : la remise en cause de la domination masculine et des discriminations subies par divers groupes marginaux s’y accompagne d’une montée du racisme, des idéologies d’extrême-droite et des discours réactionnaires. L’enjeu écologique devient simultanément le problème public central de notre temps.
L’auteur, à travers ses éditoriaux de la revue Savoir/Agir, a tenu la chronique des conjonctures économiques et politiques qui ont caractérisé au fil des jours cette période de bouleversements, dont il propose une lecture à la fois sociologique et engagée.
Frédéric Lebaron est professeur de sociologie à l’École normale supérieure Paris-Saclay (université Paris-Saclay). Il co-anime la revue Savoir/Agir depuis 2007. Il a été président de l’Association française de sociologie entre 2015 et 2017.
Brexit au Royaume-Uni, élection de Donald Trump aux États-Unis, montée de l’extrême droite en Europe continentale : ces événements récents sont fréquemment présentés comme les conséquences politiques du décrochage des territoires urbains d’ancienne industrie et de ceux, plus ruraux, restés à l’écart des flux de l’économie globale.
Le livre cherche à éclairer ces processus, mais également à rendre compte des réponses politiques qui y sont apportées (et de leurs limites), et enfin à éclairer les dynamiques sociales qui animent ces territoires. L’ouvrage souligne que loin d’apparaître uniquement comme des espaces en déshérence marqués par la montée du populisme, les territoires en déclin disposent également de nombreuses ressources susceptibles de les faire apparaître comme des laboratoires pour l’émergence de politiques et pratiques alternatives, plus soucieuses de justice sociale et environnementale.
Recensions
Les auteurs et autrices
Introduction – Aux sources du déclin urbain : les limites d’une pensée magique, Vincent Béal, Nicolas Cauchi-Duval, Max Rousseau
Partie 1 : Le déclin : du processus au problème public
Chapitre 1 – L’impossible mise à l’ agenda du problème des villes en décroissance en France ?,
Rémi Dormois, Sylvie Fol, Marie Mondain
Chapitre 2 – Le déclin urbain au pays de Peugeot : la difficile gestion de la décroissance dans une agglomération fragmentée,
Vincent Béal, Rémi Dormois
Chapitre 3 – Des villes condamnées à la décroissance ? Mise à l’ agenda de la décroissance urbaine et stratégies locales dans cinq villes de Champagne-Ardenne, Sylvie Fol, Yoan Miot
Chapitre 4 – La décroissance urbaine en France : mise en perspective par les recherches sur les Shrinking Cities et les Systèmes urbains, Sophie Baudet-Michel, Fabien Paulus
Chapitre 5 – Les mutations du processus de décroissance urbaine en France, Nicolas Cauchi-Duval
Partie 2 : Stratégies et politiques urbaines dans les villes en déclin
Chapitre 6 – La difficile invention de politiques de l’habitat pour les villes en décroissance. Les cas de Châlons-en-Champagne, Saint-Dizier, Saint-Étienne et Vitry-le-François, Yoan Miot, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala
Chapitre 7 – Back to the future. Démolitions et revanchisme techno-environnemental à Cleveland, Joshua Akers, Vincent Béal, Max Rousseau
Chapitre 8 – Du « Maroc inutile » au Maroc en déclin. La décroissance territoriale et son traitement politique dans un pays du Sud
Chapitre 9 – Fragilité de la centralité en contexte de décroissance urbaine. Le centre-ville comme problème à Châlons-en-Champagne, Dunkerque et Saint-Étienne, Julie Chouraqui, Yoan Miot, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala
Partie 3 : Habiter la ville décroissante : entre contraintes et opportunités 321
Chapitre 10 – Décroissance urbaine et mobilités résidentielles : vienne-qui-veut, parte-qui-peut !, Mathilde Rudolph, Nicolas Cauchi-Duval
Chapitre 11 – La décroissance urbaine comme opportunité de (re)faire la ville avec et pour les habitant·es ? Expériences stéphanoises, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala
Chapitre 12 – Les jardins populaires de Grande-Synthe : les ambiguïtés d’une politique « alternative », Louise Clochey
Chapitre 13 – « Envahis par les cas soc’ ». Une petite bourgeoisie culturelle dans une ville moyenne en déclin, Élie Guéraut
Chapitre 14 – Les fermetures massives d’écoles dans les villes étatsuniennes en déclin : une politique sans alternative ?
Brexit au Royaume-Uni, élection de Donald Trump aux États-Unis, montée de l’extrême droite en Europe continentale : ces événements récents sont fréquemment présentés comme les conséquences politiques du décrochage des territoires urbains d’ancienne industrie et de ceux, plus ruraux, restés à l’écart des flux de l’économie globale. Les inégalités créées par un développement à deux vitesses avec, d’un côté, des logiques métropolitaines connectées à la globalisation et, de l’autre, une accentuation et une accélération du déclin territorial, s’imposent ainsi actuellement dans le débat public. En prenant appui sur des analyses portant sur des villes françaises, mais également américaines et marocaines, cet ouvrage propose une analyse fine des dynamiques des territoires décroissants, c’est-à-dire ceux qui connaissent un déclin démographique accompagné d’une dévitalisation économique et, bien souvent, d’une paupérisation de leur population. Le livre cherche à éclairer ces processus, mais également à rendre compte des réponses politiques qui y sont apportées (et de leurs limites), et enfin à éclairer les dynamiques sociales qui animent ces territoires. L’ouvrage souligne que loin d’apparaître uniquement comme des espaces en déshérence marqués par la montée du populisme, les territoires en déclin disposent également de nombreuses ressources susceptibles de les faire apparaître comme des laboratoires pour l’émergence de politiques et pratiques alternatives, plus soucieuses de justice sociale et environnementale.
Vincent Béal, Université de Strasbourg, UMR SAGE
Nicolas Cauchi-Duval, Université de Strasbourg, UMR SAGE
Max Rousseau, UMR ART-Dev, CIRAD Montpellier
Devant la poussée de l'extrême droite, nous remettons en vente ce livre d'Annie Collovald, publié en 2004. Il permet d'utiles comparaisons avec nos livres plus récents sur le même sujet
Le populisme a conquis, dans le milieu des années 1980, une place prédominante dans les commentaires politiques pour désigner des phénomènes qui, à l’instar du FN, étaient jusqu’alors pensés comme relevant de l’extrême droite.
Cette interprétation actuellement dominante dans différents secteurs du commentaire politique (histoire, analyse électorale, sondages, journalisme) voit dans le FN le premier parti ouvrier de France. Des analyses empiriques désignent les groupes populaires comme les principaux soutiens du parti de Jean-Marie Le Pen.
Classes populaires, hier classes dangereuses, aujourd’hui classes autoritaires par ressentiment, aveuglement, inclinaison atavique, mauvaise éducation ou anomie sociale et politique ?
Des analyses mal fondées, doublées de déformations interprétatives, imposent la figure fantasmatique d’un peuple menaçant pour la stabilité de la démocratie, et dénient une fois de plus ce qu’est la réalité sociale et morale des comportements politiques des groupes populaires.
Introduction 7
Quand l’évidence ne fait pas preuve 8
Le « populisme du FN » : une mythologie politique à revisiter 15
Pour une déconstruction des certitudes 19
I. Genèse et réalisation d’un « incroyable politique »
La construction d’une évidence apparemment scientifique 25
Les historiens du contemporain : le fascisme français n’existe pas 26
Faire taire des critiques multiples 29
Le « national-populisme » : les ressources d’une nouvelle classification 32
La circulation des savoirs infondés 38
L’expertise en menaces démocratiques 41
Le « populisme » : juste un mot et non un mot juste 46
Une rhétorique réactionnaire méconnue 55
Certitudes démocratiques et mépris social 57
Une réaction à double détente 60
Le déplacement des détestations croisées 66
Le « populisme » : un lieu commun repoussoir 71
Le réconfort du surplomb moral 74
La cause perdue du peuple 77
Le « populisme » : une notion à écran total 80
« L’appel au peuple » : une pratique d’abord de gauche 90
« L’appel au peuple » : une émancipation populaire 93
Rendre la démocratie réelle 97
Les intérêts d’une fiction démocratique 104
La révolution idéologique du « populisme » 106
II. L’incroyable politique et ses preuves
Vote FN : vote populaire. Les aveuglements d’une idée reçue 119
Ce que disent les résultats des sondages et ce qu’on peut en dire 120
Des incultes programmés 128
Vote FN, vote d’incompétents ? 134
Le vote : d’abord un problème social 138
L’énigme disparue du FN : un électorat infidèle 146
Un raisonnement circulaire 149
Les élites sociales et politiques disparues 158
Un « peuple sans classe » 163
Le populaire sous surveillance 163
Un naturel anti-démocratique 168
Le « mauvais peuple » ou le populaire en négatif 172
La démoralisation politique des groupes populaires 179
Un populaire indifférencié 179
Des jugements à bascule 181
Un populaire sans éthique 184
Le retour de thèses contestées 190
Idéologie, propagande, communication : des explications illusoires 191
La frustration : un prêt-à-porter théorique 196
Une philanthropie conservatrice 200
Le FN, un nationalisme et un mouvement social ?
Des abus d’identité 203
« Populisme » et FN : une identité d’adoption 204
Un nationalisme contrefait 213
La précarité : un destin social 220
Le « social » défiguré 225
Conclusion : Contre les évangélistes de l’incertain 229
Notes 237
Le populisme a conquis, dans le milieu des années 1980, une place prédominante dans les commentaires politiques pour désigner des phénomènes qui, à l’instar du FN, étaient jusqu’alors pensés comme relevant de l’extrême droite.
Cette interprétation actuellement dominante dans différents secteurs du commentaire politique (histoire, analyse électorale, sondages, journalisme) voit dans le FN le premier parti ouvrier de France. Des analyses empiriques désignent les groupes populaires comme les principaux soutiens du parti de Jean-Marie Le Pen.
Classes populaires, hier classes dangereuses, aujourd’hui classes autoritaires par ressentiment, aveuglement, inclinaison atavique, mauvaise éducation ou anomie sociale et politique ?
Des analyses mal fondées, doublées de déformations interprétatives, imposent la figure fantasmatique d’un peuple menaçant pour la stabilité de la démocratie, et dénient une fois de plus ce qu’est la réalité sociale et morale des comportements politiques des groupes populaires. On manque du même coup une véritable analyse des raisons du succès du FN, de la particularité de son déloyalisme politique et de la nature du danger qu’il incarne pour la démocratie. On évite aussi de se poser une question importante pour comprendre comment peut tenir une telle interprétation, si imprégnée de racisme social et si éloignée de toute réalité : à qui et à quoi sert l’autoritarisme prêté au peuple ?
Plutôt qu’une nouvelle description du déclin du PCF, cet ouvrage présente des études visant à restituer les logiques multiples, endogènes et exogènes, qui peuvent rendre compte de l’histoire du PCF dans le dernier demi-siècle. Institution politique dont la vision du monde stalinienne est profondément mise en cause après 1956, le PCF procède à un double aggiornamento, intellectuel et stratégique, que la rupture de l’union de la gauche en 1977 vient briser. Depuis les années soixante en effet, une autre configuration partisane, fondée sur d’autres rapports de force internes entre les différents types de militants et cadres, avait progressivement pris forme au point de menacer les positions de pouvoir des héritiers du « cadre thorézien » dont Georges Marchais était le chef de file.
Les logiques bureaucratiques de survie de l’institution politique qui prévalent après 1978 se traduisent par le départ de nombreux militants (dont beaucoup d’intellectuels), et par des crises, plus ou moins visibles, du groupe des militants et permanents ouvriers. Le désarroi des militants et cadres, souvent vécu dans l’isolement et le « quant à soi », précédant un retrait silencieux et malheureux, dévitalise peu à peu le parti politique, au moment même où s’opèrent des transformations de la classe ouvrière à la fois objectives et subjectives auxquelles le PCF ne peut plus faire face par les moyens de la rhétorique traditionnelle. L’effondrement des régimes communistes en 1989-1991 et l’échec de la stratégie d’attente mise en œuvre depuis 1978 conduisent au rejet de la « matrice stalinienne » (la période Robert Hue, 1994-2002) puis à un démembrement progressif du système d’action communiste et bientôt du PCF lui-même.