

Les ménages modestes du périurbain sont devenus, au fil des succès électoraux du FN, une figure centrale des commentaires médiatiques. Voir une recension de Lectures-Lien socio et dans Territoires contemporains.
Peu d’enquêtes sérieuses se sont pourtant intéressées à leurs conditions de travail, à leurs parcours résidentiels et aux devenirs de leurs enfants. Basé sur un travail de terrain de longue durée, ce livre restitue les trajectoires des salarié-e-s d’un parc d’activités comme il en existe beaucoup à la périphérie des grandes villes. À partir d’extraits d’entretiens et d’observations, il revient sur les transformations qui affectent depuis plusieurs décennies les fractions stables des milieux populaires : restructurations dans l’industrie et les services, durcissement des conditions d’accès à la propriété et évolution du système de formation. Même si leurs pratiques électorales s’avèrent plus diversifiées qu’on ne le pense, le FN attire une part de ces ménages du périurbain, qui sont pourtant loin de tous figurer parmi les plus démunis. Au-delà des explications convenues, notamment celles du déclassement, l’ouvrage offre ainsi des clés de compréhension des processus de radicalisation politique. Il montre enfin comment des élus municipaux, sans être encartés au FN, s’emploient très concrètement à empêcher la venue de familles issues de l’immigration et de ménages en situation précaire, contribuant par là à banaliser le rejet de ces catégories sociales stigmatisées. Dans un contexte de hausse de l’abstention et de défiance envers les responsables politiques, ce livre éclaire les aspirations et les tensions vécues par nombre de ménages populaires.
Table des matières
Introduction
Chapitre 1 : Assurer la « paix sociale ». Le projet des classes dirigeantes pour l’industrie de la vallée
Chapitre 2 : Qui sont les salarié-e-s modestes du périurbain ? Établis et précaires, deux pôles des mondes ouvriers et employés
Chapitre 3 : S’installer dans le périurbain : des promotions résidentielles sous contraintes
Chapitre 4 : Des familles établies en quête de respectabilité .
Chapitre 5. Quels espoirs pour les enfants ? Parcours de formation, modèles de réussite sociale et rapports à l’avenir
Chapitre 6 : Un peuplement au-dessus de tout soupçon ? Les stratégies municipales de préservation d’un entre soi blanc
Chapitre 7 : Quels rapports au politique ? Socialisations professionnelles, respectabilité et distance(s) vis-à-vis de la gauche
Chapitre 8 : Une radicalisation en acte : deux élus municipaux sans étiquette devenus électeurs du FN
Conclusion
Les ménages modestes du périurbain sont devenus, au fil des succès électoraux du FN, une figure centrale des commentaires médiatiques.
Peu d’enquêtes sérieuses se sont pourtant intéressées à leurs conditions de travail, à leurs parcours résidentiels et aux devenirs de leurs enfants. Basé sur un travail de terrain de longue durée, ce livre restitue les trajectoires des salarié-e-s d’un parc d’activités comme il en existe beaucoup à la périphérie des grandes villes. À partir d’extraits d’entretiens et d’observations, il revient sur les transformations qui affectent depuis plusieurs décennies les fractions stables des milieux populaires : restructurations dans l’industrie et les services, durcissement des conditions d’accès à la propriété et évolution du système de formation. Même si leurs pratiques électorales s’avèrent plus diversifiées qu’on ne le pense, le FN attire une part de ces ménages du périurbain, qui sont pourtant loin de tous figurer parmi les plus démunis. Au-delà des explications convenues, notamment celles du déclassement, l’ouvrage offre ainsi des clés de compréhension des processus de radicalisation politique. Il montre enfin comment des élus municipaux, sans être encartés au FN, s’emploient très concrètement à empêcher la venue de familles issues de l’immigration et de ménages en situation précaire, contribuant par là à banaliser le rejet de ces catégories sociales stigmatisées. Dans un contexte de hausse de l’abstention et de défiance envers les responsables politiques, ce livre éclaire les aspirations et les tensions vécues par nombre de ménages populaires.
Ces dernières décennies, le nombre de manifestations a augmenté partout dans le monde, notamment en Turquie. Alors qu’elles ont été dans ce pays historiquement initiées par des opposants au régime, notamment de gauche et kurdes, depuis les mobilisations de Gezi en 2013 et l’instauration d’une répression incessante, de nouveaux acteurs, favorables au régime et soutenus par l’État, se sont mis eux aussi à défiler et à occuper la rue.
Ayşen Uysal, en s’appuyant sur des sources variées (corpus de presse, observations directes, enquête par questionnaire, entretiens) et jusque-là inaccessibles comme les archives policières, en examinant aussi bien les contestataires que les défenseurs du régime, montre le changement important qui s’est produit entre les années 1990 et les années 2000, tant en ce qui concerne le profil des acteurs protestataires que leurs motivations. Alors que les syndicats et les revendications économiques dominaient au cours des années 1990, les questions de justice et de droits de l’homme ont gagné du terrain au cours de la décennie suivante. L’auteure apporte ainsi une contribution originale non seulement à l’analyse du régime actuel en Turquie et du gouvernement de l’AKP d’Erdogan, mais aussi des forces contradictoires qui le traversent. Par son expérience, elle éclaire également les risques de la pratique de l’enquête sur des sujets sensibles en contexte autoritaire car elle est aujourd’hui fichée par la police (et a échappé de peu à une condamnation).
Ce livre intéressera ainsi tous ceux et celles qui souhaitent mieux comprendre le régime actuellement en vigueur en Turquie et les formes complexes de mobilisations et de répression qui y ont cours.
Ayşen Uysal est professeure de science politique, elle a été limogée de l’université Dokuz Eylül, à Izmir, en juillet 2018. Elle est associée au CRESPPA-CSU et au CETOBAC à Paris. Spécialiste de l’action collective et du militantisme, ainsi que de la répression et du travail policier, elle a également étudié les partis politiques.
Sommaire
Préface à l’édition française
Introduction
Chapitre i : Approche conceptuelle et méthodologique
Chapitre II : Cycles de mobilisation, fréquence et nature des manifestations
Chapitre III : Manifestants et organisations mobilisatrices
Chapitre IV : Les revendications
Chapitre V : Répertoire d’action, performances et épisodes
Chapitre VI : L’autre protagoniste des manifestations :
la police
Chapitre VII : La police vue par les manifestants et les contre-stratégies manifestantes
Conclusion : l’impossible normalisation
Annexes
Bibliographie
Les lois de 2008 sur la réforme de la représentativité syndicale et de 2015 sur le dialogue social ont instauré de nouvelles obligations de négociation en entreprise portant sur la « conciliation » de l’activité syndicale et professionnelle. Comment expliquer cette soudaine attention des pouvoirs publics à la « discrimination syndicale » ?
Recension dans La vie des idées (janvier 2021)
Dans Droit et Sociétés (juin 2020)
Assiste-t-on à une rupture historique dans les relations professionnelles à la française ?
Fondée sur six monographies de grandes entreprises aux pratiques sociales contrastées, cet ouvrage montre comment la négociation d’accords de droit syndical et de « gestion des parcours syndicaux » est aussi une réponse à la croissance des contentieux, menés notamment par la CGT depuis les années 1990, qui ont contribué à une prise de conscience de leurs droits par les syndicalistes.
Si ces accords d'entreprise protègent désormais mieux les mandatés les plus investis dans le jeu du dialogue social, qui signent des accords, ils ne modifient pas radicalement les pratiques managériales de terrain qui continuent à stigmatiser les syndicalistes de proximité, surtout quand ils s'opposent aux restructurations ou dénoncent la dégradation des conditions de travail par des pratiques protestataires.
Vincent-Arnaud Chappe est sociologue, chargé de recherche au CNRS, membre du Centre de sociologie de l’innovation (CSI-I3).
Jean-Michel Denis est professeur de sociologie à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée et chercheur au Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (LATTS).
Cécile Guillaume est sociologue, reader à l’université de Roehampton en Grande-Bretagne.
Sophie Pochic est sociologue, directrice de recherche au CNRS (Centre Maurice Halbwachs).
Échos dans la presse
Sur le site de l'Institut de recherches de la FSU
Dans la revue ContretempsDans la revue Contretemps
Table des matières
Les auteur·e·s
Introduction
Les trois temps de la législation
Les accords de droit syndical une légalité propre à chaque entreprise
Des monographies révélatrices d’une standardisation des dispositifs
Des stratégies syndicales de mobilisation du droit
Chapitre 1. L’invention du « droit à la carrière » pour les syndicalistes ?
De « l’affaire Peugeot » à la signature du premier accord
Des relations professionnelles reconfigurées par le droit syndical
Vers la reconnaissance d’un « droit à la carrière » ?
Conclusion
Chapitre 2. Quand un échec devant le tribunal construit de nouvelles protections
Des ouvriers d’État isolés dans une entreprise privatisée
Un long travail d’objectivation de la discrimination
Une stratégie judiciaire minutieuse, mais risquée
Une victoire symbolique, mais limitée
Conclusion
Chapitre 3. La promotion, enjeu de la reconnaissance des « compétences syndicales »
GrDF, un bastion syndical héritier d’une entreprise à statut
Cadrage juridique internalisé contre anti-syndicalisme patronal
Vers une gestion individualisée des parcours syndicaux
Valoriser des « compétences » syndicales désaccords sur un accord
Conclusion
Chapitre 4. Quand reconnaissance rime avec répression
La Poste, une entreprise coincée entre deux modèles (public/privé)
Négocier pour redéfinir le dialogue social et combler un vide juridique
Compétences « utiles » et criminalisation en contexte de restructurations
Conclusion
Chapitre 5. Une protection des syndicalistes à deux vitesses
La SNCF, une entreprise fortement structurée par un droit interne
Une protection très différenciée selon l’investissement syndical
Recours judiciaire ou acceptation des possibilités d’action ambiguës
Pas de demande de VAES dans un contexte protecteur ?
Conclusion
Chapitre 6. Quand expérience des discriminations ne rime pas avec mobilisation du droit
Disneyland, une entreprise américaine à l’épreuve du fait syndical français
Deux types de dispositifs de prévention des discriminations
Une mise en œuvre approximative des dispositions formelles
Les multiples raisons du faible recours au contentieux
Conclusion
Conclusion générale
Les syndicats comme intermédiaires du droit
Une légitimation syndicale sélective et individuelle
La valorisation de l’expérience syndicale en débats
Annexes
Aujourd'hui la démocratie participative ne s'affiche plus seulement dans les discours, elle s'incarne dans des règles juridiques, des dispositifs participatifs, des services administratifs, des échanges marchands, etc.
Les militants d'hier sont pour l'essentiel concurrencés par des professionnels (agents publics, consultants, salariés de grandes entreprises d'aménagement) qui vivent de l'offre de participation et ont, à ce titre, intérêt à l'entretenir. La demande de participation tend ainsi désormais à devenir la finalité et l’alibi de ce que les auteures qualifient de marché de la démocratie participative.
En s'intéressant à la construction savante de l'impératif participatif, aux luttes d'expertises professionnelles qui l'ont accompagnée tout comme à la sociologie et aux pratiques concrètes de ces acteurs auxquels les autorités publiques ont confié la charge d'animer, d'organiser ou encore d'évaluer des dispositifs participatifs, cet ouvrage rappelle combien la qualité démocratique ne peut à elle seule expliquer le développement des politiques participatives en France. Les dynamiques de professionnalisation y ont joué un rôle majeur. C’est ce que montre cet ouvrage qui éclaire également les logiques sociales et politiques de la sophistication croissante des technologies de gouvernement et plus largement l'ambivalence politique du tournant participatif contemporain. Remise en cause sur le plan symbolique par la promotion du citoyen-expert et des formes participatives de légitimation politique, la division du travail politique entre le professionnel et le profane semble en pratique plus solide que jamais.
Alice Mazeaud est maître de conférences en science politique à l’Université de La Rochelle et chercheuse au Centre d'études Juridiques et Politiques (CEJEP).
Magali Nonjon est maître de conférences en science politique à Sciencespo Aix et chercheuse au laboratoire Croyance, Histoire, Espace et Régulation (CHERPA). Elle est également chercheuse associée au Laboratoire Biens Normes et Contrat (LBNC).
L’alternance au pouvoir est devenue un phénomène politique courant, au point que son traitement médiatique comme académique s’est lui-même banalisé au gré des épisodes électoraux.
L’alternance au pouvoir est devenue un phénomène politique courant, au point que son traitement médiatique comme académique s’est lui-même banalisé au gré des épisodes électoraux. Par contraste avec les analyses centrées sur l’explication du verdict électoral, ce livre collectif tente de réveiller la curiosité des observateurs et des chercheurs en interrogeant la pluralité des contextes politiques et des situations de concurrence, les reliquats d’incertitude et les calculs prospectifs qui traversent les sociétés quand le pouvoir est sur le point de changer de main. Voir un compte-rendu sur le site lectures.revues, ainsi que dans la Revue française de science politique.
Les contributions réunies dans cet ouvrage replacent l’alternance dans une temporalité longue pour interroger les divers anticipations et investissements qui accompagnent les processus de changement de pouvoir, en amont comme en aval. En privilégiant une démarche empirique sur l’alternance, elles traitent de cas nationaux et locaux, démocratiques ou non, et revisitent notamment le paradigmatique “Mai-81” français. Ensemble, elles permettent de comprendre comment la notion d’alternance est devenue une catégorie usuelle de l’entendement du changement politique.
Les coordinateurs :
Philippe Aldrin, Lucie Bargel, Nicolas Bué, Christine Pina
Présentation : Brigitte Gaïti
Contributeurs-trices
Valentin Behr, doctorant en science politique, SAGE, université de Strasbourg.
Michel Camau, professeur émérite de science politique, CHERPA, Sciences Po Aix.
Éric Cheynis, maître de conférences en sociologie, SAGE, université de Haute-Alsace.
Marine De Lassalle, professeur de sociologie politique, SAGE, Sciences Po Strasbourg.
Audrey Freyermuth, maîtresse de conférences en science politique, CHERPA, Sciences Po Aix.
Renaud Gay, doctorant en science politique, PACTE, Sciences Po Grenoble.
Marie-Ange Grégory, docteure en science politique, CHERPA et ERMES, Sciences Po Aix.
Nicolas Hubé, maître de conférences en science politique, CESSP, université Paris 1.
Nicolas Kaciaf, maître de conférences en science politique, CERAPS, Sciences Po Lille.
Rémi Lefebvre, professeur de science politique, CERAPS, université Lille 2.
Thomas Marty, docteur en science politique, GAP, université Paris X Nanterre.
Alice Mazeaud, maîtresse de conférences en science politique, CEJEP, université de La Rochelle.
Sébastien Michon, chargé de recherche au CNRS, SAGE Strasbourg.
Toru Yoshida, professeur en science politique, université d’Hokkaïdo, chercheur associé à l’EHESS.
Karel Yon, chargé de recherche au CNRS, CERAPS, université de Lille 2.
Ce livre revient sur une lutte urbaine mythique des années 1970-1980 pour montrer que le remède face aux inégalités, à la xénophobie ou au conservatisme n’est pas moins mais davantage de démocratie.
Ce livre revient sur une lutte urbaine mythique des années 1970-1980 pour montrer que le remède face aux inégalités, à la xénophobie ou au conservatisme n’est pas moins mais davantage de démocratie. Dans un quartier pauvre de Roubaix, l’Alma-Gare, la mobilisation des habitants contre la destruction de leurs logements est un succès : ils redessinent les plans et donnent forme à un quartier conforme à leurs aspirations. Des expérimentations d’autogestion sont alors lancées pour organiser la vie sociale différemment. Cette histoire illustre dès lors un réel pouvoir d’agir des classes populaires. Mais à mesure que la dynamique s’étiole, le quartier devient peu à peu une zone de relégation sociale. Cet ouvrage montre comment les quartiers populaires peuvent se mobiliser, mais aussi pourquoi ils sont souvent devenus des espaces ségrégés. En analysant les réussites comme les difficultés de l’Alma-Gare, les auteurs donnent des clefs pour l’avènement d’une démocratie participative exigeante qui ne soit pas un nouvel outil de domination des plus faibles. Ce livre s’adresse à tous les citoyens soucieux d’un approfondissement de la démocratie et qui cherchent des alternatives face à la marginalisation des classes populaires.
Paula Cossart est maître de conférences en sociologie au Centre de recherche « Individus, Épreuves, Sociétés » (CeRIES), université Lille III, et membre de l’Institut universitaire de France.
Julien Talpin est chargé de recherches en science politique au CNRS (CERAPS/UMR 8026 - université de Lille).
sous la direction de Nathalie Ethuin et Karel Yon.
sous la direction de Nathalie Ethuin et Karel Yon.
« Et les papiers avaient volé par la fenêtre… Comme les mecs ». C’est ainsi que les ouvrières de l’usine de lingerie Chantelle parlent de leurs luttes. Alors que la protestation ouvrière prend plus souvent les traits des métallurgistes, ce livre propose d’en explorer le pendant féminin. Comment des ouvrières qu’a priori tout éloigne de l’engagement militant parviennent-elles à se mobiliser collectivement ? Qu’en est-il du modèle du militant viril capable d’en découdre et de porter des grèves dures et violentes lorsqu’il est incarné par des femmes ? L’enquête nous plonge dans l’histoire de ces ouvrières rebelles de Mai-juin 68 à leur « grande grève » de 1981 jusqu’au combat contre la fermeture de l’usine en 1994. Leurs pratiques syndicales quotidiennes, leur rapport au travail et à l’emploi, leurs espoirs et désespoirs éclairent le sens de leurs luttes de « mauvais genre » au fil des changements des années 1960 aux années 1990.
Voir une recension dans Le mouvement social
Une autre dans Nouvelles Questions Féministes
Table des matières
Introduction générale
Un objet délaissé
Des luttes improbables ?
Sortir de la question des « spécificités »
Le genre du militantisme ouvrier en question
Matériaux empiriques
Plan de l’ouvrage
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE 1. Travailler chez Chantelle
Chantelle à Saint-Herblain : implantation industrielle et organisation du travail
Une usine nouvelle dans une ville en expansion
Les ouvrières de l’atelier, figures centrales
La division du travail par sexe et par âge
Les mécaniciennes : des compétences de femmes ?
Rapports de pouvoir et relations sociales dans l’usine
Une usine fortement syndicalisée
Un syndicalisme d’OS, un syndicalisme de femmes
Des engagements syndicaux alternatifs ?
Avoir des avantages à défendre : le travail et ses « à côté »
« On ne fait pas des serviettes ! »
La pénibilité du travail au rendement : une « question d’usine »
Les « petites combines » du quotidien
La fierté du produit
Discipline et indisciplines
Libertés quotidiennes
La sociabilité d’atelier, ou le temps gardé de la jeunesse
CHAPITRE 2. Qui sont les ouvrières de Chantelle ?
De jeunes femmes de classes populaires à l’usine
Venir travailler chez Chantelle
Pourquoi l’usine est-elle attractive ?
Rester travailler chez Chantelle
Les ouvrières de Chantelle, des héritières ?
De l’importance du lieu de vie dans la socialisation politique
Deux modèles de transmission d’un héritage politique
Annie Guyomarc’h, ancrage local et culture de classe
Eliane Evrard, le dévouement en héritage
Socialisation politique et socialisation
de genre en milieu ouvrier
CHAPITRE 3. De l’invisibilité à la valorisation : Chantelle dans l’espace militant local
Poids de l’histoire et impulsion de la conjoncture
L’espace nantais des radicalismes ouvriers
Le Mai-Juin 1968 des ouvrières de Chantelle
Une usine invisible mais syndicalisée
Les conflits oubliés des années 1970
Les organisations syndicales à la rencontre des ouvrières
Quand le mouvement ouvrier local s’empare de Chantelle : la grève de l’hiver 1981-1982
« Bravo les filles, la classe ouvrière de Nantes a les yeux rivés sur vous ! Courage ! »
Chantelle, une opportunité politique ?
DEUXIÈME PARTIE. Appropriations du militantisme ouvrier par des femmes
CHAPITRE 4. Devenir militante : syndicalisme et féminisme, une équation insoluble ?
Adhésions et résistances à la socialisation syndicale
La différenciation des engagements chez les ouvrières
La frontière de l’usine : leaders et militantes
Sortir de l’usine et faire carrière ?
Processus d’identification à l’organisation des leaders
Militantes et organisations : une élection réciproque
S’opposer, appartenir et représenter : devenir syndicaliste
Devenir une militante « à part entière »
Interventions et revendications féministes chez Chantelle
Rejeter le féminisme pour mieux adhérer à la classe
Chapitre 5. « Nous, on a su se faire respecter »
Sociohistoire d’une grève
Une situation d’usine explosive
La cause de la dignité au travail
« Faire ses preuves » ou comment des ouvrières s’approprient la virilité ouvrière
Grève générale, séquestration et leadership
Occuper une usine en tant que femmes
CHAPITRE 6. Des mères de famille combatives : les arrangements
derrière l’exception
La protection morale de la communauté ouvrière
La sexualisation du corps des ouvrières
Quand la classe fait masse
Des mères de famille responsables
Faire grève entre femmes : la famille,
entre contraintes et possibles
Des contraintes domestiques intégrées à la grève ?
S’engager malgré tout
Conflits de loyauté : la famille ou les camarades ?
TROISIÈME PARTIE. Dégradation de la conjoncture et féminisation des luttes
CHAPITRE 7. Faire face aux mutations du syndicalisme
Une nouvelle conjoncture de « crise »
Un monde d’inquiétude pour l’emploi ouvrier
Le phénomène de la délocalisation dans l’habillement
Désindustrialisation et chômage
Impuissance de l’État et « conscience de crise »
Nouveau management et intensification du travail dans l’usine
La légitimité de l’action collective en question
Un travail militant professionnalisé ?
Le resserrement des équipes syndicales dans les années 1980
La stabilisation progressive de l’équipe syndicale CFDT
Engagements longs et ruptures dans l’équipe CGT
Le droit au cœur des nouvelles stratégies de lutte
Monter et défendre des dossiers
Une lutte multidimensionnelle
De la difficulté de faire valoir des savoirs ouvriers
Faire tenir le collectif militant
Un leadership au féminin ?
Le groupe militant à l’épreuve du temps
« Les gens comptent sur nous »
CHAPITRE 8. Quand elles sont devenues les « filles de Chantelle »
Une fermeture qui émeut
Réactivation du capital militant
L’évidence de la mobilisation
La notoriété de ces « filles du pays »
Un moment politique favorable
L’émotion comme moteur de soutien
Des ouvrières victimisées : le genre de la conjoncture
La difficile dé-localisation de la cause de l’usine
Quand la féminisation joue contre elles
Une féminité envahissante
La victimisation des « filles de Chantelle »
CHAPITRE 9. De la bonne manière d’être femme de classes populaires dans l’espace public
Des femmes qui s’exposent : jeux de genre dans l’espace public
Se faire remarquer
L’humour et la joie contre la victimisation
« Comme les mecs » … au féminin
Des débats de genre entre ouvrières : rapports croisés au genre et à la classe
Que faire du stigmate de la « fille d’usine » ?
La virilité au féminin ou l’effacement du genre
Les stratégies de distinction des leaders CFDT
La fidélité sociale et militante des cégétistes
CONCLUSION GÉNÉRALE
Des ouvrières rebelles
Des assignations et stratégies situées et conjoncturelles
Féminités et masculinités populaires
Quelle émancipation ?
ANNEXES
Chronologie générale
Chronologie du conflit de l’hiver 1981-1982
Chronologie du conflit contre la fermeture de l’usine de Saint-Herblain (1993-1994)
« Et les papiers avaient volé par la fenêtre… Comme les mecs ».
C’est ainsi que les ouvrières de l’usine de lingerie Chantelle de la région nantaise parlent de leurs luttes. Alors que la protestation ouvrière prend plus souvent les traits des métallurgistes, ce livre propose d’en explorer le pendant féminin. Comment des ouvrières qu’a priori tout éloigne de l’engagement militant parviennent-elles à se mobiliser collectivement et à s’approprier les codes, les pratiques et les valeurs du militantisme ouvrier ? Qu’en est-il du modèle du militant viril capable d’en découdre et de porter des grèves dures et violentes lorsqu’il est incarné par des femmes ? L’enquête à partir d’archives syndicales et administratives et d’entretiens nous plonge dans l’histoire de ces ouvrières rebelles de Mai-juin 68 à leur « grande grève » de 1981 jusqu’au combat contre la fermeture de l’usine en 1994. Leurs pratiques syndicales quotidiennes, leur rapport au travail et à l’emploi, leurs espoirs et désespoirs éclairent le sens de leurs luttes de « mauvais genre » au fil des changements de conjoncture sociale et politique qui ont marqué l’histoire française des années 1960 aux années 1990.
Russie, Turquie, Brésil, Pologne, Venezuela, Nicaragua… La liste s’allonge des pays connaissant un tournant autoritaire. Accroissement de la répression, restriction des libertés publiques et mise sous tutelle de nombreux secteurs sociaux participent d’un durcissement généralisé des modes de gouvernement, qui semble aujourd’hui affecter y compris les démocraties les plus anciennes et les plus solides.
L’ambition de cet ouvrage est de renouveler la question classique de l’autoritarisme, en repérant plutôt les processus qui font évoluer – parfois louvoyer – certains régimes de la démocratie vers un exercice brutal ou arbitraire du pouvoir. Les tournants autoritaires sont ici appréhendés sur le registre non de la rupture mais de la reconfiguration : les différents cas historiques ou contemporains présentés substituent la temporalité moyenne d’une recomposition des régimes politiques dans et par laquelle il est possible d’abuser du pouvoir.
Table des matières
Introduction,
par Maya Collombon & Lilian Mathieu 7
Les tournants autoritaires, du basculement à la reconfiguration,
par Maya Collombon & Lilian Mathieu 11
Le consentement législatif en régime autoritaire. Domination politique et recomposition parlementaire sous le Second Empire,
par Nicolas Tardits 37
Déconstruire le corps enseignant pour réformer l’éducation. La tentative avortée du régime de Vichy,
par Juliette Fontaine 63
Les complexités de la « verticale du pouvoir » en Russie. L’art de la domestication et de ses contournements,
par Carole Sigman 87
Politique historique et tournant autoritaire en Pologne,
par Valentin Behr 117
Règlement du passé violent et transformation de la coalition gouvernante au Maroc (1999-2016),
par Frédéric Vairel 141
Militaires, juges et politiques de « l’anti-corruption » au Brésil. Configurations d’une dynamique autoritaire,
par Camille Goirand 169
La réfraction politique du champ judiciaire turc,
par Sümbül Kaya 195
Gouverner à distance en Turquie. Modalités de récupération d’une ville d’opposition par l’AKP,
par Cléa Pineau 223
Vivre, contrôler, discipliner le quartier. Les Comités de pouvoir citoyen au cœur de l’autoritarisme sandiniste,
par Maya Collombon 247
Effectuer un tournant autoritaire en domestiquant le mouvement syndical. Le cas du Venezuela chaviste,
par Thomas Posado 275
Les auteur·es 29
Russie, Turquie, Brésil, Pologne, Venezuela, Nicaragua… La liste s’allonge des pays connaissant un tournant autoritaire. Accroissement de la répression, restriction des libertés publiques et mise sous tutelle de nombreux secteurs sociaux participent d’un durcissement généralisé des modes de gouvernement, qui semble aujourd’hui affecter y compris les démocraties les plus anciennes et les plus solides.
L’ambition de cet ouvrage est de renouveler la question classique de l’autoritarisme, sans en proposer une énième définition mais en repérant plutôt les processus qui font évoluer – parfois louvoyer – certains régimes de la démocratie vers un exercice brutal ou arbitraire du pouvoir. Les tournants autoritaires sont ici appréhendés sur le registre non de la rupture mais de la reconfiguration : à la temporalité courte du basculement autoritaire (consécutif, par exemple, à un coup d’État), les différents cas historiques ou contemporains présentés substituent la temporalité moyenne d’une recomposition des régimes politiques dans et par laquelle il est possible d’abuser du pouvoir.
Maya Collombon est maîtresse de conférence à Sciences po Lyon, rattachée au laboratoire Triangle (UMR 5206). Ses recherches portent sur la politisation indigène en milieu rural au Mexique et en Amérique centrale et sur la violence politique en régime autoritaire.
Lilian Mathieu est directeur de recherche au CNRS (Centre Max Weber, ENS de Lyon). Longtemps consacrées aux mouvements sociaux, ses recherches actuelles portent sur les tournants autoritaires et spécialement sur leurs conséquences sur les conduites et perceptions des populations qui les subissent.
Conflits du travail, lutte contre le sida, défense des immigrés, altermondialisme, actions collectives de précaires, féminisme : autant de mobilisations importantes qui ont marqué la vie politique et sur lesquelles cet ouvrage entend apporter un éclairage original et de nouvelles clefs d’analyse. Il montre que les mouvements protestataires ne résultent pas de brutales poussées de mécontentement, mais qu’ils relèvent au contraire d’un domaine d’activité particulier, exigeant la maîtrise de compétences spécialisées. Scrutant les rapports étroits qu’ils entretiennent les uns avec les autres, l’ouvrage montre également que ces mouvements sont loin d’occuper une position marginale et dominée dans le paysage politique : ils constituent un mode d’intervention dans la conduite des affaires de la cité distinct des arènes institutionnelles qu’ils tendent à concurrencer ou à contester.
La notion d’espace des mouvements sociaux au cœur de cet ouvrage invite ainsi à penser la spécificité du registre politique de la protestation collective tout en cernant ses évolutions les plus significatives.